Spiritualité Chrétienne

Spiritualité Chrétienne

Le Message de la Bienheureuse Soeur Marie Céline de la Présentation

 Bienheureuse Marie Céline de la Présentation

“ Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi, ce qui n’est pas, pour réduire à rien ce qui est.” 1 Co 1, 28 En découvrant quelques écrits autour de la vie de sœur Marie Céline, je voudrais simplement proposer quelques points qui m’ont particulièrement interpellé. Je les ai médités en m’appuyant particulièrement sur la Parole de Dieu qui nous ouvre à la vraie connaissance du projet de Dieu pour tous.


Sa vie est fondée sur le Roc


“…La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, et elle n'a pas croulé : c'est qu'elle avait été fondée sur le roc.” Matthieu 7, 25 Des tempêtes, Sœur Marie Céline en a traversées de nombreuses dans sa vie. On est particulièrement frappés par toutes les ruptures qu’elle a supportées au long de ses jours. Que ce soient tout d’abord les lieux qu’il lui faut quitter, son village de Nojals ou son départ peut être considéré comme le sacrifice de tout ce qu’elle avait aimé, son pays natal quand elle rejoint la ville de Bordeaux déracinée alors de tout repère, que ce soient ensuite les nombreux décès importants autour d’elle, celui de sa maman qui l’amènera à quitter l’école de Nazareth pour la remplacer auprès de ses petites sœurs, ou encore les décès de ses frères, que ce soient enfin ces ruptures affectives notamment lorsqu’elle se retrouve seule au Refuge alors que ses deux sœurs sont adoptées par les religieuses. Oui, les « torrents sont venus, les vents ont soufflé très fort » dans la vie de la petite Germaine Castang. Sans oublier les épreuves physiques qu’elle supportera courageusement jusqu’au bout, on ne peut qu’être surpris par la manière avec laquelle la petite Germaine traverse tout cela. Oui, beaucoup d’événements se sont déchaînés contre cette petite vie de Germaine et pourtant, elle ne s’est pas écroulée. Comme elle le dit elle-même, « j’ai trouvé mon centre. » Au lieu de s’effondrer devant tant d’épreuves, au lieu de s’enfermer sur sa propre souffrance, elle n’a eu de cesse de se lier, de s’attacher à ce Roc qu’est le Christ. Germaine avait été fondée sur le Roc, à l’école de sa famille et par elle, à l’école du Christ. Fragile extérieurement c’est comme si elle se fortifiait intérieurement au cœur même des épreuves à vivre en s’appuyant sur « son Centre ».


Nous comprenons pour nous aujourd’hui que cette relation avec le Christ, cet enracinement dans la prière, la contemplation du Christ Eucharistie, la participation aux sacrements de l’Eglise est le Roc pour nos vies. N’est-ce pas justement dans les moments de tempêtes, de grands vents que nous comprenons l’importance d’un tel enracinement. Sœur Marie Céline nous en redonne un exemple stimulant.


Mais nous percevons aussi combien l’exemple d’une vie peut-être un formidable moyen d’évangélisation. Celui de la famille de Germaine en a été un pour elle-même. Un vrai témoignage de vie, de charité, de piété peut porter des fruits en ceux qui se laissent toucher.


Sa vie est une vie donnée


Un chemin de sainteté


On est frappé par tous les obstacles que Sœur Marie Céline rencontre sur son chemin de vie : les nombreuses ruptures affectives, sa propre maladie sans compter la pauvreté extrême dans laquelle elle vit avec sa famille. Pourtant, comme le confiera sa sœur Lucie, « elle fut l’ange consolateur de la famille. » Elle accepte cette sortie d’elle-même en se mettant au service de ses proches, de sa famille, de ses sœurs au couvent. Elle fait de sa vie un don pour les autres. « Servir, se dévouer : ce fut son unique souci. Et cette vertu définit sans doute mieux que toute autre et précise le caractère de sa vie : elle n’a jamais pensé à elle-même. » La petite Germaine choisira, au décès de sa maman de quitter Nazareth, l’ouvroir où elle se trouvait pour rejoindre sa famille et s’occuper d’elle et particulièrement de Louis qui se meurt.


N’est-ce pas cela que décrit d’une manière lumineuse le pape Benoît XVI dans son encyclique deus caritas est ? L’amour humain, « lorsqu’il s’approche ensuite de l’autre, se posera toujours moins de questions sur lui-même, il cherchera toujours plus le bonheur de l’autre, il se préoccupera toujours plus de l’autre, il se donnera et il désirera « être pour » l’autre. C’est ainsi que le moment de l’agapé s’insère en lui. »


Voilà l’esprit qui anime notre petite sœur Céline, un esprit de Charité. “La charité est longanime ; la charité est serviable ; elle n'est pas envieuse ; la charité ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas ; elle ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s'irrite pas, ne tient pas compte du mal ; elle ne se réjouit pas de l'injustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. La charité ne passe jamais”. 1 Co 13, 5-8


Voilà le chemin qui l’a aidée, non pas à oublier les souffrances qui étaient les siennes mais à les supporter et à les traverser. Le chemin de la charité est chemin de vie, chemin de sainteté. En s’ouvrant à la charité et en vivant la charité, sœur Marie Céline a cheminé pas à pas vers cet accomplissement d’elle-même. En prenant ce chemin, elle devient pour nous comme un prophète, un témoin d’évangélisation. Céline sans aucun doute nous évangélise encore aujourd’hui. C’est dans un amour tout simple, tout humble pour les autres et pour Dieu que Sœur Céline est devenue pas à pas la petite sainte selon le désir de Dieu, témoin de charité. “Elle aime et parce qu’elle aime elle sert, et c’est tout.”“ Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi, ce qui n’est pas, pour réduire à rien ce qui est.” 1 Co 1, 28


Unie à la Passion du Christ


“Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin”. Jn 13,1 Sœur Marie Céline a porté de l’amour autour d’elle. Nous avons souligné plus haut cet extraordinaire souci des autres. Son regard est tourné vers ses proches et ses sœurs. Elle les a aimé jusqu’au bout. Le Christ au moment de sa passion jusque sur la croix a souci des siens. “Ceux que tu m’as donnés, je n’en ai pas perdu un seul.” Jn 18, 9 Ou encore sur la croix devant sa mère: “Femme voici ton fils.” Jn 19, 26 Le Christ jusqu’au bout prend soin des siens malgré ce qu’il endurera jusque dans son corps. Le regard du Christ n’est pas tourné vers sa propre souffrance mais celle de ses disciples, de sa mère, du bon larron.


Sœur Marie Céline est unie elle aussi à la passion du Christ jusque dans ce souci qu’elle porte pour les siens alors qu’elle subit dans son propre corps l’épreuve de la maladie, de la souffrance. Mais c’est dans l’expérience d’une grande solitude qu’elle s’unit aussi à la passion du Christ. “ Maltraité, il s'humiliait, il n'ouvrait pas la bouche, comme l'agneau qui se laisse mener à l'abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette, il n'ouvrait pas la bouche.” Isaïe 53, 7 Ainsi, elle qui marchait si difficilement, à cause de sa maladie, elle pour qui la route à été semée d’embûches et d’épreuves, elle fait des pas de géant vers la perfection en vivant de l’esprit de Charité, en faisant de sa vie un don pour les siens, pour les autres et pour Dieu.


Encore aujourd’hui, combien d’êtres humains autour de nous rencontrent bien des difficultés pour avancer sur le chemin de la vie. Il y a les obstacles extérieurs mais aussi les fragilités de chacun. Et pourtant, la sainteté est pour tous! Nul ne peut être privé de ce bonheur promis à ceux qui mettent leur pas dans ceux du Christ serviteur. Sœur Marie Céline est pour nous le témoin. “En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n'est pas plus grand que son maître, ni l'envoyé plus grand que celui qui l'a envoyé. Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites. Car c'est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi comme moi j'ai fait pour vous” Jn 13, 15-17


Nous comprenons ici aussi l’appel que sœur Marie Céline nous adresse. En prenant le chemin de la charité, du don de soi, l’homme ne se perd pas mais au contraire il s’accomplit! Comme elle le dit à sa sœur chargée de convaincre son père de la laisser entrer au couvent des clarisses de Talence: “Montre-lui que le vrai bonheur n’est pas ici-bas mais qu’on le possède lorsqu’on est à Jésus sans retour.” La charité, nous la découvrons avec sœur Marie Céline comme un remède, un baume précieux pour nos vies mais aussi pour celles de ceux que nous rencontrons. Comment ne pas reprendre ici pour Marie Céline cette belle parole de l’apôtre Paul à Timothée! tout entier, afin que tes progrès soient manifestes à tous. “Que personne ne méprise ton jeune âge. Au contraire, montre-toi un modèle pour les croyants, par la parole, la conduite, la charité, la foi, la pureté…Prends cela à cœur Sois-y tout entier, afin que tes progrès soient manifestes à tous. Veille sur ta personne et sur ton enseignement ; persévère en ces dispositions. Agissant ainsi,

tu te sauveras, toi et ceux qui t'écoutent. 1 Tm 4, 12; 16-17  ».


Sa vie est une vie Eucharistique


Sans doute sœur Marie Céline a compris que l’Eucharistie engage toute la vie. Là aussi, elle n’a pas été épargné par les difficultés. On sait qu’il lui faudra attendre l’âge de 14 ans pour communier pour la première fois. Lorsqu’elle quittera la village de Nojals, c’est surtout la petite église où elle aimait se retrouver en se recueillant devant le tabernacle qu’elle devra quitter. A Salabert, elle sera privée de ce temps d’adoration qu’elle aimait pratiquer.


C’est alors autrement qu’elle vivra l’Eucharistie. Elle s’unira d’une manière spirituelle au Christ, dans la communion à sa vie. Elle se fera elle-même présence réelle du Christ au milieu des siens. Cette présence est une présence toute simple, très humble et gratuite. Cette présence ne fait pas de bruit, elle est présence de charité, vie donnée. Nous comprenons ici, combien la vie de sœur Céline a été une vie toute Eucharistique. En adorant le Christ dès son plus jeune âge dans sa présence eucharistique, elle saisit d’une manière lumineuse ce qu’est la Présence Réelle de son Seigneur l’invitant elle-même à cette qualité de présence aux autres. “Devenez ce que vous recevez.”


Sœur Marie Céline nous invite à méditer sur le sens de l’Eucharistie. A conformer nos vies à ce qui nous est dit dans le sacrement, source et sommet pour notre vie. Mais le témoignage et l’exemple de la petite Germaine peuvent être aussi un chemin pour celles et ceux qui, comme elle à un moment de leur vie, ne peuvent accéder à la table de la communion et je pense particulièrement à nos frères et sœurs, divorcés, remariés qui ne peuvent être admis aux sacrements. Pourtant comme le précise le pape Benoît XVI dans son exhortation sacramentum caritatis: “l’Eglise désire que les divorcés remariés développent autant que possible un style de vie chrétien, par la participation à la Messe mais sans recevoir la Communion, par l’écoute de la Parole de Dieu, par l’adoration eucharistique et la prière, par la participation à la vie de la communauté,…, par le dévouement à la charité vécue…” Pour eux, sœur Marie Céline est un exemple plein d’espérance.


Ainsi à travers toute sa vie, sa courte vie, nous percevons la mission de Sœur Marie Céline de la Présentation: se faire présence réelle du Christ au cœur du monde. Un présence réelle qui se dit par la charité, dans l’humilité, la simplicité. Le 16 avril 1879, c’est à dire un an après la naissance de Germaine Castang, décédait une petite jeune fille, Bernadette Soubirous. On peut être surpris par les ressemblances entre ces deux jeunes filles même si leurs cheminements ne sont pas les mêmes. A chaque fois nous avons à faire à de jeunes filles toute simples, qui ont connu une grande pauvreté et témoigné pourtant d’une vie spirituelle exemplaire. Si pour l’une ce sera le cachot, pour l’autre, l’abri de Salabert, c’est au cœur même de leurs détresses qu’à travers ces petites voix le Christ nous rejoint et nous parle.

Oui, sans doute, ce message est un appel aujourd’hui pour nous tous. Nous sommes appelés, à ETRE DES PRESENCES REELLES DU CHRIST dans le monde par nos petites voix. Nous croyons que c’est par elles que la Bonne Nouvelle se répand encore aujourd’hui. “Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisit pour confondre les forts.” 1 Co 1, 28


Père Mickaël Le Nezet

Diocèse de La Rochelle et Saintes


Téléchargez le texte (pdf) en cliquant ici

 



29/10/2008
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 747 autres membres