Spiritualité Chrétienne

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Saint Pascal Baylon

 Vie de Saint Pascal Baylon. Le Patron des Congrès et des Œuvres Eucharistiques

I Enfance de Saint Pascal.

C'est qu beau jour de la Pentecôte, 16 mai 1540, que naquit à Tore Hermosa, humble bourgade du royaume d'Aragon, le petite Baylon. Ses parents, modèles de piété et de vertu, lui donnèrent au Baptême le nom de Pascal, et lui imprimèrent de bonne heure les sentiments religieux qu'ils possédaient à un très haut degré. L'enfant balbutiait à peine : papa et maman, que déjà prononçait très distinctement les noms sacrés de Jésus et de Marie, les premiers que sa pieuse mère, Élisabeth, eut placés sur ses lèvres enfantines.. C'était plaisir de voir que le oreille attentive il prêtait aux choses de Dieu avec le sérieux il faisait son signe de croix et joignait ses petites mains paru la prière. Ces présages d'une véritable et ardent piété furent bientôt corroborés par des indications pas caractéristiques.

Un beau dimanche, la digne mère de notre petit ange, voulut l'emmener à la grande messe. Prenant son trésor dans ses bras, et toute fière de son jeune Pascal, elle entra avec lui à l'Église. Le saint sacrifice venait de commencer. C'était la première fois que les regards de l'enfant allaient rencontrer la sainte Hostie, pendant tout le temps de l'office qui fut très long, Pascal suivait avec attention continue et un intérêt croissant les divers mouvements du prêtre. Ses yeux ne se détachaient pas de l'autel, et lorsque le célébrant éleva la Sainte Hostie et que les fidèles fléchirent les genoux pour l'adoration, il tressaillit dans les bras de sa mère. Que se passa-t-il en ce moment béni qui porta en germe tout la vie de notre saint ?Nul ne saurait le dire. Ce sont de ces mystères de grâces que Dieu opère dans le replis les plus intimes d'une âme et que personne ne saurait pénétrer. Toue ce que nous en augurons, c'est qu'une vertu secrète s'échappa de l'hostie et vint toucher l'âme de l'enfant.

Dès ce jour, en effet, Pascal se sentit irrésistiblement attiré vers la maison de Dieu, où dans son Tabernacle réside Jésus, notre divin Sauveur, la plus grande joie que sa mère pouvait lui causer, c'était de le porter à l'église pour y assister avec elle aux saints offices. Bien plus, aussitôt que ses forces lue lui permirent, l'enfant, laissé seul à la maison, d'échappa a maintes fois pour se diriger du côté de l'Église, et là dans le sanctuaire grimpait plus qu'il ne marchait, jusqu'au pied du Tabernacle. Quelle ne fut pas la surprise de sa pieuse mère lorsque, à l'occasion de la première de ces figues, ayant vraiment cherché partout son enfant, avec des inquiétudes mortelles, elle le trouva à genoux, à demi accroupi sur les degrés de l'autel, les yeux fixés sur le Tabernacle et si absorbé dans sa muette, contemplation, qu'il en s'aperçu même pas du bruit que se fit autour de lui !

Élisabeth essaya d'un timide reproche à l'égard d précoce fugitif, mais commençant à comprend que cet enfant était pour Dieu, elle le pressa sur son cœur plus tendrement qu'elle ne l'avait jamais fait et le consacra au Seigneur. Cependant, à la pensée des dangers courus par une pareil évasion, les parents de notre saint lui prodiguèrent caresses et menaces pour le retenir dorénavant à la maison, mais peine perdue : chaque fois que la surveillance paraissait se relâcher quelque peu, le petit fugitif en profitait pour s'évader de nouveau et revenir à Celui qui l'attirait si puissamment. Ces pieuses et nombreuses escapades prient fin, quand, arrivé à l'âge de raison, Pascal compris, la portée de la défense de ses parents, motivée uniquement par leur tendresse et leur sollicitude. Dès lors plein de respect et de soumission pour leurs moindres désirs, il ne leur résista et ne leur désobéit plus jamais.

Prévenu d'une façon si manifeste de la grâce d'en- Haut, Pascal se faisait remarquer par une piété et une sagesse sans cesses croissants. La prière, la récitation du rosaire, les exercices de dévotion, la vénération des images des saints avaient pour lui plus de charmes que les jeux de son âge.

Aussi rein d'étonnant que cet enfant se sentit de bonheur appelé à la vie religieuse. Il en manifestait le goût vers sa septième année. Voici dans quelles circonstances racontés par une témoin. « Mes parents, dit Francisco Delgado, , dévot à Saint François d'Assise, m'avaient voué a Séraphique patriarche. Je portais, taillés pour mes huit ans, le froc, le capuchon et la corde franciscaine. La première fois que Pascal me vit revêtu de cet habit, il se mi tout près de moi et ne voulut plus me quitter. Je fus obligé de le chassé de force. Un jour que j'étais malade, il vient me visiter, et apercevant au pied du lit ma robe franciscaine et la corde, il s'en empara comme d'un bien vacant, puisque j'était au lit. Ce fut l'affaire d'un instant. En un clin d'œil, Pascal était revêtue de mes petites livrés et radieux apparaissait à son tour en « franciscain» Jamais, il ne s'était vu si beau… Il allait et venait à la façon de moines, les mains dans les manche, faisant dévotement les révérences et les génuflexions. Mais arriva le moment de partir. Lorsqu'on l'invita à quitter son costume d'emprunt, il entra ans une vraie désolation et opposa une résistance désespérée il ne fallut rien mois que l'intervention de sa mère qu'on alla chercher en toute hâte, pour le décider à rendre ce qui m'appartenait et que je ne prétendais pas céder si facilement. A la voix d e sa maman, Pascal rendit et le cœur gros, tout en sanglotant , dépose pièce par pièce des son uniforme, y attachant un long et humide regard d'envie ». « Eh bien, dit-il ,quand je serais grands, je me fera religieux. Je veux porter le costume de Francisco ! ..

Dès ce moment il le répéta souvent et sa sœur Jeanne aimait à le plaisanter en l'appelant désormais son fraylino, petit moine. Plus tard, quand elle le vit franciscain, elle disait toute radieuse : « Pascal , mon filleul, a tenu parole Ah! que j'en suis fier !» D'ailleurs les historiens de notre saint nous disent qu'elle se croyait bien pour quelques choses dans sa détermination. Nous comprenons facilement son bonheur et sa légitime fierté d'avoir contribuée à faire germer une vocation qui conduisait son frère à une si haute sainteté.

II Adolescence et jeunesse

Dès l'âge de sept ans, Pascal fut chargé de la garde des troupeaux de ses parents. Cette occupation en rapport avec l'âge et les forces de l'enfant répondait aussi merveilleusement à la nature méditative et à son besoin de recueillement et de silence. Le perspective de vivre au milieu de la belle nature, loin des bruits et des dissipatione du monde, sous le regard de Dieu, l'enchantait, Il aurait des fonctions que lui donneraient tout loisir de prier à son aise ! Son premier soin fut d'apprendre à réciter le petit office de la Sainte Vierge. Pourtant, il ne savait pas même la première lettre de l'alphabet, et ce n'est pas aux champs qu'il pouvait espérer trouver une écoule et un maître.Mais son amour et sa dévotion pour Marie le firent triompher de cette difficulté, en apparence insurmontable. Il fit si bien, il recourut à des moyens si ingénieux, qu'il arriva assez vite à pouvoir lire couramment le psautier de la vierge.

Autant que possible il conduisait ses troupeaux auprès d'un sanctuaire de Mare, à Notre-Dame de la Sierra, afin de pouvoir mieux prier sa divine Mère et de se trouver plus immédiatement sous sa sauvegarde. Lorsque malgré tout, il fallait s'éloigner pour aller à d'autres pâturages, ils ne quittait pas sa protectrice céleste, son génie en effet, lui avait inspiré de tailler l'images de Notre-Dame dans sa houlette et au dessus de la couronne de Marie son couteau avait également fait rayonner l'Hostie de Tabernacle. Quand l'ombre du rocher marquait l'heure de l'office le saint enfonçait à terre sa houlette vénérée et à genoux, devant ces champêtres images, il récitait son office et disait ses heures, comme s'il eût été en présence de Marie et du Très Saint Sacrement.

Bientôt notre petit berger se fit apôtre. Il se mit à enseigner aux autres pâtres les prières du rosaire sur les chapelets en corde qu'i faisait lui-même et qu'il leur donnait. Ces pauvres enfants d'éducation négligée et sans piété y prirent tant de goût que les louanges de la Vierge Immaculé remplacèrent désormais sur les lèvres les paroles grossières et les blasphèmes.

Aux prières et à l'apostolat , Pascal savait encore joindre les austérités des saints pénitents. Il prenait la discipline, disait-il, pour expier ses péchés. Dans les tentations que l'esprit infernal, jaloux de tant de vertu, ne manquait pas de lui susciter, il s'armait d'un branche d'épines et frappait à tour de bras sa chair virginale jusqu'à ce que la sensation de plaisir se changeât en gémissement de douleur. Les compagnes, témoins de cette piété angélique, en étaient profondément édifiées. Ils vouaient à notre adolescent une réelle vénération et s'abstenaient en sa présence de toutes paroles déplacées. Au besoin ils lui confiaient leurs peines et le jeune saint trouvait toujours dans son cœur le paroles et des encouragements qui remontaient leur cœurs abattues.

Une vertu dont le petit pâtre donna surtout l'exemple, ce fut l'honnêteté ou amour de la justice. On peut dire qu'il alla jusqu'au scrupule dans la pratique de cette vertu. Chaque fois qu'il s'apercevait que ses brebis aient occasionné le moindre dommage dans les terres de quelques propriétaires voisins, il se faisait un devoir de restituer le prix du larcin involontaire et souvent bien insignifiant. Jamais on ne put le dissuader de cette délicatesse presque exagérée

En diverses circonstances les pâtres essayèrent d'entraîner Pascale à la maraude ou de lui faire partage le fruits de leurs larcins ; mais toujours ils le trouvèrent inébranlable comme le roc, le majoral ou chef des bergers voulut au temps des vendanges faire entrer de force notre saint dans une vigne pour y voler du raison. C'était un homme terrible ce majoral, et tous tremblaient devant se violences. Malgré sa jeunesse Pascal fut seul à résister à un entraînement coupable et à maintenir devant un courroux effrayant les droits imprescriptibles de sa conscience.

« Je n'entrerai pas, dit l'enfant, cela n'est pas permis…. Tu entreras, s'écrit le brutal en fureur, ou je te tue… vous pouvez me tuer, mais jamais vous ne pourrez me faire prendre ce qui ne m'appartient pas ». et il n'entra pas. Il est facile de comprendre que pareille compagnie et pareils méfaits devaient peser à l'âme si pur et si pieuse de Pascal. « Ce métier est bien mauvais, disait-il un jour à un de ses compagnons, Aparicio, qu'il aimait comme un frère ; je ne veux pas passer ainsi ma vie. Je me ferai religieux. » Cette ouverture n'étonna nullement l'interlocuteur. Quoique dans le monde, notre saint suivait déjà les habitudes religieuses. Son âme adonnée presque sans relace à la prière ; ses occupations remplies avec la plus rigoureuse exactitude et par amour pour Dieu, les austérités, les jeûnes auxquels il se livrait et qu'il n'arrivait pas à dissimuler ; toute indiquait qu'il était fait pour le cloître.

D'ailleurs, bientôt une apparition merveilleuse fit connaître au saint berger la volonté du Ciel à son égard. Il raconta à son amie privilégié qu'un jour dans la solitude, alors qu'il récitait à genoux ses prières, il vit apparaître soudain un religieux de Saint François et une sœur Clarisse qui, après l'avoir salué, comme un frère, lui dirent : « C'est da la part de Dieu et en son nom que nous venons du Ciel pour t'inviter à quitter le monde et à entrer en religion .»

Un miracle éclatant ne tarda pas à prouver à Jean Aparicio la vérité de cette apparition, on était au temps des grandes chaleurs. La fontaine où les berges venaient d'ordinaire se désaltérer et abreuver leurs troupeaux était presque à sec et n'offrait qu'une eau trouble et boueuse. A cette vue Jean propose à Pascal de se rendre à une autre fontaine . « Non, répondit le saint, restons ici, je me charge de trouver de l'eau fraîche et limpide ». Il se dirigea alors vers un endroit stérile et pierreux et après avoir déposée son bâton et sa panetière, il se mit à creuser la terre de ses mains, tous semblaient annoncée que ce serait une pure perte. Mais voilà que tous à coup il se lève et reprenant sa houlette, il frappe le sol avec assurance et en fait jaillir une belle source. Son compagnon resta stupéfait et muet d'admiration, vraiment il avait comme ami un saint. « Quand tu manqueras d'eau, lui dit Pascal, frappe la terre à de ton bâton et tu en trouveras.». « Jamais je n'a osé tenter cette expérience, avoue le témoin de ce miracle, mais repassant par là plus tard, je plantai une croix en souvenir du prodige. »

Dieu voulait donc bien à son service celui qu'il honorait déjà du don des miracles. Une seconde apparition bien presser le peux pâtre d'obéir au plus tôt aux ordres du Ciel. De niveau un Frère Mineur se présenta à Pascal, il lui remit une bure franciscaine et lui manda de quitter bien vite le monde pour se faire religieux. Abandonnant à ses deux sœurs et à son frère sa part de modeste héritage paternel, Pascal dit adieu à sa faille et à ses compagnons, puis se dirigea aussitôt vers un monastère de Frères Mineur. Il venait d'atteindre à peine sa dix-huitème année.

III Vers le cloître, premières grâces eucharistiques

Avant de s'enfermer définitivement dans le cloître Pascal voulut recevoir sa sœur aînée Jeanne, établie fermière à Pénas de sa Pedro. Ce revoir, après une longue absence, fut plein de joie et de douceur. Jeanne ne se laissait pas de regarder et d'admirer son petit moine. Elle était surtout heureuse de la voir persévérer dans son pieux desseins et sur le point de le mettre à exécution. On devine qu'elle voulait bien traiter son jeune frère. Repas copieux, chambre confortable, tout se préparait avec entrain. Mais quelle ne fut pas la déception de la digne sœur lorsque Pascal vint lui dire : « Ne vous donnez pas tant de peine, je me contenterai d'un morceau de pain trempé dans l'eau. »

Attribuant le manque d'appétit à la fatigue du voyage, Jeanne se consolait en pensant que son petit Pascal allait du moins faire honneur à la chambre et à la couche moelleuse qu'on lui avait destinées. Mais de nouvelles surprises l'attendaient. Mais de nouvelles surprise l'attendaient. D'abord notre saint coupa court à la causette que sa sœur aurait volontiers prolongées. Puis au lieu de se coucher immédiatement, il fit de longues prières, et quelque temps après on l'entendit se frapper cruellement, curieuse de savoir exactement ce que faisait le bien aimé visiteur, Jeanne se rendit à pas de loup à la chambre et appliquant l'œil à lune des fentes de la porte, elle entrevit Pascal, armé d'une corde noueuse, se frappant sans piété avec l'acheminement d'un bourreau. Déjà ses épaules déchirées et meurtries ne formaient plus qu'une plaie et la discipline sanglante ne prenait pas de fin. « Ah ! le saint fraylino », se dit Jeanne en sanglotant, et, tout en larmes, elle se retira ne pouvait supporter plus longtemps ce navrant spectacle.

Le lendemain matin, nouvelle déception pour la tendresse de la grande sœur, Pascal n'avait pas touché ;à son lit ; il s'était reposer de ses pénitences et de ses prières en restant étendue sur le carreau de la chambre. Presser de manger avant de partir, il ne voulut rien prendre ; il n'accepta même pas de provision par son voyage. « Mets un peu d'eau fraîche dans ma gourde, dit-il, à sa sœur ; si j'ai faim en route je demander l'aumône d'un morceau de pain. » Jeanne le vit partir souriant et radieux, mais elle rentrait à la maison le cœur gros et profondément émue. Comme une vision du ciel, Pascal n'avait fait que passer, mais il lavait laissé les plus douces impressions. Tous les gens de la maison et touts les voisins mis au courant de l'attitude du voyageur s'écriaient d'une voix unanime : « Mais c'est un saint ce jeune homme-là ! » Pascal arriva à Montéforté où les frères Mineures de la Réforme avaient bâti un de leurs premiers convents sous le vocable de Notre-Dame de Lorette. C'est à la porte de ce monastère que le saint adolescent vint frapper, demandant avec instance qu'on voulût bien l'admettre au nombre des Frères.

Sa grande jeunesse, son air mystique, peut-être aussi son costume bizarre, mirent en défiance les supérieurs et les firent ajourner. Ce fut une cruelle épreuve pour notre postulant. Mais dans les desseins de Dieu elle ne devait servir qu'à mieux faire éclater sa vertu, sa constance et la réalité de sa vocation. De temps en temps et sans se décourager, Pascal revenait frapper au couvent ; mais chaque fois on déboutait le pauvre solliciteur et on le rejetais dans un monde où de plus en plus il se sentait dépaysé. Force lui fut de reprendre son état de berger. Mais pour ne pas s'éloigner, même corps, de ce couvent où était son cœur, Pascal se mit au service de Martinez Garcia, riche propriétaire de Montérforté, et tout en gardant ses troupeaux, il reprit la vie de prière et de pénitence qu'il menait auparavant à la Sierra. On peut dire que sa piété allait encore grandissant, stimulée sans doute par ses désirs de vie religieuse. Bien avant le lever du soleil, on trouvait le jeune berger à genoux, la face tournée vers Notre –Dame de Lorette.

Une fois entré en prière, rien ne pouvait troubler son recueillement. Il restait aussi insensible au vent qui lui fouettait le visage qu'à la pluie qui le trempait jusqu'aux os. On eût dit un ange adorateur. À l'heure es messe du couvent, sa ferveur, si intense déjà prenait de prenait accroissent et Pascal s'absorbait tout entier, corps et âme, dans la méditation du divin sacrifice. Mais combien il lui était pénible de ne pouvoir assister chaque jour à la messe ! Retenue loin de l'Église par le devoir d'état, le serviteur fidèle ne pouvait que très rarement y aller en semaine. Quelle privation pour son âme eucharistiques !

Pourtant le bienheureux s'efforçait d'y suppléer d'une autre manière. Grâce aux tintement de la cloche du monastère, dont il connaissait à fond les signes et le langage expressif, Pascal se tenait uni au prêtre et suivait les diverses phases du saint sacrifice avec la même attention que s'il eût été à genoux au pied de l'autel. Mais ces regards et ces pensées dirigés vers l'hostie de nos tabernacles ne faisaient qu'aviver davantage la soif de cette âme altérée de Dieu. C'est de tout près, dans le sanctuaire, que Pascal voulait de plus en plus contempler le grand mystère de notre foi et l'adorer. Dieu allait récompenser merveilleusement des désirs si ardent et si sincères. Un jour donc, écrit le Père Louis Antoine, que la cloche du monastère annonçait les approches de l'Élévation, Pascal, de plus en plus dévoré de la nostalgie divine, tomba dans une sort d'agonie, impuissant à supporter davantage la privation et l'éloignement de Divin Dieu. Éperdu, il jette vers le ciel, un de ces cris de foi, de désire d'amour auxquels le Seigneur ne sais pas résister : « O maître adoré, faites donc que je vous voie ! » À peine cette amoureuse plainte, s'est-elle échappé de ses lèvres, que levant les yeux vers la hauteur, il aperçoit au firmament un point lumineux dont il ne peut détacher son regard. C'est une étoile resplendissante comme celle des mages. Après avoir brillé du plus vif éclat, elle s'éteint et la nue s'entrouvrant, Pascal, à travers cette déchirure du Ciel, vois apparaître les anges prosternées devant l'Hostie qui sort du Calice. C'est son Dieu, le Dieu de l'Eucharistie. À cette vue, il tombe la face contre terre, il adore. Puis s'enhardissant, il contemple ravi la céleste vision. »

Transporté, il se relève, et tout transfiguré comme Moise, il cours vers ses compagnons : « à genoux, leur dit-il à genoux. Ne voyez-vous pas là-haut le calice d'or les rayons qui s'échappent de l'hostie, et du doigt il leur montrait le pont lumineux : C'est le Saint Sacrement de l'autel : les anges l'adorent . Venez, adorons-le avec eux .» Comme il arrive généralement en pareil cas et comme des faits analogues l'ont montré de notre temps à Lourdes, à Pontmain, le privilégié de Dieu était seul `a pouvoir contempler la vision céleste. Les berges, sans doute pas assez dignes d'une si grande faveur, ne virent rien à l'horizon. Néanmoins ils se prosternèrent pour adorer, tant ils étaient assuré que leur saint camarade était incapable de mentir. Ils crurent comme s'ils avaient vu et nul n'entre eux ne mis en doute la réalités du prodige qui s'offrait aux yeux de Pascal.

Cette scène du paradis, disent les historien, ne fut pas un fait isolé, et une apparition fugitive dans la vie du saint, tous s'accordent à affirmer qu'elle se renouvela souvent et qu'elle devint même presque habituelle. Aussi pour déterminer la caractéristique de l'existence du saint, les hagiographes ont-ils choisi ce miracle comme donnant mieux que tous autres la note dominante de son admirable vie ; l'adoration du Saint Sacrement. A son tour l'iconographie représente toujours Pascal à genoux contemplant le calice et l'hostie que les esprits célestes présente à son adoration.

Une dernière tentation bien séduisant vint éprouver la vocation du berger de Montéforté. Son patron, Martinez Garcias, n'ayant pas d'enfant, aurait voulu s'attacher et adopter Pascal. « Mon fils, li dit-il un jour, nous nous faisons vieux, ma femme et moi, et nous sommes sans postérité. Pourquoi ne serais-tu notre fils adoptif ? Nous t'aimons tendrement, viens avec nous en ville. Tu habiteras notre maison, nous te choisirons une épouse digne de ta vertu, riche et sans soucis, tu vivras auprès de nous, tu pourras alors prier à loisir et fréquenter l'église, selon ta volonté. » Depuis longtemps Martinez nourrissait ce dessein et caressait ce rêve. Il aurait été si heureux d'en voir la réalisation ! Mais Saint François, avait déjà retenu cet enfant de prédilection.

« Je vous remercie vivement, répondit Pascal à son maître. Vous êtes trop bon, je ne mérite pas pareille faveur. D'ailleurs je ne puis accepter votre offre. J'ai résolue de me faire Frère et de vivre pauvre et dépouillé de tout.». Une renonciation si désintéressée à un héritage que beaucoup auraient envié devait faire un grand bruit dans le pays et accroître la bon opinion que l'on a avait déjà de la grande vertu du bienheureux. Au couvent des Frères Mineurs on ne tarda pas à l'apprendre. Cette fois on ne pouvait plus douter des dispositions d'un postulant si pieux et si vertueux, La porte du monastère allait enfin lui être ouverte.

IV le religieux

La dévotion ardente que pascal professait à l'égard de la Sainte Vierge lui mérita de revêtir les livrées religieuses et d'émettre sa profession au jour d'une fête de Marie. C'est le 2 février 1564, fête de la Purification, qu'il reçut le saint habit : l'année suivante, le 21 novembre jour de Présentation, il fit ses vœux solennels.

Dès les premiers jours du noviciat, le frère Pascal se fit remarquer par une ferveur et une vertu qu ni se démentirent pas dans la suite. « Jamais un novice, disaient ses biographes, ne fut plus humble, plus fervent, plus docile » Une grande bénédiction vient de descendre sur notre famille religieuse, répétaient en pleurant de consolation les anciens religieux, émerveillés de tant de piété. Ce frère sera un jour l'honneur et la gloire de notre réforme. » Ils prophétisaient juste, car les débuts de notre novice présageaient de grandes choses et préparaient un avenir magnifique. Son intelligence pénétrante, son esprit ingénieux auraient pu le f aire monter au sacerdoce. Autour de lui on aurait voulu l'y pousser, mais fidèle imitateur de son Père Saint François, il se trouvait trop indigne de la dignité sacerdotale condition de frères convers. Partout où le religieux passa, dans toues es convents où il fut envoyé, il se fit remarquer par sa piété, son obéissance, son humilité et sa charité. De bonne heure on lui confia les fonctions les plus délicates dans une communauté, l'office de portier auquel il joignit l'office de réfectorier. L'accomplissement de ces fonctions lui donna l'occasion de montrer la constance et la grandeur de sa vertu.

Les visiteurs ou bienfaiteurs auraient sonné des milliers de fois à la porte du couvent, Pascal s'y serait rendue des milliers de fois avec le même entrain que si Dieu lui-même l'eut appelé. Ce n'est que dans les moments d'extase provoqué pas ses visites au Saint Sacrement, que les visiteurs étaient parfois obligé d'attendre. Ordinairement il se rendait avec empressement au signal de la sonnette, recevait son monde avec une bonté, une patience, une aménité et un respect qui subjuguaient les esprits de les cœurs. Toujours gai, le visages souriant, il s'acquitta fidèlement auprès des Pères, des messages multiples et parfois bien ennuyeux de visiteurs. Malgré les dérangements continuels et les occupations incessantes occasionnées par sa charge, il se maintenait toujours uni à Dieu, prolongeait son oraison, lorsqu'il n'avait pu s'y adonner avec la communauté. Bien des fois, dans la journée, il courait se cacher dans les taillis du jardin pour donner à son âme la facilité de s'échapper en exclamations enthousiastes et en soupirs de dévotions.

Dieu lui avait donné pour le pauvres une véritable tendresses de mère. Aussi étaient-ils toujours bien reçus à Notre-Dame de Lorette. Jamais ils ne se retiraient sana voir leur misère soulagée. Le Bienheureux leur préparait lui-même et leur donnait de la soupe et des légumes. Plusieurs fois, pour subvenir aux besoins de cette charité inépuisable du saint, Dieu renouvela dans ses mains le miracle de la multiplications des pains ; en temps de disette, soupes, légumes, pommes de terre ne s'épuisaient point mais s'accroissaient selon les besoins urgents des affamés. La misère honteuse surtout trouvait près du saint portier un secours délicat et approprié, beaucoup d'étudiants pauvres en finrent l'heureuse expérience. A tous, non seulement il donnait sans compter le pain du corps, mais il adressait quelque bonne parole pour leur âme, afin de les attacher davantage ou de les ramer à Dieu.

Le renom de sainteté de notre bienheureux le faisait souvent appeler au près des malades pour leur apporter du soulagement et de la consolation. Le bon frère s'y prêtait volontiers, son cœur si tendre ne pouvait rester insensible devant la souffrance et l'infirmité, il savait toujours remonter le courage et fortifier la patience de ses malades. Souvent sa visite amenait une guérison miraculeuse, sinon il avertissait de se préparer à la mort et un tel conseil, émanant, d'un saint, faisait accepter sans murmure le sacrifice de la vie à ceux à qui Dieu allait le demander.

«bien des fois aussi il fut employé à dissiper des peines et des rancunes que les apôtres les plus zélés avaient été impuissants à faire disparaître. Notre saint réussissait toujours : les accents de sa parole, l'efficacité de ses prières avaient raison tôt ou tard des inimités les plus invétérées.

Que dire de a charité à l'égard de se confrères ? À l'exemple du Maître il aima tous ses frères sans en excepter un seul, il leur réserva ce que son affection avait de plus exquis et jusqu'au dernier jour, il leur en donna la fine fleur. Chacun n'avait qu'a se louer des procédés délicats, respectueux et aimables du portier, et des services empressés et discrets du réfectorier, en préparant le réfectoire, Pascal avait soin de mettre aux supérieurs, aux prédicateurs et aux frères malades ou fatigués ce qu'il y avait de meilleur, de plus frais et de plus appétissant. Mais pour n'éveiller la jalousie de personne et ne pas mettre à la gêne ceux qui étaient l'objet de ses petits gâteries, tout était soigneusement dissimulés sous le napperon du religieux. Double délicatesse dont la pensée ne pouvait venir qu'à un saint !

Bon et compatissant pour les autres, il était dur et impitoyable pour lui-même. Il réalisa vraiment toute sa vie l'idéal qu'il s'était proposé, en ayant pour Dieu un cœur de fils, pour le prochain un cœur de mère et pour lui-même un cœur de juge inexorable . « Tu n'es qu'un cadavre, se disait-il à lui-même, en conséquence tu dois êtres traité avec l'horreur et la répugnance qu'inspire un cadavre «. De fait, il n'avait pour son corps aucune ménagement, il s'arrangeait pour toujours pour avoir la cellule la plus étroite, la couche la plus dure, les vêtements les plus rapiécés. Par esprit de pénitence, il s'adonnait sans relâche au travail, se privant même de la sieste de midi pour pouvoir piocher au jardin ou ratisser les allées. Il se prêtait volontiers à tous les travaux les plus ennuyeux qu'on ne se faisait pas scrupule de lui demander, comme de remettre à flot les vieilles sandales, repriser le linge usée et troué, et raccommoder les habits. Mais jamais on ne le vit s'accorder une minutes de repos. A cette vie de labeur continuel il joignait les austérités des anachorètes ; disciplines sanglantes, colliers, bracelets et chaînettes de fier, labouraient tour à tour sa chair virginale. Et pour toute nourriture, il ne donnait guère à son corps que du pain sec et de l'eau.

Le Bienheureux André Hibernon, qui fut de résidence avec le frère Pascal dans plusieurs couvents, exalte dans sa déposition la fidélité du serviteur de Dieu aux mondes observances de sa règle et déclare n'avoir jamais rencontré un aussi vrai fils de saint François, « Bien que dans sa vie, il soit impossible, ajoute-il, de trouver une faute vénielle commise de propos délibéré, ce saint frère alla si loin à la voie de l'austérité qu'on peut en tout vérité le tenir pour un prodige de pénitence. » Et le gardien de Villaréal, dernière résidence du saint, ne craint pas de dire : « Je n'a connu personne qui fût à la fois plus dure et plus doux ; plus dur à lui-même et plus doux pour les autres. »

V L'amant et le Confesseur de l'Eucharistie

Encore dans le monde, saint Pascal possédait déjà un attrait irrésistible et une dévotion ardente à l'égard du Sacrement de nos autels. Nous ne devrons pas nous étonner si dans sa vie religieuse, il manifesta les mêmes dispositions, mais avec une intensité extraordinaire. Jour et nuit, on retrouvait presque à chaque instant, notre saint portier da la chapelle du couvent, absorbé dans la prière ou d'adoration. Chaque fois qu'il lui restait un moment de libre dans l'exercice de ses fonctions habituelles, disent les « Actes des saints », il était comme poussé par une sainte violence à se à se rendre à l'Église, y allait des centaines de fois, comme il s'en retirait des centaines de fois, pour se rendre au son de la clochette qui l'appelait à la porte.

Toujours le premier à l'office de nuit, il était encore le dernier à quitter le chœur pour regagner sa cellule. Après quelques heures bien courtes d'un léger sommeil, il était de nouveau sur pieds en marche vers le sanctuaire. Qui pourrait décrire sa dévotion dan le moments qu'il passait ainsi devant le tabernacle ? Lorsqu'il arrivait devant l'autel, il se prosternait la face contre terre, puis se relevant, il joignait les mains, les doigts entrelacés ; alors les élevant à la hauteur du front, les couds en avant et dégagés du corps, il restait à genoux, immobile, les yeux fixés sur le Tabernacle.

Un Jeudi saint, absorbé par la contemplation du mystère eucharistique donc ce jour appelle l'institution, il persévéra dans cette attitude cinq heures durant, sans plus bouger que s'il eût été de pierre ou de marbre. Parfois, lorsqu'il se croyait seul et sans témoin, il restait tout de son long contre terre, retenu ainsi par le sentiment profond qu'il avait de la grandeur infinie de Dieu et des son propre néant.

Toujours les accents les plus embrasés partaient de son cœur vers l'Hôte divin de nos églises ; leur ardeur et leur suavité devenaient telle que parfois notre adorateur était soulevé de quelques palmes et restait flottant entre ciel et terre, aussi longtemps qu'il plaisait à Notre-Seigneur de le tenir sous la charme de ses divines perfections. Ce que Pascal affectionnait le plus , parmi les occupations de sa journée de frères convers, c'était de servir la messe. On ne pouvait sur ce point rassasier sa pieuse avidité. Plus on lui proposait de messe à servir, et plus il était ravi, et il n'éprouvait jamais plus de contentement que lorsque, par suite du défaut d'un servant, on venait le chercher encore pour une nouvelle messe. Il arrivait ainsi à en servir huit à dix chaque matin, toujours avec la même ferveur, avec la même attention.

Il communiait très souvent ; d'aucuns disent tous les jours. On le voyait s'approcher du divin banquet sans une attitude de modestie qui frappait les spectateurs. Au sorti de la sainte Table, écrivent les Bollandistes, on aurait pu lire sur son visage radieux la joie intérieure de son âme, honorée par la présence de l'Hôte divin. Chaque fois qu'il devait communier, il voulait auparavant se confesser pour purifier son cœur des imperfections qui auraient pur lui échapper. Délicatesse et pureté de saint ! Comme elle devait attirer les grâces et les faveurs du divin Visiteur ! D'ailleurs, pour se préparer à la communion, il avait composé et il employait des formules où éclatent les sentiments de l'humilité la plus profonde, l'amour et les désirs les plus ardents. Tant de ferveur intérieure ne pouvait manquer de se trahir au dehors d'une façon merveilleuse.

« Les habitués de la chapelle ne furent pas longtemps à s'apercevoir de l'angélique piété avec laquelle le jeune frère servait la messe et recevait la communion. C'était à donner la foi à un mécréant et à le jeter à genoux en adoration aux pieds de ce Dieu caché que l'attitude se profondément recueillie de Pascal rendait presque visible.» « En dépit des précautions dont il s'entourait pour ne pas attirer sur lui l'attention du public, le feu sacré qui couvrait au dedans transpira au dehors et vit trahir le divin secret. Passant à travers le voile opaque de la chair, il le rendait lumineux et empourprait le visage du serviteur de Dieu de mystérieuse rougeurs et de reflets qui lui donnaient une beauté céleste.»

On se le raconta les us aux autres, et bientôt avide de merveilleux, la foule accourut pour jouir de cette fête que se renouvelait chaque jour, sans que le bon frère soupçonnait qu'il était ainsi donné en spectacle au monde, à Dieu et à ses anges. Cette ardente dévotion envers le Saint Sacrement le suivait partout. Ainsi lorsqu'il était en voyage, au milieu de la campagne, il chantait des cantiques au Saint Sacrement avec tant de suavité et d'onction que ses compagnons ne se lassaient pas de l'entendre.

La première visite en arrivant dans un pays était toujours pour l'Église, ce n'est qu'après une longue adoration devant le Tabernacle, qu'il se rendait dans les maisons où l'appelait le but de ses déplacements. Dans ses tournées de quête, alors que harassé de fatigue, il aurait pu prendre un repos bien mérité, il passait encore ses nuits en adoration devant le Saint Sacrement. Le tabernacle était vraiment l'âme de sa vie, l'aimant qui l'attirait partout d'une façon irrésistible. Une mission extraordinaire vint mettre le comble à cette dévotion inouïe en donnant à notre bienheureux l'occasion de souffrir pour la Sainte Eucharistie. Le Custode des Mineurs déchaussés d'Espagne ayant un message important à faire parvenir au Ministre général des Observants, Christophe de Cheffrontaines, alors en résidence à Paris, Pascal fut désignée pour porter les lettres destinées au successeur de Sian François.

Mais il faillait traverser toute la France, notre belle France, alors ravagée par le guerres de religion. Les Huguenots animés par une rage sectaire contre tout ce qui paraissait attaché à l'Église Romaine, à son chef, à ses dogmes, en particulier au dogme de l'Eucharistie, saccageaient tout en faisaient subir une mort cruelle aux prêtres, aux religieux, aux fidèles que ne voulaient pas abjurer leurs croyances. Et Pascal, en habit de franciscain, devait passer par les provinces tombées aux mains de ces hérétiques forcenés ! Quels dangers ne devait-ils pas courir ?

De fait, en maints endroits, il fut insulté, frappé, bousculé, couvert d'immondices, chassé à coups de pierres. À Orléans, il faillit mourir martyr de L'Eucharistie. Arrivé en face des remparts de cette ville, il se vit cerné, puis renversé par une bande de furieux. Après l'avoir roué de coups, les hérétiques le relevèrent pour lui faire subir un interrogatoire dont les réponses, quelles qu'elles fussent, devaient lui attirer toutes sortes de mauvais traitements. « Papiste, lui dit-on, crois-tu que Dieu est dans ce sacrement que vous consacrez et que vous appelez la messe ? » « Oui, s'écria Pascal, de l'accent des martyrs d'autrefois, oui, je le crois, et j'affirme hautement que notre Dieu est aussi réellement présent dans la sainte hostie consacrés, qu'il l'est dans les splendeurs des cieux . »

Et le confesseur de la foi, répondant au fur et à mesure aux sophismes des Calvinistes contre le dogme eucharistique, détruisit pièce par pièces la thèse hérétique, puis rendant la thèse catholique l'adorateur passionnée de l'Eucharistie leur prouve le dogme cher à son cœur, avec une telle supériorité de doctrine et une si triomphante évidence, qu'à bout de raisons les hérétiques recourent à la violence. Ils ramassent des pierres les lancent contre ce moine importun, Pascal eût infailliblement succombé si, à ce moment, Dieu ne l'eut protégé miraculeusement. Les projectiles qui venaient l'atteindre passaient par-dessus sa tête ou s'écartaient à droit et à gauche. Un seul l'atteignit. Lancé à toute force il braisa l'épaule gauche du bienheureux, il souffrit le reste de sa vie de cette fracture.

Un peu plus loin comme il cheminait appliqué à la prière, il vit arriver vers lui, à bride abattue, un cavalier qui, armé de sa lance, fondit sur lui et le menaçant lui demande : « Moine Dieu est –il au ciel ? » « Oui, répondit le Saint sans hésiter. Bien certainement Dieu est au ciel. » Le cavalier était huguenot. I parut satisfait de la réponse et s'éloigna au galop. Réfléchissant après coup, sur cet étrange personnage, et sur la répartie qu'i lui avait faite, il comprit la réponse qu'aurait due lui donner : « Dieu est au ciel et dans l'eucharistie. » Et continuant sa route, Pascal ne pouvait se consoler d'avoir perdu une si belle occasion de mourir pour soutenir la vérité du mystère, l'objet de ses prédilections. Après avoir échappé à plusieurs autres dangers de mort il arriva enfin à Paris. Son retour fut mouvementé. Il rendra saint et sauf dans son couvent d'Espagne.

« Ah ! disait-il souvent en gémissant, si j'avais été un vrai serviteur de Dieu, je ne sera pas sortit vivant des mains des Huguenots .» Sans doute il ne fut pas mis à mort par les hérétiques, mais les souffrances, les mauvais traitements qu'il subit durant ce périlleux voyage durent être bien pénible, car notre bienheureux parti avec des cheveux noirs revint blanc comme neige. En quelques mois il avait vieilli de dix ans.

 

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12/03/2008
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