Le Serviteur de Dieu Victor Lelièvre
Le Serviteur de Dieu Victor Lelièvre
L'apôtre du Sacré-Coeur
1876-1956
Alors qu'il était vicaire à la paroisse Saint-Sauveur de Québec, le père Lelièvre fut une fois appelé en pleine nuit au chevet d'un mourant qui, au dire de son épouse, « n'était pas prêt à paraître devant le Bon Dieu. » Reconnaissant le père Lelièvre qui se penche sur lui, le moribond s'exclame: « Ah! mais vous êtes le père du Sacré Cœur, vous... » Puis il ajoute: « Vous savez, père Lelièvre, je ne fais plus de religion depuis longtemps, je ne vais plus à la messe... mais je fais toujours le Sacré Cœur ». Que voulait dire cette expression « faire le Sacré Cœur » ? Les premiers vendredis de chaque mois, le père Lelièvre accueillait les ouvriers à l'église Saint-Sauveur. Ils s'y présentaient en fin d'après-midi, en habits de travail, avec leur boîte à lunch. Durant cette « heure sainte des travailleurs », le père Lelièvre les gavait d'Évangile, leur réchauffait le cœur en les faisant prier... et chanter à faire lever la voûte de l'Église. C'est ce que les ouvriers de Québec appelaient « faire le Sacré Cœur ». Notre moribond avait, au nom de ses camarades, conféré au père Lelièvre un titre qui, sans aucun doute, lui convient parfaitement: « Le père du Sacré Cœur ».
Brève biographie
Victor Lelièvre est né le 4 mars 1876, à Vitré dans le nord-ouest de la France, d'une mère particulièrement pieuse, dans un foyer très pauvre. Il est le cinquième enfant de la famille. Tous les autres sont morts à la naissance et, si la maman avait écouté le médecin, Victor n'aurait jamais vu le jour. Pour venir en aide aux siens, il commence à travailler jeune dans une imprimerie. Pas tellement habile, un jour, il lui arrive d'écrire « bicyclette » au lieu de « encyclique » du Pape. Victor a 10 ans lorsqu'il perçoit nettement un appel au sacerdoce, le 6 juin 1886, lors de sa première communion dans l'église paroissiale où, 16 ans plus tard, il chantera sa première messe. Frappé par sa grande piété, le vicaire lui suggère d'aller faire un pèlerinage à Notre-Dame-de-Pontmain pour demander à la Sainte Vierge de l'éclairer. Victor y rencontre un Oblat, le père Jean-Baptiste Lemius qui le confirme dans sa vocation. Entré chez les Oblats à 20 ans, il deviendra prêtre le 24 juin 1902, peut-être un signe de son futur ministère auprès des Canadiens français. Il est envoyé à Québec en 1903. En dix ans, il présidera 550 baptêmes, 199 mariages et 842 Si le titre « le père du Sacré Cœur » convient bien au père Lelièvre, on peut lui en donner plusieurs autres.
Messager de l'Évangile
Ses sermons forment une suite ininterrompue de citations de la Bible et de paraboles évangéliques. Guidé par l'Esprit Saint, il fut un prédicateur inimitable. En 1929-1930, il passa 18 mois en Europe et prêcha à des auditoires aussi variés que des pèlerins à Lourdes, des séminaristes et des évêques à Rome, et des communistes dans la banlieue rouge de Paris. Il se tue à la tâche en prononçant 75 conférences en dix jours. Sa suite a peine à le suivre. En 50 ans, il n'a jamais pris de vacances.
Apôtre des ouvriers
Avec son compagnon de toujours, M. Louis Émond, il fonde à Québec en 1923, la maison de retraites Jésus-Ouvrier, joyau des initiatives du père Lelièvre. Jusque-là, les retraites fermées étaient l'exclusivité des professionnels et des intellectuels. Le mérite du père Lelièvre est d'avoir mis la pratique religieuse à la portée des ouvriers. Depuis la fondation de la maison Jésus-Ouvrier, près de 200 000 travailleurs ont eu l'avantage de profiter de trois jours avec Dieu. Il savait communiquer à ses auditeurs l'amour passionné qui l'enflammait. Il amenait à des prises de conscience bouleversantes. Il a trouvé une épithète spéciale qui décrivait sa dévotion profonde à la Sainte Vierge: la « Ravisseuse des coeurs ».
Promoteur de la dévotion au Sacré-Coeur
Le père Lelièvre a intronisé la statue du Sacré-Coeur dans plusieurs églises et dans un grand nombre de foyers. Un de ses biographes a calculé qu'il aurait installé plus de 134 monuments extérieurs. Ses processions en l'honneur du Sacré Cœur ont ébranlé toute une ville, accédant une année à un magnifique reposoir dressé sur la façade de l'édifice du Parlement, une autre fois au Parc Victoria où se trouvait rassemblée une foule de 50 000 personnes: ce fut facile à calculer puisque c'est le nombre d'hosties qui furent distribuées. Les soirs de fêtes du Sacré-Coeur, théâtres, tavernes et salles de danse fermaient leurs portes faute de clients.
Fondateur du Comité du Sacré Cœur
Le père Lelièvre regroupa 72 hommes, les fit vivre continuellement dans l'intimité du Sacré-Coeur et en fit des recruteurs pour la maison Jésus-Ouvrier, alors qu'il était difficile d'amener des hommes en retraite fermée. Un de ses supérieurs, le père Alexandre Faure, a même déclaré que ce comité était la plus belle oeuvre du père Lelièvre.
Dépisteur de vocations
Préoccupé par la relève, le père Lelièvre suscita près de 200 vocations de prêtres, de religieuses et de religieux. Doué d'un radar spirituel, ses intuitions tombaient juste la plupart du temps. Grâce à lui, un plombier devint prêtre. Plusieurs furent envoyés au Séminaire pour vocations tardives à Saint-Victor de Beauce.
Oeuvre accomplie
Le 29 novembre 1956, le père Lelièvre décédait dans sa 80e année. Après sa mort, on fut frappé de lire, écrit sur le mur au-dessus de son lit: « L'oeuvre que vous m'avez chargé d'accomplir, je l'ai achevée » (Jean 17, 4). Au moins 20 000 personnes défilèrent auprès de sa dépouille mortelle. Après les funérailles, son corps fut reconduit à Jésus-Ouvrier où il repose sous la croix du petit cimetière. Le lendemain de son décès, les Oblats recevaient le télégramme suivant: « Je suis désolé d'apprendre la mort du vénérable et saint père Lelièvre... » C'était signé: Maurice Duplessis. Un journal de France titrait un article « Apôtre du Sacré-Coeur à Québec et vénéré comme un saint au Canada ». La cause de béatification du père Lelièvre est commencée depuis le 5 octobre 1995. Il a maintenant droit au titre de Serviteur de Dieu.
Jacques Rinfret, O.M.I.
Bibliographie
« Victor Lelièvre, un homme branché sur le Sacré-Coeur », Louis-Marie Parent, O.M.I.,
« L'Apôtre du Sacré-Coeur », Alphonse Nadeau, O.M.I., .
Pour se procurer ces ouvrages ou pour plus d'informations
Maison Jésus-Ouvrier
475, boul. Père-Lelièvre
VANIER (Québec) G1M 1M9
Un bulletin est envoyé gratuitement trois fois par année à toute personne qui en fait la demande à:
Jacques Rinfret, O.M.I.,
580, rue Notre-Dame,
Cap-de-la-Madeleine (Québec) G8T 4G8
« Il faut qu'Il règne. » (Victor Lelièvre)
A découvrir aussi
- Le Professeur Jérôme Lejeune
- Frère Christian de Chergé et les Martyrs de Thibirine
- Vénérable Michel Le Nobletz
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 752 autres membres