Saint Amable de Riom
La Dévotion à Saint Amable
Une protection sûre contre le feu
Notice sur Saint Amable, prêtre
Saint Amable naquit vers le commencement du Ve siècle, de parents très nobles et très pieux, dans la grande ville de Riom, en Auvergne. Ce grand Saint méprisait l'avantage d'une naissance illustre et n'estimait de véritable noblesse que celle d'avoir été fait enfant de Dieu par le Saint Baptême. Toute occupés de l'éducation d'un fils qui leurs était si cher et qui leurs donnait de si riches espérances, ses parents le mirent sous la conduite du pasteur de la paroisse. La principale occupation de celui-ci fut de faire bien comprendre à cet enfant que de porter le jour du Seigneur dès sa jeunesse est une grâce singulière, la plus parfaite fidélité, la plus exacte correspondance. L'aimable disciple mettait à profit toutes les leçons d'un si digne maître, vivant éloigné du monde, et s'appliquant à la pratique de toutes les vertus. Celle qu'il étudia avec le plus de soin fut l'humilité. Comme cette excellente vertu avait été le principe de sa sainte retraite, elle en fut aussi le premier fruit. De cette tige céleste, la crainte de Dieu prit naissance dans son cœur. Sa vigilance était une suite de cette crainte; il veillait sans cesse sur lui-même et sur toutes ses actions, de peur de donner prise au démon qui met tout en oeuvre pour nous perdre.
Etant humble d'une humilité intérieure et véritable, il était par conséquent extrêmement doux, car la douceur est la campagne inséparable du cœur humble. On ne pouvait le rabaisser, vu qu'il était dans sa propre estime, au dessous de toute idée désavantageuse; il ne se fâchait de rien, ne s'aigrissait contre personne et gardait la douceur envers tout le monde. La simplicité qui se trouve toujours où est l'humilité, lui faisait croire tout le bien qu'on disait des autres, appréhender pour lui-même jusqu'au apparences du mal et marcher constamment en la sainte présence de Dieu. Or, ceci comprend tout: marcher avec Dieu, c'est se conduire par son esprit en toutes choses, c'est l'avoir toujours présent par la Foi, et régler toutes ses actions sur sa Volonté. Saint Amable, étant dès lors un sujet tout formé pour la religion, fut appelé par son évêque au ministère de l'Eglise, et les habitants de Riom l'obtinrent pour Curé de leur paroisse. Il n'entra dans cette sublime fonction qu'avec un saint tremblement, et s'adonna plus que jamais à la pratique de l'humilité. Mais plus il tâchait de se dérober aux yeux des hommes, plus Dieu prenait plaisir à le manifester, car le bruit des miracles opérés par son intercession le trahissait partout; il éteignit plusieurs embrasements qui menaçaient la ville d'un incendie général. Outre le domaine sur le feu, qui lui est spécial, il reçut encore deux pouvoirs miraculeux: chasser le démon du corps des possédés et commander aux serpents.
Dieu ayant ainsi favorisé ce saint pasteur de tant de grâces, toute ton application fut de lui en témoigner sa reconnaissance. Quand il offrait le sacrifice redoutable de la messe, la foi vive qui lui découvrait un Dieu présent sur nos autels, une terré changée en ciel, le remplissait du plus ardent amour... mais quand il considérait que ces grands mystères s'opéraient par le ministère d'un indigne prêtre comme lui, son cœur se brisait de douleur et son visage paraissait tout baigné de larmes. Ce saint prêtre, tout pénétré d'amour pour Notre-Seigneur Jésus-Christ brûlait d'un feu semblable pour les membres de ce Divin Maître; il Joignait l'aumône spirituelle à la corporelle, et il s'appliquait d'autant plus a la première que les misères de l'âme sont plus à plaindre que celles du corps. L'Evangile, qu'il méditait tous les jours lui avait appris que ceux-là sont heureux qui pleurent maintenant, parce qu'ils seront consolés. Cette divine parole l'animait puissamment et le faisait marcher avec joie dans la voie étroite du salut. L'une des principales leçons qu'il donnait à ses disciples et à son peuple était celle-ci: « Les chrétiens ne doivent jamais laisser refroidir la charité dans leur cœur, mais l'y faire toujours croitre. En égard au penchant continuel de l'homme vers, la créature, on doit nécessairement renouveler dans son cœur l'amour de Dieu par des actes fréquents, et empocher par ce moyen que la créature ne nous domine et ne devienne le principal objet de nos actions en la préférant actuellement au Créateur ».
Enfin, Dieu voulant couronner une vie si sainte et si pleine, fit passer son serviteur Amable de cette vie mortelle et laborieuse à la vie glorieuse et immortelle. Il était âgé de 78 ans. Ayant eu avis de sa mort, il fit assembler ses disciples et les exhorta à la pratique de la charité. « Tâchez, mes chers enfants, leur dit-il, de vivre en paix avec tout le monde, et de conserver la sainteté, sans laquelle vous ne sauriez voir Dieu. Travaillez à entretenir la charité, et l'unité d'un même esprit par le lien de la paix, car Dieu met les pacifiques au nombre de ses enfants ». Après leur avoir donné à tous le baiser de paix et sa bénédiction, il les pria de s'en retourner dans leurs maisons. Puis, couvert d'un cilice, couché sur la cendre, il reçut le Saint Viatique, et rendit de bon cœur son âme à Celui qui la lui avait donné, en l'an 475.
On invoque Saint Amable particulièrement contre les incendies, et cette dévotion parait très ancienne. Nous lisons dans l'Epitre Dédicatoire de sa première vie écrite en 1701: « Depuis plusieurs siècles, on a vu ses précieuses reliques éteindre le feu le plus violent (…) Ce sont là les merveilles anciennes, et néanmoins ordinaires de Saint Amable. Dans l'office de sa fête, composé en 1575, nous voyons:, à l'Hymne de Vêpres: « A la vue de ses saintes reliques, les flammes s'éteignent ». Dans l'Hymne de Matines: « Vous commandez aux éléments, ils vous obéissent. A votre voix la flamme est sans force. Les feux violents et prêts à ravager notre ville ont respecté vos ordres; on les a vus, plus d'une fois, avec étonnement, sentir la vertu de votre présence, et, devenus dociles, ils se sont amortis aussitôt que Vous l'avez voulu. La foudre même, prête à éclater, est forcée de céder à votre pouvoir et de vous obéir. Lorsqu'une trop grande sécheresse, ou des pluies d'une trop longue durée désolaient nos campagnes, vous avez délivré votre peuple de cette affliction où il gémissait sous la main de Dieu (…) car alors vous faites tomber la pluie du ciel, ou vous ramenez une agréable sérénité ». Répons de la 2e leçon : « Vous êtes béni dans là ville, vous êtes béni dans les champs, et vos reliques sont pleines de bénédictions. V. Vous nous ayez délivrés de la violence de la flamme,dont nous étions environnés de toutes parts ». Répons de la VIIe leçon: « On portait sur les malades les mouchoirs et les tabliers qui avaient touché son sacré corps, et ils étaient guéris de leurs infirmités... et les malins esprits sortaient des corps qu'ils possédaient ». Hymne des Laudes: « Cette sainte poussière cachée sous nos autels rend efficacement la santé aux malades, elle chasse et fait fuir les bêtes furieuses, elle amortit la violence impétueuse des flammes ». Collecte de la messe: « Les fidèles reconnaissent la grande puissance que Dieu a donnée à son serviteur Amable contre les serpents et contre le feu, ces deux grands fléaux dont il punissait dans le désert la révolte continuelle du peuple Juif ».
Quelques exemples de la protection de Saint Amable
Guillaume VII persécutait Etienne, évêque de Clermont, et le poursuivait avec une armée formidable. Celui-ci, le cœur percé de douleur, le visage prosterné contre terre, répandait des torrents de larmes, il implorait de toute l'ardeur de son cœur le secours du grand serviteur de Dieu Amable. « J'ai déjà ressenti plusieurs fois les effets de votre puissante protection, (disait-il), vous ne me l'avez jamais refusée... Vous n'êtes pas moins puissant aujourd'hui qu'autrefois pour me délivrer de l'extrémité où je me trouve. J'espère que vous m'accorderez cette grâce par le grand pouvoir que vous a communiqué Notre-Seigneur Jésus-Christ ». A peine eut-il achevé cette prière que deux courriers arrivèrent en toute hâte, et lui firent le-récit suivant: « Monseigneur, aucun des vôtres n'a péri. Les ennemis ont avoué eux-mêmes que tous les traits qu'ils décochaient portaient à faux, et qu'ils; se sentaient comme liés par un pouvoir invisible. Un moment nous nous crûmes perdus sons ressources: Le feu, que nous avions allumés pour fermer passage aux assiégeants, poussé tout-à-coup par un vent furieux, se dirigea de notre côté et menaça de tout détruire. Les ennemis poussaient des cris de joie, s'applaudissant de ce que les flammes leur ouvraient un passage pour entrer dans le palais. Dans cette extrémité nous implorâmes notre Saint protecteur. Un prêtre alla prendre dans l'église la relique de Saint Amable et l'opposa A l'impétuosité des flammes. Aussitôt le feu tourna toute sa furie contre les assiégeants, malgré le vent contraire; la plupart furent consumés par les flammes, les autres durent prendre la fuite ». (1060).
Dans la ville de Lyon, sur les 2 heures du matin, le feu prit par accident dans une boutique où il y avait beaucoup de matières combustibles. Grand nombre de personnes accoururent pour porter secours; mais le vent était si fort qu'il n'y eut pas moyen de maîtriser l'incendie, et un quartier, considérable de la ville menaçait ruine complète. Dans un si grand désastre, où Je mal était sans remède, quelques personnes dévotes, sachant qu'un bourgeois de la ville avait du suaire où le corps de Saint Amable avait été enveloppé; allèrent frapper à sa porte, le conjurèrent de se lever promptement et d'apporter la sainte relique qu'il avait, pour apaiser la fureur des flammes. Le monsieur s'étant levé aussitôt, il prit ce saint suaire, il le porta avec beaucoup de respect et de dévotion sur le lieu de l'incendie, où, étant arrivé, il en coupa une petite portion qu'il enveloppa dans du papier, et qu'il donna à un jeune homme, lequel voulut bien hasarder sa vie en montant; sur le premier plancher pour le jeter en cet endroit où était la plus grande violence du feu. A peine ce jeune homme eût-il jeté ce morceau de linge, tout sec et combustible, qu'on vit au même instant ce torrent de feu et de flammes le respecter, l'embrasement cesser aussitôt, et s'éteindre si visiblement qu'au lieu de ces cris lamentables dont l'air retentissait auparavant, on n'entendit retentir que des cris de joie par toute la ville. Tout le peuple rendit à Dieu des actions de grâce et on fit dire des messes en l'honneur du Saint. (7 décembre 1653).
Le 9 juin 1699, entre 11 heures et minuit, temps auquel les Chartreux chantent Matines, le feu prit par l'imprudence d'un valet à un de la salle basse de leur maison. Bientôt la flamme se communiqua aux planchers, et sortant par les fenêtres comme d'une fournaise, montait par dehors, jusqu'au toit du bâtiment. Dans un si grand désastre, Dieu inspira Dom Coadjuteur d'avoir recours à Saint Amable, et d'invoquer son Saint Nom. Il avait sur lui du ruban, qui avait été béni, et avait touché ses reliques; i1 le, jeta dans l'incendie, et, dans le moment, la vertu de cette relique produisit un si merveilleux effet que le feu s'éteignit comme la flamme d'une chandelle que l'on éteint par le souffle, dont il ne reste que la mèche fumante. Cet événement miraculeux réveilla les sentiments de reconnaissance dans le cœur des bons Pères pour un pareil bienfait qu'ils avaient reçu depuis quatre ou cinq ans par l'intercession du même saint; car le feu ayant pris par accident à un bois appartenant à la maison de la Chartreuse, Dom Procureur et Dom Coadjuteur étant accourus, accompagnés des domestiques de la maison, ils se mirent tous ensemble en devoir de couper le chemin à la flamme; mais, ayant reconnu que tous leurs efforts étaient rendus inutiles par la furie de 1a flamme poussée par la violence du vent, et que tout ce pays de bois, qui est de, plus de deux lieues d'étendue, était dans un péril évident d'une destruction totale, sans qu'on pût par aucun moyen arrêter la marche de la flamme, ces deux Religieux implorèrent le secours de Saint Amable; et s'étant transportés en diligence aux deux extrémités de l'incendie, chacun jeta de son côté dans le feu une portion du ruban bénit, et qui avait touché ses sacrées reliques. Chose étonnante! La flamme ne passa point outre, et fut aussi subitement arrêtée en ces deux extrémités, comme si ces deux portions de ruban eussent été des barrières ou des torrents d'eau qui l'eussent empêchée de passer. Le Père Prieur vint en cette ville, peu de jours après, célébrer la messe en l'honneur de Saint Amable. Et, pour une plus ample reconnaissance, les Religieux statuèrent, dans leur chapitre, de célébrer à l'avenir, tous les ans, une messe conventuelle de l'office de Saint Amable. Fait en la maison de la Chartreuse, à quatre lieues de Riom, le 12 juin 1700.
Prière à Saint Amable
Grand Saint, nous vous supplions très humblement d'employer en notre faveur votre puissant crédit auprès de Dieu. Vous délivrez les corps mortels de la puissance des démons; éloignez de même ces malins esprits des âmes immortelles, afin qu'elles ne succombent à aucune tentation et qu'elles courent sans cesse dans la voie des commandements. Vous garantissez des flammes dévorantes les édifices matériels; éteignez aussi dans les âmes, qui sont les temples du Saint Esprit, toute ardeur impure et profane. Vous guérissez les corps de la morsure des serpents; purgez les cœurs du fiel de la malice et du poison de l'envie. Ce sera par votre secours, grand Saint Amable, que nous craindrons les serpents invisibles, qui sont les péchés, et que nous les éviterons. Ce sera par vos prières que nous foulerons aux pieds le Basilic de l'orgueil, le Lion de la colère, le Dragon de la volupté, et que nous trouverons notre véritable joie en dieu seul, qui fait les chastes délices de ceux qui l'aiment. Ainsi soit-il.
Permis d'imprimer
Edouard Chs, Ev. de Montréal.
Montréal, 20 Juin 1881
Montréal
Imp. de La Minerve, 212 et 214 Rue Notre-Dame
1881
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