Spiritualité Chrétienne

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Le Serviteur de Dieu Louis Émond

 Le Serviteur de Dieu Louis Émond

Un modèle d'engagement

1876-1949


Louis naît à L'Île d'Orléans, Québec, le 24 août 1876, enfant de Maria Rhéaume et de François-Xavier Émond, cultivateurs. De son père, il hérite la droiture, l'amour du travail et l'humour. De sa mère, la piété, la vivacité d'esprit et la sagesse. Des deux: la serviabilité et la discrétion dans la charité. Pour aider sa famille indigente, Louis est projeté sur le marché du travail. À 12 ans, il gagne 1,00$ par semaine dans la cave malsaine d'un sellier-tanneur. C'est l'apprenti modèle, appliqué, dévoué aux intérêts de son patron. Après ses journées dans ce caveau fétide, il passe ses soirées au Patronage Saint-Vincent-de-Paul, au service de la jeunesse défavorisée. À 26 ans, le 12 mai 1902, il épouse Maria Gingras et achète, pour 400,00$, une maison dans le quartier Saint-Sauveur de Québec. Ils y demeureront 42 ans. Sous le signe d'une charité joyeuse et de renoncements, ils y élèveront leurs trois enfants.


Mon frère l'ouvrier


Franc et engagé, Louis se porte avec ardeur à la défense des ouvriers et du syndicalisme catholique. Sa droiture de conscience et son sens de la mesure lui valent la confiance d'un fabricant de chaussures qui lui confie la responsabilité de 50 tailleurs de semelles. Par la douceur et la persuasion, il assainit les moeurs d'une grande usine. Il protège les pauvres, les chargés de famille. Représentant du quartier Saint-Sauveur, secteur défavorisé de la ville, au conseil municipal de Québec, il plaide ses causes dans l'intégrité. En 1926, 3 000 ouvriers sont mis à pied; Louis démissionne de lui-même, par solidarité. Ayant décroché un poste de percepteur d'arrérages de taxes municipales, il passera le reste de sa vie en s'acquittant, de porte en porte, de sa mission de charité en franchissant le seuil du pauvre en ami et protecteur.


Branché sur le Sacré-Coeur


L'impétueux père Victor Lelièvre, nanti du don de toucher les âmes entraîne dans son sillage des coeurs ardents avec lesquels il fonde une école de sainteté: le Comité du Sacré-Coeur. À coups d'injections surnaturelles, le père les initie à la prière, la méditation, la mortification, la messe et le rosaire quotidiens. À ce bataillon d'élite, il attribue ses victoires sur le blasphème et l'alcoolisme. Ces apôtres se font recruteurs de l'heure sainte des travailleurs en costume d'ouvrage, les premiers vendredis de mois, organisateurs des processions et constructeurs des reposoirs lors des manifestations en l'honneur du Sacré-Coeur. Entre le père Lelièvre et Louis se noue une amitié qui durera 30 ans. Dans le respect et la confiance, ils se corrigent mutuellement, se sanctifient ensemble. Le père Lelièvre dira: « La découverte de ce Louis d'or fut l'une des grandes grâces de ma vie. »


Cénacle de régénération


En 1930, on inaugurait à Québec une maison de « retraites fermées » pour les ouvriers, réalisée surtout par les membres du Comité du Sacré-Coeur et leurs épouses, qui en deviennent les recruteurs, Louis Émond à leur tête. Cette enceinte de conversion devient une école d'engagement chrétien. La main dans sa poche, égrenant son chapelet, Louis embauche. De maison en maison, il « vend » la retraite fermée comme une, « police d'assurance pour le ciel ». Durant 27 ans, les retraites se clôturent par une causerie de Louis Émond. Il aurait ainsi parlé à 60 000 retraitants. L'un d'entre eux dira: « C'est le père Lelièvre qui a préparé ma confession, et le père X qui l'a entendue; mais c'est Louis Émond qui m'a décidé à persévérer. » En raison de services rendus à l'Église, Louis se voyait décerner, en 1922, par le Pape Pie XI la décoration de Chevalier de Saint-Grégoire-le-Grand.


Modèle entraînant


Louis a marché jusqu'au dernier de ses jours, à la limite de sa résistance. Il a vu venir sa mort, l'a acceptée. Sa lampe s'est éteinte soudainement, parce que pour lui, le soleil éternel venait de se lever. Sa vie fut tissée de renoncements. Il a enduré sans se plaindre les séquelles des travaux pénibles de sa jeunesse. Il a subi rebuffades et humiliations, en quêtant pour les pauvres, les vocations et la maison Jésus-Ouvrier. Animé d'une passion insatiable pour le règne du Sacré-Coeur et d'une ardente dévotion à la Vierge Marie, il a vécu en présence de Dieu, pratiquant à un degré héroïque la douceur, la patience, le pardon, la charité. Il décédait à Québec le 26 septembre 1949, à l'âge de 73 ans.


Est-il saint ?


Ses intimes et ses confrères du Comité du Sacré-Coeur répondent OUI. La cause du père Lelièvre est introduite en vue de la canonisation. Pourquoi celle de Louis Émond ne suivrait-elle pas ? Feu Mgr Bernard Hubert, évêque de Saint-Jean-Longueuil de 1978 à 1996, disait au sujet des saints de chez nous: « Voici des témoins crédibles. Il nous faut attirer l'attention sur eux. Il faut les faire connaître sans attendre que du haut du ciel ils viennent nous réveiller par des signes spectaculaires. Dans un monde assoiffé de prestige et d'honneur, ils témoignent de la sainteté avec grande modestie. L'héroïcité de leurs vertus transparaît dans leurs oeuvres, peut-être plus visible que certains miracles. Leur sainteté est imitable, leur témoignage percutant. » Les oeuvres de Louis Émond, le Comité du Sacré-Coeur et Jésus-Ouvrier, perdurent. Elles sont un signe. Prions, demandons des miracles par son intercession; l'Église, mère des humbles, approuvera.


Alphonse Nadeau, O.M.I.


Bibliographie


« Un Louis d'or: le Chevalier Louis Émond », Eugène Nadeau O.M.I., , Ed. Oblates, Montréal, 1952


Pour plus d'informations

Maison Jésus-Ouvrier

475, boulevard Père-Lelièvre

Ville de Vanier (Québec) G1M 1M9


Net: www.jesusouvrier.org


Peu avant sa mort, Louis Émond confiait à un Oblat: « Mon père, dans l'intimité de mon coeur, je fête mon cinquantième anniversaire d'état de grâce. »

 



16/02/2009
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