Sainte Rachel
Sainte Rachel
Femme de Jacob
17e siècle avant Notre Seigneur Jésus-Christ
Fête le 15 janvier
Fille de Laban, et soeur de Liah. Le nom de Rachel signifie une brebis. Lorsque Jacob, fuyant le ressentiment de son frère Esaü, arriva en Mésopotamie, près de la ville de Haran ou de Charres, il trouva des pasteurs, à qui il demanda s'ils connaissaient Laban, fils de Nachor (Ge 29:1-3). Ils lui répondirent : Nous te connaissons, et voici Rachel, sa fille, qui vient avec son troupeau. Rachel étant arrivée, Jacob ouvrit le puits qui était là, abreuva son troupeau, l'embrassa, et lui dit qu'il était fils de Rébecca, sœur de Laban. Aussitôt Rachel courut à la maison de son père, et y annonça la venue de son cousin. Jacob ayant été conduit dans la maison de Laban avec beaucoup d'humanité, et y ayant demeuré pendant un mois, Laban lui dit qu'il n'était pas juste qu'il le servit gratuitement, et qu'il pouvait lui dire quelle récompense il demandait. Jacob répondit qu'il le servirait pendant sept ans, s'il voulait lui donner en mariage Rachel, la plus jeune de ses filles. Laban y consentit; et le jour des noces étant venu, Laban, au lieu de mettre Rachel dans le le lit de Jacob, y mit Liah, soeur aînée de Rachel.
Jacob ne s'aperçut de la fraude qu'on lui avait faite que le lendemain au matin. il s'en plaignit amèrement, et Laban n'eut point de meilleure raison à lui dire sinon que ce n'était pas la coutume de ce pays-là de marier les plus jeunes avant les aînées; et que s'il voulait s'engager à le servir sept autres années, il lui donnerait aussi Rachel. Jacob le promit, et quand la semaine du mariage fut passée, il épousa Rachel. L'affection qu'il lui porta fit qu'il eut pour Liah quelque espèce d'indifférence. Mais le Seigneur donna des enfants à Liah, et n'en donna point à Rachel ; ce qui lui causa une grande jalousie contre sa soeur (Ge 30 :1-3) et elle dit à Jacob : Donnez-moi des enfants, ou je mourrai. Jacob en colère lui répondit : prenez-vous pour un Dieu? Est-ce moi qui vous ai rendue stérile? Mais Rachel lui dit : J'ai Bala ma servante ; prenez-la afin qu’elle me donne des enfants. Jacob ayant donc pris Bala, elle accoucha d'un fils, que Rachel appella Dan, disant : Le Seigneur m'a jugée, a prononcé en ma fureur. Bala eut encore un fils l'année suivante, à qui Rachel donna le nom de Nephtali.
Un jour que Ruben, fils de Liah, rapportait des champs à sa mère un certain fruit nommé dudaïm, que la Vulgate a rendu par des mandragores, Rachel dit à Liah : Donnez, moi des mandragores de votre fils. Liah lui répondit : N'est-ce pas assez que vous m'ayez ravi mon mari, sans vouloir encore prendre les mandragores de mon fils ? Rachel lui dit : Je veux bien que Jacob demeure avec vous cette nuit, pourvu que vous me donniez de ces mandragores. C'est que Jacob se partageait également entre ses femmes, suivant la coutume des pays où règne la polygamie. Le Seigneur se souvint enfin de Rachel. Elle conçut et enfanta un fils, qu'elle nomma Joseph (Ge 30:22-24), disant : Que le Seigneur me donne encore un second fils. Quelques années après (Ge 31:1-3), Jacob ayant pris résolution de s'en retourner dans la terre de Chanaan, Rachel déroba à l'insu de Jacob, les Théraphim, ou les dieux domestiques de Laban, son père.
Jacob partit donc sans en avertir Laban ; et celui-ci ne sut rien de son départ que trois jours après. Laban se mit à le poursuivre, et l'atteignit sept jours après sur les montagnes de Galaad. Il lui fit de grands reproches sur sa fuite clandestine, et usa même de menaces, disant que si Dieu ne lui avait ordonné en son de ne lui rien dire d'offensant, il était en état de le faire repentir d'une résolution prise si à contre-temps, et si mal exécutée. Il ajouta : Pourquoi m'avez- vous dérobé mes dieux ? Jacob, qui ignorait que Rachel eût dérobé ces idoles, lui répondit : Je consens que celui chez qui vous trouverez vos dieux soit mis à mort en présence de tous nos frères. Cherchez partout, et prenez tout ce qui pourra vous appartenir. Laban commença donc à chercher dans les tentes de Jacob, de Liah, de Bala et de Zelpha, sans y rien trouver ; et comme il voulait venir dans celle de Rachel, elle cacha promptement les Théraphim sous le bats d'un chameau, et s'assit dessus. Son père ayant cherché partout, sans rien trouver, elle lui dit : Que mon seigneur ne se fâche point, si je ne puis me lever en sa présence, parce que le mal qui est ordinaire aux femmes vient de me prendre. Ainsi elle éluda les recherches de son père.
Lorsque Jacob eut passé le torrent de Jahok, il partagea ses femmes et ses enfants en trois bandes (Ge 33:1-3). ll mit les deux servantes avec leurs enfants, les premières; Liah et ses enfants formaient la seconde bande ; Rachel et son fils Joseph marchaient les derniers. Jacob disait en lui-même que si Esaü faisait main-basse sur la première bande, il épargnerait la seconde ; et que s'il frappait encore la seconde, au moins la troisième pourrait s'échapper. Après qu'il eut passé le Jourdain (Ge 35:1-5), il alla d'abord à Salem, puis à Sichem, et de là à Béthel, où il devait sacrifier à Dieu, qui lui était apparu lorsqu'il allait en Mésopotamie. Enfin comme il s'avançait vers Hébron, et qu'il était encore à la distance d'un sillon de terre de Bethléem, autrement Ephrata, Rachel fut surprise des douleurs de l'enfantement. Elle enfanta un fils, à qui elle donna le nom de Benoni, c'est-à-dire, le fils de ma douleur : mais Jacob lui donna le nom de Benjamin, c'est-à-dire, le fils de ma droite. Les douleurs de l'enfantement furent si grandes, que Rachel en mourut. Jacob l'enterra au même endroit, et lui érigea un monument, qui a subsisté pendant plusieurs siècles.
On y voit encore aujourd'hui une espèce de pyramide ou de dôme soutenu sur quatre piliers carrés, qui forment autant d'arcades. Ce monument est ceint d'un petit mur de trois pieds de haut, avec une petite entrée où l'on monte par trois degrés. Cotovic dit que le sépulcre est à six pieds de terre, long de sept pieds, large de trois et demi. Le dessus est terminé en rond. Aux deux côtés du tombeau de Rachel il y en a deux autres qui sont vides. M. LeBrun, qui l'a dessiné sur les lieux, dit que ce tombeau est taillé dans la voûte d'une roche, et couvert d'un dôme qui est soutenu de quatre piliers ou morceaux de muraille, qui donne vue sur le sépulcre. Cela est travaillé assez grossièrement, et sans aucun ornement. Le tout est aussi entier que s'il était tout nouvellement fait ; et il est assez malaisé de croire qu'il s’agit du temps de Jacob, à moins qu'il n'ait été rebâti dans la suite, tel qu'on le montre aujourd'hui aux voyageurs ; celui que Jean Nicola nous a donné me paraît plus exact et plus conforme à l'Ecriture. Rachel mourut l'an du monde 2265 ou 2266, avant Jésus-Christ 1731 ou 1735, avant l'ère vulgaire 1738 ou 1739.
Le prophète Jérémie (Jer 31:15 Mt 2:18) et après lui saint Matthieu ont mis Rachel pour les tribus d’Ephraïm et de Manassé, nées de Joseph fils de Rachel : On a entendu à Rama, ou sur les hauteurs, la voix des lamentations, des cris; et des pleurs de Rachel, qui pleure ses enfants et qui ne veut pas se consoler ; parce qu'ils sont perdus pour elle. Cela fut vérifié lorsque les tribus dont nous avons parlé furent conduites en captivité au delà de l'Euphrate. Saint Matthieu a fait l'application de cette prophétie à ce qui arriva à Bethléem, lorsque Hérode y fit mourir tous les enfants au-dessous de deux ans. Alors Rachel, qui est enterrée près de là, fit en quelque sorte retentir ses cris et ses lamentations sur la mort de tant de jeunes innocents immolés à la jalousie et à la cruauté d'un prince soupçonneux.
Le Tombeau de Rachel
Rachel était la deuxième épouse de Jacob, fils d'Isaac, fils d'Abraham. Deuxième épouse chronologiquement, mais première sur tous les autres plans car découverte la première par Jacob lors de son arrivée en Canaan, et demandée en mariage par lui. Le fait que le père de Rachel lui ait substitué sa soeur Léa sous le dais nuptial en a fait de Rachel la deuxième épouse de Jacob, la plus aimée. Elle a eu deux fils, Joseph, qui sera vice-roi d'Egypte et Benjamin, né entre Beit El et Ephrata, à peu de distance d'Ephrata (Genèse 35.16), qui est Bethlehem (Genèse 35. 91). Rachel est morte en couches et a été enterrée sur le bord de la route. Elle est l'une des quatre matriarches (Sara, Rebecca, Rachel et Lea), la seule à avoir été enterrée séparément. Tous les autres Patriarches et Matriarches sont enterrés au Caveau des Patriarches à Hébron. Rachel est peut être mentionnée par le prophète Jérémie (31.15 et suivants) : On entend des cris à Rama, Des lamentations, des larmes amères; Rachel pleure ses enfants; Elle refuse d'être consolée sur ses enfants, Car ils ne sont plus. Ainsi parle l'Éternel: Retiens tes pleurs, Retiens les larmes de tes yeux; Car il y aura un salaire pour tes oeuvres, dit l'Éternel; Ils reviendront du pays de l'ennemi. Il y a de l'espérance pour ton avenir, dit l'Éternel; Tes enfants reviendront dans leur territoire. L'explication généralement acceptée de ces versets est qu'il s'agit de Rachel, la mère du peuple d'Israël qui se lamente sur la mort ou l'exil de ses enfants lors de l'exil décidé par Nabuchodonosor et qui reçoit de Dieu la promesse du retour de ses descendants.
Le Tombeau de Rachel mentionné dans le premier livre de Samuel (10.2) lorsque Samuel oint Saül roi d'Israël : Aujourd'hui, après m'avoir quitté, tu trouveras deux hommes près du sépulcre de Rachel, sur la frontière de Benjamin, à Tseltsach fait allusion à une location alternative du Tombeau de Rachel, près de la localité de Ramah, au nord de Jérusalem. Rachel est considérée la mère juive archétype. Elle est censée intercéder pour les Juifs et pour leur retour sur leur terre. On lui attribue les qualités de modestie et d'humilité spirituelle : elle n'a pas voulu humilier sa soeur qui usurpait sa place sous le dais nuptial et lui aurait remis, selon la tradition, les signes secrets qui devaient permettre à Jacob de la reconnaître. Cette même qualité d'humilité est aussi partagée par son descendant, Saül, qui cache à son oncle l'onction royale qu'il a reçu du prophète Samuel. Le Tombeau de Rachel a été un lieu de pélerinage pour les Juifs au cours des siècles, et spécialement pour les femmes juives (et autres) ayant des problèmes de fertilité. Une des coutumes associées au Tombeau de Rachel consiste à lier un fil de laine rouge autour de la tombe (du catafalque) et de le couper ensuite pour en distribuer les morceaux comme bracelets en signe de porte-bonheur.Le Tombeau de Rachel est le troisième lieu saint du judaïsme, après le Mont du Temple à Jérusalem et le Tombeau des Patriarches à Hébron.
Le site Internet www.rachelstomb.org trace l'histoire des transformations du tombeau de la période byzantine à nos jours.
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