La servante de Dieu Thérèse Neumann
Thérèse Neumann
La Stgmatisée de Konnersreuth
1898-1962
Thérèse Neumann, que les autorités religieuses visitèrent ou firent observer pendant de longues années fut une grande mystique. Après ses années d'enfance pauvre mais heureuse, elle vécut une jeunesse vouée aux durs travaux des champs et du service dans un cabaret. Elle connut ensuite, et pendant six ans, de lourdes infirmités : cécité, paralysie, et des maladies douloureuses. Puis, ce furent, en quelques mois, les guérisons subites et totales. Enfin vinrent l'inédie et la stigmatisation. Pendant plus de trente ans Thérèse Neumann ne mangea plus rien ; elle ne pouvait pas boire non plus. C'est durant cette période qu'elle revécut, toutes les semaines, la Passion de Jésus dont elle conservait les stigmates. Thérèse Neumann se présente à nous comme une grande mystique dont la mission fut de faire connaître au monde la valeur de l'Eucharistie, de la Croix, et de la souffrance rédemptrice. Depuis le siècle des lumières, la mystique, même dans les milieux cléricaux, est presque toujours suspectée. Le refus de croire ou d'accepter les phénomènes mystiques est devenu comme une règle générale. Est-ce pour ajouter à la souffrance que le Seigneur partage largement à tous ceux qui lui ont consacré leur vie ? Peut-être ! Mais ce qui est certain, c'est que la mystique est une grâce et un don gratuit de Dieu qui n'est accordé qu'aux petits et aux humbles, à l'imitation du Christ Jésus.Quoi qu'il en soit, force est de constater que Thérèse Neumann fut une mystique authentique qui continue à nous conduire simplement à l'Eucharistie et à la Croix. La souffrance, acceptée en esprit de sacrifice, fut pour Thérèse la lente purification qui la fit entrer dans la voie de l'illumination mystique.
La vie de Thérèse Neumann
L'enfance et la jeunesse
Thérèse Neumann, familièrement appelée Resl, naquit en Bavière, à Konnersreuth, le Vendredi Saint 8 avril 1898, dans une famille pauvre mais digne : le père était tailleur et possédait également une ferme dont l'entretien était assuré par Mme Neumann. Thérèse fut baptisée le jour de Pâques de la même année. Aînée de 9 enfants, elle acquit très vite une maturité exceptionnelle. Comme tous les membres de sa famille, Thérèse était de constitution saine et particulièrement robuste. À l'école, elle se montra une élève douée et attentive, obtenant toujours les meilleures places. C'était une enfant joyeuse, active, et surtout très pieuse, qui manifesta très tôt le désir de devenir religieuse missionnaire. Rien, en apparence, ne la distinguait des autres enfants de son âge, sinon qu'elle manifestait une profonde horreur du mensonge. On apprit bien plus tard qu'elle bénéficia d'une grâce particulière le jour de sa première communion et qu'à plusieurs reprises elle eut le privilège de communier à distance. Seul le curé de son village, le Père Naber, qui devait la diriger jusqu'à la fin de sa vie, eut connaissance de ces faits étonnants. À l'âge de 14 ans, Thérèse fut placée dans une famille du village, comme servante fermière, pour aider aux travaux des champs et servir les consommateurs du café tenu par cette famille. Pendant la guerre de 1914-18, comme de nombreuses femmes de la campagne, elle travailla durement pour remplacer les hommes partis à la guerre. Elle labourait, hersait, semait, fauchait, maniait de lourds sacs de grains ou de pommes de terre, comme l'avaient fait les hommes solides de la région. Déjà toute à Dieu, en attendant d'entrer au couvent, elle s'était mise totalement au service de son prochain.
Remarque : Thérèse lisait peu. Toute son adolescence fut nourrie par les seuls enseignements de saint François de Sales et de sainte Thérèse de Lisieux.
Les premiers accidents
Le 10 mars 1918, un incendie se déclara dans le village. Thérèse donna l'alarme et se plaça dans la chaîne pour combattre le sinistre. Debout sur un escabeau, elle devait recevoir les seaux pleins d'eau (de 10 à 25 kg) et les déverser ensuite sur les flammes. Pour cela il lui fallait continuellement se baisser et se relever. Soudain elle ne put plus se relever et lâcha le seau qu'elle tenait: elle venait de se démettre la colonne vertébrale, mais elle ne le savait pas encore. Après quelques jours de repos elle recommença à travailler un peu, mais, au début du mois d'avril, elle tomba à la renverse, se blessa à la base de la boîte crânienne et sa vue commença à baisser. Le 1er août, en redescendant d'une échelle, elle manqua un échelon et tomba de nouveau. Trois semaines plus tard, nouvelle chute... Sa vue continua à baisser et au mois d'août, elle ne pouvait plus lire. Le 19 octobre de la même année 1918, nouvelle chute, nouvelle plaie à la boîte crânienne. Enfin, le 17 mars 1919, après une cinquième chute, Thérèse devint complètement aveugle. Elle avait 21 ans.
Des maladies mystérieuses
À partir de maintenant la vie de Thérèse va devenir un constant calvaire. À ces lourdes épreuves s'ajoutèrent des crampes épouvantables contractant et torturant toutes les parties de son corps. Puis survinrent d'autres maux déroutant souvent ses médecins : déformations des membres, écoulement du pus dans ses oreilles, maux d'estomac, paralysie progressant jusqu'en 1919 ; tout cela sans compter les profondes escarres formant des plaies purulentes qui détruisaient les chairs. En 1925, la gangrène s'étant installée dans le pied gauche, un chirurgien envisagea l'amputation. Mais cela ne se fit pas: le Sauveur en avait décidé autrement... Par ailleurs, Thérèse devenait, par périodes, sourde et muette. En 1919, elle n'était plus qu'une chair puante jetée sur un lit de douleur. Pourtant elle acceptait tout, disant : "Tout ce qui me vient de la part de Dieu m'est bon: la guérison, la maladie, comme il lui plaira!" Ou encore : "Tout ce qui me vient de la part du Seigneur m'agrée: toute fleur, tout oiseau, ou même toute nouvelle souffrance; ma plus grande joie, je la trouve dans le Sauveur !"
Des guérisons inexplicables
L'état de santé de Thérèse Neumann était devenu incurable, effroyable; on pouvait même se demander comment elle réussissait à vivre, accablée par tant de souffrances que les médecins ne savaient apaiser. Mais voici que vont survenir sept guérisons inexplicables, instantanées et définitives. Le 29 avril 1923, alors que Thérèse était complètement aveugle depuis quatre ans et un mois, à 6 heures et demi du matin, soudainement, la vue lui revint : c'était la fin d'une neuvaine que Thérèse avait commencée pour obtenir la béatification de Thérèse de Lisieux. Au cours d'un pénible accès de crampes, la plaie gangrenée de son pied gauche, que l'on devait amputer dans les meilleurs délais, se trouva entièrement guérie, quelques heures après que l'on eût appliqué dessus des pétales de roses ayant touché le tombeau de la petite Thérèse de l'Enfant Jésus : c'était le 3 mai 1925. Depuis octobre 1918, Thérèse était presque entièrement paralysée. Le 17 mai 1925, jour de la canonisation de Sainte Thérèse Martin, Thérèse Neumann se vit tout à coup enveloppée de lumière et se mit à crier. Soudain, elle se redressa et, après une longue extase durant laquelle elle parlait avec une personne invisible, elle se leva et se mit à marcher. Thérèse se tenait très droite, elle pouvait s'asseoir et se lever seule, sans douleur : sa colonne vertébrale était redevenue intacte. Le13 novembre 1925. Thérèse est à toute extrémité avec une appendicite purulente. À sa demande, on lui appliqua une relique de Sainte Thérèse et elle se mit en prière. Soudain, elle ouvrit les yeux, se souleva et tendit les mains à une personne invisible en disant "Oui !" à plusieurs reprises. Resl raconta plus tard à son curé, le Père Naber qui lui demandait si c'était encore la petite Thérèse qui était venue la secourir : "Oui! et elle m'a dit de me rendre immédiatement à l'église pour remercier Dieu... Une main m'est apparue, j'ai voulu la saisir, mais je n'y suis pas arrivée. C'était une fine main blanche... Les trois premiers doigts étaient étendus, les autres fermés... et il y avait une pure lumière d'où une voix, que j'ai bien reconnue, m'a dit: 'Afin que le monde reconnaisse qu'il y a une puissance supérieure, tu n'auras pas besoin d'être opérée. Lève-toi et va à l'église, mais tout de suite, tout de suite, afin de remercier le Seigneur. Tu auras encore beaucoup à souffrir... Tu n'as pas à t'en effrayer, non plus que des souffrances intérieures. C'est à cette condition seulement que tu peux coopérer au salut des âmes. Il te faut toujours davantage mourir à toi-même. Garde ta simplicité d'enfant.'" Ce qui surprit tout le monde, c'est l'instantanéité de la guérison. Le 19 novembre 1926. La bronchite aiguë que Thérèse avait contractée s'était transformée en pneumonie double. Le 26 novembre était un vendredi et Thérèse vivait déjà les douleurs de la Passion, comme à l'ordinaire. Thérèse était en train de mourir. On appela le Père Naber qui lui administra l'Extrême Onction. Il était 6 heures du soir : les membres se refroidissaient, son teint prit la couleur de la cendre : c'était la fin. Soudain Thérèse se dressa sur son lit, tendit les mains en avant vers la voix bien connue qui lui parlait de nouveau : "Le Seigneur se réjouit de te voir ainsi soumise. Tu ne dois pas encore mourir. Tout cela est arrivé pour montrer au monde qu'il y a une puissance supérieure. Tu souffriras encore davantage, afin de soutenir les prêtres dans l'œuvre du salut des âmes." De nouveau Thérèse fut le sujet d'une guérison instantanée. Le lendemain, Thérèse reprit ses activités. Elle était délivrée de tous les maux qui l'avaient clouée au lit depuis plus de six ans. À ces guérisons naturellement inexplicables, il convient d'ajouter une autre guérison : du 7 au 13 juillet 1940, Thérèse subit plusieurs attaques d'apoplexie. Pendant neuf jours e1le demeura dans un état de semi-inconscience, à demi paralysée. Puis, lors de la vision de l'Assomption, toutes les séquelles dues aux crises d'apoplexie disparurent. Thérèse raconte : "Lorsque la Mère de Dieu sortit en flottant du sépulcre avec les anges, elle me sourit. Elle flotta vers moi et tint sa main droite sur la partie gauche de ma tête. Bien que lors des visions je ne ressentisse rien provenant de l'extérieur, il passa dans la partie droite de mon corps, comme une violente décharge électrique. Je levais la main afin de saisir celle de Marie."
Autres phénomènes extraordinaires
La vie de Thérèse Neumann a été jalonnée de phénomènes étonnants. Nous avons rapidement rapporté les guérisons extraordinaires dont Thérèse fut bénéficiaire. Nous parlerons plus loin de sa stigmatisation et de son jeûne qui dura 35 ans. On allons mentionner ici quelques-uns des faits étranges qui accompagnèrent Thérèse tout au long de son chemin terrestre. Thérèse, pénétrant dans les desseins de Dieu, commença à réaliser qu'elle était destinée à une vie de souffrance et de réparation, et elle voulut se charger des épreuves du prochain. Un exemple: son père, Mr Neumann, ne pouvait plus travailler à cause de ses rhumatismes. Thérèse demanda à Dieu de lui donner le mal de son père : elle fut exaucée. Le père guérit, et Thérèse assuma le rhumatisme... Les faits qui suivent ont été rappelés par Anni Spiegl, une amie de Thérèse Neumann qui avait assisté à de nombreux phénomènes extraordinaires vécus par cette dernière : Un jour, le Dr Wutz avait célébré sa messe dans son oratoire privé et consacré deux hosties, pour Odile et Ferninand, une sœur et un frère de Thérèse. Au moment de la communion, il ne restait qu'une seule hostie. Thérèse lui donna bientôt l'explication. Ayant été dans l'impossibilité d'assister à la messe, malgré son immense désir de rencontrer Jésus, elle se transporta en esprit dans l'oratoire de la maison Wutz, à Eichstät, où célébrait le professeur. Thérèse assista à cette messe, en esprit, et communia... C'est de la même façon qu'elle assista aux cérémonies du couronnement du pape à Rome, et à diverses canonisations. Elle racontait ensuite ce qu'elle avait vu, avec de nombreux détails qu'on pouvait ensuite vérifier. Thérèse discernait les prêtres qui avaient abandonné leur sacerdoce. Elle savait d'instinct si le Saint Sacrement se trouvait dans l'église ou dans la chapelle où elle entrait. Elle discernait les vraies reliques des saints, des fausses. Elle prédit, longtemps à l'avance que le Dr Graber, professeur à l'université d'Eischtätt serait un jour l'évêque de cette ville. Un jeune étudiant en théologie était atteint d'une très grave tuberculose de la gorge. Prise de pitié, durant les fêtes de Noël 1922, Thérèse pria le Sauveur de lui donner cette maladie en échange de la guérison de ce jeune séminariste. Thérèse fut aussitôt atteinte d'un mal de gorge qui la fit souffrir longtemps. Mais à partir de ce jour, Thérèse ne put plus jamais avaler la moindre nourriture solide. Le jeune étudiant guérit définitivement et fut ordonné prêtre. Le jour où il célébra sa premier messe, le 30 juin 1931, Thérèse fut délivrée de son mal de gorge. Pendant la période nazie, les amis de Thérèse du cercle de Konnersreuth avaient préparé une action nocturne de propagande anti-nazie pour le soir même. Soudain Thérèse fut ravie en extase; revenue à l'état normal elle s'écria : "Renoncez à ce que vous avez l'intention de faire cette nuit, car il y a du danger". Odile, sa sœur, fut consternée, mais elle brûla immédiatement tous les documents qui avaient été si péniblement imprimés. Heureusement, car le lendemain matin la Gestapo surgissait dans le magasin d'Anni, recherchant les écrits contre le régime. Le jour de la Toussaint, Thérèse voyait tous ses parents et amis décédés. Elle les voyait sous les traits qu'elle leur avait connus, mais resplendissants de bonheur.
les visions
Thérèse Neumann vivait dans un intime union avec le Sauveur. Pendant trente cinq ans, outre les terribles visions de la Passion de Jésus-Christ, elle eut la grâce de contempler la vie de Jésus sur la terre, et ses miracles. Elle vit le pays où il vécut, travailla et se déplaça, ainsi que les gens qui l'entouraient. Elle connut leurs habitudes et les entendit parler leur langage : l'araméen. Elle vécut des scènes du voyages des mages, le massacre des innocents, la fuite en Égypte, la vie à Nazareth et la plupart des épisodes de la vie publique de Jésus. Thérèse contempla de nombreuses scènes de la vie de Marie après la résurrection de Jésus, notamment à Éphèse avec Saint Jean, puis à Jérusalem où elle mourut. Thérèse assista aussi à la lapidation de Saint Étienne. Elle fut témoin de la prédication et du martyre des apôtres et de nombreux saints. Pendant ses extases, Thérèse Neumann perdait conscience de ce qui l'entourait physiquement, mais, curieusement, ses sens ressentaient ce qui se passait dans les lieux où l'extase la transportait. Les expressions de son corps ou de son visage trahissaient ce qu'elle éprouvait : le froid, la chaleur, les odeurs, etc... Thérèse était présente, matériellement, comme spectatrice de la scène contemplée. Ainsi, elle se penchait si un objet lui cachait ce qu'elle désirait voir. En ce qui concerne le langage araméen qu'elle parlait et comprenait durant ses extases, ainsi que de ses connaissances géographiques de Jérusalem à l'époque du Christ, le baron Erwein von Aretin a pu écrire : "... Il est établi que les extases révèlent des connaissances qui ne sont préexistantes ni chez l'intéressée, ni chez aucun témoin. Resl apparaît ici comme étant tout à fait sous l'emprise d'une force extérieure non perceptible par les sens. Cela vaut aussi pour l'aspect de ses extases. Avec une brutalité sans pareille, parfois en pleine conversation... ces extases éclatent en trombe, l'arrachent de ses oreillers, souvent en des positions physiquement invraisemblables selon les lois de la pesanteur... Toute sensibilité a disparu de son corps.
Les dernières années et la mort de Thérèse Neumann
La dernière œuvre de Thérèse Neumann: le Theresianum
Malgré ses stigmates et la Passion de Jésus qu'elle revivait chaque semaine du jeudi soir au dimanche matin, malgré son jeûne total et prolongé, Thérèse vivait normalement, recevant de nombreux visiteurs, prenant part aux travaux des champs, soignant les malades, et se réservant le soin d'orner l'église. Cependant, vers la fin de sa vie, on détecta une angine de poitrine. Est-ce à cause de cela que, à partir de 1961, la miséricorde du Seigneur espaça les visions douloureuses du vendredi ? Cependant les activités de Thérèse se poursuivaient. Pendant l'été 1962, Mgr Rudolph Graber, l'évêque de Konnersreuth demanda à Thérèse de travailler avec lui à l'érection d'un monastère consacré à l'adoration perpétuelle. Elle choisit les Sœurs du Carmel pour jeter les bases de la nouvelle congrégation. Deux dames de Konnersruth lui donnèrent le terrain nécessaire pour construire le nouveau couvent à Konnerseuth, et Thérèse réussit à trouver les fonds nécessaires pour sa construction. Ce monastère fut appelé "Theresianum" en l'honneur de la petite sainte Thérèse. La première pierre fut posée le 28 avril 1963. Cinq mois après la pose de la première pierre le Theresianum était consacré, mais Thérèse Neumann était morte. Il est intéressant de citer quelques lignes de Mgr Graber à propos de ce couvent : "Le Père cherche des adorateurs... N'est-ce pas étrange qu'ici, justement devra s'ériger ce lieu d'adoration, non loin du rideau de fer, donc non loin de ces pays où Dieu n'est plus adoré et où on idolâtre la matière. Peu importe que les ingénieurs fassent tant et tant d'autres découvertes, qu'ils envoient leurs radiations sur la terre et que leurs fusées sillonnent les hémisphères occidental et oriental : ces radiations mystiques de la prière et de la grâce sont infiniment plus fortes que toutes les autres radiations naturelles. Elles conduiront l'humanité à la vie, à la vie éternelle, à la vie divine."
La mort de Thérèse
Thérèse avait séjourné à Eichstätt du 6 au 12 août 1962 pour étudier et préparer la fondation du Theresianum. Elle y revint du 8 au 10 septembre 1962 pour régler la succession de sa sœur Odile, ex-gouvernante du professeur Wutz. Le jeudi 13 septembre elle travailla encore à l'ornementation de l'église en vue de la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix et des sept douleurs de la Vierge Marie. Elles souffrait d'un violent mal de gorge. Le vendredi 14, jour de l'Exaltation de la Sainte Croix, ses stigmates furent très douloureux. Le lendemain, samedi 15 septembre, fête des sept douleurs de Marie, elle se leva à 6 heures et demi pour aller à la messe, mais un infarctus du myocarde la terrassa brutalement. Le mardi 18 septembre 1962, le Père Naber lui porta la communion vers 10h30. À midi, Thérèse Neumann rejoignait son Seigneur qu'elle avait tant aimé.Le samedi 22 ce furent les funérailles. La foule venue accompagner Thérèse fut évaluée à 7000 personnes. Est-ce une coïncidence? Les oiseaux de la volière de Thérèse Neumann, les pigeons et les colombes des gouttières, étaient devenus muets...
L'inédie (jeûne perpétuel et total)
À partir du 6 août 1926, fête de la Transfiguration de Jésus, Thérèse qui déjà ne mangeait plus depuis la fin de l'année 1922, cessa aussi de boire. Jusqu'à la fin de sa vie, c'est-à-dire pendant trente cinq ans, elle n'absorba aucune nourriture, ni solide, ni liquide. Les éliminations naturelles s'arrêtèrent également. De nombreuses personnes, dont beaucoup n'étaient jamais venues jusqu'à Keunnersreuth, ne se lassaient pas de contester ces faits, laissant entendre qu'il s'agissait de fraudes... De sévères contrôles furent donc imposés à Thérèse, auxquels elle se soumit avec beaucoup de patience et d'humilité. Naturellement, rien de suspect ne fut jamais détecté. Thérèse ne se nourrissait vraiment que de l'Eucharistie. Chose étrange : pendant chaque extase sanglante de la Passion, Thérèse, perdait environ cinq kilos qu'elle récupérait rapidement, sans rien manger... Thérèse était constamment entourée de nombreuses personnes. Elle voyageait et était souvent invitée chez des amis. Comme elle était de constitution très robuste, elle aurait difficilement pu dissimuler sa faim. Mais manger lui était devenu absolument impossible. Par ailleurs, Thérèse dormait peu, une ou deux heures par nuit. Pourtant, en dehors de ses douloureuses périodes d'extases sanglantes, elle s'adonnait aux activités normales d'une paysanne allemande de l'époque, sauf aux travaux trop durs devenus impossibles pour elle en raison de ses stigmates. Vers minuit, elle allait prier à l'église pendant une heure, puis elle rentrait dans sa chambre pour prendre connaissance de son courrier, très volumineux, et cela jusqu'à quatre heures du matin. Puis elle s'allongeait jusqu'à six heures et se préparait pour assister à la messe de sept heures. Après la messe, le cours normal de sa journée reprenait.
Remarque : L'emploi du temps de Thérèse était souvent bousculé par les extases, des visions inopinées, des déplacements ou des maladies. Thérèse, en effet, pouvait être malade comme tout le monde, et on la soignait normalement.
Les stigmates
Les premières stigmatisations, partielles
Ceci se passa au début du carême 1926, durant les fêtes de carnaval. Soudain, Thérèse commença à souffrir de violents maux de tête. Comme à son habitude, elle offrit toutes ses souffrances en expiation pour les péchés commis ces jours-là. Au cours de la nuit du jeudi au vendredi, soudain, elle contempla le Sauveur à Gethsémani... Jésus fixa sur elle son regard et Thérèse ressentit une immense douleur à son cœur. En même temps elle sentit quelque chose de chaud qui coulait de son cœur : c'était du sang qui s'épanchait d'une plaie située à hauteur de son cœur. Le samedi la blessure était refermée.
La semaine suivante, la même chose se renouvela, mais Thérèse contempla son Sauveur du Jardin des Oliviers jusqu'à sa flagellation. La plaie de son cœur saigna à nouveau. Dans la nuit du Jeudi-Saint au Vendredi-Saint, Resl, en extase, assista à toute la Passion de Jésus, de Gethsémani jusqu'à la mort sur la Croix. Son cœur saignait abondamment, et les stigmates apparurent pour la première fois sur ses mains et sur ses pieds. Thérèse se crut de nouveau malade, car elle n'avait jamais entendu parler de stigmates. Le bon curé Naber et sa famille s'alarmèrent. On tenta de soigner les plaies: hélas! Inutilement.
Les autres stigmatisations
Le Vendredi Saint 1927 Thérèse reçut des stigmates sur les faces internes des mains et des pieds: elle ne comprenait rien à ce qui lui arrivait... Au cours de l'année 1927, elle reçut les stigmates de la couronne d'épines, puis, en 1928, sur l'épaule droite, le stigmate du Portement de Croix. Enfin, le 25 mars 1929 (Vendredi Saint), elle fut marquée, pour la première fois, des stigmates de la flagellation. Les stigmatisations durèrent trente six ans. Jamais ces plaies ne s'infectèrent. Elles s'ouvraient au cours des passions que Thérèse vivait avec le Sauveur, puis se recouvraient d'une peau superficielle. Les visions se produisaient tous les vendredis, sauf entre les fêtes de Pâques et du Sacré-Cœur. Au cours des dernières années, en dehors des vendredis de carême, ces passions ne se produisirent plus que les premiers vendredis de chaque mois. Thérèse mit beaucoup de temps à s'habituer à la douleur des stigmates permanents qui la gênaient beaucoup dans son travail. Elle dut porter des chaussures spéciales afin de pouvoir marcher presque normalement.
La Passion vue et vécue par Thérèse Neumann
Des milliers de témoins ont pu suivre toutes les étapes de la Passion du Christ en suivant les expressions du visage de Thérèse en extase. Après le couronnement d'épines, on la voyait s'efforcer d'arracher les épines là où le fichu blanc qu'elle portait toujours était maculé de sang. Pendant la flagellation, des traces de sang apparaissaient sur sa chemise du nuit. Durant le portement de Croix, son épaule se mettait à saigner. Pendant la crucifixion, les mains de Thérèse se contractaient; ses pieds saignaient. Elle souffrait beaucoup de la soif. On voyait ses regards se diriger dans plusieurs directions. Puis Thérèse s'effondrait, apparemment morte. C'est seulement le soir ou après la vision de la Résurrection que Thérèse Neumann revenait à son état normal, mais profondément recueillie. Un phénomène particulier rendait les visions des vendredis, et surtout des vendredis de Carême particulièrement dramatiques : les larmes de sang. Dans ses extases, Thérèse Neumann assistait à la Passion de Jésus et souffrait ses douleurs. C'est alors qu'elle pleurait les larmes de sang qui impressionnaient tant les spectateurs. Thérèse vivait vraiment la Passion de Jésus, et cela se lisait dans ses gestes et dans les expressions de son visage. Il y avait des pauses dans les extases douloureuses pendant lesquelles Thérèse assistait et vivait la Passion du Christ. Alors elle pouvait répondre aux questions qu'on lui posait, et jamais on ne put la prendre en défaut ou la faire se contredire. Puis, brusquement, une nouvelle extase s'imposait : la Passion de Jésus reprenait son cours; celle de Thérèse aussi... Comme Jésus, Thérèse entrait en agonie et vivait les dernières étapes de la vie de Jésus ; puis c'était la mort : "Tout est consommé !" pouvait-on lire sur ses lèvres. Thérèse semblait être vraiment morte. Elle ne revenait à son état normal que le soir. Toutefois, après sa "mort" du Vendredi Saint, Thérèse ne redevenait vraiment elle-même qu'après la vision de la Résurrection de Jésus.
Remarques : Durant ses extases, Thérèse perdait complètement la notion du monde extérieur, et ne savait même plus s'orienter dans sa chambre.
Nota Thérèse Neumann conservait, visibles dans sa chair, les stigmates des clous, aux mains et aux pieds, du coup de lance et de la couronne d'épines. Certains jours d'autres stigmates apparaissaient, à l'épaule droite, ainsi que des traces de la flagellation.
Autres visions et précisions sur les états mystiques particuliers de Thérèse
Quelques précisions concernant les visions de Thérèse Neumanm
Thérèse Neumann bénéficia de nombreuses autres visions, concernant l'ancien et le Nouveau Testament, ainsi que la vie de quelques saints. Après les visions, Thérèse était capable de donner des détails étonnants de précision et de véracité sur la topographie des lieux, les monuments, la région qu'elle avait "visités". Elle pouvait même donner des détails sur les vêtements des personnes avec qui elle venait de "vivre"... Pendant ses visions elle percevait également les sons, les odeurs, et même les températures des endroits où elle se "trouvait" en esprit. Elle comprenait les langues des personnages qu'elle "rencontrait", et plusieurs fois elle corrigea des fautes de professeurs de ces langues anciennes qui assistaient à ses extases, notamment du Professeur Wutz. Et Thérèse conservait dans son cœur et dans sa mémoire, tout ce qu'elle avait vécu dans ses visions. Ces phénomènes qui peuvent nous étonner, ne sont pas articles de foi. Néanmoins, on reste souvent étonné par des détails géographiques et historiques qu'une simple paysanne sans culture était capable de donner. Mais faut-il s'étonner que Dieu puisse donner à certains mystiques la possibilité de "voir" le passé ? Dieu est en dehors de la création, et hors du temps. Pour Lui, tout est dans son éternel présent : notre passé, notre présent et notre avenir demeurent toujours l'Aujourd'hui éternel de Dieu.
États mystiques particuliers
En dehors de ses extases, et de son état normal, Thérèse Neumann pouvait également se trouver dans des états très particuliers. Plusieurs de ces états ont été soigneusement décrits par le Père Naber et par le professeur Wutz.
L'état d'absorption ou de ravissement
Cet état suivait chaque vision, immédiatement après la fin de l'extase. Thérèse restait absorbée par ce qu'elle venait de vivre, et "c'est alors qu'on l'interrogeait et qu'elle parlait comme une enfant très naïve, de quatre ou cinq ans". Généralement elle restait sous l'empire total de ses visions, et, cependant, les réponses qu'elle donnait aux questions des personnes qui l'entouraient étaient d'une objectivité absolue.
L'état de repos surélevé
Un état particulier vécu par Thérèse Neumann, état que l'on a parfois appelé "état de repos surélevé", se présentait après l'absorption et était de courte durée. Les forces de Thérèse se renouvelaient, et l'expression de son visage et le son de sa voix redevenaient normaux. C'est alors qu'elle s'exprimait en allemand alors que d'ordinaire elle ne parlait que le dialecte bavarois. C'est à ces moments-là qu'elle semblait posséder, et possédait réellement, des connaissances hors de sa portée, répondant aux questions les plus difficiles. Cet état de repos surélevé se présentait aussi chez Thérèse après ses communions. C'est quand elle était en cet état de repos surélevé, que Thérèse pouvait lire dans les pensées les plus intimes (don de cardiognosie). C'est alors qu'elle pouvait démasquer les mauvais ou les faux prêtres; et même les faux évêques... Elle avait également connaissance du sort réservé aux âmes des morts. Dans cet état de repos surélevé Thérèse savait reconnaître les vraies reliques des fausses. (don de hiérognose) Thérèse Neumann avait, comme il a été dit plus haut, le don de comprendre les langues étrangères, y compris les langues anciennes, tel l'araméen, quand elle était en extase, et de les répéter ensuite, mais seulement quand elle était en état de repos surélevé. Thérèse Neumann avait également la faculté de voir et d'entendre à distance, dans le temps et l'espace, les faits qu'elle avait à connaître. Ainsi, Thérèse pouvait parfois assister, en esprit ou en bilocation, à une messe dans une église où elle n'était pas corporellement présente. De nombreuses vérifications ont pu être faites.
Les souffrances expiatoires et autres charismes
Les souffrances expiatoires
Thérèse avait la faculté de prendre sur elle les souffrances et les péchés d'autrui afin de coopérer au salut des âmes. Quand elle prenait sur elle une maladie, elle en présentait tous les symptômes, tandis que les vrais malades étant immédiatement soulagés. Il en résulta que dans son entourage on ne s'inquiétait plus quand elle semblait tomber malade : on ne faisait plus venir le médecin et on attendait qu'elle guérisse subitement, ce qui se passait quand la personne pour laquelle Thérèse souffrait avait obtenu les grâces désirées ou s'était convertie. Thérèse expliqua un jour au Docteur Guerlich : "Écoute ! Le sauveur est juste. C'est pourquoi il doit punir. Il est aussi miséricordieux et il est disposé à nous aider. Le péché qui a été commis, il doit le punir; mais si un autre prend sur lui la souffrance, justice est faite, et le Sauveur obtient la liberté de sa bonté."
Autres charismes
Don de prophétie
Ce charisme, les proches de Thérèse s'ingéniaient à le tenir caché. Mais nous connaissons pourtant quelques cas très importants : Thérèse avait notamment prédit, longtemps à l'avance, la chute du national-socialisme, et parfois elle alertait ceux dont la vie était menacée par les persécutions hithlériennes. Ainsi le Père Ingbert Naab put échapper aux poursuites de la Gestapo. Elle annonçait aussi des visites inattendues.
La lévitation et la bilocation
Plusieurs témoins, auraient constaté que, pendant des extases, Thérèse Neumann se tenait élevée de 15 à 20 centimètres au dessus du sol. En ce qui concerne la bilocation, on connaît au moins un cas absolument certain : celui d'un désespéré qui voulait se jeter sous un train, une nuit, dans la forêt. Au moment où il allait se précipiter sur les rails alors que le train arrivait à toute vitesse, quelqu'un le tira vers l'arrière : c'était Thérèse, qui l'incita fortement à aller trouver le cure Naber. Le candidat au suicide était sauvé !
Relations avec les anges gardiens
Thérèse Neumann percevait la présence de son ange gardien. Elle le voyait, quand elle était en extase. Il était près d'elle, à sa droite, comme un être de lumière. Elle l'entendait quand il lui parlait, et elle le comprenait. Dans certaines circonstances, l'ange gardien de Thérèse lui vint en aide. Elle voyait également les anges de ses interlocuteurs, et ce sont eux qui lui révélaient ce qu'elle devait savoir sur la vie cachée de ses visiteurs, ou sur leurs états d'âme, et lui inspiraient les conseils qu'elle devait leur transmettre.
Les phénomènes eucharistiques
On sait que, à plusieurs reprises, Thérèse Neumann communia à distance. On sait moins, par contre, qu'elle ne vivait que de la présence de l'Eucharistie: elle disait elle-même "qu'elle vivait du Sauveur". En effet, on a constaté, à de nombreuses reprises, que les espèces du pain consacré subsistaient intactes, dans le corps de Thérèse. C'était la présence de Jésus qui la maintenait en vie. Mais dès que la parcelle d'hostie qu'elle avait reçue la veille était digérée, elle devait communier très rapidement, car elle défaillait. Si le prêtre alerté se faisait trop attendre, alors une hostie consacrée venait spontanément à elle, et Thérèse entrait en extase et retrouvait ses forces et son aspect normal...
Thérèse Neumann et Hitler
La venue d'Hitler au pouvoir déchaîna la persécution contre l'Église, et les œuvres catholiques de jeunesse furent frappées d'interdiction. En ce qui concerne Thérèse Neumann, il faut savoir qu'Hitler la haïssait particulièrement, car, inspirant la foi aux catholiques allemands, elle était devenue une menace pour le régime du National Socialisme. Hitler aurait pu faire disparaître Thérèse, mais, trop superstitieux, il n'osa jamais l'attaquer directement; il préférait faire faire le travail par ses milices. Or curieusement, toutes les tentatives menées contre Thérèse échouèrent... Elle échappa même à une attaque de tanks menée contre son village de Konnersreuth. Nous donnerons ici quelques exemples.
Le cercle de Konnersreuth
Le Dr Frans Xavier Wutz, professeur à l'université d'Eichstätt s'intéressait vivement aux paroles de Thérèse prononcées en Araméen pendant ses extases, et, de ce fait, il était convaincu de l'authenticité des faits de Konnersreuth. La famille de Thérèse se lia d'amitié avec le Dr Wutz et Thérèse put faire plusieurs séjours prolongés dans sa maison: le Dr Wutz souhaitait approfondir la langue araméenne et, parfois, Thérèse corrigeait ses "corrections". Pendant le 3ème Reich un cercle d'amis se constitua dans la maison Wutz et devint un noyau de résistance contre le régime d'Hitler. Plusieurs des membres de ce cercle furent pris par la Gestapo, torturés et tués. On peut citer: Le Dr Fritz Gerlich, journaliste calviniste qui se convertit au catholicisme, après avoir assisté à l'une des premières stigmatisations de Thérèse en 1926. Devenu un intrépide défenseur de la foi, il mourut roué de coups dans une prison. Le Père Ingbert Naab grand résistant au régime Nazi. Poursuivi dès 1933, il réussit à s'enfuir en Suisse.D'autres amis du cerle luttèrent activement, aux côtés de Thérèse et de ses amis, contre le terrible régime hitlérien: Le prince Éric Waldburg-Zeil mourut victime d'un accident, mais son épouse, la princesse Monique resta en relation avec Thérèse. Bruno Rothschild, jeune juif, se fit baptiser tant sa première visite à Konnersreuth l'avait bouleversé. Il devint prêtre en 1932, puis mourut subitement en 1933, échappant ainsi à la persécution antisémite qui se déchaîna dès 1933. Les évêques Conrad Preysing et Michaël Rackl, amis du Dr Wutz, rencontrèrent fréquemment Thérèse après avoir assisté à une de ses stigmatisations. Le docteur Joseph Lechner, professeur de droit canon et de liturgie à l'université d'Eichstätt fut un grand défenseur de Thérèse.
Quelques aspects de la résistance contre Hitler
Comme il a été dit plus haut, la prise du pouvoir par Hitler déclencha la lutte contre l'Église. Les œuvres de l'Église furent interdites. À Erchstätt un jeune dirigeant de l'Action Catholique fut interné à Dachau. Les facultés de théologie furent fermées. Le curé de la cathédrale tomba victime d'un attentat.. Beaucoup d'étudiants furent appelés sous les drapeaux: peu en revinrent. À Erchstât, comme dans de nombreux autres endroits, la résistance s'organisa, clandestine, le plus souvent, mais efficace malgré les dangers. Thérèse mit toute son influence à combattre la propagande hitlérienne. Dès le début du national-socialisme, elle en prédit sa fin certaine, tout en recommandant à ceux qui le refusaient ou le redoutaient, d'avoir beaucoup de patience... On ne doit pas s'étonner de la haine que le régime lui voua. Les amis de Thérèse et sa famille furent souvent exposés à des représailles de la part du IIIe Reich. Quant à elle, elle eut relativement peu d'ennuis; elle avait renoncé à sa carte d'alimentation et demandé en échange une double ration de savon. Bientôt la presse ne parla plus d'elle: Thérèse semblait tranquille. On apprit plus tard qu'Hitler, très superstitieux, croyant à l'astrologie, aux voyantes et aux horoscopes, avait donné l'ordre de ne pas y toucher. En effet, les nazis avaient décidé de supprimer leur ennemie. Cela leur aurait été facile: il suffisait de la mettre en observation dans une clinique où elle décèderait, après une piqûre, ou d'un accident cardiaque. Mais Adolf Hitler chargea le Gauleiter Holtzeschuber de prendre les mesures nécessaires pour protéger sa vie et celle de sa famille. Incontestablement Hitler craignait les remous qu'aurait provoqués la disparition de Thérèse Neumann. Il redoutait aussi qu'il lui arriva malheur si par sa faute, les jours de Thérèse étaient menacés ou abrégés. Hélas! Il n'en était pas de même de la part des sbires du régime! Voici un exemple vécu vers la fin de la guerre, en 1945: la place du marché de Konnersreuth, occupée par les SS fut incendiée avant l'entrée des américains. Thérèse s'était réfugiée avec deux de ses sœurs et quatorze enfants, dans un abri: une cave située sous la remise des locaux paroissiaux.. La remise prit feu, la charpente s'effondra, mais Thérèse avait eu le temps de se mettre en sécurité avec les enfants. À la fin de la guerre, les Américains prirent les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de Thérèse. En effet, dans les bois voisins se cachaient de nombreux SS dispersés, et l'on pouvait tout redouter d'eux: enlèvement ou assassinat.Portrait de Thérèse Neumann. Il faut bien retenir que Thérèse Neumann était une paysanne solide, attachée à la terre, et se livrant le plus souvent possible aux travaux des champs, de la ferme, ou de son jardin, malgré la gêne provoquée par ses stigmates qui la faisaient souffrir constamment. Ce que l'on remarquait particulièrement chez elle, c'était: son extrême simplicité, même avec les grands de la terre, son réalisme et son esprit d'initiative, son incroyable ténacité dans ses négociations, son active hors du commun: sa capacité de travail était telle qu'elle étonnait tous ceux qui la connaissaient bien, sa soif ardente de la gloire de Dieu, son amour des fleurs et de tout ce qui concernait la nature. Son grand bonheur était d'orner son église paroissiale. Elle aimait aussi beaucoup les animaux, surtout les oiseaux. Thérèse était une femme comme les autres: quand elle travaillait, rien ne la distinguait de ses compagnons, et une personne non avertie n'aurait jamais pu imaginer quelle était cette femme extraordinaire dont on parlait tant. Thérèse aimait beaucoup les malades et les soignait souvent. Connaissant par expérience le poids de la souffrance, Thérèse savait trouver les mots justes pour apaiser les malades et leur faire retrouver la paix. On a beaucoup admiré l'intelligence de Thérèse. En classe, elle avait été une très bonne élève, mais elle n'avait reçu qu'une instruction élémentaire. Or, pendant près de quarante ans, elle côtoya de nombreux savants, dans tous les domaines, et, chose étonnante, elle devait, et put, soutenir avec eux des discussions approfondies.
Remarques importantes: Il convient de remarquer que ce qui gagnait les cœurs à Thérèse Neumann, c'était son extrême gentillesse, et non pas les événements étranges qui meublaient sa vie. On a parlé de ses qualités humaines, de sa simplicité, de sa candeur, de sa gaieté sereine et communicative. On appréciait ses bons mots, son amour du travail, son incessante et prodigieuse activité, sa débordante bonté et son inlassable dévouement. Tous ceux qui la connaissaient l'aimaient comme leur propre sœur. Enfin, il faut dire que Thérèse Neumann avait une profonde horreur de la publicité, et que c'est à corps défendant, et souvent avec beaucoup de souffrances, qu'elle dut être exposée au grand jour, à la compassion des uns, mais aussi, et si souvent, aux incompréhensions, à certains mépris et aux calomnies des autres.
La vie spirituelle de Thérèse Neumann
Une vie extraordinaire
La vie de Thérèse Neumann fut, en tous points, extraordinaire. Il est incontestable que ce fut une très grande mystique, douée de charismes nombreux et étonnants. Peut-on, aujourd'hui, 43 ans après sa mort, la considérer comme une sainte? (Thérèse Neumann est décédée le 18 septembre 1962) Seule l'Église, dans sa sagesse sera en mesure de se prononcer. Une vie de sainteté ne se mesure pas en fonction des charismes, même nombreux et inexplicables, manifestés par l'intéressé. Seules les vertus et la profondeur de la vie spirituelle de la personne considérée doivent entrer en jeu pour dire si oui ou non il y a héroïcité des vertus, et sainteté. Mais en attendant, aujourd'hui, il ne nous est pas interdit d'essayer d'entrer dans ce que fut la vie spirituelle de Thérèse Neumann.
Thérèse Neumann, une bonne paysanne
Une fille solide et pieuse
Thérèse Neumann était une solide fille de la campagne bavaroise, rude mais d'une grande charité, simple et d'une franchise à toute épreuve, et ayant, comme l'on dit, les deux pieds sur la terre. En un mot, rien ne semblait la préparer à devenir une grande mystique. Quelques points particulièrement essentiels sont cependant à retenir: dès son plus jeune âge Thérèse se montra très pieuse et très dévouée. Elle aurait souhaité devenir religieuse infirmière, chez les bénédictines missionnaires de Tutzing, mais le Seigneur en décida autrement: en effet, son père ayant été mobilisé en 1914 comme tous les hommes valides, Resl avait dû rester à Konnerseuth pour aider sa mère chargée d'une nombreuse famille. Plus tard, ce furent une chute brutale et les douloureuses maladies, puis la stigmatisation, le jeûne et les phénomènes mystiques: la vocation de Thérèse, c'était la souffrance unie à la souffrance rédemptrice de Jésus.
Premières épreuves
Avec une générosité sans pareille, Thérèse sut répondre aux étranges appels de Dieu. Elle ne cessa de s'offrir en sacrifice pour le salut des âmes. Un mois après avoir recouvré la vue, elle disait à son ancienne institutrice, le 27 mai 1923: "... j'ai été atteinte d'une petite paralysie au cou de sorte que je ne pouvais plus prendre que des liquides... Même la sainte communion, je devais la prendre dans l'eau et rien qu'un tout petit morceau d'hostie... Cela dura douze jours... Je crus que j'allais mourir... Mais dans mon estomac se formait un nouvel abcès... Durant le carême, cela devint si grave, mon abcès prit de telles proportions que le cœur et les poumons ne fonctionnaient plus par suite de l'enflure. Je ne pouvais presque plus respirer. Cet état dura jusqu'au 25 avril... Le 25 avril, l'abcès creva, le soir du mercredi avant la béatification de la Petite Thérèse." Alors qu'elle n'était encore guérie que de sa cécité, et qu'elle souffrait un véritable martyre de ses autres infirmités, elle écrivait déjà à une amie religieuse, une lettre datée du 7 novembre 1924: "Je m'associe à tes prières... surtout maintenant que j'ai de si violentes douleurs internes. J'ai grand besoin de l'assistance de la grâce. Je prie et j'offre beaucoup de mes souffrances pour vous toutes.... J'offre au Père céleste la Passion de Jésus-Christ ainsi que les mérites de ses saints et de toutes les âmes droites sur la terre." Et plus loin, dans la même lettre: "Chère sœur, remercie avec moi le bon Sauveur de m'avoir donné assez de forces pour pouvoir jouir de cette grande joie. Sinon, je me serais laissée aller au désespoir. Mais ainsi, avec la grâce de Dieu, j'ai pu tout supporter." Pourtant ces souffrances devaient être vraiment intolérables, car dans la même lettre, elle précise: "Si je devais te décrire les souffrances que j'endure actuellement, tu en serais épouvantée... Tu sais, j'ai certaines douleurs internes et il est bien dur de les supporter. Souvent je crois être au bord de l'enfer. J'ai alors de telles tentations contre la foi, la patience, etc... que je ne sais plus qui je suis, si abandonnée du bon Sauveur. Tout en moi est si noir, je crains tellement alors de succomber... » Le 16 juin 1925, à une ancienne camarade d'école, religieuse: "Prie assidûment pour moi. Tu sais, souvent j'ai tellement de souffrances intérieures que ce n'est qu'avec patience que je peux les supporter. En outre, mon désir ardent de mourir, de rejoindre la patrie éternelle est plus fort que jamais..." Force est de constater que la spiritualité de Thérèse Neumann fut, dès son plus jeune âge, orientée vers le mystère de la Rédemption, et vers l'Eucharistie. Mais avant tout, c'était une fille de foi.
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