Saint Paul de Thèbes
Saint Paul de Thèbes
+ en 345
Fête le 15 janvier
Au temps de la persécution de Décius et de Valérien, au moment où le pape Cornélius à Rome et saint Cyprien à Carthage répandirent leur sang, de nombreuses Églises d'Égypte et de la Thébaïde se trouvèrent dépeuplées. Le plus grand souhait des chrétiens était alors d'avoir la tête tranchée, mais la malice de leur ennemi le rendait ingénieux à inventer des supplices qui leur donnassent une longue mort, parce qu'il cherchait à atteindre leurs âmes et non pas leurs corps; ainsi que saint Cyprien qui l'a éprouvé en sa propre personne le témoigne lui-même, on refusait de donner la mort à ceux qui la désiraient. Et, afin de connaître jusqu'à quel excès allait cette cruauté, j'en veux rapporter ici deux exemples.
Un magistrat païen voyant un martyr demeurer ferme au milieu des chevalets et des barres de fer rougies, commanda qu'on lui frottât tout le corps de miel; il lui fit ensuite lier les mains derrière le dos et ordonna qu'on le mit à la renverse, et qu'on l'exposât ainsi aux plus ardents rayons du soleil, afin que celui qui avait surmonté tant d'autres douleurs, cédât à celles que lui feraient sentir les aiguillons d'une infinité de mouches.
Le même magistrat fit mener un autre chrétien, qui était en la fleur de son âge, dans un jardin très délicieux, et là, au milieu des lys et des roses, et le long d'un petit ruisseau qui serpentait à l'entour de ces fleurs, le fit coucher sur un lit sur lequel on l'attacha doucement avec des rubans de soie pour lui ôter tout moyen d'en sortir; chacun s'étant retiré, il fit alors venir une fort belle courtisane qui se jeta à son cou avec des embrassements lascifs, et ce qui est horrible seulement à dire porta ses mains en des lieux que la pudeur ne permet pas de nommer, afin d'exciter en lui le désir d'un plaisir criminel. Ce jeune homme ne savait en cet état, ni que dire, ni à quoi se résoudre. Enfin, par une inspiration divine, il se coupa la langue avec les dents et la crachant au visage de cette effrontée qui le baisait, il éteignit par l'extrême douleur qu'il se fit à lui-même, les sentiments de volupté qui eussent pu s'allumer dans sa chair.
Au temps que ces choses se passaient, Paul n'étant âgé que de quinze ans et n'ayant plus ni père ni mère, se trouva maître d'une grande succession en Thébaïde. Il était fort savant dans les lettres grecques et égyptiennes, de fort douce humeur, et plein d'un grand amour de Dieu. Lors de cette effroyable persécution, il se retira en une retraite discrète, mais par une in-digne cupidité, son beau-frère se résolut de le perdre et de découvrir sa cachette.
Le jeune garçon ayant appris ce dessein, décida de faire volontairement ce qu'il eût été obligé de faire par force; il s'enfuit dans les montagnes pour y attendre que la persécution fût ter-minée, et, en s'y avançant peu à peu, et puis encore davantage, il trou-va enfin une montagne au pied de laquelle était une grande caverne; l'entrée en était fermée par un rocher; il l'ôta pour y entrer, et regardant attentivement, il aperçut à l'intérieur comme un grand vestibule qu'un vieux palmier avait formé de ses branches en les étendant et en les entrelaçant les unes dans les autres, et qui n'avait rien que le ciel au-dessus de lui. Il y avait là une fontaine très claire d'où sortait un ruisseau qui se perdait presqu'aussitôt dans un petit trou et était englouti par la même terre qui le produisait. Il trouva encore aux endroits de la montagne les plus difficiles à aborder plusieurs cabanes où l'on voyait des burins, des enclumes, et des presses dont on s'était autrefois servi pour faire de la monnaie. Et quelques mémoires égyptiens indiquent que cela avait été une fabrique de fausse monnaie durant le temps des amours d'Antoine et de Cléopâtre.
Cet estimable jeune homme estima que cette demeure lui était offerte de la Main de Dieu et décida d'y passer toute sa vie en prières et en solitude. Le palmier dont j'ai parlé lui fournissait tout ce qui lui était nécessaire pour sa nourriture et son vêtement : ce qu'on aura bien garde de considérer comme impossible, car dans cette partie du désert de Syrie, j'ai connu personnellement des moines dont l'un ne vivait depuis trente ans que de pain d'orge et d'eau bourbeuse, et dont un autre, enfermé dans une vieille citerne, vivait de cinq figues par jour. Je ne doute pas néanmoins que cela ne semble incroyable aux personnes qui manquent de foi parce qu'il n'y a que ceux qui croient à qui de telles choses soient possibles.
Pendant cent treize ans, le bienheureux Paul mena donc sur la terre une vie toute céleste; or Antoine, âge de quatre-vingt-dix ans (comme il l'assurait souvent) demeurait dans une solitude voisine et il lui vint en pensée que nul autre que lui n'avait passé dans le désert la vie d'un parfait et véritable ermite. Dieu ne voulut pas le laisser tomber dans cette pensée orgueilleuse, mais Il lui révéla par un songe, qu'il y en avait un autre plus avant dans le désert et beaucoup meilleur que lui, et qu'il se devait hâter d'aller le visiter.
Le lendemain matin, ce vénérable vieillard, avec un bâton qui lui servait aussi à se conduire, commença à marcher sans savoir où il allait; et déjà le soleil, arrivé à son midi, avait échauffé l'air de telle sorte qu'il paraissait tout enflammé, sans que néanmoins, il se put résoudre à différer son voyage, disant en lui-même : " Je me confie en mon Dieu et ne doute point qu'Il ne me fasse voir son serviteur ainsi qu'Il me l'a promis !" Comme il achevait ces paroles, il vit un homme qui avait en partie le corps d'un cheval et était assez semblable à ceux que les poètes nomment Hippocentaures. Dès qu'il l'eût aperçu, le bienheureux Antoine fit précipitamment le signe de la croix et après s'être recueilli un instant, adressa ainsi la parole à ce monstre : "Holà, seigneur monstre ! en quel lieu demeure ici le serviteur de Dieu ?" Alors, cette créature, marmottant je ne sais quoi de barbare, et balbutiant, s'efforça de faire sortir une voix douce de ses lèvres hérissées de poil et étendant civilement la main droite, lui montra le chemin, puis, s'enfuit avec une incroyable vitesse et s'évanouit de devant les yeux de celui qu'il avait rempli d'étonnement. Quant à ce qui est de savoir si le diable, pour épouvanter le saint avait pris cette figure, ou si ces déserts si fertiles en monstres, avaient produit naturellement celui-ci, je ne saurais en rien assurer.
Antoine pensant tout étonné à ce qu'il venait de voir, continua son chemin. A peine avait-il commencé à marcher qu'il aperçut dans un vallon, un fort petit homme qui avait les narines crochues, des cornes au front, et des pieds de chèvre. Ce nouveau spectacle ayant augmenté son admiration, il eut recours on le pense bien, aux armes de la foi et de l'espérance. Mais loin de montrer des intentions hostiles, cet animal pour gage de son affection, lui offrit des dattes pour le nourrir durant son voyage. Le saint, touché par cette aimable démarche, s'arrêta et lui de-manda qui il était. Il se présenta en ces termes : "Je suis un habitant du désert que les païens qui se laissent emporter à tant de diverses erreurs daignent adorer sous les noms de faunes, de satyres, et d'incubes. Je suis envoyé vers vous comme ambassadeur par les membres de mon espèce, et nous vous supplions de prier pour nous, Celui qui est également notre Dieu et qui est venu pour le salut du monde.
A ces paroles, ce sage vieillard trempa son visage de larmes. Il se réjouissait de la gloire de Jésus-Christ, et admirait en même temps comme il avait pu entendre le langage de cet animal et être entendu de lui : "Malheur à toi, Alexandrie, s'écriait-il, tu adores des monstres en qualité de Dieux. Les bêtes parlent des grandeurs de Jésus-Christ, et tu rends à des bêtes les honneurs et les hommages qui ne sont dûs qu'à Dieu seul !" A peine avait-il achevé ces paroles que le nain s'enfuit avec autant de vitesse que s'il avait eu des ailes. Et s'il se trouve quelqu'un à qui cette rencontre semble peu croyable, il pourra se reporter à un exemple dont tout le monde a été témoin et qui est arrivé sous le règne de Constance : car un homme de cette espèce ayant été mené vivant à Alexandrie, présenté à tout le peuple, et son corps ayant été salé de crainte que la chaleur ne le corrompit, fut, après sa mort, porté à Antioche et montré à l'empereur.
Cependant, Antoine continuant à marcher dans le chemin où il s'était engagé, ne trouvait devant lui que la piste des bêtes sauvages, et la solitude du désert : il ne savait ce qu'il devait faire, ni de quel côté il devait tourner.
Déjà le second jour était passé depuis qu'il était parti : il en restait encore un troisième qui devait lui servir à acquérir, par une nouvelle épreuve, une entière confiance en l'assistance de Jésus-Christ. Il avait employé, en effet, cette seconde nuit en oraisons et à peine le jour commençait à poindre, qu'il aperçut de loin une louve qui, toute haletante de soif, se coulait le long de la montagne; il la suivit des yeux et la vit pénétrer dans une caverne de la montagne, puis en sortir. S'étant approché alors de la caverne, il voulut regarder à l'intérieur, mais l'obscurité était si grande que ses yeux ne purent rien discerner. Mais, comme dit l'Écriture, le parfait amour bannissant la crainte, après s'être un peu arrêté et avoir repris haleine tout en murmurant une courte oraison, ce saint et habile visiteur entra dans cet antre, s'avança prudemment, s'arrêtant souvent pour écouter s'il n'entendrait pas de bruit. Il marcha quelques temps en silence à travers d'épaisses ténèbres, et au bout d'un moment, il aperçut de la lumière assez loin de là : alors redoublant ses pas et marchant sur des cailloux, il fit un peu d bruit; Paul ayant entendu ce bruit tira sur lui sa porte qui était ouverte et la ferma au verrou.
Antoine se jetant alors contre terre sur le seuil de la porte, y demeura jusqu'à la fin du jour et davantage, le conjurant toujours de lui ouvrir et lui disant : "Vous savez qui je suis, d'où je viens, et le sujet qui m'amène : j'avoue que je ne suis pas digne de vous voir; mais je ne partirai néanmoins jamais d'ici avant d'avoir reçu ce bonheur. Est-il possible que ne refusant pas aux bêtes l'entrée de votre caverne, vous la refusiez aux hommes ? Je vous ai cherché, je vous ai trouvé et je frappe à votre porte : si je ne puis obtenir que vous me receviez, je suis résolu à mourir; et j'espère qu'au moins vous aurez assez de charité pour m'ensevelir.
Paul, en entendant cette voix, comprit quel était son visiteur, et d'une voix douce et un peu ironique, lui répondit : "Personne ne supplie en menaçant et ne mêle des injures avec des larmes : vous étonnez-vous donc si je ne veux pas vous recevoir, puisque vous dites n'être venu ici que pour mourir ?" Ainsi Paul, en souriant, lui ouvrit la porte; alors, s'étant embrassés plusieurs fois, ils se saluèrent et se nommèrent tous deux par leurs propres noms; ils rendirent ensemble grâces à Dieu; et après s'être donné le saint baiser, Paul s'étant assis auprès d'Antoine lui parla de cette sorte :- Voici celui que vous avez cherché avec tant de peine, et dont le corps flétri de vieillesse est couvert par des cheveux blancs tout pleins de crasse. Voici cet homme qui est sur le point d'être réduit en poussière : mais puisque la charité ne trouve rien de difficile, dites-moi, je vous supplie, comment va le monde : fait-on de nouveaux bâtiments dans les anciennes villes ? Qui est celui qui règne aujourd'hui ? Et se trouve-t-il encore des hommes assez aveuglés d'erreur pour ne pas adorer Dieu ?
Comme ils s'entretenaient de la sorte, ils virent un corbeau, qui, après s'être reposé sur une branche d'arbre vint de là en volant tout doucement apporter devant eux un pain tout entier : aussitôt qu'il fut parti, Paul commença à dire : Voyez, je vous supplie, comme Dieu véritablement tout bon et tout miséricordieux nous a envoyé à dîner. Il y a déjà soixante ans que je reçois chaque jour de cette façon une moitié de pain, mais depuis que vous êtes arrivé, Jésus-Christ a redoublé ma portion, pour faire voir par là le soin qu'il daigne prendre de ceux qui combattent pour son service."
Ensuite ayant tous deux rendu grâces à Dieu, ils s'assirent sur le bord d'une fontaine aussi claire que du cristal et voulurent se déférer l'un à l'autre l'honneur de rompre le pain; cette dispute dura jusqu'au soir; Paul insistait sur ce que l'hospitalité et la coutume l'obligeaient à cette civilité; Antoine la refusait à cause de l'avantage que l'âge de Paul lui donnait sur lui. Enfin, ils résolurent que chacun de son côté prenant le pain et le tirant à soi en retiendrait la portion qui lui demeurerait entre les mains, pertinente mesure qui contenait à la fois la civilité et la déférence due à l'âge. Ensuite en se baissant sur la fontaine et mettant leur bouche sur l'eau, ils burent chacun un peu, puis ils passèrent toute la nuit en prières.
Le jour étant venu, Paul parla ainsi à Antoine : "Il y a longtemps, mon frère, que je savais votre séjour en ce désert; il y a longtemps que Dieu m'avait informé que vous emploieriez comme moi votre vie à son service, et comme l'heure de mon heureux sommeil est arrivée, Notre Seigneur vous a envoyé pour couvrir de terre ce pauvre corps."
A ces paroles, Antoine fondant en pleurs et jetant mille soupirs, le conjura de ne point l'abandonner, et de demander à Dieu qu'il l'accompagnât en ce voyage. Et il lui répondit : "Vous ne devez pas désirer ce qui vous est plus avantageux, mais ce qui est le plus utile à votre prochain. Sans doute, ce serait pour vous un extrême bonheur d'être déchargé du fardeau ennuyeux de cette chair, mais il importe au bien de vos frères qu'ils soient encore instruits par votre exemple. Ainsi, si vous le voulez bien, je vous supplie d'aller chercher le manteau que l'évêque Athanase vous donna et de me l'apporter pour m'ensevelir". Or, le bienheureux Paul lui faisait cette prière non parce qu'il se souciait que son corps fut plutôt enseveli que nu, puisqu'il devait être réduit en pourriture, mais afin qu'étant éloigné de lui Antoine ressenti avec moins de violence l'extrême douleur que lui causerait sa mort. Antoine fut rempli d'un merveilleux étonnement de ce qu'il venait de lui dire à propos de saint Athanase, et du manteau qu'il lui avait donné, et, comme s'il eût vu Jésus-Christ résider dans le coeur de Paul, il n'osa plus rien lui répliquer : mais en pleurant, sans parole, après lui avoir baisé les yeux et la main, il partit pour s'en retourner à son monastère; et bien que sa hâte fit marcher son corps affaibli de jeûnes et cassé de vieillesse à une vitesse beaucoup plus grande que son âge ne pouvait le permettre, il s'accusait néanmoins de marcher trop lentement : enfin, après a-voir marché longtemps, il arriva tout fatigué et hors d'haleine à son monastère.
Deux de ces disciples qui le servaient depuis plusieurs années étant accourus au-devant de lui et lui demandant : "Mon père, où êtes-vous resté si longtemps ?" Il leur répondit : "Malheur à moi misérable pêcheur, qui porte indignement le nom de solitaire; j'ai vu Elie, j'ai vu Jean dans le désert et pour parler selon la vérité, j'ai vu Paul dans un paradis".
Sans en dire davantage et se frappant la poitrine, il tira le manteau de sa cellule, et ses disciples le suppliant de les informer plus exactement de ce qui s'était passé, il leur répondit : "Il y a temps de parler et temps de se taire" et sortant de de la maison sans prendre aucune nourriture, il s'en retourna par le même chemin, le coeur tout rempli de Paul, brûlant d'ardeur de le voir, et l'ayant toujours devant les yeux et dans l'esprit, parce qu'il craignait, ainsi qu'il arriva, qu'il ne rendit son âme à Dieu en son absence.
Le lendemain, au point du jour lorsqu'il y avait déjà trois heures qu'il était en chemin, il vit au milieu des anges entre les choeurs des Prophètes et des Apôtres, Paul tout éclatant d'une blancheur pure et lumineuse, monter au ciel. Se jetant le visage contre terre, il se couvrit la tête de sable et s'écria en pleurant : "Paul, pourquoi m'abandonnez-vous ainsi ? Pourquoi partez-vous sans me donner le loisir de vous dire adieu ? Vous ayant connu si tard, faut-il que vous me quittiez si tôt ?"
Le bienheureux Antoine contait depuis qu'il acheva si vite ce qui lui restait de chemin, qu'il lui semblait qu'il eût des ailes. Étant entré dans la caverne, il vit le corps du saint qui avait les genoux en terre, la tête relevée et les mains tendues vers le ciel : il crut d'abord qu'il était vivant et qu'il priait, et se mit de son côté en prières, mais ne l'entendant point soupirer ainsi qu'il avait coutume de le faire en priant, il alla se jeter à son cou pour lui donner un baiser, et il compris que Paul était mort.
Ayant roulé son corps dehors et chanté des hymnes et des psaumes selon la tradition, il pensa à l'ensevelir.Mais il se trouva qu'il n'avait rien pour creuser la terre, et pensant et repensant à cela avec inquiétude, il disait : "Si je retourne au monastère, il me faut trois jours pour revenir : si je demeure ici, je n'avancerai à rien. Je n'ai donc rien d'autre à faire que de mourir, et suivant notre vaillant soldat , ô Jésus-Christ, mon cher maître, de rendre au-près de lui les derniers soupirs.
Comme il parlait ainsi en lui-même, il vit deux lions qui arrivaient en courant du fond du désert, laissant flotter leur longue crinière sur leur cou. Ils lui donnèrent d'abord de la frayeur, mais élevant son esprit à Dieu, il demeura aussi tranquille que s'ils avaient été des colombes. Ils vinrent où était le corps du bienheureux vieillard, et s'arrêtant là, et le flattant avec leurs queues, ils se couchèrent à ses pieds et jetèrent de grands rugissements, pour lui témoigner qu'ils le pleuraient de la façon qu'ils le pouvaient. Ils se mirent ensuite à gratter la terre avec leurs griffes en un lieu assez proche, et jetant le sable de côté et d'autre, firent une fosse capable de recevoir le corps d'un homme, et aussitôt après, comme s'ils demandaient la récompense de leur travail, ils vinrent en remuant les oreilles et en baissant la tête vers Antoine, et lui léchaient les pieds et les mains. Il comprit qu'ils lui demandaient sa bénédiction, et soudain rendant des louanges infinies à Jésus-Christ de ce que même les animaux qui n'ont pas le discours de la raison ont toutefois quelque sentiment de la Divinité, il s'écria : "Seigneur sans la volonté duquel il ne tombe pas même une seule feuille des arbres, donnez à ces lions ce que vous savez leur être nécessaire." Et après, avec un signe de la main, il leur ordonna de s'en aller.
Lorsqu'ils furent partis, il courba ses épaules affaiblies par la vieillesse sous le fardeau de ce saint corps, et l'ayant porté dans la fosse, jeta de la terre sur lui pour l'enterrer selon la coutume de l'église; Le jour suivant, il prit pour lui la tunique que le saint avait tressée de ses propres mains avec des feuilles de palmiers de la même façon que l'on fait des paniers d'osier, et retournant ainsi à son monastère il conta à ses disciples tout ce qui lui était arrivé, et aux jours solennels de Pâques et de la Pentecôte, il ne manquait jamais de revêtir pieusement la tunique du bienheureux Paul.
Qui que vous soyez qui lirez ceci, je vous conjure de vous souvenir du pêcheur Jérôme, lequel, si Dieu lui en avait donné le choix, aimerait incomparablement mieux la tunique de Paul avec ses mérites, que la pourpre des rois avec toute leur puissance.
Texte de saint Jérôme
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