Spiritualité Chrétienne

Spiritualité Chrétienne

Sœur Marie-Marthe Chambon SUITE

Soeur Marie-Marthe Chambon, suite

 

Les Saintes Plaies et l'Eglise


Notre-Seigneur renouvela souvent a Sœur Marie-Marthe la promesse du triomphe de la sainte Église par le pouvoir de ses Plaies et de la Vierge immaculée : Ma fille, il faut bien faire ta charge, qui est d'offrir mes divines Plaies à mon Père Éternel, parce que de là doit venir le triomphe de l’Église, – lequel passera par ma Mère Immaculée. Mais, dès le principe, Notre-Seigneur prévient toute illusion, comme toute équivoque. Il ne saurait être question du triomphe matériel, visible, dont rêvent certaines âmes !... À la barque de Pierre, jamais les flots ne se plieront avec une parfaite docilité ; parfois même on pourra trembler devant les fureurs de leur agitation... Lutter, lutter tou­jours, c'est une loi de la vie de l’Église : On ne comprend pas ce qu'on demande en demandant son triomphe... Mon Église n'aura jamais de triomphe visible.. Toutefois. à travers les luttes et les angoisses, continue de s'accomplir, dans l'Église et par l'Église, l’œuvre de Notre-Seigneur Jésus-Christ : le salut du monde. L’œuvre de Notre-Seigneur Jésus-Christ s'accomplit d'autant mieux que la prière – qui a sa place dans le plan divin – implore davantage les secours du Ciel. Et l'on conçoit que le Ciel se laisse spécialement fléchir quand on l'invoque au nom des Plaies rédemptrices. – Jésus insiste fréquemment sur ce point : Les invocations aux saintes Plaies lui obtiendront une victoire incessante... Il faut que tu puises sans cesse dans ces sources pour le triomphe de mon Église. Hé ! mon bon Maître, depuis le temps que vous nie faites faire cela !... et le triomphe ne vient pas, s'exclama-t-elle dans sa familière simpli­cité. – Ma fille, répondit notre bénin Sauveur, vous devriez être déjà bien contentes de ce que je ne vous châtie pas davantage... Tu retiens mon bras. – Je te promets de te donner le triomphe, mais petit à petit. Et le saint Fondateur vint compléter la leçon du Maître : Lors même que Notre-Seigneur promet le triomphe par Marie immaculée, il ne faut pas vous relâcher dans la prière et l'offrande des saintes Plaies. Au montent d'une grande persécution de l’Église, Sœur Marie-Marthe demandait souvent à Jésus de couvrir de la protection de ses saintes Plaies le Souverain Pontife. Cette prière plaisait beaucoup à Notre-Seigneur. Il fit voir à notre Sœur que la grâce surabondait sur le Très Saint Père Pie IX et que les prières faites par la Communauté y con­tribuaient grandement : De mes Plaies sort une vertu particulière. Vers la fin de 1867, Notre-Seigneur lui révéla que Sa Sainteté aurait encore beaucoup à souffrir, qu'il n'y aurait plus de paix, mais que, grâce à la prière, le Pape pourrait subsister sur le Saint­ Siège, dans la tribulation. On voit que Notre-Seigneur ne veut pas d'illusion ! Ce qui ne l'empêche pas d'exiger toujours des prières : Je veux que cette Communauté soit le soutien du Saint-Siège par la prière et surtout par l'invocation à mes saintes Plaies. – Vous opposez ainsi une barrière à mes ennemis. Ni d'exprimer sa satisfaction pour les prières faites : Je suis content des prières que ta Communauté fait pour soutenir l’Église. Vous aurez un degré de gloire de plus pour avoir été de bons soldats du Saint-Père. – Vous serez toujours dans le cas de l'être : il faut beaucoup prier pour la sainte Église. Ni de conclure par l'assurance d'une Protection contre laquelle rien ne saurait prévaloir : Pendant que mes Plaies vous garderont, vous n'avez rien à craindre, ni pour vous, ni pour l’Église ! Si ce bien venait à vous manquer, vous comprendriez alors ce que vous possédez.


Les Saintes Plaies et les Âmes du Purgatoire


Le bénéfice des saintes Plaies fait descendre les grâces du Ciel et monter au Ciel les Âmes du Purgatoire. Chaque fois que vous regarderez le divin Crucifié avec un cœur pur, vous obtiendrez la délivrance de cinq âmes du Purgatoire : une à chaque Source. Vous obtiendrez aussi, en faisant le Chemin de la Croix, si votre cœur est bien pur et bien détaché, la même faveur à chaque station, par le mérite de chacune de mes Plaies. Quand vous offrez mes saintes Plaies pour les pécheurs, il ne faut pas oublier de le [aire pour les Âmes du Purgatoire, car il y a peu de personnes qui pensent à leur soulagement. Les saintes Plaies sont le trésor des trésors pour les Âmes du Purgatoire. C'est ce que le bon Maître voulut montrer à Sœur Marie-Marthe. Certain dimanche de Carême, son état de souffrance ne lui permettant pas d'assister à l'instruction, son Bien-Aimé vint à elle et lui dit : Je vais te donner une occupation : tu offriras tes souffrances en union avec les miennes divines pour les Âmes du Purgatoire. La Sœur commença à faire cette offrande et, chaque fois qu'elle la renouvelait, elle voyait une âme monter au Ciel. Elle en était à la vingtième, lorsque le Père Éternel apparut : Je te donne le même pouvoir qu'à mon Fils, pourvu que tu m'offres ton cœur uni au sien. Elle s'efforça de le faire, et, à chaque acte d'offrande et d'union, c'était vers le Ciel – suivant son expression – une envolée d'âmes, « comme une volée d'oiseaux ».Les âmes délivrées par elle venaient parfois la remercier et lui disaient : Que la fête qui les avait sauvées, la fête des saintes Plaies, ne passe pas... Nous n'avons connu la valeur de cette dévotion qu'au moment où nous avons joui de Dieu ! – En offrant les saintes Plaies de Notre-Seigneur à son Père, vous opérez comme une seconde Rédemption. Au nombre de ces âmes, il en est qui tiennent de plus près au cœur d'une religieuse, ce sont les âmes de ses propres Sœurs. Sœur Marie-Marthe priait et souffrait pour elles plus particulièrement, et la Sainte Vierge lui en témoignait de la satis­faction : Les âmes de vos Sœurs en Purgatoire sont mes filles. Je prends grand plaisir à vous entendre prier pour leur délivrance .... je souffre tant de les voir dans ce feu... Elles y vont presque toutes !... – Je suis Reine et je veux que ces âmes règnent avec Moi ! Malgré tout notre pouvoir, mon Fils et Moi, nous ne pouvons les délivrer ; elles doivent expier. – Mais vous pouvez si facilement les soulager et leur ouvrir le Ciel, en offrant les saintes Plaies pour elles à Dieu le Père Offre-les pour tous leurs manquements à la Règle, ajouta, un jour, Notre-Seigneur. Une de nos Sœurs lui apparaissant glorieuse, peu après sa mort, lui dit : Je croyais bien faire toutes mes actions purement pour Dieu, et lors­qu'elles m'ont été montrées, je les ai vues toutes remplies de mouvements naturels. C'est la confiance que j'ai eue aux saintes Plaies de Jésus, les derniers jours de ma vie, qui a fait ma perfection. – Ah ! qu'il fait bon mourir en passant par les Plaies de Notre-Seigneur Jésus-Christ, disait une autre chère défunte.


Les Saintes Plaies et le Ciel


Pour donner comme un couronnement à ces magnifiques promesses, Notre-Seigneur montre enfin dans ses Plaies les « arrhes de notre gloire future » et Il fait entrevoir à Sœur Marie-Marthe le bonheur que procure dans les Cieux leur contemplation. Les âmes qui prient avec humilité et qui méditent ma Passion, auront un jour une participation à la gloire de mes divines Plaies, leurs membres en recevront une beauté et une gloire étincelantes. Plus vous aurez contemplé mes Plaies doulou­reuses sur cette terre, plus vous les contemplerez glorieuses au Ciel ! Une âme qui, pendant sa vie, a honoré les Plaies de Notre-Seigneur Jésus-Christ et les a offertes au Père Éternel pour les Âmes du Purgatoire, sera accompagnée au moment de la mort par la Sainte Vierge et les anges, et Notre-Seigneur en Croix, tout resplendissant de gloire, la recevra et la couronnera. Sœur Marie-Marthe pensait un jour, en offrant les saintes Plaies, qu'elle perdait son temps. Notre-Seigneur la reprit : Est-ce que mes Bienheureux ne font rien avec Moi parce qu'ils font toujours la même chose ?... Ils m'aiment, ils m'adorent, ils contemplent mes Plaies et me remercient... et leur joie est toujours pleine et entière. Et Jésus continue : Ma fille, où se sont faits les Saints, sinon dans mes Plaies ?... C'est dans mes Plaies que mes épouses doivent régner un jour... Mes Plaies sont pour ma gloire et la vôtre. Les Bienheureux qui les contemplent depuis tant de siècles n'en sont point rassasiés .... ils les contempleront toujours et en jouiront tou­jours... Oh ! que la terre est peu de chose en vue d'un si grand bien !... Très souvent, la vue du Ciel est offerte à cette chère âme, tandis que se fait entendre la voix de Dieu le Père : Vois, ma fille, tout ceci est le fruit des souffrances de mon Fils !... Tout ceci t'est montré afin que tu puisses, avec plus de confiance et de joie, offrir les saintes Plaies de Jésus... Et la douce Reine des élus ajoute, pour stimuler les ardeurs : Si je suis au Ciel et les Saints aussi, nous y sommes tous par les mérites des Plaies de mon Fils. – Vous devez exploiter ces Plaies divines et vous deviendrez grandes aussi. Toujours la même perspective, toujours le même programme : Semer ici-bas dans les sillons des saintes Plaies ; au Ciel, moissonner éternellement dans la gloire.


Demandes de Notre Seigneur


En échange de tant de grâces exceptionnelles, Jésus ne demandait à la Communauté que deux pratiques dont nous allons dire un mot rapidement : l'Heure sainte et le Rosaire des saintes Plaies. A l'époque du choléra qui, en 1867, fit tant de victimes dans .la région chambérienne, Notre-Seigneur témoigna le désir que, tous les vendredis, l'Heure sainte fût faite par cinq Sœurs dont chacune serait chargée d'honorer une de ses Plaies. La Très Sainte Vierge unit sa demande à la demande de son divin Fils, par ces paroles où perce un douloureux regret : Il n'y a aucune Maison sur la terre où les saintes Plaies de Jésus soient honorées tout particulièrement le vendredi soir... Il faut pendant cette heure contempler ces saintes ouvertures et vous y enfoncer. Elle apprend à l'heureuse privilégiée comment devrait s'accomplir ce pieux exercice : Ma fille, lui dit-elle, la première lois que j'ai contemplé les Plaies de mon cher Fils, c'est lorsque son très saint Corps fut déposé entre mes bras. J'ai médité ses douleurs et j'ai tâché de les faire passer dans mon cœur... J'ai regardé ses pieds divins l'un après l'autre .... de là je suis allée à son Cœur, où j'ai vu cette grande ouverture, la plus profonde pour mon Cœur de Mère .... j'ai contemplé la main gauche, puis la droite, et ensuite la couronne d’épines. Toutes ces Plaies me perçaient le Cœur !... Voilà ma Passion à Moi !... – Sept glaives sont en mon Cœur, et c'est par mon Cœur qu'il faut honorer les Plaies sacrées de mon divin Fils !... Ce fut environ à la même époque (1868-1870) que, pour entrer dans les intentions de Notre-Seigneur, les Supérieures établirent la récitation quotidienne de la Couronne de Miséricorde. Voici comment nous avons coutume de réciter ce rosaire : Comme introduction, avant les dizaines, la belle prière inspirée à un prêtre de Rome : 0 Jésus, divin Rédempteur, soyez-nous miséri­cordieux pour nous et pour le monde entier. – R. Amen. Dieu fort, Dieu saint, Dieu immortel, ayez pitié de nous et de tout le monde. – Amen. Grâce, miséricorde, ô mon Jésus, pendant les dangers présents ; couvrez-nous de votre Sang précieux. – R. Amen. Père Éternel, faites-nous miséricorde par le Sang de Jésus-Christ votre Fils unique ; faites-nous miséricorde, nous vous en conjurons. – R. Amen, amen, amen. Sur les petits grains : Mon Jésus, pardon et Miséricorde par les mérites de Vos Saintes Plaies. Sur les gros grains : Père Éternel, je Vous offre les Plaies de Notre Seigneur Jésus-Christ, pour guérir celles de nos âmes. Ces deux dernières invocations sont celles qu'avait indiquées Notre-Seigneur lui-même et auxquelles Il a fait des promesses si belles ! En 1912, l’Église les a enrichies de 300 jours d'indulgence chacune (toties quoties) en faveur des Religieuses de la Visitation. Ce ne fut pas sans difficulté que les Supérieures purent faire adopter la récitation du Rosaire des saintes Plaies ; de même qu'à Paray, par un zèle extrême de la Règle, on se permit plus d'une réclamation. Et nos Mères, ainsi que la pauvre Converse, en recueillirent bien des souffrances. Mais Notre-Seigneur les encourageait : Ma fille, les grâces de Dieu ne sont pas données sans qu'il y ait de la difficulté pour accomplir mes volontés... Mais, plus vous rencontrerez d'oppositions et d'obstacles, plus ma grâce sera abondante. Il ne faut rien craindre, il faut marcher par­-dessus les obstacles ; là est le vrai amour... Celui qui vous tient ne peut être ébranlé : toujours je serai votre défenseur !... mais il faut cette souffrance. Dieu le Père, tenant une clé à la main, semblait menacer d'un air sévère : Si vous ne faites pas ce que je veux, je fermerai les Sources et je les donnerai à d'autres. Avec une fermeté pleine de patience et d'humilité, nos Mères Thérèse-Eugénie et Marie-Alexis parvin­rent à faire accepter cette pratique, si peu onéreuse du reste. – Jésus les soutint manifestement : Une Sœur, dont la haute intelligence et le solide jugement faisaient autorité dans le Monastère, se trouvait la plus fortement opposée à la nouvelle dévotion. Or, elle vit un jour venir à elle l'humble Converse, chargée d'un message de la part du Maître ; elle s'entendit révéler une chose absolu­ment secrète, qui s'était passée entre elle et Lui, dans l'intime de son âme, chose qu'elle n'avait jamais confiée à personne... et que, dès lors, Sœur Marie-Marthe ne pouvait savoir que de Dieu... Devant une telle preuve, la Sœur se rendit loyalement, et voulut réparer son opposition passée en faisant de petites images des saintes Plaies, pour en propager le culte. La dévotion à mes Plaies est le remède pour ce temps d'iniquité , assurait le Sauveur. C'est Moi qui le veux : il faut faire vos aspirations avec grande ferveur. Ma fille, je vois tout, je compte tout. – Dis à ta Mère que, chaque aspiration qu'elle fait, j'en tiens compte. Il faut qu'elle fasse tout ce qu'elle pourra pour maintenir la couronne de Miséricorde. Je suis content de vous voir honorer mes saintes Plaies : je puis maintenant déverser plus largement les fruits de ma Rédemption. Il faut que vous, qui connaissez mes volontés, soyez doublement ferventes... Si vous vous relâchiez dans la dévotion à mes Plaies, vous perdriez beaucoup. Comme il y a une armée dressée pour le mal, il y a aussi une armée dressée pour Moi. Avec cette prière, vous êtes plus puissante qu'une armée pour arrêter mes ennemis. Vous êtes bien heureuses, vous à qui j'ai appris la prière qui me désarme : Mon Jésus, pardon et miséricorde, par les mérites de vos saintes Plaies. – Les grâces que vous recevez sont des grâces de feu... Elles viennent du Ciel, il faut qu'elles retournent au Ciel... Dis à la Supérieure qu'elle sera toujours exaucée pour quelque besoin que ce soit, lorsqu'elle me priera par mes saintes Plaies, en faisant dire la Couronne de Miséricorde. Vos Monastères attirent les grâces de Dieu sur les diocèses où ils se trouvent ; quand vous offrez à mon Père mes saintes Plaies, je vous regarde comme tendant les mains au Ciel pour avoir des grâces !... – En vérité, cette prière n'est pas de la terre, mais du Ciel !... elle peut tout obtenir ! Il faut le dire à la Mère, se le rappeler, l’écrire pour l'avenir, afin que vous y ayez recours de préférence. Les recommandations de Notre-Seigneur n'ont pas été vaines. L'usage s'est maintenu du recours quotidien à cette prière du ciel . Que surgissent de grandes difficultés, des besoins graves, des dangers menaçants, les invocations se font plus nombreuses et plus pressantes... Et après une expérience de cinquante ans, la Communauté peut déclarer qu'elle a toujours eu à se féliciter de sa confiance ! Ce n'est pas que les épreuves nous aient été épargnées, ni que la mort ait espacé ses visites... Loin de là ! Mais l'épreuve elle-même s'adoucit de tant de consolation ! Et les morts sont si douces à l'ombre des saintes Plaies !


Les pécheurs


Une fois que la Communauté se fut pliée aux demandes de Notre-Seigneur sur ces deux points, Jésus ne cessa pas pour autant ses appels. Il se fit même de plus en plus pressant à présenter ses Plaies comme sources de grâces pour les pécheurs, et comme leçons éloquentes pour les âmes religieuses : Il y a bien longtemps, – c'est toujours Jésus qui parle, – que je désire vous voir distribuer les fruits de ma Rédemption ! Vous faites main tenant ce que je veux pour le salut du monde. – À chaque mot que vous prononcez de la Couronne de Miséricorde, le laisse tomber une goutte de mon Sang sur l'âme d'un pécheur. Les hommes foulent aux pieds mon Sang, je veux que vous, mes épouses, vous m'aimiez et travailliez pour mon amour. Si, avec toutes les richesses dont mes Plaies sont remplies pour vous, vous n'en profitiez pas, vous seriez bien coupables... Les âmes qui ne vénèrent pas mes saintes Plaies, et qui, au contraire, les ridiculisent, – ces âmes-là, je les rejette. Les pécheurs méprisent le Crucifix : je prends patience, mais un jour viendra où je me vengerai. Viens avec ton Cœur, mon épouse, viens avec ton Cœur bien vide, parce que Moi, j'ai de quoi le remplir : viens à la conquête des âmes.. Et lui faisant voir dans le monde une quantité de pécheurs : Je te les montre, afin que tu ne perdes point de temps. En temps de Carême ou de Retraites, la vision de Jésus souffrant durait parfois des journées entières : Ma fille, j'ai autant souffert pour une seule âme, que pour toutes ensemble... La Rédemption a été abondante ! , Et le Sang rédempteur coulait à flots des blessures adorables, et Jésus murmurait avec amour : C'est le Sang de ton Époux !... de ton Père !... C'est pour vos âmes qu'il a été versé ! – Il n'y a que Moi qui puisse verser ainsi ce Sang divin !... – Ma fille, je suis ton Époux ! Je suis tout à toi pour les âmes ! ..... Quelquefois, elle voyait la justice de Dieu irritée, prête à s'appesantir sur le monde : Ne me prie pas, je veux punir, disait le Christ dans son indignation. Le monde, pour être régénéré, aurait besoin d'une seconde Rédemption. Le Père Éternel, intervenant, déclarait : Je ne puis donner mon Fils une seconde fois. Mais notre Sœur comprenait que, par l'offrande réitérée des saintes Plaies, nous pouvions opérer cette rédemption. – A mesure qu'elle les offrait, elle voyait la colère divine se changer « en une douceur de grâces qui se répan­daient sur le monde ». Ma fille, – disait une autre fois le Seigneur Jésus, – il faut remporter la palme de la victoire : elle vient de ma sainte Passion... Au Calvaire, la victoire paraissait impossible, et cependant, c'est de là que mon triomphe a éclaté. – Je désire constamment que vous profiliez de ma Rédemption par la correspondance à mes grâces que tant d’hommes méprisent... – Notre-Seigneur l’épouvanta en lui donnant une vue de sa justice excitée par les péchés des hommes... Alors, tout éperdue, elle s'écria, en s'humiliant profondément : Mon Dieu, ne regardez pas notre misère, mais regardez votre miséricorde. Et elle recommençait à apaiser le Sauveur par les invocations multipliées aux saintes Plaies. Offre-les-moi souvent pour le gagner des pécheurs, encourageait le bon Maître, car j'ai faim des âmes !...


Les Saintes Plaies et les âmes religieuses


Dans la Maison de Dieu, il faut vivre unies à mes Plaies ! dit le Sauveur. – Vos vœux sortent de mes Plaies !.... Un jour, Sœur Marie-Marthe étant au Chemin de la Croix et arrivant à la dixième station, Jésus fait comprendre à son épouse le mérite de son dépouillement en regard du vœu de pauvreté, lui demandant d'offrir les saintes Plaies – pour celles de ses épouses qui ont besoin de dépouillement, afin qu'elles sachent le revêtir par une pratique plus exacte du vœu de pauvreté. Puis, au Crucifiement, Il ajoute – qu'étant vouées à Lui, nous devions être clouées à la Croix avec Lui .... – lorsque nous suivons notre propre volonté, nous nous déclarons ennemis de la Croix... – Il faut vous laisser gouverner par votre Supérieure, comme Moi. tendant les mains, je me suis laissé attacher à la Croix. Il lui demande encore de prier – pour celle qui voudraient se déclouer de la Croix, en manquant à l'obéissance... Ma fille, redit-Il une autre fois, regarde ma couronne, et tu verras la mortification, – mes mains étendues, et tu apprendras l'obéissance, – tu comprendras la pauvreté en me voyant tout nu sur la Croix, – la pureté en Celui que tu adores et qui est si pur !... Il lui enseigne que les âmes religieuses sont aussi des âmes vouées à la souffrance : Je voudrais voir toutes mes épouses des Crucifix !... – Ne faut-il pas que l’épouse ressemble à son Époux ? déclare Celui que la sainte Amante des Cantiques dépeint ainsi : Mon Bien-Aimé est blanc et vermeil. Je te donnerai des souffrances pour toute la journée, lui promet-Il, afin que tu ailles plus souvent aux Sources heureuses de mes divines Plaies. Je veux que tu sois crucifiée avec Moi ; je le veux de toutes manières... – A mesure que tu diras : oui, je te crucifierai davantage. Ma fille, regarde ma couronne ! je n'ai pas dit : elle me fait trop souffrir – je l'ai acceptée de mon Père, pour vous ! – Regarde mes mains ! je n'ai pas dit : je ne les donne pas, cela me fera trop souffrir ! – et de même pour mes pieds. Puis, Jésus montre à sa servante sa chair sacrée, déchirée, en lambeaux : Partout tu trouveras des Plaies en ton Époux ! – Je veux que tu sois ainsi ! – Contemple-moi sur la Croix : lorsque j'y étais, je ne regardais ni les bourreaux ni leurs outrages .... je regardais mon Père. –- Il faut ainsi accomplir votre devoir, en faisant ce que je veux, sans autre regard vers la créature... comme Moi je regardais mon Père uniquement ! Un autre jour, lui apparaissant sur la Croix tout décharné, n'ayant que la peau sur les os, ce tendre Maître s'écrie : Voilà, ma fille, où doivent passer ceux que je me suis choisis et qui veulent arriver à la gloire, – non pas ceux qui lèvent la tête. – Ma Mère a passé par ce chemin... Il est bien rude pour ceux qui vont par force et sans amour ; mais doux et consolant est le chemin des âmes qui portent leur croix avec générosité. – Il faut que les épouses de Jésus-Crucifié souffrent... – Je n'ai plus que mes épouses pour me dédommager. Dans un autre entretien, Jésus dit encore : Ma fille, il faut bien aimer le Crucifix et vous crucifier pour aimer Jésus, afin de pouvoir mourir comme Jésus et ressusciter dans la vie comme Lui. – Je renouvelle maintenant les grâces de ma Passion... – c'est à vous d'en répandre le bénéfice sur le monde entier.


Comment Sœur Marie-Marthe sut répondre aux Désirs de Jésus


Remuée jusqu'aux plus intimes profondeurs de son être par de semblables révélations, notre chère Sœur s'en laissait imprégner tout entière. Elle était éprise d'un tel amour pour tes Plaies adorables du Sauveur, qu'il lui semblait qu'elle allait les dévorer. Son plus ardent désir était de susciter dans l'univers les sentiments d'amour et de recon­naissance qu'elles doivent inspirer, prête à donner sa vie pour l'extension d'un culte qu'elle voulait immense, passionné, sans limite ! Si, d'ailleurs, son ardeur se ralentissait, si les invocations se pressaient moins nombreuses sur ses lèvres, Jésus ne tardait pas à se présenter à elle dans l'état pitoyable où l'ont réduit nos iniquités et, montrant ses Plaies, lui faisait d’amoureux reproches : Elles te regardent toujours, quand tu les oublies, toi, qui devrait toujours les regarder... – Tu dois t'appliquer à guérir mes blessures en contemplant mes Plaies. – Je te les ai déjà fait il voir si souvent que cela devrait te suffire, mais non, il faut toujours que je réveille ta ferveur. Ou encore : Les inventions des bourreaux pour me faire souffrir, c'est moi qui les voulais. Je les voulais par amour pour vous et pour satisfaire à mon Père : tout se faisait par ma volonté !... – A présent, ma fille, je te ferai souffrir aussi, parce que je le veux. – Je désire et je veux que tu me dédommages des outrages que je reçois !... ~ Je te veux victime debout... -- Il faut élever vos Cœurs et vous jeter dans mes Plaies. Se présentant à elle comme dans un tableau : Il faut me copier , – suppliait-Il un jour, avec un accent d'indicible tendresse et d'ardent désir, -- il faut me copier !... Les peintres font des portraits à peu près conformes à l'original, mais ici, c'est Moi qui suis peintre et qui fais mon image en vous, si vous me regardez. Revenant sur cette même invitation, notre divin Sauveur lui enseignait un autre jour : Ma fille, quand un peintre veut faire un tableau, il prépare d'abord la toile qui doit recevoir son pinceau. Bon Maître, je ne sais pas ce que cela veut dire ? interrogea-t-elle dans son extrême ignorance. Et Jésus dut expliquer que son âme était cette toile d'attente : Ma fille, prépare-toi à recevoir tous les coups de pinceau que je voudrais te donner. Quelque temps plus tard, Il lui demandait : Ma fille, veux-tu être crucifiée avec moi, ou bien veux-tu être glorifiée ? – Ah ! mon bon Jésus, j'aime mieux être crucifiée !... – A ces mots Sœur Marie-Marthe fut soudainement envahie par une grande appréhension et se mit à énumérer ses nombreux défauts, comme un obstacle aux grâces de Dieu : Tes défauts, répliqua son tendre Maître, paraîtront tous au jour du Jugement, mais pour ta gloire ?... – Je reçois toutes tes actions et tes souffrances pour les pécheurs et pour les âmes du Purgatoire, mais il faut que tu demeures collée à mon Cœur, à mes Plaies, ne faisant qu'un avec moi... – Il ne faut pas sortir de mon Cœur, car je ne pourrais plus me communiquer à toi. Bon Maître, faites-moi le catéchisme, demanda-t-elle une fois, avec sa candeur et sa hardiesse d'enfant : . Viens dans ta demeure, mon épouse, répond Jésus en lui montrant ses Plaies, viens dans ta demeure .. là tu trouveras tout !... Je serai ton prédicateur et je t’apprendrai à t'immoler pour moi et pour le prochain. Le Crucifix, voilà ton livre !... Toute la vraie science est dans l’étude de mes Plaies. Quand toutes mes créatures les étudieraient, toutes y trouveraient assez de lumières sans avoir besoin d'aucun livre. – Le livre de ma Passion est celui où tous mes Saints lisent et liront éternellement : c'est le seul que vous devez affectionner. Quand vous puisez dans mes Plaies, lui confie encore Notre-Seigneur, vous soulagez le divin Crucifié ! – Puis s'adressant à saint François de Sales et lui montrant sa petite Privilégiée : Voilà ton fruit ! une de tes filles qui puise dans les trous sacrés pour donner aux âmes et apaiser ma Justice. Notre Sœur, dévorée qu'elle était de l'amour de Dieu, profite de cet instant pour demander à notre bienheureux Père de lui obtenir d'aller bientôt dans la Patrie, jouir du Bien souverain. Mais il répondit à ses supplications : Ma fille, il faut faire ta tâche !... Nul ne peut entrer au Ciel avant d'avoir accompli sa tâche ici-bas. – Si tu venais ici, en voyant que ta tâche n'est pas faite, tu voudrais retourner sur la terre pour l'achever, considérant la gloire rendue au divin Maître, et combien tu apaises la Justice de Dieu si fort irritée... Ainsi, Sœur Marie-Marthe était constamment soutenue, encouragée dans « sa tâche », selon l'expression qui revient sans cesse sur ses lèvres. Cette tâche, nous l'avons vu, c'était, en premier lieu, de faire valoir continuellement les mérites des saintes Plaies de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour tes besoins de l’Église militante et de l’Église souf­frante. C'était ensuite de travailler à renouveler, dans les limites du possible, cette salutaire dévotion dans le monde entier. La première partie la regardait personnellement : Notre-Seigneur l'y avait engagée par des promesses solennelles, anciennes déjà et rédigées par la main maternelle : Je, Sœur Marie-Marthe Chambon, promets à Notre-Seigneur Jésus-Christ de m'offrir tous les matins à Dieu le Père, en union avec les divines Plaies de Jésus-Crucifié, pour le salut du monde entier et pour le bien et la perfection de ma Communauté. – Je l’adorerai dans tous les Cœurs qui le reçoivent dans la Sainte Eucharistie... Je le remercierai de ce qu'il veut bien venir dans tant de Cœurs qui sont si peu prépares... – Je promets à Notre-Seigneur d'offrir toutes les dix minutes, avec le secours de sa grâce et en esprit d'obéis­sance, les divines Plaies de son Sacré Corps au Père Éternel ..., d'unir toutes mes actions à ses saintes Plaies, selon les intentions de son Cœur adorable, pour le triomphe de la sainte Église, pour les pécheurs et les âmes du Purgatoire, pour tous les besoins de ma Communauté, ceux du Noviciat, du Pensionnat, et en expiation de toutes les fautes qui s'y commettent... Tout ceci, par amour, sans obligation de péché. L'invocation : Père Éternel, je vous offre les Plaies de Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour guérir celles de nos âmes , telle est la formule de cette offrande... Sœur Marie-Marthe avait promis toutes les dix minutes, mais il ne se passait guère de moment dans la journée, où sa bouche ne la renouvelât, en y joignant la seconde invocation : Mon Jésus, pardon et miséricorde, par les mérites de vos saintes Plaies. L'existence de notre chère Sœur devint ainsi une prière ininterrompue : L'union à Dieu, un silencieux recueillement se lisaient sur sa physionomie. En la voyant, on était frappé de ses yeux presque tou­jours fermés, de ses lèvres murmurant sans cesse une prière. Au chœur surtout, elle se perdait vrai­ment en Celui qui daignait se montrer aux yeux de son âme, comme un Père et un Ami. Quant à la seconde partie de la tâche, celle de réveiller dans les âmes la dévotion aux saintes Plaies, elle ne dépendait pas uniquement de la générosité héroïque de Sœur Marie-Marthe... Notre-Seigneur avait pris soin de lui en laisser entrevoir les longueurs et les difficultés : Ton chemin, c'est de me faire connaître et aimer surtout dans l'avenir. Il faudra longtemps pour établir cette dévotion. Le voile de l'avenir semble bien s'être levé partiellement devant le regard de Sœur Marie-Marthe dans une sorte de vision dont notre T. H. Mère Thérèse-Eugénie Revel déplore, avec un sensible regret, l'obscurité : Nous n'avons pu en savoir davantage sur la fin de cette vision et sur sa signification. Sans entrer nous-mêmes dans le détail de ce récit, sans chercher une interprétation qui ne pourrait être que personnelle et, sans doute, fantaisiste, constatons simplement les faits réels : Sœur Marie-Marthe avait, avec l'aide de ses Supérieures, introduit la dévotion aux saintes Plaies dans la Communauté : c'était un premier pas. De nombreux Monastères ont suivi cet exemple et adopté la dévotion : c'est un second pas. La concession de 300 jours d'indulgence en faveur de toutes les Visitations du monde est un troisième pas. Le quatrième pas date de la publication de cette brochure. Il se poursuit magnifiquement : la lecture des grâces accordées à notre Sœur, la bienfaisante influence des paroles de Jésus concernant sa sainte et amoureuse Passion, le zèle des âmes religieuses et de tant de cœurs dévoués, les hauts encouragements reçus... ont provoqué un renouveau d'amour envers le divin Crucifié, si bien qu'à travers le monde entier se multiplient les confiantes invo­cations aux saintes Plaies.


Dernières années et mort de Sœur Marie-Marthe


Le but de cette Notice était simplement de donner un aperçu de la vie de Sœur Marie-Marthe en tant que dépositaire et apôtre des saintes Plaies. Mais ce n'est là qu'un côté de sa vie intérieure. On en trouvera le complément dans un volume plus détaillé. Les grâces et les communications divines rem­plissent vraiment toutes les heures de cette vie exceptionnelle, pendant vingt ans ! c'est-à-dire jusqu'à la mort de notre Mère Thérèse-Eugénie Revel (30 décembre 1887). Bien longtemps auparavant, Jésus, montrant à Sœur Marie-Marthe les deux Mères qui avaient le secret de toutes ses grâces, lui avait posé cette question : Ne m'en ferais-tu pas le sacrifice ? .... Et cette âme, dégagée de tout ce qui n'était pas Jésus, avait acquiescé – avec une réserve, toute­fois : c'est que, dès lors, rien ne paraîtrait plus des faveurs dont Il la comblait ..., que tout resterait bien caché entre eux deux seulement. Jésus promit et tint parole. Après la mort de notre bonne Mère Thérèse-Eugénie, Il couvrit d'un voile toujours plus impénétrable celle qu’Il avait résolu de tenir cachée jusqu'à son dernier jour. Dieu permit – par un concours de circonstances trop longues à rapporter, – que les Supérieures qui vinrent ensuite n'eussent qu'une connaissance très vague des grâces reçues : les cahiers qui en contenaient le récif étant déposés en d'autres mains tant qu'elle vécut. Pendant les vingt dernières années, c'est-à-dire jusqu'à sa mort, rien ne parut à l'extérieur de ces grâces merveilleuses, rien, sinon les longues heures où Sœur Marie-Marthe demeurait au pied du Très Saint Sacrement, immobile, insensible, comme en extase !... Et personne n'osait l'interroger sur ce qui se passait dans ces instants bénis, entre son âme ravie et l'Hôte divin du Tabernacle. Cette trame continue de prières, de travail et de mortification .... ce silence, cet effacement absolu, nous semble une preuve de plus – et non des moins convaincantes – de la vérité des faveurs inouïes dont elle fut comblée. Une âme d'humilité suspecte, ou même ordinaire, eût essayé d'attirer l'attention, se serait fait une gloire de l’œuvre que Jésus opérait en elle et par elle... Sœur Marie-Marthe, jamais !... Elle se plongeait avec délices dans l’ombre de la vie commune et cachée... Mais, comme le grain de sénevé jeté en terre, la dévotion aux saintes Plaies germait dans les Cœurs. Pendant la dernière nuit de Noël que notre Sœur passa sur la terre, Jésus – nous aimons à le croire – l'avait avertie de son prochain départ de ce monde, et, en même temps, des souffrances qu'Il voulait lui demander encore. Une Sœur, près d'elle, pendant la Messe de Minuit, l'entendit s'écrier avec angoisse : 0 mon Jésus, pas cela !... tout, oui tout, mais pas cela !... – Cela ! ce devait être la maladie pénible, douloureuse... Cela !... , ce devait être surtout le délaissement intérieur, l'absence du Bien-Aimé !... Elle, habituée à sa chère présence, à sa conver­sation quotidienne, ne pouvait – sans un déchi­rement douloureux – en accepter la privation. Aussi, avions-nous remarqué, dès ce jour, une tristesse profonde empreinte sur sa physionomie. Atteinte d'un gros rhume, auquel vinrent se joindre diverses complications très graves, elle reçut avec joie l’extrême-onction, au début du Carême de 1907. Un douloureux Calvaire lui restait à gravir : plusieurs semaines de suprêmes purifications pen­dant lesquelles son Sauveur l'identifia, plus que jamais, pour la rendre davantage semblable à Lui, aux agonies physiques et morales de sa Passion. – A l'avance, Il l'avait prévenue : Le mal qui te donnera la mort sortira de mes Plaies. Nous sentions qu'il y avait quelque chose de mystérieux dans ce dernier combat de la nature... Le 21 mars, après une nuit de souffrances terri­bles, un grand calme, un grand silence se fit... Toute la Communauté entourait la mourante, en récitant des milliers de fois les chères invocations aux saintes Plaies. Enfin, à huit heures du soir, aux premières Vêpres de sa Compassion, Marie venait chercher l'enfant à qui elle avait appris à aimer Jésus !... Et l’Époux recevait pour toujours dans la blessure de son Cœur sacré, l'épouse dont Il avait fait ici-bas sa Victime bien-aimée, sa Confidente et l'Apôtre de ses saintes Plaies.


Mot final


Lorsque, vers la fin de décembre 1923, les événements nous amenèrent à publier ces pages, nous pensions qu'elles ne franchiraient pas l'enceinte familiale de nos Monastères et que pourraient suffire quelques centaines d'exemplaires. Or, près de dix mille exemplaires furent écoulés en six mois. Et les demandes ne cessant pas d'affluer, il fallut songer à une quatrième édition, atteignant le trentième mille. Bientôt vint – en 1925 – la cinquième édition et le soixantième mille. Puis une sixième en 1928... Voici maintenant la neuvième, et le centième mille. De cette diffusion aussi rapide qu'imprévue, nous remercions Dieu. Ce nous est une preuve que Notre-Seigneur a béni une œuvre entreprise pour la gloire de ses Plaies Saintes et que la brochure – en attirant l'attention sur les Sources du Salut – répondait, chez beaucoup de personnes, à un besoin profond. Et de fait, de tous les points du monde, nous parviennent les remerciements émus des âmes : âmes pieuses, trouvant dans la dévotion aux saintes Plaies un excitant à leur amour généreux ; – âmes angoissées ou désemparées, recueillant pour ainsi dire, sur les lèvres mêmes de Jésus souffrant, le mot qui relève et guide, apaise et console ; – âmes de prêtres disant leur joie de sentir les fidèles se tourner vers Celui qui, exalté en Croix, attire tout à Lui ! De tous les points du monde, on nous signale des grâces obtenues par les précieuses invocations. Notre quatrième édition se bornait à mentionner l'accomplissement des promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ en faveur des pécheurs . Depuis lors, la correspondance a pris une extension considérable. Si nombreux se sont succédé les témoignages de toute nature qu'il ne saurait être question d'en donner, ici, un aperçu... En même temps que se répandait la dévotion aux saintes Plaies, s'étendait le renom de son humble apôtre, ainsi que la confiance en son crédit auprès de Dieu ; des côtés les plus divers, on se demandait si l’œuvre de la béatification de Sœur Marie-Marthe ne serait point entreprise... Elle l'a été – La série des informations canoniques diocésaines vient de se clore. Le Procès, remis à la Sacrée Congrégation des Rites, attendra le jugement de l’Église. Les lecteurs n'oublieront pas, dans leurs prières, cette particulière intention. Et les personnes qui reçoivent des grâces par la dévotion aux saintes Plaies et l'intercession de la Servante de Dieu voudront bien en donner connaissance au Monastère de la Visitation Sainte-Marie de Chambéry.


Dieu soit béni !


Rosaire des Saintes Plaies de Notre-Seigneur Jésus-Christ ou de la Miséricorde


Ce chapelet commence par les prières suivantes :


O Jésus, divin Rédempteur, soyez miséricordieux pour nous et pour le monde entier. Amen. Dieu saint, Dieu fort, Dieu immor­tel, ayez pitié de nous et du monde entier. Amen. Grâce et miséricorde, ô mon Jésus, dans les dangers présents ; couvrez-nous de votre Sang très précieux. Amen. 0 Père éternel, soyez-nous miséricordieux par le Sang de Jésus-Christ votre Fils unique ; soyez-nous miséricordieux, nous vous en conjurons. Amen. Amen.


Sur les gros grains : Père éternel, je vous offre les Plaies de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Pour guérir celles de nos âmes.


Sur les petits grains : Mon Jésus, pardon et miséricorde. Par les mérites de vos Saintes Plaies.


En terminant le Chapelet on répète trois fois: Père Éternel, je vous offre les Plaies...


Origine de ce Rosaire


L’humble converse de la Visitation de Chambéry, sœur Marie-Marthe Chambon, morte en odeur de sainteté le 21 mars 1907, fait foi d’avoir reçu les deux invocations avec promesse magnifiques des lèvres mêmes de Notre-Seigneur Jésus-Christ.


Promesses


« J'accorderai tout ce qu'on me demandera avec l'invocation de Mes Saintes Plaies. I1 faut en diffuser la dévotion. » « En vérité, cette prière n’est pas de la terre mais du Ciel... et peut tout obtenir. » « Mes Saintes Plaies soutiennent le mon­de... demandez-moi de les aimer cons­tamment, parce qu’elles sont des sources de grâces. Il faut les invoquer souvent, vous attirer le prochain et en imprimer la dévotion dans les âmes. » « Quand vous avez à souffrir des peines, apportez-les promptement dans Mes Plaies et elles seront adoucies. » « Il faut répéter souvent près des malades cette aspiration : Mon Jésus, pardon et miséricorde... Cette prière soulagera le corps et l'âme. »« Et le pécheur qui dira: Père Éternel, je vous offre les Plaies..., obtiendra la conversion. » « Mes Plaies abriteront les vôtres. » « I1 n'y aura pas de mort pour l'âme qui expirera dans mes Plaies;  elles donnent la vraie vie. » « A chaque parole du Chapelet de la Mi­séricorde que vous prononcerez, je laisserai tomber une goutte de mon sang sur l'âme d'un pécheur. » « L'âme qui aura honoré mes Saintes Plaies et les aura offertes au Père Éternel pour les âmes du Purgatoire sera accompagnée par la Sainte Vierge et par les Anges à l'heure de la mort ; et Moi, rayonnant de gloire, je la recevrai pour la couronner. » « Les Saintes Plaies sont le Trésor des Trésors pour les âmes du Purgatoire. » « La dévotion à Mes Plaies est le remède à ces temps d'iniquité. » « De mes Plaies sortent des fruits de Sain­teté. En les méditant, vous trouverez tou­jours un nouvel aliment d'amour. »« Ma fille, si tu plonges tes actions dans Mes Saintes Plaies, elles acquerront de la valeur ; vos moindres actions, recouvertes de mon Sang, satisferont mon Cœur. »


Nihil obstat et Imprimatur

Card. Zuccarelli

 



13/11/2008
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