Spiritualité Chrétienne

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Sainte Odile

Sainte Odile

Une Vierge de Lumière

660-722

Fête le 14 décembre



Née du duc Adalric et de la douce et profondément chrétienne Béreswinde, l’enfant est mal accueillie à sa naissance parce qu’elle est une fille. Le drame éclate lorsque l’on découvre qu’elle est aveugle, l’infirmité est perçue comme une malédiction divine : « Qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? », demandent les disciples à Jésus (Jn 9,2)


Droit de vie et de mort


Par le droit de vie et de mort dont dispose à l’époque le père de famille sur ses enfants, le duc ordonne qu’elle soit tuée. Il cède aux supplications de Béreswinde, mais son regard ne se posera pas sur la petite fille : elle doit partir au loin, et que jamais il n’entende parler d’elle ! La version officielle annonce que l’enfant était mort-né. La duchesse confie son enfant à une ancienne servante qui l’accueille et l’élève comme sa propre fille dans un petit village d’Alsace, Scherwiller. Mais la curiosité des voisines et des indiscrétions venues du palais mettent en danger la petite infirme qui va de nouveau connaître l’exil ; la duchesse envoie le bébé et sa nourrice chez sa propre tante, abbesse au monastère de Palma (aujourd’hui Baumes-les-Dames, près de Besançon). Malgré les circonstances mystérieuses entourant son arrivée et bien qu’elle ne porte pas encore de nom puisqu’elle n’est pas baptisée, l’enfant est aimée au sein de cette communauté. Elle ne se plaint jamais et mène une vie de prière et de contemplation.


Baptême de lumière


Quand elle atteint sa quinzième année, un saint évêque évangélisateur de la Bavière, Erhard, reçoit une révélation divine lui demandant de se rendre au monastère de Palma : il y trouvera une jeune fille aveugle et la baptisera en lui donnant le nom d’Odile. Odile vient de l’alsacien « Ottilie », lui-même dérivé de l’allemand « Gotteslicht » qui signifie lumière de Dieu. Erhard se rend à Palma avec son frère Hydulphe, évêque également. La jeune fille revêtue d’une longue tunique blanche descend dans la baptistère pour y recevoir le baptême par immersion. Puis Erchard, prenant le Saint-Chrême, en touche les paupières closes avec ces paroles : « Que s’ouvrent les yeux de ton corps comme sont ouverts ceux de ton âme ! » L’assemblée retient son souffle et le miracle se produit : pour la première fois, le regard d’Odile se pose sur le monde. « Je ne sais qu’une chose : j’étais aveugle et à présent je vois. » (Jn 9,25) En quittant le monastère, l’évêque Hydulphe se rend chez le duc d’Alsace pour lui annoncer le baptême et la guérison de sa fille. Adalric s’en réjouit, mais son cœur est endurci et il refuse qu’Odile regagne l’Alsace.


La fin de l’exil


L’existence d’Odile est transformée : elle peut maintenant suivre la règle du monastère, une vie de prière, d’étude et de service. Beaucoup de voyageurs et de pèlerins passent à Palma. Tout en les servant, Odile écoute les nouvelles colportées ; elle apprend ainsi que sont nés après elle quatre garçons et une fille ; elle entend parler de ses parents et surtout de son jeune frère Hugon dont on dit qu’il est aussi vaillant que bon et généreux. Elle se languit de sa famille et les religieuses lui mènent la vie dure : la révélation des origines d’Odile et le miracle qui a dévoilé la sainteté cachée de la jeune fille lui valent la jalousie féroce de certaines sœurs. Odile supporte avec douceur et humilité les persécutions, mais son cœur est auprès des siens qu’il lui semble connaître déjà. La mort de sa fidèle nourrice tranche la dernière amarre qui la retient à Palma. Elle adresse à son frère Hugon un message d’amour et de supplication qu’un voyageur de confiance emporte, dissimulé dans une pelote de soie. Touché, le jeune homme va plaider la cause d’Odile auprès du terrible Adalric. Il ne se laisse pas rebuter par le refus obstiné du duc et décide de convoyer une escorte qui ramènera Odile au château familial.


Difficile retour en famille


Des semaines s’écoulent et un jour, du haut des remparts, le duc d’Alsace aperçoit un convoi. Hugon lui avoue son stratagème, espérant que l’inflexible orgueilleux se laissera enfin émouvoir. La colère submerge Adalric, lui enlevant toute maîtrise de soi : il frappe le garçon et le tue sur le coup... Devant le corps de son fils, une brèche s’ouvre dans son cœur de pierre. « Pourrais-je le faire revenir ? C’est moi qui m’en vais le rejoindre, mais lui ne reviendra pas vers moi. » (2Sa 12,23) Brisé de douleur et de remords, il accepte qu’Odile reste au château, mais une fois de plus, il esquive la rencontre : elle vivra dans une des dépendances et mènera l’existence des religieuses âgées qui habitent là.


Toute à Dieu


Odile est heureuse : humble et cachée, elle se dévoue pour les pauvres, les malades qu’elle visite avec un zèle inlassable, par tous les temps, et comme au monastère de Palma, la prière habite chaque instant de ses journées. Elle intercède sans cesse pour son père qu’elle craint toujours d’apercevoir et trouve sa joie dans les visites de sa mère et de sa sœur. Un jour enfin, en traversant la cour, Adalric se trouve en face d’une jeune femme qui tient dans le pan de son manteau un petit pot de farine. Il reconnaît Odile. Il découvre que l’enfant détestée et bannie est douce et belle, son visage respire la bonté, il émane d’elle une grâce indicible. Elle a peur, elle s’excuse et recule, mais le duc l’attire vers lui : Odile va recevoir sa place au sein de sa famille. Adalric est un homme sans partage et son caractère entier lui fait aimer sa fille autant qu’il l’a haïe. Parée comme une princesse, elle doit être de toutes les fêtes et de tous les festins, de toutes les chasses et de tous les bals. Mais dès qu’elle le peut, elle va retrouver les pauvres qui l’aiment tant. Bien qu’elle soit comblée d’amour au sein de sa famille, elle regrette souvent la vie contemplative du monastère et sait depuis longtemps que Dieu l’appelle à se donner entièrement à Lui.


Le rocher entr’ouvert


Les princes des royaumes voisins apprécient beaucoup Odile, son amabilité, son extrême beauté, sa bonté, « l’incorruptibilité d’une âme douce et calme », mais Adalric attend pour sa fille le meilleur parti. Il le trouve bientôt en la personne d’un jeune prince germanique qui présente toutes les qualités. Le Duc veut qu’Odile ne manque de rien et surtout qu’elle soit heureuse. Aussi s’étonne-t-il de son vif refus quand il lui annonce son projet matrimonial. Elle ne veut pas d’autre Epoux que Jésus. Blessé dans son orgueil paternel, Adalric cède encore une fois à sa terrible colère. Il quitte Odile en lui ordonnant de se soumettre à sa décision. Odile pleure et prie, et la nuit venue, elle se déguise en servante et s’enfuit. Au matin, quand son absence est découverte, le Duc et son armée se lancent à sa poursuite et une battue est organisée. La piste de la fugitive est vite retrouvée. Odile va être rejointe. Elle s’appuie contre la falaise qu’elle longe et invoque le nom du Seigneur. Le rocher s’entrouvre pour la cacher ! Il se referme sur elle et les cavaliers passent sans la voir. « Ma colombe cachée au creux des rochers, en des retraites escarpées. » (Ct des Ct 2,14) Adalric se mure dans sa rancœur puis, peu à peu, les derniers remparts de son cœur s’effondrent. Odile lui manque, il réalise que doucement, discrètement, sa fille lui a appris à aimer Dieu, à bénir sa volonté. Il fait proclamer un édit demandant à Odile de revenir au château pour y vivre librement sa vocation religieuse.


Odile fondatrice


L’Alsace abrite quelques ermitages d’hommes, mais il n’existe pas de couvent pour les sœurs. Si elle veut se consacrer à Dieu, Odile doit partir. Adalric ne veut pas la perdre. Il possède deux châteaux : sa résidence d’Enneheim (aujourd’hui Obernai) dans la vallée, et au sommet de la montagne, le château d’Hohenbourg qu’il a fait bâtir peu avant son mariage sur l’emplacement d’une forteresse romaine. C’est cette demeure magnifiquement située qu’il décide de transformer en couvent. Avant même que les travaux soient achevés, des jeunes filles se présentent à Odile pour se joindre à elle ; sa grande joie est d’accueillir sa jeune sœur et les trois filles d’un de ses frères. Elle organise la vie du couvent sur le modèle du monastère de Palma : une vie de prière rythmée par la récitation des Offices, une solide instruction et l’aide aux pauvres et aux malades. Adalric a fait construire dans le nouveau couvent une grande chapelle dédiée à la Marie Mère de Dieu, mais Odile désire construire une autre chapelle en l’honneur de Saint Jean-Baptiste qu’elle vénère particulièrement. Une nuit, alors qu’elle est en prière, le saint lui apparaît dans une grande lumière pour lui désigner l’emplacement de sa chapelle. À la consécration solennelle du monastère, Odile et ses compagnes prononcent leurs vœux entre les mains de l’évêque du lieu : elles sont déjà 130.


Le baiser au lépreux


Issues pour la plupart de familles nobles, ces religieuses accueillent avec un zèle inlassable les malades, infirmes, mendiants, estropiés qui se présentent chaque jour au monastère après avoir gravi péniblement la montagne. Un jour, les sœurs affolées viennent chercher Odile : un lépreux est à la porte, la longue escalade a usé ses dernières forces et personne n’ose le relever. Odile s’approche de lui. D’abord rebutée par l’odeur infecte et les plaies hideuses du malheureux, elle a aussitôt honte de sa réaction et, le prenant dans ses bras, elle l’embrasse. Des exclamations fusent : les plaies se ferment, la chair redevient saine et lisse, tout le corps se fortifie. L’homme se lève en proclament les louanges de Dieu et de sa servante Odile.


L’hôpital d’en-bas


Mais si la situation du monastère est propice au recueillement et à la contemplation, beaucoup de malades ne parviennent pas à effectuer la rude montée. Souvent, Odile vient au-devant d’eux pour les aider. Elle décide de construire un hôpital en bas de la montagne. Chaque jour, les sœurs descendent à l’hôpital et le soir, remontent au monastère. L’hiver, le chemin est particulièrement pénible et dangereux. Un second monastère est donc bâti à côté de l’hospice, on l’appellera Niedermunster : le monastère d’en-bas.


Adalric sort du Purgatoire


Adalric et Béreswinde vivent auprès d’Odile dans une petite dépendance du couvent. Leur fils Adalbert a succédé au duc qui a partagé son domaine entre ses enfants. Toutes ses richesses ont été données à Odile pour construire l’hôpital et le second couvent. Adalric achève sa vie tumultueuse dans le silence du monastère et s’éteint paisiblement. Béreswinde meurt neuf jours après son époux, doucement et sereinement comme elle a vécu. Odile reçoit la vision que son père au purgatoire expie ses fautes passées. Elle se met en prière et demeure sans bouger durant cinq jours et cinq nuits, intercédant pour Adalric, jusqu’à ce qu’elle voie son père entrer dans la joie du Ciel. On voit encore aujourd’hui, dans la Chapelle des Larmes, le creux laissé dans la pierre par les genoux de la sainte.


La source miraculeuse


Le miracle le plus célèbre de Sainte Odile est sans doute celui de la source miraculeuse. Un jour, en remontant à Hohenbourg, l’Abbesse découvre un homme évanoui qui n’a pas eu la force d’arriver au monastère. Elle cherche de l’eau pour le ranimer. Si elle le quitte pour trouver de l’aide, il mourra certainement. De son bâton, elle frappe un rocher : l’eau jaillit. Elle abreuve le malheureux qui reprend connaissance : il est aveugle... Odile jette de l’eau miraculeuse sur les paupières de l’homme, il recouvre aussitôt la vue. Cette source coule encore de nos jours et nombreux sont les pèlerins qui descendent le petit chemin de terre pour y puiser.


Aspirée par le Ciel


Au terme de sa vie d’amour, de prière et de compassion, le 13 décembre 722, Odile réunit ses sœurs autour de son lit pour leur prodiguer ses derniers conseils, les exhorter à la ferveur, à la fidélité et à l’amour fraternel. Quand elles reviennent, l’Abbesse les a quittées pour le Ciel auquel elle aspirait tant. Les sœurs se lamentent et leurs prières font revenir l’âme dans son corps. Odile les gronde gentiment, reçoit la sainte communion et s’éteint entourée de toute la communauté. Son corps exposé huit jours au monastère est vénéré par tout le peuple de malades et de pauvres auquel elle avait témoigné tant de bonté. En 1354, l’empereur d’Allemagne Charles IV fait ouvrir le tombeau et le corps de l’abbesse est retrouvé intact. Sainte Odile est fêtée le 14 décembre, jour de Saint Jean de la Croix. Qu’elle vienne ouvrir les yeux de notre cœur pour que nous puissions voir les merveilles de Dieu, et qu’elle nous garde dans la lumière !


Article paru dans le Feu et Lumière de Juin 1996


Prière à Sainte Odile


Sainte Odile dans notre nuit, aidez-moi et priez pour moi, éveillez en moi la lumière, celle des yeux, celle du coeur, Princesse de notre terre, vous que le baptême a guérie, Sainte devant le Seigneur, présentez-lui notre prière, ouvrez notre regard sur la vie, nous qui vivons dans les ténèbres, vous que le Christ a relevée, pour nous mener vers Sa lumière, Sainte Odile ouvrez nos yeux, aujourd'hui sur notre terre, venez aider autour de moi ceux qui cherchent la lumière, Princesse des mals voyants, aidez-moi et priez avec moi.
Amen.

 



19/11/2009
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