Bienheureuse Marie du Divin Cœur
Bienheureuse Marie du Divin Cœur
1863-1899
Fête le 8 juin
Maria-Anna-Johanna-Franzisca-Theresia-Antonia-Huberta naît le 8 septembre 1863 à Münster, au sein de l'une des plus anciennes familles de l'aristocratie westphalienne. Fille du comte et de la comtesse Droste zu Vischering, elle a un frère jumeau, Max, et une sœur aînée, alors âgée de trois ans. Deux fils et quatre filles les rejoindront dans les années qui suivent. Son enfance s'écoule au château de Darfeld au sein de cette famille très pieuse. Elle écrit dans son Autobiographie: "Les premières images que je me rappelle avoir vues dans les chambres de mes parents et de mes frères et sœurs sont celles du Sacré-Cœur de Jésus et de la Sainte Vierge. Je me souviens aussi comme le mois du Sacré-Cœur était célébré dans notre chapelle lorsque j'étais encore toute petite. […] C'était toujours pour moi un jour de grande fête. […] Jamais je n'ai pu séparer la dévotion du Sacré-Cœur de Jésus de celle du Saint-Sacrement, et jamais je ne serai capable d'expliquer comment et combien le Sacré-Cœur de Jésus a daigné me favoriser dans le Saint-Sacrement. Le Saint-Sacrement fut toujours pour moi un Ciel, et presque toujours je me représentais Notre-Seigneur dans l'attitude de cette image et le Cœur de Jésus dans la sainte Eucharistie comme un soleil rayonnant qui m'attirait à
lui, m'illuminait et m'enflammait d'amour. Le plus souvent les grâces que j'ai reçues m'ont été accordées dans la sainte communion ou devant le Saint-Sacrement exposé, mais bien des fois en relation avec quelque fête ou image du Sacré-Cœur."
Les persécutions religieuses qui commencent en 1872 en Allemagne, consécutives au Culturkampf, provoquent un renouveau de foi parmi le peuple catholique, et la jeune Maria note à cette occasion: "Tous ces tristes événements augmentaient mon enthousiasme pour la sainte Eglise et ses ministres. Mgr l'évêque de Münster, qui avait une très grande dévotion au Cœur de Jésus, ordonna des prières publiques au Sacré-Cœur, et, avant d'aller en exil, il fit une consécration solennelle du diocèse au Cœur de Jésus dans la cathédrale de Münster."
Elle fait sa première communion le 25 avril 1875, et déjà aspire à la vie religieuse. De mai 1879 à juillet 1881, c'est dans un couvent du Tyrol autrichien tenu par les Filles du Sacré-Cœur de Mme Barat, à Riedenbourg, qu'elle achève son éducation, et que se confirme sa vocation. "Les deux ans et demi que je restai au pensionnat furent pour moi un temps de grâces… Je me trouvais dans la maison du Cœur de Jésus et ainsi tout le bien me venait de cette source. J'apprenais à dompter mon caractère, au moins je comprenais que l'amour du Cœur de Jésus sans l'esprit de sacrifice n'est qu'imagination…". A deux reprises, lors des prédications des 21 novembre 1880 et 25 mars 1881, elle se sent appelée à la vie religieuse. Encouragée en cette voie par le P. Melchior Hausherr S.J., elle s'en ouvre à ses parents le 5 août 1882. Ceux-ci se montrent heureux de son choix, mais son père, compte tenu de la santé fragile de sa fille, lui demande de patienter jusqu'à sa vingt et unième année. En 1884, la maladie vient retarder ce projet, mais le 20 juin, jour de la fête du Sacré-Cœur, elle entend pour la première fois alors qu'elle vient de communier une Voix intérieure qui lui deviendra familière : "Tu seras l'épouse de mon Cœur".
Le 21 novembre 1886, ne pouvant toujours pas entrer au couvent, elle transforme sa chambre en cellule religieuse, et partage son temps entre la prière, la lecture, le travail pour les pauvres et les églises, et la visite et le soin aux malades. Enfin, le 21 novembre 1888, elle est admise comme postulante au couvent de Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur de Münster. Elle y prend l'habit le 10 janvier 1889 (le même jour que Thérèse de l'Enfant-Jésus à Lisieux), en même temps que le nom
de Marie du Divin Cœur. En cette période de noviciat, le Seigneur l'enseigne et l'encourage sur le chemin de croix qui l'attend. Le 21 janvier 1891, elle prononce ses vœux solennels.
Appelée par la supérieure générale du Bon-Pasteur d'Angers au poste d'assistante au couvent de Lisbonne, elle quitte Münster le 24 janvier 1894. Elle fait étape à Paris, et se recueille à la basilique Montmartre, où elle est déjà venue à l'occasion de la bénédiction de la chapelle provisoire le 3 mars 1876. Après un court séjour à la maison-mère d'Angers, elle rejoint Perpignan, puis Barcelone et Manrèse, où elle fait pèlerinage sur les traces de saint Ignace. Elle arrive à Lisbonne le 24 février,où elle reçoit en même temps que la charge d'assistante celle de première maîtresse des pénitentes, rôle qu'elle avait déjà eu à tenir à Münster avant son départ. Elle y est remarquée pour sa gaieté, mais sa vie se poursuit entre sacrifices et souffrances, soutenue et guidée par les colloques divins dont elle est favorisée. Le 12 mai, une dépêche d'Angers lui apprend sa nomination à la tête de la communauté du Bon-Pasteur de Porto qu'elle rejoint aussitôt, et où elle entre le 16 du même mois.
Elle se dévoue sans compter pour cette nouvelle communauté, pourvoyant tant aux besoins spirituels que matériels. Elle développe si bien l'œuvre qu'en moins de deux ans, le nombre des pensionnaires double, passant de 78 à 157. Le Sacré-Cœur de Jésus fait, dès les premiers jours, l'objet de son apostolat. Elle écrit en janvier 1895 : "Depuis que nous avons établi la dévotion au Cœur de Jésus dans notre pauvre maison, nous sentons son esprit se répandre partout et des bénédictions spéciales, temporelles et spirituelles, descendre sur nous." En janvier 1896, les symptômes de la maladie qui doit la clouer au lit se font sentir. Après un court voyage à la maison-mère d'Angers, elle revient à Porto où, brisée par la fatigue et la douleur, elle doit s'aliter le 21 mai. Les médecins diagnostiquent une myélite. En 1897, un léger mieux lui permet de recevoir des visites, qui deviennent bientôt innombrables. Le Seigneur lui dit alors : "Sache, mon enfant, que de la charité de mon Cœur je veux faire descendre des torrents de grâces par ton cœur dans les cœurs des autres. C'est la raison pour laquelle on s'adressera à toi avec confiance; ce ne sont pas tes qualités, mais c'est moi qui en suis la cause. Jamais quelqu'un qui se rencontrera avec toi ne s'éloignera sans que son âme soit, de quelque manière, consolée, soulagée ou sanctifiée, ou ait reçu quelque grâce, même le pécheur le plus endurci. S'il veut profiter de la grâce, il ne tient qu'à lui." Elle s'emploie autant qu'elle le peut à développer autour d'elle et en dehors du Bon-Pasteur le culte du Sacré-Cœur. En 1898, elle établit les plans d'une église qui lui sera consacrée, et qu'elle souhaite voir ouverte à la population du quartier. Enfin, répondant à la demande réitérée du Seigneur, elle écrit à deux reprises à Léon XIII (10 juin 1898 et 6 janvier 1899) afin que le genre humain tout entier soit consacré par lui au Sacré-Cœur. Enfin Léon XIII accède définitivement à sa demande le 25 mars, projetant la consécration solennelle du monde entier au Sacré-Cœur pour le 11 juin suivant. Le jeudi 8 juin à trois heures du soir, ayant terminé ainsi sa mission, Marie du Divin Cœur s'éteint dans d'ultimes souffrances, au moment même où commencent les premières vêpres de la fête du Sacré-Cœur. Elle a été béatifiée par Paul VI le 1° novembre 1975.
Consécration au Sacré Cœur de Jésus
Mon très aimable Jésus, je me consacre aujourd'hui, de nouveau et sans réserve, à votre divin Cœur. Je vous consacre mon corps avec tous ses sens, mon âme avec toutes ses facultés, et mon être tout entier. Je vous consacre toutes mes pensées, mes paroles et mes œuvres, toutes mes souffrances et mes peines, toutes mes espérances, mes consolations et mes joies, et principalement je vous consacre mon cœur, afin qu'il vous aime. Agréez, ô Jésus, le désir de vous appartenir pour toujours. Prenez possession de moi. Je mets en vous toute ma confiance, une confiance sans bornes, et l'espère de votre miséricorde infinie le pardon de mes péchés. Je remets entre vos mains tous mes soucis. Je vous promets de vous aimer et de vous honorer jusqu'au dernier instant de ma vie, et de propager, autant que le pourrai, le culte de votre Sacré-Cœur. Amen.
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