Saint Ronan
Saint Ronan
Anachorète et Confesseur
6e siècle
Fête le 1er juin
Saint Ronan était d'origine Hybernoise, de Parents pauvres et Idolâtres, lesquels étant particulièrement soucieux de son avancement, l'envoyèrent aux grandes écoles, où il étudia si bien, qu'il devint, en peu de temps, docteur en sciences prophanes ; mais Dieu, lui ayant fait entrevoir la superstition du Paganisme, fit naître dans son âme un ardent désir de chercher la vraie Religion. A cette fin, il passa en l'Isle de la Grande Bretagne, où, ayant conversé parmi les Chrétiens et s'étant intérressé de très près à leur Religion, il reconnut tapidement que ce qu'elle disaut était l'unique vérité, laquelle conduit au salut éternel, et il se résolut de l'embrasser, se fit Cathéchiser, reçut le Saint Baptême, puis, s'adonna de tout coeur à l'Oraison, à la lecture des Saintes Ecritures, qu'il apprit par cœur, pour la plupart. Ayant fait pénitence de ses péchés passés, il résolut de se mettre au service de l'Eglise ; et, ayant reçu, les Ordres Mineurs, de Sous-Diacre puis de Diacre, il mérita, par sa vertu et sa bonne conduite exemplaire, de parvenir au Sacerdoce.
Mais, considérant les paroles de Notre Seigneur que "quiconque ne renonce à tout ce qu'il possède ne peut être son Disciple", il suivit ce conseil Evangelique, quittant tout, pour l'amour de celui qui lui avait tout donné, embarqua sur la mer et aborda sur la côte de Léon, en Bretagne Armoricaine, où, ayant trouvé un lieu désert et inhabité, il s'arreta, bâti un petit ermitage et résolut d'y finir ses jours en y faisant Pénitence, Jeûnes et Oraisons. Il pensait qu'il était si bien caché en ce lieu, que personne d'autre que Dieu, seul témoin de sa Sainteté, ne pourrait le connaître, mais il les choses se passèrent tout autrement. Quelques pauvres malades étant envoyés par la providence de Dieu, vinrent à son ermitage y chercher l'aumône, le Saint homme, pauvre, mais charitable au nom de Jesus-Christ, ne leur donna ni or ni argent, mais bien ce qu'il avait et ce qu'il pouvait donner, à savoir la santé, qui, pour eux, était beaucoup plus importante que tout l'or du monde. Ces pauvres gens le remercièrent, repartant, guéris, mandier l'aumône par les villages voisins, et racontèrent partout que saint Ronan les avaient guéris par sa priere ; cela se sut dans tout le pays de Léon, et on vint vers lui, les uns pour lui présenter des Paralytiques, Sourds, Muets, Aveugles et autres malades, mais on lui prséntait plus particulièrement des possédés ; les autres pour parler avec lui des affaires de leur conscience ; mais ces visites troublant son repos et sa solitude, il se décida de quitter ce lieu et d'aller s'installer ailleurs.
Il consulta l'Oracle divin en l'Oraison et il reçut la confirmation de ce qu'il désirait, et pour ce faire se mit en route à travers un pays qui lui était totalement inconnu; avec un Ange pour lui servir de guide. Il traversa le Léon, puis, ayant passé le Golfe de Brest, entra en Cornouaille, dans la forêt de Nevet à trois lieues de Quimper-Corentin, où, s'étant arrêté, il jugea le lieu propre à son dessein et commença à y bâtir une petite cellule, ce qu'il fit en peu de temps, grâce à l'aide que lui apporta un paysan du voisinage, bon Chrétien et très charitable ; lequel, un jour, supplia saint Ronan de lui dire d'où il était et ce qu'il faisait en ce pays : "Je suis, dit saint Ronan, d'origine Hybernoise, et j'ai volontairement quitté mon pays, mes parents, mes biens et mes possessions pour l'Amour de Jésus-Christ, je me suis éloigné de mon pays, avec l'espérance de pouvoir mieux le servir, étant détaché de toutes ces choses." Son hôte, ayant entendu cela, lui porta encore plus d'affection qu'auparavant et lui promit de l'assister en tout ce qu'il voudra faire.
Saint Ronan, ayant pris congé de son hôte, se retira dans la forêt de Nevet, passant ses journées dans les prières, les jeûnes et la pénitence, son hôte charitable lui fournissant généreusement de quoi vivre ; mais il n'en eut guère besoin car Dieu se manifesta, par le moyen de grands miracles qu'il faisait, guérissant les malades qui, de toutes parts, venaient le trouver ; à l'endroit ou il se trouvait et Dieu faisait des œuvres merveilleuses par ses merites. Les yeux chassieux de quelques Chrétiens tièdes, ne pouvant supporter l'éclat des vertus dont l'âme de saint Ronan etait ornée, l'accusèrent malicieusement et à tort devant le Roi Gradlon, lequel etait alors à Quimper, le traitant calomnieusement de Sorcier et de pratiquer la magie noire, faisant comme les anciens Lycantrophes qui, par magie et art diabolique, se transformoient en bêtes féroces, causantt mille maux dans le pays. L'Enfant d'une femme du voisinage étant mort, ils persuadèrent la mere du défunt que le Saint, par ses sorcelleries, avait tué son fils et l'amenerent à Quimper, où, en presence du Roi Gradlon et de toute la Cour, elle demanda justice contre saint Ronan.
Le saint ermite, d'un coté, assuré du fidel temoignage que lui rendait sa conscience ; d'ailleurs aussi, content d'endurer quelque chose pour l'amour de Jesus-Christ, se résolut à la patience, et, ayant été cité à comparaitre devant le Roi Gradlon à Quimper, s'y rendit, en compagnie des Satellites, Sergens et d'autres Ministres de Justice qui etaient venus l'arrêter comme un criminel. Etant arrivé à Quimper, il fut mis en prison, et , le lendemain, le conseil étant assemblé, il fut mené au Palais, où les crimes dont il était accusé, étaient dits, Ronan se déchargea de tous les-dits problêmes, l'un après l'autre, rendant raison de sa vie et de toutes ses actions, se déchargeant de ces calomnies, lesquelles se dissipèrent, comme le Soleil ferait après le passage de quelques nuages et du broüillards ; et, pour confirmation de son innocence, il fit fermer la bouche à la femme dont l'enfant était mort, laquelle ne cessait de crier aprés lui, il fit apporter le corps mort de l'enfant, et, en presence du Roi Gradlon, de son Conseil et de toute sa Cour fse mit priere ; chose faite, prenant la main de l'enfant, il lui commanda, au nom de Jésus-Christ, duquel il était serviteur, de se lever ; à sa voix, le mort obeïssant se réveilla se leva et fut rendu à sa mere, laquelle se jetta aux pieds du Saint, lui demanda pardon de la calomnie qu'elle avoit prononcée contre lui, découvrant la malice de ceux qui l'avaient persuadée de l'accuser ; lesquels, s'étant évadés de bonne heure, échappèrent la juste punition que le Roi Gradlon s'était résolu a leur faire sentir ; l'enfant, declarant que la cause de sa mort n pouvait provenir, en aucune façon de saint Ronan, le déchargea entièrement, au grand contentement des bonnes gens, ce qui provoqua honte et confusion chez ses ennemis.
Le Roi Gradlon, ayant constaté ce miracle fait en sa présence, honora saint Ronan, ainsi que tous les Seigneurs de sa Cour et tout le peuple ; duquel s'étant, avec grand peine, dépestré, s'en retourna en son ermitage, où il etait si souvent visité par les Quimperois et autres habitants de Cornouaille, qu'en peu de temps, une grande route fut ouverte de Quimper-Corentin à son ermitage. Le Roi même, homme très religieux, venait souvent en propre personne le visiter en son Oratoire, et, ayant reçu sa bénédiction, s'en retournait très édifié. Le bon Homme qui l'avoit reçu, dés son arrivée, et accomodé de ses necessités en son ermitage, ravi des œuvres merveilleuses qu'il faisait, ne se pouvait séparer de lui ; mais, toujours à ses pieds, il était attentif aux Prédications qu'il faisait au Peuple qui venait le visiter. Ce mode de vie ne plaisant pas à sa Femme, elle se plaignait rudement de ce qu'il pouvait être si fainéant, sans se soucier du ménage ; s'en prenant au Saint, elle fut si effrontée de l'attaquer et lui dit que c'était lui qui avoit charmé son mari et qui l'avait rendu si fainéant. Le Saint écouta avec patience les paroles de cette femme insolente, sessaynt de l'adoucir avec des belles paroles, mais en vain. Un jour, lisant un livre, à la porte de sa Cellule, il apercut un loup qui entrait dans la forêt, portant une brebis en sa gueule ; saint Ronan l'appella et lui commanda de rendre la brebis, ce qu'il fit à sur le champ en la déposant à ses pieds, et le Saint la rendit à son maître ; il fit le même miracle à plusieurs reprises.
Ayant vécu longtemps avec une grande renommée de Sainteté, en son ermitage, portant les poids des an d'ans et des merites, il passa de cette vie mortelle à la vie éternelle et fut ensevely en son ermitage. Depuis, avec le temps, s'est bâti le Bourg, qui s'appelle Loctonan-Coat-Nevent, à la croupe de la Montagne de saint Ronan, où nos anciens Princes Bretons ont reveré et honoré sa mémoire par la structure et la constuctiion d'une belle Chapelle, frequentée par les Pelerins de tous les Cantons de Bretagne, qui viennent vénérer ses saintes Reliques ; dont une partie y sont richement enchâssées, le reste étant gardé en l'Eglise Cathédrale de Cornouaille. L'ermitage de saint Ronan a été longtemps, habité par plusieurs personnages qui se sont signalés par leur Sainteté, lesquels y ont passé leur vie en solitude, entre-autres un nommé Robert, lequel, l'an 1102, fut sacré Evêque de Cornouaille, aprés la mort de Budik III. Tous les sept ans, se déroule la Procession qu'ils appellent de saint Ronan, le jour de sa Fête, pendant laquelle on porte ses Reliques sur un branquart, richement orné et décoré, tout autour de sa montagne ; quand ce déroule cette procession, se trouve, d'ordinaire, une grande affluence de peuple venu de tout le pays. Il y a plusieurs Chapelles en Bretagne dediées à ce saint, entre autres dcelle Locronan-ar-fancq en Léon, où il y a une Barre Royale et dont la Paroisse est dediée à saint Ronan, qu'ils nomment Saint Renan.
Vies des saints de la Bretagne Armorique par Albert le Grand (1636) - édition de 1901 - Quimper
Traduction F.Monvoisin
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