Spiritualité Chrétienne

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Saint Pavace

Saint Pavace

Évêque du Mans et Confesseur

Époque incertaine

Fête le 24 juillet


 

Saint Pavace fut donné par saint Clément comme coadjuteur à saint Julien, à qui il rendit de grands services dans le ministère ecclésiastique et dans la prédication de l'Évangile. Sous l'épiscopat de saint Thuribe, il remplit des fonctions importantes dans l'Église du Mans. La doctrine et la pureté de moeurs qu'il fit paraître dans l'exercice de ses fonctions, le rendirent agréable à tous les fidèles qui composaient l'Église des Cénomans, et attirèrent sur lui leurs vœux et leurs suffrages, quand il fallut choisir un pasteur pour tenir la place de saint Thuribe. Une cessa dès lors de montrer sa charité envers le troupeau confié à sa garde. On vit paraître en lui le zèle infatigable de ses prédécesseurs pour la propagation de la foi, et les merveilles qui avaient répandu tant d'éclat sur leur carrière pastorale illustrèrent aussi la sienne. En effet, les guérisons miraculeuses qu'il fit aidèrent puissamment à la conversion des infidèles de son diocèse. L'Église du Mans progressait aussi par ce moyen sous le rapport temporel; car beaucoup donnaient leurs biens à l'église.

 

Une femme chrétienne et riche, nommée Casta, accablée de plusieurs maladies à la fois, avait dépensé sa fortune à chercher du soulagement à ses maux, et elle avait enfin perdu tout espoir dans les remèdes humains. Dans cet état désespéré, elle entendit parler des guérisons miraculeuses que le saint évêque avait procurées à plusieurs malades, et elle désira éprouver elle-même la charité du serviteur de Dieu. Elle se fit porter par ses parents et ses amis au lieu où se trouvait Pavace, et, dès qu'elle fut en sa présence, elle sentit son espérance redoubler elle lui exposa ce qu'elle attendait de sa piété; il pria pour elle, lui adressa aussi quelques saintes instructions, et elle fut guérie de son mal. En reconnaissance de ce bienfait, elle donna à l'Église ce qui lui restait de fortune, et prit la résolution de mener désormais une vie plus chrétienne. Cette guérison eut un grand éclat, et elle attira vers le saint évêque une multitude de malades qui venaient aussi lui demander le soulagement de leurs douleurs. De ce nombre fut un paralytique, perclus de tous ses membres, qui avait vainement essayé tous les secours que lui offrait la médecine. Il vint trouver Pavace avec une grande confiance d'obtenir sa guérison; il resta plusieurs jours près de lui, sans toutefois ressentir encore la puissance du saint évêque; cependant celui-ci priait toujours à cette intention; il offrit même, pour obtenir la grâce qu'il demandait, le saint sacrifice: enfin Dieu exauça les prières de son serviteur et la confiance du malade qui fut entièrement guéri. Après avoir rendu la santé à ce paralytique, Pavace l'engagea à se consacrer au service de Dieu pour le reste de ses jours. Cet homme répondit à cette vocation, et Pavace le fit instruire de la doctrine chrétienne, avec plus d'étendue que le commun des fidèles il n'oublia rien de son côté pour le faire entrer dans la connaissance des dogmes sacrés; car c'est ainsi que, pendant plusieurs siècles, les premiers évêques présidaient eux-mêmes à l'école catéchismale, et que la doctrine que saint Julien avait reçue des Apôtres, et enseignée le premier, s'y conservait vivante.

 

Toutefois, les merveilles qu'opérait Pavace furent connues non-seulement dans la contrée qui en avait été témoin, mais encore dans les pays voisins; elles réjouirent et affermirent dans la foi les nouveaux fidèles. Il obtint par ses prières une grâce beaucoup plus signalée encore. Une peste, causée par la corruption de l'air, décimait la population dans tout le territoire des Cénomans le saint évêque fut vivement ému de ce malheur, et il recourut à la prière pour fléchir le courroux de Dieu; il joignit le jeûne à l'oraison et fut enfin exaucé. La peste cessa, et non-seulement les fidèles, mais encore toute la population du pays, lui fut redevable de son salut. Peu de temps après cet événement, un serpent d'une grandeur et d'une férocité prodigieuse parut dans la contrée. Telle était la terreur que répandait ce terrible animal, que tous les villages voisins de son repaire voyaient leurs habitants s'enfuir, et chercher plus loin un asile moins dangereux. Ce monstre n'épargnait ni les hommes ni les animaux, l'air même était infecté de son souffle pestilentiel. La terreur chaque jour croissante arrêtait les hommes les plus courageux, et nul n'osait approcher du lieu qui lui servait de retraite. Pavace seul se montra sans crainte il alla à la caverne du dragon, le terrassa par la force du signe de la croix, l'enlaça dans les plis de son étole, puis il fit approcher les fidèles qui l'avaient suivi, mais qui s'étaient arrêtés à distance, retenus par l'effroi. L'aspect seul du serpent, tout terrassé qu'il était, les glaçait encore d'épouvanté le Saint les força d'approcher, voulant qu'ils fussent témoins du prodige. Mais là ne se borna pas la merveille Pavace se mit en prière, la terre s'entr'ouvrit, et le monstre disparut pour toujours.

 

Pavace fit encore un miracle signalé en faveur de deux jeunes gens, fils d'un homme puissant chez les Cénomans, nommé Benedictus, et de sa femme Lopa. Ces jeunes gens étaient réduits à l'extrémité par une fièvre violente, et leurs parents étaient au désespoir ils eurent recours au saint évêque dont ils connaissaient le pouvoir miraculeux, car ils avaient déjà embrassé la foi chrétienne, et ils le supplièrent de venir visiter leurs enfants mourants. Le Saint se rendit à leurs vœux dès qu'il fut arrivé, il fit sur les deux jeunes malades le signe do la croix, et leur frotta la tête d'une huile bénite à l'instant même ils se trouvèrent guéris. Ces heureux parents ne sachant comment témoigner à Dieu et à son ministre toute leur reconnaissance, offrirent leurs enfants eux-mêmes à Pavace, pour qu'il les élevât dans la cléricature. Ils y joignirent leurs biens, qu'ils voulurent donner a l'Église pour subvenir aux besoins du culte, et à l'entretien de ses ministres, des frères qui se trouvaient dans la nécessité, de tous les malades et de tous les pauvres dont l'Église se chargea dès son origine. Benedictus et Lopa ajoutèrent encore, à tous ces dons, un sacrifice plus grand, car ils se consacrèrent eux-mêmes au service de l'Église, entre les mains de l'évêque. Ce genre de dévouement qui devint si commun dans la suite, n'était, pas inconnu aux premiers siècles du christianisme.

 

La Providence sembla prendre plaisir à répandre la réputation de Pavace bien au-delà des limites du pays des Cénomans, des Diablintes et des Arviens. Un habitant du pays des Andegaves travaillant à la moisson, au milieu de la campagne, et s'étant couché à terre pour reposer quelque temps, un reptile s'introduisit subtilement dans son corps aussitôt ce malheureux éprouva d'effroyables douleurs, et on eut beau appeler les médecins, ils ne purent le soulager. Cet homme était chrétien il mit tout son espoir dans le Dieu qu'il adorait, et se fit conduire dans l'oratoire que les premiers apôtres des Andegaves avaient consacré à Dieu, en l'honneur de saint Jean-Baptiste, sous les murs de la ville. H resta là quelque temps, espérant sa guérison. Une nuit qu'il y était en prière, le sommeil s'empara de lui, et pendant son repos, il reçut ordre du ciel d'aller trouver Pavace, l'évêque des Cénomans, qui devait lui rendre la sauté. Ce malheureux se hâta de venir se jeter aux pieds du saint prélat, qui le guérit en présence de beaucoup de personnes, ayant fait sur lui le signe de la croix.

 

Pavace, chargé d'années et de travaux, cessa de vivre le neuvième jour avant les calendes d'août, le 24 juillet. Son corps fut enseveli par les disciples qu'il avait formés, dans la basilique des saints Apôtres, au cimetière des chrétiens, près des tombeaux de ses deux prédécesseurs, à la gauche de saint Julien. La puissance des miracles dont Dieu avait honoré tout le cours de son épiscopat ne s'éteignit point avec sa vie; après qu'il fut descendu dans la tombe, les peuples continuèrent à venir l'implorer, et ressentirent les heureux effets de son intercession. Au IXe siècle, son corps fut transféré dans la cathédrale par saint Aldric. Quatre ans après, il enferma ses reliques, avec un bras de saint Liboire, dans une urne précieuse qui fut placée dans l'église de Saint-Sauveur non loin de la ville, église qui est devenue paroissiale sous le nom de Saint Pavace. Plusieurs siècles après l'épiscopat de saint Pavace, on voyait encore une figure de ce monstre, et la représentation debout ce que nous venons de raconter, dans le palais des évêques du Mans le dragon y était représenté avec des proportions gigantesques. De là est venu l'usage de peindre notre saint évêque tenant un dragon enchaîné.

 

 

 

Texte extrait des Petits Bollandistes, volume 9



19/07/2010
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