Saint Etienne
Saint Etienne
Diacre et premier Martyr
+ vers l'an 35
Fête le 26 décembre
Du Livre des Actes des Apôtres
Chapîtres 6, 7, 8: 1-2
- En ce temps-là, le nombre des disciples augmentant, les Hellénistes murmurèrent contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées dans la distribution qui se faisait chaque jour.
- Les douze convoquèrent la multitude des disciples, et dirent: Il n'est pas convenable que nous laissions la parole de Dieu pour servir aux tables. C'est pourquoi, frères, choisissez parmi vous sept hommes, de qui l'on rende un bon témoignage, qui soient pleins d'Esprit Saint et de sagesse, et que nous chargerons de cet emploi. Et nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de la parole. Cette proposition plut à toute l'assemblée. Ils élurent Étienne, homme plein de foi et d'Esprit Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas, et Nicolas, prosélyte d'Antioche. Ils les présentèrent aux apôtres, qui, après avoir prié, leur imposèrent les mains. La parole de Dieu se répandait de plus en plus, le nombre des disciples augmentait beaucoup à Jérusalem, et une grande foule de sacrificateurs obéissaient à la foi. Étienne, plein de grâce et de puissance, faisait des prodiges et de grands miracles parmi le peuple. Quelques membres de la synagogue dite des Affranchis, de celle des Cyrénéens et de celle des Alexandrins, avec des Juifs de Cilicie et d'Asie, se mirent à discuter avec lui; mais ils ne pouvaient résister à sa sagesse et à l'Esprit par lequel il parlait. Alors ils subornèrent des hommes qui dirent: Nous l'avons entendu proférer des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu. Ils émurent le peuple, les anciens et les scribes, et, se jetant sur lui, ils le saisirent, et l'emmenèrent au sanhédrin. Ils produisirent de faux témoins, qui dirent: Cet homme ne cesse de proférer des paroles contre le lieu saint et contre la loi; car nous l'avons entendu dire que Jésus, ce Nazaréen, détruira ce lieu, et changera les coutumes que Moïse nous a données. Tous ceux qui siégeaient au sanhédrin ayant fixé les regards sur Étienne, son visage leur parut comme celui d'un ange.
- Le souverain sacrificateur dit: Les choses sont-elles ainsi? Étienne répondit: Hommes frères et pères, écoutez! Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham, lorsqu'il était en Mésopotamie, avant qu'il s'établît à Charran; et il lui dit: Quitte ton pays et ta famille, et va dans le pays que je te montrerai. Il sortit alors du pays des Chaldéens, et s'établit à Charran. De là, après la mort de son père, Dieu le fit passer dans ce pays que vous habitez maintenant; il ne lui donna aucune propriété en ce pays, pas même de quoi poser le pied, mais il promit de lui en donner la possession, et à sa postérité après lui, quoiqu'il n'eût point d'enfant. Dieu parla ainsi: Sa postérité séjournera dans un pays étranger; on la réduira en servitude et on la maltraitera pendant quatre cents ans. Mais la nation à laquelle ils auront été asservis, c'est moi qui la jugerai, dit Dieu. Après cela, ils sortiront, et ils me serviront dans ce lieu-ci. Puis Dieu donna à Abraham l'alliance de la circoncision; et ainsi, Abraham, ayant engendré Isaac, le circoncit le huitième jour; Isaac engendra et circoncit Jacob, et Jacob les douze patriarches. Les patriarches, jaloux de Joseph, le vendirent pour être emmené en Égypte. Mais Dieu fut avec lui, et le délivra de toutes ses tribulations; il lui donna de la sagesse et lui fit trouver grâce devant Pharaon, roi d'Égypte, qui l'établit gouverneur d'Égypte et de toute sa maison. Il survint une famine dans tout le pays d'Égypte, et dans celui de Canaan. La détresse était grande, et nos pères ne trouvaient pas de quoi se nourrir. Jacob apprit qu'il y avait du blé en Égypte, et il y envoya nos pères une première fois. Et la seconde fois, Joseph fut reconnu par ses frères, et Pharaon sut de quelle famille il était. Puis Joseph envoya chercher son père Jacob, et toute sa famille, composée de soixante-quinze personnes. Jacob descendit en Égypte, où il mourut, ainsi que nos pères; et ils furent transportés à Sichem, et déposés dans le sépulcre qu'Abraham avait acheté, à prix d'argent, des fils d'Hémor, père de Sichem. Le temps approchait où devait s'accomplir la promesse que Dieu avait faite à Abraham, et le peuple s'accrut et se multiplia en Égypte, jusqu'à ce que parut un autre roi, qui n'avait pas connu Joseph. Ce roi, usant d'artifice contre notre race, maltraita nos pères, au point de leur faire exposer leurs enfants, pour qu'ils ne vécussent pas. A cette époque, naquit Moïse, qui était beau aux yeux de Dieu. Il fut nourri trois mois dans la maison de son père; et, quand il eut été exposé, la fille de Pharaon le recueillit, et l'éleva comme son fils. Moïse fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens, et il était puissant en paroles et en oeuvres. Il avait quarante ans, lorsqu'il lui vint dans le coeur de visiter ses frères, les fils d'Israël. Il en vit un qu'on outrageait, et, prenant sa défense, il vengea celui qui était maltraité, et frappa l'Égyptien. Il pensait que ses frères comprendraient que Dieu leur accordait la délivrance par sa main; mais ils ne comprirent pas. Le jour suivant, il parut au milieu d'eux comme ils se battaient, et il les exhorta à la paix: Hommes, dit-il, vous êtes frères; pourquoi vous maltraitez-vous l'un l'autre? Mais celui qui maltraitait son prochain le repoussa, en disant: Qui t'a établi chef et juge sur nous? Veux-tu me tuer, comme tu as tué hier l'Égyptien? A cette parole, Moïse prit la fuite, et il alla séjourner dans le pays de Madian, où il engendra deux fils. Quarante ans plus tard, un ange lui apparut, au désert de la montagne de Sinaï, dans la flamme d'un buisson en feu. Moïse, voyant cela, fut étonné de cette apparition; et, comme il s'approchait pour examiner, la voix du Seigneur se fit entendre: Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Et Moïse, tout tremblant, n'osait regarder. Le Seigneur lui dit: Ote tes souliers de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte. J'ai vu la souffrance de mon peuple qui est en Égypte, j'ai entendu ses gémissements, et je suis descendu pour le délivrer. Maintenant, va, je t'enverrai en Égypte. Ce Moïse, qu'ils avaient renié, en disant: Qui t'a établi chef et juge? c'est lui que Dieu envoya comme chef et comme libérateur avec l'aide de l'ange qui lui était apparu dans le buisson. C'est lui qui les fit sortir d'Égypte, en opérant des prodiges et des miracles au pays d'Égypte, au sein de la mer Rouge, et au désert, pendant quarante ans. C'est ce Moïse qui dit aux fils d'Israël: Dieu vous suscitera d'entre vos frères un prophète comme moi. C'est lui qui, lors de l'assemblée au désert, étant avec l'ange qui lui parlait sur la montagne de Sinaï et avec nos pères, reçut des oracles vivants, pour nous les donner. Nos pères ne voulurent pas lui obéir, ils le repoussèrent, et ils tournèrent leur coeur vers l'Égypte, en disant à Aaron: Fais-nous des dieux qui marchent devant nous; car ce Moïse qui nous a fait sortir du pays d'Égypte, nous ne savons ce qu'il est devenu. Et, en ces jours-là, ils firent un veau, ils offrirent un sacrifice à l'idole, et se réjouirent de l'oeuvre de leurs mains. Alors Dieu se détourna, et les livra au culte de l'armée du ciel, selon qu'il est écrit dans le livre des prophètes: M'avez-vous offert des victimes et des sacrifices Pendant quarante ans au désert, maison d'Israël?... Vous avez porté la tente de Moloch Et l'étoile du dieu Remphan, Ces images que vous avez faites pour les adorer! Aussi vous transporterai-je au delà de Babylone. Nos pères avaient au désert le tabernacle du témoignage, comme l'avait ordonné celui qui dit à Moïse de le faire d'après le modèle qu'il avait vu. Et nos pères, l'ayant reçu, l'introduisirent, sous la conduite de Josué, dans le pays qui était possédé par les nations que Dieu chassa devant eux, et il y resta jusqu'aux jours de David. David trouva grâce devant Dieu, et demanda d'élever une demeure pour le Dieu de Jacob; et ce fut Salomon qui lui bâtit une maison. Mais le Très Haut n'habite pas dans ce qui est fait de main d'homme, comme dit le prophète: Le ciel est mon trône, Et la terre mon marchepied. Quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, Ou quel sera le lieu de mon repos? N'est-ce pas ma main qui a fait toutes ces choses?... Hommes au cou raide, incirconcis de coeur et d'oreilles! vous vous opposez toujours au Saint Esprit. Ce que vos pères ont été, vous l'êtes aussi. Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté? Ils ont tué ceux qui annonçaient d'avance la venue du Juste, que vous avez livré maintenant, et dont vous avez été les meurtriers, vous qui avez reçu la loi d'après des commandements d'anges, et qui ne l'avez point gardée!... En entendant ces paroles, ils étaient furieux dans leur coeur, et ils grinçaient des dents contre lui.
- Mais Étienne, rempli du Saint Esprit, et fixant les regards vers le ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. Et il dit: Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu. Ils poussèrent alors de grands cris, en se bouchant les oreilles, et ils se précipitèrent tous ensemble sur lui, le traînèrent hors de la ville, et le lapidèrent. Les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme nommé Saul. Et ils lapidaient Étienne, qui priait et disait: Seigneur Jésus, reçois mon esprit! Puis, s'étant mis à genoux, il s'écria d'une voix forte: Seigneur, ne leur impute pas ce péché! Et, après ces paroles, il s'endormit. Saul avait approuvé le meurtre d'Étienne. Il y eut, ce jour-là, une grande persécution contre l'Église de Jérusalem; et tous, excepté les apôtres, se dispersèrent dans les contrées de la Judée et de la Samarie. Des hommes pieux ensevelirent Étienne, et le pleurèrent à grand bruit.
De la Légende Dorée de Jacques de Voragine
Tome 1
Étienne ou Stéphane veut dire couronne en grec; en hébreu il signifie règle. Il fut la couronne, c'est-à-dire le chef des martyrs du Nouveau Testament; comme Abel de, l’ancien. Il fut encore une règle, c'est-à-dire un exemple aux autres de souffrir pour J.-C. ou bien d'agir et de vivre dans la sincérité, ou de prier pour ses ennemis. Stéphane signifierait encore, d'après une autre étymologie, Strenue fans, qui parle avec énergie, comme il appert par son discours et par sa belle prédication de la parole de Dieu. Stéphane signifierait aussi : qui parle avec force aux vieilles, Strenue fans anus, parce qu'il parlait avec énergie, avec dignité aux veuves qu'il instruisait et dirigeait d'après la commission qu'il en avait reçue des apôtres, et qui, à la lettre, étaient vieilles. Il est donc couronné comme chef du martyre, règle du souffrir et du bien vivre, orateur énergique dans sa prédication, riche, et parlant 'aulx vieilles dans ses admirables instructions.
Étienne fui un des sept diacres ordonnés par les apôtres pour exercer le ministère. Car le nombre des (83) disciples s'augmentant, ceux des gentils, qui étaient convertis, commencèrent à murmurer contre les juifs nouvellement chrétiens de ce que leurs veuves étaient méprisées et laissées de côté dans le ministère de tous les jours. On peut assigner deux causes à ces murmures : ou bien leurs veuves n'étaient pas admises à partager le ministère, ou bien elles étaient plus surchargées que les autres dans cet exercice quotidien. Les apôtres en effet, voulant s'appliquer entièrement à la dispensation de la parole, confièrent aux veuves le soin de distribuer les aumônes. Or, ils voulurent apaiser les murmures qui s'élevaient par rapporta l’administration des veuves et rassemblèrent la multitude des fidèles auxquels ils dirent : « Il n'est pas juste que nous cessions d'annoncer la parole de Dieu pour avoir soin des tables. » La glose ajoute : « parce que la nourriture de l’esprit est préférable aux mets qui alimentent le corps. » Choisissez donc, frères, sept hommes d'entre vous, d'une probité reconnue, pleins de l’Esprit saint et de sagesse, à qui nous commettions ce ministère, afin qu'ils servent ou qu'ils président ceux qui servent; nous nous appliquerons entièrement à la prière et à la dispensation de la parole. » Ce discours plut à toute l’assemblée. On en choisit sept. dont saint Étienne fut le primicier et le chéfecier, et on les amena aux apôtres qui leur imposèrent; les mains. Or, Étienne, qui était plein de grâce et de force, opérait de grands prodiges et de grands miracles parmi le peuple. Les juifs jaloux conçurent le désir de prendre le dessus sur lui et de l’accuser : alors ils essayèrent de le vaincre de trois manières: savoir, en discutant, (84) en produisant de faux témoins et en le jetant dans les tourments. Toutefois il fut plus savant dans la discussion; il démasqua les faux témoins et triompha des supplices. Dans chacun de ces combats le ciel lui vint en aide. Dans le premier, l’Esprit saint lui fut donné pour qu'il fût pourvu de sagesse ; dans le second, il parut avec un visage angélique afin d'effrayer les faux témoins ; dans le troisième, J.-C. se montra disposé à l’aider pour le fortifier dans le martyre. Dans chaque combat, l’histoire tient compte de trois choses, savoir: la lutte engagée, le secours prêté et le triomphe remporté. En parcourant l’histoire, nous pourrons voir tous ces succès en peu de mots.
Comme Étienne faisait beaucoup de miracles et prêchait fort souvent au peuple, les juifs envieux engagèrent avec lui le premier combat pour le vaincre dans la discussion. Quelques-uns de la synagogue des libertins, c'est-à-dire des enfants des hommes libres, qui ont reçu la liberté par la manumission, s'élevèrent contre lui. Ce fut donc la postérité des esclaves qui résista la première à la foi. Il y avait aussi des Cyrénéens de la ville de Cyrène, des Alexandrins et des hommes de Cilicie et d'Asie qui disputèrent avec saint Étienne. Ce premier combat fut suivi du triomphe; car ils ne pouvaient résister à sa sagesse; et l’auteur sacré ajoute. : « et à l’Esprit qui parlait par sa bouche » ; ce qui désigne l’aide accordé. Voyant donc qu'ils ne pouvaient l’emporter sur lui dans ce genre de combat, ils furent assez habiles pour choisir une seconde manière, qui était de le vaincre à l’aide des faux témoins. Alors ils en subornèrent deux pour l’accuser de quatre (85) sortes de blasphèmes. Après l’avoir amené dans le conseil, les faux témoins lui reprochaient quatre faits savoir le blasphème contre Dieu, contre Moïse, contre la loi et contre le tabernacle ou le temple : Voilà le combat. Cependant tous ceux qui étaient assis dans le conseil ayant levé les yeux sur lui, virent son visage comme le visage d'un ange: C'est le secours. Vient ensuite la victoire de ce second combat, par lequel les faux témoins furent confondus dans leurs dépositions. Car le Prince des prêtres dit: « Les choses sont-elles ainsi qu'il vient d'en être déposé? » Alors le bienheureux , Étienne se disculpa catégoriquement des quatre blasphèmes dont l’avaient chargé les faux témoins. Et d'abord, il se disculpa de blasphème contre Dieu, en disant que le Dieu qui a parlé à leurs pères et aux prophètes était le Dieu de gloire, c'est-à-dire, celui qui donne ou qui possède la gloire, ou bien encore, celui auquel la gloire est due par la créature. En cet endroit il loua Dieu de trois manières, ce qui peut se prouver par trois passages. C'est le Dieu de gloire, ou qui donne la gloire; il y a au livre des Rois (II) : « Celui qui me portera honneur, je lui porterai gloire. » Il est Dieu de gloire ou qui contient la .gloire. On lit, au livre des Proverbes (VIII) : « Avec moi sont les richesses et la gloire. » Il est le Dieu de gloire, c'est-à-dire, le Dieu . auquel la créature doit la gloire. La 1ère épître à Timothée (I) dit: « Au roi immortel des siècles, au seul Dieu, gloire et honneur dans tous les siècles. » Donc Étienne loua Dieu en trois manières, en disant qu'il est glorieux, qu'il donne la gloire et qu'il la mérite.. Il se disculpa ensuite du reproche de blasphème contre Moïse, en (86) louant le même Moïse de plusieurs manières. il le loua principalement par trois circonstances : pour la ferveur de son zèle, pour avoir tué l’Egyptien qui avait frappé un de ses frères ; d'avoir fait des miracles en Égypte et dans le désert; de l’honneur qu'il eut de converser avec Dieu plusieurs fois. Enfin il se disculpa du troisième blasphème, contre la loi, en relevant son prix par trois raisons: la première, parce qu'elle avait Dieu pour auteur, la seconde parce qu'elle avait eu le grand et illustre Moïse pour ministre; la troisième par rapport à la fin qu'elle a, savoir qu'elle donne la vie. Enfin il se disculpa du quatrième blasphème contre le temple et le Tabernacle, eu disant quatre sortes de biens du Tabernacle ; savoir : qu'il avait été commandé par Dieu ; que Moïse en avait reçu le plan dans une vision ; qu'il avait été achevé par Moïse et qu'il renfermait l’arche du témoignage. Il dit que le temple avait remplacé le Tabernacle. C'est ainsi que saint Étienne se disculpa, à l’aide du raisonnement, des crimes qu'on lui imputait.
Les Juifs, se voyant une seconde fois vaincus, choisissent un troisième moyen et engagent le troisième combat : c'était de le vaincre au moins par les tourments et les supplices. Saint Étienne ne s'en fut pas plutôt aperçu que, voulant pratiquer le précepte du Seigneur au sujet de la correction fraternelle, il essaya par trois moyens de lés corriger et de les empêcher de commettre une pareille méchanceté, savoir : par pudeur, par crainte et par amour. 1° Par pudeur, en leur reprochant la dureté de leur coeur et la mort des Saints. « Têtes dures, dit-il, hommes incirconcis de (87) coeur et d'oreilles, vous résistez toujours au Saint-Esprit, et vous êtes tels que vos pères ont été. Quel est le prophète que vos pères n'aient pas persécuté? Ils ont tué ceux qui prédisaient l’avènement du Juste. » Par là, dit la glose, il expose trois degrés de malice. Le 1er, de résister au Saint-Esprit, le 2e, de persécuter les prophètes, le 3e, de les tuer par un excès de méchanceté. Ils avaient en effet le front d'une courtisane; ils né savaient rougir, ni s'arrêter dans la voie du mal qu'il s avaient conçu. Bien au contraire, à ces paroles ils entrèrent dans une rage qui leur déchirait le coeur et ils grinçaient des dents contre lui. 2° Il les corrigea par la crainte, en leur disant qu'il voyait J.-C. debout a la droite de Dieu, comme prêt à l’aider et à condamner ses adversaires. Mais Étienne étant rempli du Saint-Esprit, et levant les yeux au ciel, vit la gloire de Dieu, et il lit : « Je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de la Vertu de Dieu. » Et quoi qu'il les eût déjà repris par la pudeur et par la crainte, ils ne furent cependant point encore corrigés, mais ils devinrent pires qu'auparavant. « Alors jetant de grands cris, et se bouchant les oreilles (pour ne pas entendre ses blasphèmes, dit la glose), ils se jetèrent tous ensemble sur lui, et l’avant entraîné hors de la ville, ils le lapidèrent. » En cela ils croyaient agir d'après la loi qui ordonnait de lapider le blasphémateur hors de la place. Et les. deux faux témoins qui devaient lui jeter la première pierre, selon le texte de la loi : « Les témoins lui jetteront les premiers la pierre de leur propre main, etc. » se dépouillèrent de leurs habits, soit pour qu'ils ne (88) fussent pas souillés par le contact d'Étienne, soit afin d'être plus libres polir jeter les pierres, et les mirent aux pieds d'un jeune homme nommé Saul et plus tard Paul, lequel en gardant ces vêtements, pour qu'ils fussent moins embarrassés, le lapida, pour ainsi dire, par la main de tous. N'ayant donc pu les détourner de leur crime ni par la pudeur, ni par la crainte, il essaya d'un troisième moyen, qui était de les adoucir au moins par l’amour. Peut-on un amour plus éminent que celui dont il fit preuve en priant pour lui et pour eux ? Il pria pour lui d'abord, afin d'abréger les instants de sa passion; pour eux ensuite, afin qu'elle ne leur fût point imputée à péché. Ils lapidaient, dis-je, Étienne qui priait et qui disait : « Seigneur Jésus, recevez mon esprit. » S'étant mis ensuite à genoux, il s'écria à haute voix : « Seigneur, ne leur imputez pas ce péché car ils ne savent ce qu'ils font. » Et voyez quel amour admirable! quand il prie pour lui, il est debout; quand il prie pour ses bourreaux, il fléchit les genoux, comme s'il eût préféré être plutôt exaucé dans ce qu'il sollicitait pour les autres, que dans ce qu'il demandait polir lui-même. Pour eux plutôt que pour lui, il fléchit,les genoux parce que, dit la glose a ce propos, il implorait un plus grand remède là où le mal était plus grand. En cela ce martyr de J.-C. imita le Seigneur qui, dans sa passion, pria pour lui quand il dit : « Père, je remets mon âme entre vos mains; » et pria pour ceux qui le crucifiaient en disant : « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. » « Et après cette parole, il s'endormit au Seigneur. » Belle parole, ajoute la glose, il (89) s'endormit, et non pas il mourut, car en offrant ce sacrifice d'amour, il s'endormit avec l’espoir de se réveiller à la résurrection. Étienne fut lapidé l’année que J.-C. monta au ciel, au commencement du mois d'août, le matin du troisième jour. Saint Gamaliel et Nicodème, qui tenaient pour les chrétiens dans tous les conseils des Juifs, l’ensevelirent dans un champ de ce même Gamaliel, et firent ses funérailles avec un grand deuil: et il s'éleva une grande persécution contre les chrétiens de Jérusalem, car après le meurtre du bienheureux Étienne, qui était l’un des principaux, on se mit à les persécuter, au point que tous les chrétiens, excepté les apôtres comme plus courageux, furent dispersés par toute la province de Judée, selon que. le Seigneur le leur avait recommandé : « S'ils vous persécutent dans une ville, fuyez dans une autre. »
L'éminent docteur Augustin rapporte que saint Étienne fut illustre par d'innombrables miracles; par la résurrection de six morts, par la guérison d'une foule de malades. Parmi ces miracles qu'il raconte, il en est quelques-uns de fort remarquables. Il dit donc que l’on mettait des fleurs sur l’autel de saint Étienne et que quand on en avait touché les malades, ils étaient miraculeusement guéris. Des linges pris à son autel, et posés sur des malades, procuraient à plusieurs la guérison de leurs infirmités. Au livre XXII de la Cité de Dieu, il dit que des fleurs qu'on avait prises de son autel furent mises sur les yeux d'une femme aveugle qui recouvra tout aussitôt la vue. Dans le même livre, il rapporte que l’un des premiers d'une ville, Martial, qui était infidèle, ne voulait absolument pas se (90) convenir. Étant tombé gravement malade, son gendre, plein de foi, vint à l’église de Saint-Étienne, prit des fleurs qui étaient, sur son autel, et les cacha auprès de la tête de Martial,. qui, après avoir dormi dessus, s'écria, dès avant le jour, qu'on envoyât chercher l’évêque. Celui-ci étant absent, un prêtre vint; et sur l’assurance que lui donna Martial de sa foi, il lui administra le baptême. Tant qu'il vécut, toujours il avait ces mots à la bouche : « Jésus-Christ, recevez mon esprit, » sans savoir que c'étaient les dernières paroles de saint Étienne.
Voici un autre miracle rapporté dans le même livre une dame appelée Pétronie était tourmentée depuis longtemps d'une très grave infirmité ; elle avait employé une foule de remèdes qui n'avaient laissé trace de guérison ; un jour elle consulte un Juif qui lui donne un anneau dans lequel se trouvait enchâssée une pierre, afin qu'elle se ceignit avec une corde de cet anneau sur sa chair nue, et que par sa vertu elle recouvrât la santé. Mais comme elle s'aperçut que cela ne lui procurait aucun bien, elle se hâta d'aller à l’église du premier martyr Etienne le prier de la guérir. Aussitôt, sans que la corde fût déliée, l’anneau resté entier tomba à terre : elle se sentit à l’instant tout à, fait guérie.
Le même livre rapporte un autre miracle non moins admirable. A Césarée de Cappadoce, une noble dame avait perdu son mari; mais elle avait une belle et nombreuse famille composée de dix enfants, sept. fils et trois filles. Un jour qu'elle avait été offensée par eux, elle maudit ses fils. La vengeance divine suivit de (91) près la malédiction de la mère, et tous sont frappés également d'un horrible châtiment. Un tremblement affreux de tous leurs membres les saisit. Accablés de douleur, ils ne voulurent point que leurs concitoyens fussent témoins de leur malheur et ils coururent par toute la terre, attirant sur eux l’attention.. Deux d'entre eux, un frère et une sueur, Paul et Palladie, vinrent à Hippone et racontèrent à saint Augustin lui-même, qui était évêque de cette ville, ce qui leur était arrivé. Il y avait quinze jours, c'était avant. Pâques, qu'ils se rendaient assidûment à l’église de saint Étienne, le priant avec insistance de leur rendre, la santé. Le jour de Pâques, en présence d'une foule de peuple, Paul franchit tout à coup la balustrade, se prosterne devant l’autel avec foi et révérence, et se met à prier. Les assistants attendent ce qui va arriver, quand il se lève tout à coup. Il était guéri et délivré désormais de son tremblement. Ayant été amené à saint Augustin, celui-ci le montra au peuple en promettant de lire le lendemain un récit écrit de ce qui s'était passé. Or, comme il parlait au peuple et que 1a soeur assistait elle-même à l’église, toujours agitée dans tous ses membres, elle se leva du milieu des fidèles, passa la balustrade et de suite comme si elle sortait du sommeil, elle se leva guérie. On la montre à la foule qui rend d'immenses actions de grâces à Dieu et à saint Étienne, de la guérison du frère et de la sueur. Orose en revenant chez saint Augustin de visiter saint Jérôme rapporta quelques reliques de saint Étienne qui opérèrent les miracles dont on vient de parler et beaucoup d'autres encore.
Il faut remarquer que saint Étienne ne souffrit pas le martyre aujourd'hui, mais, comme nous l’avons dit plus haut, le trois d'août, jour où l’on célèbre son invention. Nous raconterons alors pour quel motif ces fêtes furent changées. Qu'il suffise de dire ici que 1'Eglise a eu deux raisons de placer, comme elle l’a fait, les trois fêtes qui suivent Noël: La première, c'est afin de réunir à l’Epoux et au chef ceux qui ont été ses compagnons. En effet, en naissant, J.-C. qui est l’Epoux a donné, en ce monde à l’Eglise, son épouse, trois compagnons, dont il est dit dans les cantiques * : « Mon bien-aimé est reconnaissable par sa blancheur et sa rougeur : il est choisi entre mille. » La blancheur indique Jean l’évangéliste, saint confesseur ; la rougeur, saint Étienne, premier martyr ; la multitude virginale des Innocents est signifiée par ces paroles : « Il est choisi entre mille. » La seconde raison est qu'ainsi, l’Eglise réunit ensemble tous les genres de martyrs, selon leur rang de dignité. La naissance du Christ fut, en effet, la cause de leur martyre. Or, il y a trois martyres: le volontaire qu'on subit, le volontaire qu'on ne subit pas, celui que l’on subit, mais qui n'est pas volontaire. On trouve le premier dans saint Etienne, le second dans saint Jean et le troisième dans les Innocents.
L'invention du corps de Saint Etienne
de La Légende Dorée, tome 2
N.B. L'invention est un terme qui autrefois signifiait, de manière solennelle la découverte, comprendre donc, la découverte du corps de Saint Etienne
L'invention du corps du premier martyr saint Étienne est rapportée: à l’année 447, la septième du règne d'Honorius. On distingué son invention, sa translation et sa réunion. Son invention eut lieu comme il suit *: Un prêtre du territoire de Jérusalem, appelé Lucien, cité par Gennade (ch. XLVI) au nombre des hommes illustrés, écrit lui-même qu'un vendredi, comme il reposait à moitié endormi dans son lit, lui apparut un vieillard, haut de taille, beau de visage, avec une longue barbe, revêtu d'un manteau blanc semé de petites pierres précieuses enchâssées dans l’or en formé de croix, portant une chaussure recouverte d'or à la surface. Il tenait à la main une baguette d'or dont il toucha Lucien en disant: « Hâte-toi de découvrir nos tombeaux, car nous avons été renfermés dans un endroit fort indécent. Va dire à Jean, évêque de Jérusalem; qu'il nous place dans un lieu honorable; car, puisque la sécheresse et la tribulation désolent la terre, Dieu, touché de nos prières a décidé de pardonner au monde. » Le prêtre Lucien lui dit : « Seigneur qui êtes-vous ? » « Je suis, dit-il, Gamaliel qui ai nourri saint Paul; et qui lui ai enseigné la loi à mes pieds. A mon côté repose saint Étienne, qui a été lapidé par les Juifs, hors de la ville, afin que son corps fut dévoré par les bêtes féroces et les oiseaux. Mais celui. pour la foi duquel ce saint martyr a versé son sang ne l’a pas permis; je l’ai recueilli alors avec grand respect et l’ai enseveli dans un tombeau neuf que j'avais fait creuser pour moi. L'autre qui est avec moi, c'est Nicodème, mon neveu; qui alla une nuit. trouver Jésus, et reçut le baptême sacré des mains de saint Pierre et de saint Jean. Les princes des prêtres; indignés de son action l’auraient tué, si les égards qu'ils avaient pour nous ne les eussent retenus. Cependant ils lui ravirent tous ses biens le dépouillèrent de sa principauté du sacerdoce et le laissèrent, à demi mort des coups dont ils l’accablèrent. Alors je le menai dans ma maison où il survécut quelques jours et quand il fut mort, je le fis ensevelir; aux pieds de saint Étienne. Il y en a encore un troisième avec moi ; c'est Abibas, mon propre fils, qui, à l’âge de 20 ans, reçut le baptême en même temps que moi, il vécut dans la virginité, et se livra à l’étude de la loi avec Paul, mon disciple. Quant à ma, femme Athéa et à mon fils Sélémias qui ne voulurent pas croire en J.-C. ils n'ont pas été dignes de partager notre sépulture; mais vous les trouverez ensevelis autre part, et leurs tombeaux sont vides et nus. » A ces mots, Gamaliel disparut. Alors Lucien s'éveillant pria le Seigneur que si cette vision avait un fondement de vérité, elle se renouvelât une seconde et une troisième fois. Or, le vendredi suivant, Gamaliel lui apparut comme la première fois, et lui demanda pourquoi il avait négligé de faire ce qu'il lui avait recommandé: « Non, seigneur, répondit-il, je ne l’ai pas négligé, mais j'ai prié le Seigneur que si cette vision venait de Dieu, elle se renouvelât : trois fois. » Et Gamaliel lui dit: : « Puisque vous avez réfléchi à quel signe, si vous nous trouviez, vous pourriez distinguer les reliques de chacun et particulier, je vais, vous donner un emblème au moyen duquel vous reconnaîtrez nos cercueils et nos reliques. » Et il lui montra trois corbeilles d'or et une quatrième d'argent, dont l’une était pleine de roses rouges et deux autres (341) de roses blanches. Il lui montra aussi la quatrième pleine de safran. Alors Gamaliel ajouta : Ces corbeilles sont nos cercueils- et ces rasés sont nos reliques. La corbeille pleine de roses rouges est le cercueil de saint Étienne qui, seul d'entre nous, a mérité la couronne du martyre; les deux autres pleines de roses blanches sont les cercueils de Nicodème et de moi, comme ayant persévéré d'un coeur sincère dans la confession de J.-C. Pour la quatrième d'argent qui est pleine de safran, c'est le cercueil d'Abibas, mon fils, dont la virginité fut éclatante et qui sortit pur de ce monde. » Ayant dit ces paroles, il disparut de nouveau. Le vendredi de la semaine suivante, Gamaliel lui apparut avec un visage irrité et le réprimanda gravement de ses délais et de sa négligence. Aussitôt Lucien alla à Jérusalem et raconta à l’évêque Jean l’ensemble de tout ce qu'il, avait vu. On fit, venir d'autres évêques et on se dirigea vers l’endroit indiqué à Lucien ; et dès qu'on se fut mis en train de fouiller, la terre trembla et l’on ressentit une odeur très suave, dont l’admirable parfum guérit, par les mérites des saints, soixante et dix hommes affligés de diverses maladies. Or, ce fut ainsi que l’on porta en l’église de Sion de Jérusalem, et où saints Etienne avait exercé ses fonctions d'archidiacre; les reliques de ces saints au milieu de la joie publique, et qu'on les ensevelit avec les plus grands honneurs. A cette heure-là même, il tomba une grande pluie. Bède, en sa chronique, fait mention de cette vision et de cette invention.
Cette invention de saint Étienne eut lieu le jour même qu'on célèbre son martyre et l’on dit que ce martyre arriva aujourd'hui. Mais ces fêtes furent (342) chantées de jour par l’Eglise, pour deux motifs. Le premier, parce que J.-C. naquit ici-bas, afin que l’homme naquit au. ciel. Or, il était convenable que la nativité de J.-C. fût suivie du natalice de saint Étienne qui le premier souffrit le martyre pour J.-C., ce qui n'est autre chose que, naître au ciel, afin de montrer par là que l’un était la conséquence de l’autre : aussi c'est la raison pour laquelle l’Église chante dans l’office de ce jour *: «Hier le Christ est né sur la terre, afin qu'aujourd'hui Étienne naquît dans le ciel. » Le, second motif est que le jour de l’Invention -se fêtait plus solennellement que celui de son martyre, et cela par respect pour le jour de Noël, et à cause des miracles nombreux que le Seigneur opéra lors de l’Invention, Mais parce que le martyre l’emporte sur l’Invention, et qui doit être célébré plus solennellement, c'est pour, cela que l’Eglise a transféré la fête du martyre à cette époque où l’on pourrait lui rendre de plus grands honneurs. Saint Augustin rapporte que sa translation eut lieu comme il suit. Alexandre, sénateur de Constantinople, alla avec sa femme, à Jérusalem et fit construire un oratoire magnifique en l’honneur de saint Étienne, premier martyr ; il voulut y être enterré auprès du corps de ce saint. Sept ans après sa mort, Julienne, sa femme, ayant résolu de revenir dans sa patrie à cause de certaines injures qu'elle endurait des princes, voulut remporter le corps de son mari; Après bien des instances auprès de l’évêque, celui-ci lui montrai deux cercueils d'argent et lui dit : «Je ne sais quel est celui de votre mari. » « Je le sais, répondit-elle. » Et elle se jeta pour l’embrasser, mais elle embrassa le corps de saint Étienne, qu'elle prit pour celui de son mari. Lorsqu'elle se fut embarquée avec le corps, les anges font entendre des cantiques, une odeur suave se répand, les démons crient et suscitent une tempête affreuse en disant : «Malheur à nous, car le premier martyr Étienne passe et nous fait endurer un feu cruel! » Or, comme les matelots craignaient un naufrage, on invoqua saint Étienne qui apparut et dit : « C'est moi, ne craignez point. » A l’instant, un grand calmé s'ensuivit. Alors on entendit les voix des démons qui criaient: «Prince impie, monte sur ce vaisseau, parce que notre adversaire Étienne y est.» Alors le prince des démons envoyai cinq démons pour mettre le feu au vaisseau; mais l’ange du Seigneur les engloutit au fond de la mer. Quand on fut arrivé à Chalcédoine les démons se mirent à crier : « Il arrive le serviteur de Dieu, qui a été lapidé par les méchants Juifs. » On arriva sain et sauf à Constantinople, et on ensevelit avec grand respect le corps de saint Etienne dans une église. (Saint Augustin.) * — La réunion du corps de saint Étienne avec celui .de saint Laurent se fit comme il suit : Eudoxie, fille de l’empereur,Théodose, fut cruellement tourmentée par le démon. Or, ce malheur fut annoncé à son père comme il était à Constantinople, et il s'y fit amener sa fille, afin qu'on la touchât aux reliques du très saint Étienne, premier martyr. Mais le démon criait en elle : « Si Étienne ne vient à Rome, je ne sortirai pas, car telle est la volonté de l’apôtre. » Quand l’empereur apprit cela, il obtint du clergé et du peuple de C. P. qu'ils donneraient aux Romains le corps de saint Étienne et qu'ils recevraient eux-mêmes le corps de saint Laurent. Alors l’empereur écrivit à ce sujet au pape Pélage, qui, de l’avis des cardinaux, consentit à la demande de l'empereur. On envoya donc des cardinaux à C. P. pour y porter le corps de saint Étienne, et des Grecs vinrent à Rome pour recevoir celui de saint Laurent. Le corps de saint Étienne arriva à Capoue, et sur les pieuses prières des Capouans, on leur donna le bras droit du saint en l’honneur, duquel on bâtit l’église métropolitaine. Quand on, fut arrivé à Rome, et qu'on voulut porter le saint corps à l’église de Saint-Pierre-aux-liens, les porteurs s'arrêtent et ne peuvent avancer plus loin ; alors le démon se mit à crier dans la jeune fille : «Vous avez beau faire, ce n'est pas là, mais c'est auprès de son frère Laurent qu'il a choisi sa placé. » On y porta donc le corps ; et quand Eudoxie l’eut touché, elle fut délivrée du démon. Mais saint Laurent, comme s'il se fut félicité de l’arrivée de son frère, lui sourit et se retira de l’autre côté du tombeau dont il laissa le milieu vide pour faire place à son frère. Quand les Grecs se furent approchés pour emporter saint Laurent, ils tombèrent par terre comme s'ils eussent été privés de vie : alors le pape, le clergé et le peuple prièrent pour eux, et ce ne fut qu'à peine si le soir, ils revinrent à eux-mêmes, tous cependant moururent dans les dix jours suivants. Les Latins eux mêmes, qui avaient consenti à cela, tombèrent en (345) frénésie et ne purent être guéris qu'après que les corps des saints eussent été ensevelis ensemble. Alors cette voix du ciel se fit entendre : « O bienheureuse Rome, qui possèdes, dans un même mausolée, ces précieux restes, les corps de saint Laurent l’Espagnol, et de saint Étienne de Jérusalem. » Cette réunion se fit aux nones de mai, vers l’an du Seigneur 425.
Saint Augustin, au livre XXII de la Cité de Dieu, rapporte la résurrection de six morts due à l’invocation de saint. Étienne. C'est d'abord un homme gisant mort, on lui avait déjà, lié les pouces : on invoque sur lui le nom de saint Étienne, et à l’instant il ressuscite. C'est encore un enfant écrasé par un char : sa mère le porte à l’église de saint Étienne et elle le reçoit vivant et sans trace de blessure. C'est une religieuse qui étant à l’extrémité avait été portée à l’église de saint Étienne; elle y rendit le dernier soupir; et voici qu'aux yeux de tout le monde effrayé; elle ressuscite guérie. A Nippone,: c'est une jeune fille dont le père avait apporté la robe à l’église de saint Étienne ; quelques instants après il jette cette robe sur le corps de cette jeune fille qui était morte; et tout à coup elle est rendue à la vie. C'est un jeune homme, dont le corps, après avoir été oint dans de l’huile de saint Étienne, ressuscite aussitôt. C’est un enfant qui fut porté mort à l’église de saint Étienne et quand on,.eut invoqué le saint, à l’instant il est rendu à la vie. Voici comment s'exprime saint Augustin au sujet de ce saint: « Gamaliel, à la brillante étole, révéla le corps de ce martyr; Saul converti le loua, J.-C. enveloppé de langes l’enrichit et lui mit une couronne de pierres précieuses. »
Il dit ailleurs : « Dans Étienne brilla la beauté du corps, la fleur de l’âge, l’éloquence de l’orateur, la sagesse éclatante de l’esprit et l’opération divine. » Il dit encore : « Cet homme de Dieu fort comme une colonne, alors qu'il était retenu comme avec des tenailles au milieu de ceux qui le lapidaient de leurs mains, était fortifié par la foi; et brûlait pour elle; on le frappait et il s'élevait ; on l’étreignait, et il grandissait ; on le meurtrissait et ne se laissait pas vaincre. » Sur ces paroles Dura cervice (Actes) : « Il ne flatte pas, mais il invective; il ne touche pas, il provoque ; il ne tremble pas, mais il excite », c'est encore saint Augustin qui élit : «Considérez saint Étienne serviteur de Dieu au même titre que vous : c'était un homme comme vous : il était de la race des pécheurs comme vous ; il fut racheté au même prix que vous ; et quand il fut diacre et qu'il lisait l’Évangile, le même que vous lisez ou que vous écoutez il y trouva, ces mots : « Aimez vos ennemis » maxime que l’étude lui apprit et que l’obéissance lui fit pratiquer. »
Prière
Apprends-nous, Seigneur, l'amour de nos ennemis, à l'exemple de Saint Etienne, le premier de Tes Martyrs, lui qui sut implorer le pardon pour ses propres bourreaux. Par Jésus, le Christ notre Seigneur. Amen.
Oraison de la Messe de la Fête liturgique de Saint Etienne
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 752 autres membres