Spiritualité Chrétienne

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Le triomphe du Saint Nom de Jésus

 Le triomphe du Saint Nom de Jésus

 

La propagation de la dévotion au Saint Nom de Jésus est une gloire de l'Ordre franciscain. Saint François d'Assise en fut un ardent promoteur et ses fils imitèrent sa dévotion, la propagèrent, la défendirent parfois contre les attaques dont elle fut l'objet, et finalement la firent triompher si glorieusement qu'en 1530, la fête de " triomphe du Saint Nom de Jésus " fut établie dans l'Ordre séraphique, et plus tard, en 1721, la fête du Saint Nom de Jésus fut célébrée dans l'Église universelle. Si le nom d'un ami est agréable à entendre et à prononcer, faut-il s'étonner si saint François, l’amant passionné du Christ, ait senti la puissance et l'amabilité du Nom sacré de cet Ami divin.

" Quand le nom de Jésus venait sur ses lèvres, nous dit le Docteur séraphique, sa voix alors s'altérait, et il ne pouvait passer outre; on eut dit qu'il eut entendu une musique intérieure dont il aurait voulu ressaisir les notes. "--" Il en faisait le sujet quotidien de ses conférences, et les Frères savaient par expérience combien ce nom était doux et suave dans les conversations du saint homme, de quel amour et de quelle bénignité il pénétrait ses discours…

Du cœur du père, l'amour du nom de Jésus descendra doucement dans le cœur de fils qui travailleront à rendre cette dévotion populaire à l'aide des prodiges qu'ils lui feront produire. " L'un des premiers échos vient de la bouche même de saint Bonaventure qui écrivit un opuscule : De Laude melliflui Nominis Jesus : De la glorification du très doux Nom de Jésus. Mais il fallut attendre jusqu'au commencement du XV siècle pour que la dévotion prit un essor plus grande et qu’elle se répandit sur les populations comme un flot bienfaisant, et, c'est à saint Bernardin de Sienne que devait revenir l'honneur d'en être le grand propagateur

Réformateur des peuples et des cloîtres, Bernardin de Sienne n'avait pas compté sur les ressources humaines, mais comme le Prince des apôtres, il se servait du Nom de Jésus de Nazareth, disait-il, élevé au-dessus de tout nom; nom triomphal, joie des anges, allégresse des justes, effroi de l'enfer, en vous repose toute espérance de pardon, de grâce et de gloire; Nom très doux, de vous nous viennent la rémission des péchés et le renouvellement de la vie;vous remplissez nos âmes de délices divines, vous en éloignez les pensées vaines; Nom gracieux, par vous la profondeur des miracles se révèle à nos regards, nos cœurs s'enflamment du céleste amour, ils deviennent forts dans les combats et échappent à tout péril… " Voulant traduire à l'extérieur les sentiments de son âme, il engagea ses auditeurs à inscrire sur les monuments publics ce nom béni. Il avait adopté un monogramme formé des trois lettres J.H.S. ce qui signifiait :Jesus Hominum Salvator Jésus Sauveur des Hommes. Il le fit peindre sur des petites tablettes, entouré d'une couronne rayonnante, invita ses auditeurs à se les procurer, pour les porter sur eux, comme lui-même le faisait et pour se prosterner devant cette pieuse image en rendant gloire au Christ Jésus. Mais l'épreuve allait venir. Son zèle à attaquer l'erreur, à arrêter les efforts de certains novateurs, et à prémunir les foules contre les enseignements de ceux qui voulaient les séduire, lui ait créé des ennemis.

Bernardin, dont on ne pouvait attaquer la vie toute sainte, se vit attaqué dans sa doctrine ; on l'accusa d'hérésie auprès de Pape Martin V à cause de la manière dont il propageait le culte du nom de Jésus. Il était à craindre, disait-on, que les populations ne vissent dans la tablette une sorte d'amulette et ne fussent exposées à offrir leurs adorations aux lettres du nom de Jésus et non au Sauveur lui-même. Le Pape, jugeant les faits graves, prit les plaintes en considération et cita brusquement devant lui l'humble franciscain, qu'il n'avait pas eu jusqu'à alors l'occasion de connaître, absorbé qu'Il était par des préoccupations importantes.

Pendant que les écrits et les sermons du saint étaient déférés à l'examen, on lui interdit de quitter ROME, DE REMONTER EN CHAIRE ET D'EXPOSER SES TABLETTES; EN VRAI FILS DE L'Obéissance, Bernardin se soumit sans trouble ni impatience. Cependant les Mineurs de l'Observance, émus du danger que courait leur illustre Frère, députèrent plusieurs des leurs à Rome, pour l'assister. Au nombre de ces auxiliaires était saint Jean de Capistran, le plus grand de ses disciples. Aux portes de la ville, ignorant sans doute la défense du Pape relative au Nom de Jésus, il fait porter les tablettes en guise d'étendard, puis s'avance à travers les rues, au milieu d'une foule qui grossit d'instant en instant, et qui, entraînée par son attitude, chante avec lui les louanges du Nom divin,,, Il arrive ainsi au Vatican ; Le Pape touché de la foi de ce bon peuple, et du noble dévouement de Frère Jean de Capistran, le reçoit avec la faveur et l'autorise à prendre la parole dans le débat.

Au jour fixé, les accusateurs exposent leurs griefs au Souverain Pontife. Leur attaque est subtile et passionnée. Bernardin et Jean de Capistran répondent, renversent victorieusement toutes les objections, et réduisent à néant, les arguments de leurs adversaires. Alors le Souverain Pontife se lève et se prononce en faveur de Bernardin; il l'exhorte à poursuivre son apostolat si fécond, à enseigner aux peuples le respect et l'amour du Nom de Jésus, à offrir enfin sans crainte, aux regards de tous, l'image de ce nom béni. Il ordonne, en outre, afin de rendre la préparation plus éclatante, que des prières solennelles et une grande processions aient lieu, avec le concours de tout le clergé, en l'honneur du Nom de Jésus, dont les lettres sont, dès lors, partout écrites sur les portes des églises et des maisons. Martin V mourut et fut remplacé par Eugène IV. Bientôt les ennemis de Bernardin relevèrent la tête et recommencèrent les attaques, cette fois à l'insu du Pape. Des poursuites s'instruisirent et le jugement fut confié au cardinal Jean de Casanova ; mais instruit de ces menées secrètes par un ambassadeur spécial envoyé par les Siennois, Eugène IV interposa son autorité par une bulle du 7 janvier 1432, et arrêta les poursuites. Ce fut là le triomphe définitif au Nom adorable de Jésus.

 

Tiré des Fleurs Franciscaines Vol. 18



09/01/2008
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