Spiritualité Chrétienne

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Saint Colomban

 Saint Colomban

Abbé fondateur de l'Abbaye de Luxeuil

543 – 615

Fêtes le 2 juillet et le 23 novembre

 


Quand la clarté de l'Evangile commença à paraître dans l'Irlande, Dieu fit naître dans ce pays un nouvel astre qui est le Bienheureux Colomban, dont nous décrivons la vie. Avant qu'il ne vint au monde, sa Mère vit en songe comme un soleil qui sortait de son ventre, heureux présage de ce qu'il allait devenir un jour. Il passa les premières années de sa vie dans la pratique des vertus, et dans l'étude des lettres, profitant également en l'un et en l'autre, du fait de son inclination naturelle, qui était favorisée de la Grâce de Dieu, le portant avec puissance à faire le bien. Ce pourquoi le diable très envieux, mena contre lui de puissants combats, se servant de certaines femmes impudiques pour essayer de lui arracher le beau joyau de la chasteté, qui, non seulement était enchâssé en son cœur, mais encore convenait à son nom. Dès le commencement des tentations il résista avec l'aide du glaive de la parole de Dieu, qu'il savait fort bien manier de l'une et de l'autre main; mais ayant rencontré une femme Religieuse qui depuis quinze ans vivait en solitude, et ayant consulté son avis, il se résolut de se retirer hors de son pays, afin d'éviter désormais toute occasion de perdre ce qu'il ne pourrait jamais plus retrouver. Sa Mère voyant sa résolution fondit en larmes, et, se servant de tous les artifices qu'une Mère intéressée peut inventer, elle fit tout pour le retenir, mais tout cela n'est pu pas gagner je jeune homme, qui, pensant à son salut, veut répondre à l'appel de Dieu.

Éloigné de la maison de ses Parents, il se soumit à la discipline d'un saint personnage nommé Senil, sous la conduite duquel il fit en peu de temps un tel avancement en toutes sortes de sciences, qu'il donna au public en sa jeunesse, plusieurs livres, et entre autres un riche commentaire sur les Psaumes. Puis, désireux de se retirer, pour plus encore avancer d'avantage dans la pratique de la vertu, il quitta Senil, pour se rendre à Bencos ou Bensos, afin de demander l'habit religieux, qu'il obtint auprès de l'Abbé Comogel; il se commît à sous sa direction pour être formé et instruit à la vie Religieuse, dans laquelle il fit un tel avancement, qu'il devint un vrai modèle de sainteté et de vertu. Il demeura longtemps dans le Monastère édifiant des autres Religieux. Mais Dieu qui voulait se servir de ce saint comme d'une lumière éclatante, pour éclairer les autres, l'inspira de quitter l'Irlande, pour passer vers la France, afin d'y faire revivre la piété et religion chrétienne, qui s'y était beaucoup refroidie à cause des péchés qui s'y commettaient. Il parla de son désir à son Abbé, qui lui accorda la permission; et, en même temps, lui donna douze Religieux, tous très instruits, pieux, et capables de l'aider à poursuivre heureusement ce que le zèle et la piété lui faisait entreprendre.

En tous les lieux où il passait, il faisait merveilles, tant par ses Prédications, que par ses bons exemples et la Sainteté de sa Vie. Il était alors âgé de trente ans. Il arrive en France, passa par l'Italie mais sans s'y arrêter. A cette époque, Sigebert commandait en toute l'Austrasie, et dans toute la Bourgogne; il reçut honorablement Saint Colomban et ses Religieux, mais la bonne odeur et la réputation de leurs vertus étant parvenue à sa Cour, bien avant qu'ils y arrivent. Dans le projet que le Saint avait d'annoncer la Volonté de Dieu dans ce pays, il crut qu'il lui était nécessaire de trouver un lieu de retraite, où après qu'il aurait jeté la semence de la Parole de Dieu dans le cœur des fidèles, il se pourrait retirer afin d'attirer du Ciel par ses Prières, la rosée des Grâces dans cette terre qu'il venait de cultiver. Il obtint du Roi un vaste lieu de solitude appelée Volge ou Vosage, où, les religieux se retirèrent dans un vieux château nommé Anagrata. Pendant quelques temps, les Religieux vécurent une période de grande disette, à un tel point, que pendant une période de neuf jours ils ne mangèrent que des feuilles et des herbages. Mais Dieu qui a fait pleuvoir la manne au désert pour nourrir son peuple, sut pourvoir sur les religieux en leur accordant, par une Providence toute admirable une grande abondance de vivres.

Plusieurs personnes édifiées par la Sainteté de leur Vie, s'adressèrent à Saint Colomban, pour le supplier de les recevoir dans son monastère; le Saint voyant que ce lieu n'était pas commode pour recevoir autant de personnes, se mit a en rechercher un autre, il trouva alors le château de Luxeuil, distant de trois ou quatre lieues de ce premier endroit. Là ils bâtirent une Chapelle dédié au Prince des Apôtres, Saint Pierre, avec de petites Cellules façon de cabanes pour demeures, où jour et nuit ils vaquaient à la Contemplation des choses célestes, qui leur faisaient oublier celles de la terre. Ainsi furent les débuts de l'Abbaye de Luxeuil, où les Miracles ne manquèrent pas plus que tout le reste de sa vie; mais je les réserve pour la fin de l'histoire de sa Vie, afin de ne pas en interrompre la suite.

Saint Colomban, constatant que la bénédiction de Dieu se répandait si sensiblement sur son Monastère, et que le nombre de ses Religieux grandissait, il entrepris de bâtir un autre Monastère qu'il nomma « Fontaines », en raison de la grande quantité des sources d'eau vive qu'il y trouva. Cette nouvelle maison se trouva, en peu de temps, peuplée de saints habitants, Colomban, leur Abbé, leur prescrivait des Règles qu'ils observaient strictement. Pendant ce temps la renommée de sainteté de Colomban se répandait partout, tant par ses Miracles que pour la sainteté de sa Vie, et du gouvernement de ses Monastères. Théodoric ou Tierry qui régnait en Bourgogne, en entendit parler. Cette Province lui était était revenue en partage après la mort de Sigebert son Père. Théobert son Frère était quand à lui en possession de l'Austrasie, Theodoric lui portait beaucoup de respect, s'entretenait familièrement avec lui, venait le visiter et recommandait à ses Prières, sa personne, ainsi que le gouvernement de son royaume. Ce Roi était un prince voluptueux, qui scandalisait tout son peuple par ses amours impudiques, ayant en sa Cour des femmes de mauvaise vie, faisant honte à sa femme légitime.

Colomban, tel un autre Saint Jean-Baptiste, l'en reprenait et lui reprochait librement et ouvertement l'infamie de son vice. Il refusa même de donner sa bénédiction aux enfants de ses concubines. Jamais ne voulut accepter les vivres qui lui furent envoyées de sa part, donnant pour réponse cette Sentence de l'Ecriture: « Le très-Haut rejette les offrandes des impies. » Disant cela, les plats et les flacons se brisèrent entre les mains de ceux qui les amenèrent, et aussi bien le vin que les viandes furent répandues à terre. Le Roi saisi de crainte à cause de cela, s'en alla de grand matin pour le trouver pour lui demander pardon, avec la promesse de se corriger, peut-être aussi le fit-il persuadé par les leçons du Serviteur de Dieu; mais la Reine Brunehaut, nommée aussi ou Brunechilde, qui était une femme impérieuse, qui était capable de gouverner l'État, entretenait le Roi, qui était son petit fils, en ses mauvaises pratiques, craignant de perdre l'autorité au profit de la reine, sa compagne, Brunechilde fit croire au Roi, que l'Abbé Colomban était un homme fâcheux, de mauvaise humeur, et qu'à la fin il finirait par devenir insupportable. Elle fut si persuasive sur le roi, que ce dernier le fit quitter ses états, alors qu'il y avait séjourné 20 ans, au service de Dieu.

Ce bon Religieux, chassé de son Abbaye, se retira à Besançon, où plusieurs personnes furent les témoins du pouvoir et l'autorité que Dieu lui avait donné; s'étant rendu dans la prison où il exhorta les prisonniers à la contrition et au repentir de leurs péché, il fut écouté par ces criminels, le Saint, saisi de compassion toucha leurs fers, qui se brisèrent au simple attouchement de ses mains, leur lava les pieds, les essuya en toute humilité, puis les conduit hors de la prison vers l'Eglise afin d'implorer la Divine miséricorde pour la remise de leurs crimes. Approchant de l'Eglise, ils trouvèrent les portes fermées, et aperçurent une troupe de soldats qui les poursuivaient, pour les reconduire en prison. Ils jetèrent les yeux sur leur Libérateur; qui recourant à l'oraison, priait Dieu pour ses misérables qui avaient été délivrés par la grâce, pour qu'il ne permit pas qu'ils fussent repris. Sa prière fut exaucée, à l'instant les portes de l'Eglise s'ouvrirent d'elles-mêmes pour faire entrer ces pauvres fugitifs. Quand ils furent entrés à l'intérieur, elles se refermèrent de sorte que les soldats qui les poursuivaient, voyant ce miracle, n'osèrent plus rien faire. Le peuple voyant cette action, loua hautement la Bonté de Dieu, qui se manifestait par son Serviteur. Le Saint séjourna en ce lieu quelque temps, néanmoins épris d'un saint désir de revoir ses Religieux, et animé d'une sainte confiance, il s'en retourna en son Monastère, espérant que le Roi changerait d'avis et aurait égard à son innocence.

Brunechilde ayant eut échos de ce retour, résolut de rapidement y remédier, et abusant de l'autorité du Roi, elle envoya des satellites qui le saisirent pour le reconduire hors du Royaume. Comme ils arrivèrent pour exécuter le dessein de cette Reine passionnée, le Saint lisait un livre à la porte de l'Eglise; mais comme autrefois les soldats du Roi de Syrie qui furent aveuglés en s'approchant d'Elisée, de même ces soldats, exécuteurs des volontés du Roi, ne purent jamais apercevoir l'homme de Dieu Colomban, bien qu'ils lui marchaient sur les pieds, et lui touchaient la robe, pendant qu'il rendait mille actions de grâces au Ciel, qui rend les efforts des puissants sans effet, quand cela Lui lui plait. Par cet effet de la grâce, les officiers du roi s'en allèrent les mains vides.

Le Saint craignant qu'il ne fut la cause de quelque trouble, céda à renvoi, et se laissa conduire hors de France selon les ordres du Roi. Il partit donc de Luxeuil et revint à Besançon, d'où il prenant la route par Avalon et par Auxerre, il s'embarqua sur la Loire à Nevers, de là il descendit à Orléans et à Tours, où passant bon gré mal gré les gardes, il lui fut permis de veiller une nuit prés du Tombeau de saint Martin, puis enfin ils abordèrent à Nantes, voulant par ce moyen honorer la Bretagne de sa présence, non seulement pendant sa vie, mais encore lui donner ses Reliques après sa mort, comme un gage de l'amour qu'il a porté à cette région, permettant qu'elles y soient transportées au plus grand contentement du Pays qui les compte au nombre de ses Trésors les plus précieux, et le met au catalogue de ses Saints, à cause de l'honneur qu'il a fait de la visiter dans une de ses plus fameuses villes. Cela n'est pas sans raison si j'ai nommé tous les lieux par où il est passé, car il n'y en a pas un seul qui ne soit signalé par quelque signe ou prodige qui ne s'y soit passé. Partant d'Avalon il exorcisa douze personnes possédées par un démon enragé, et guérit cinq frénétiques. A Auxerre il délivra un autre possédé qui avait couru plusieurs lieux sans se reposer, afin de pouvoir trouver l'homme de Dieu. A Nevers un des gardes ayant donné un coup d'aviron sur le bras d'un de ses Religieux, Colomban l'en reprit sévèrement, le menaça de la colère de Dieu, qui le punit à mort et fut noyé quelque temps au même endroit. A Orléans il rendit la vue à un aveugle, et délivra autant de possédés qu'on lui en amena.

A Tours, où comme nous avons dit, il passa la nuit près du tombeau de Saint Martin, son passage n'y fut pas sans Miracle; car contre le gré des gardes, qui ne voulaient pas lui permettre de poser le pied dans cette Ville, la nacelle qui le transportait, s'arrêta miraculeusement au milieu de l'eau. Un voleur ayant dérobé les ustensiles des Religieux, pendant qu'ils étaient en l'Eglise pour prier Dieu, et ne les retrouvant plus à leur retour, en avertirent leur Abbé, qui s'en retourna promptement au Sépulcre de Saint Martin pour lui faire ses plaintes, de ce qu'il n'avait pas gardé ses affaires et celles de ses Religieux pendant qu'ils veillaient auprès de ses Reliques. Chose étonnante! aussitôt le voleur se sentant comme fouetté rudement par tout le corps, déclara le lieu où il les avait cachées.

J'omets le récit plusieurs autres miracles pour conter ce qui nous touche plus de près, qui est le suivant, s'étant embarqué pour se retirer de Nantes pour aller vers l'Irlande, ce Grand Saint étant un peu éloigné sur la mer, et regrettant de quitter la Bretagne, il ne voulut pas lui dire adieu si rapidement, désireux qu'il était d'y faire du bien, il voulut retourner d'où il était parti. Ceux qui le conduisaient en Irlande, lieu de son exil, ne purent jamais faire avancer le vaisseau, les exécuteurs des arrêts de sa Majesté, à la vue de tant de prodiges, n'osèrent plus s'opposer à la volonté de Dieu, qui voulait que la Bretagne comptât au nombre des grâces et des bien-faits qu'elle reçoit de lui, la faveur de permettre qu'elle fut encore une fois honorée de la présence d'un si Grand Saint. Ces satellites donc retournèrent à terre et laissèrent à Saint Colomban la liberté d'aller par tout où il lui plairait. Le Saint tout joyeux prit la route en direction de Nantes, où y étant arrivé, y séjourna quelque temps. Je ne sait pas quels Miracles sont les qu'il y fit à son retour, soit parce qu'ils n'ont pas été remarqués, ou par ce que Dieu les réserva à la vertu de ses Reliques qui reposent en Bretagne où il s'opère plutôt une suite ininterrompue de Miracles, plutôt qu'un Miracle particulier, comme nous en parlerons dirons à la fin de ce récit.

Après son séjour de Nantes, il alla trouver Clotaire second fils de Chilperic, qui régnait en Lorraine, et qui le reçut honorablement, lui promettant de le favoriser en tout ce qu'il lui serait possible, à cause des Vertus qui émanaient lui. Ce Saint craignant que s'il séjournait plus longtemps en France cela ne cause quelque différents entre lui et Théodoric Roi de Bourgogne, voulut se retirer du Royaume, après avoir prédit au roi que dans trois ans il jouirait des États de ses deux cousins : à savoir, Théodoric et Théodebert, il lui demanda de lui moyenner le passage par les terres du même Théodebert, pour passer en Italie. Clotaire n'y manqua pas, et lui envoya des gens pour le conduire en Italie, ils prirent le chemin de Paris. A la porte de la Ville il chassa un démon fort furieux du corps d'un pauvre homme, lui commandant avec autorité de ne pas rester davantage dans ce corps qui avait été purifié par le Baptême de Jésus-Christ. De là ils alla jusque à Meaux, où le Comte Agneric renvoya les officiers de Clotaire, et se chargea de conduire le Saint au Roi Théodebert, cependant il le retint chez lui afin de profiter quelque temps de sa présence, il bénit toute sa famille, particulièrement sa Fille Fare, que quelques-uns ont nommée Bourgon-dofore, qui n'était encore qu'une Enfant, et qui depuis est devenue une sainte Religieuse et Abbesse. Il visita aussi le Seigneur Authaire dans sa maison de Vulsi sur Marne, où il donna sa bénédiction à trois de ses Enfants, l'un desquels était saint Ouen, devenu après Chancelier de France, et Archevêque de Rouen.

Enfin, il se rendit au Palais de Théodebert, qui l'accueillit avec toute la courtoisie possible, lu suppliant de ne pas passer plus loin, et demeurer dans les terres de son Royaume, où il trouverait des campagnes assez amples pour y semer la Parole de l'Evangile. Le Saint saisissant l'occasion de glorifier Dieu, y consentit, à condition que le Roi suive ses conseils. Il établit sa demeure non loin de la ville de Brigents, sur les bords du Rhin. Là, il se mit à prêcher l'Evangile par toute la région, et des milliers de personnes entrèrent dans le giron de l'Eglise, certains étaient idolâtres, d'autres baptisées, s'étaient laissées infecter par le venin de l'hérésie. Il œuvra pendant trois ans dans ce pieux exercice; et Notre Seigneur confirma par tout la parole de son Saint par des miracles, jusqu'à ce que la guerre se déclara entre les deux Frères Théodebert et Théodoric, celui là fut vaincu en une bataille prés de Toul en Lorraine; d'où s'étant échappé, recourant à saint Colomban, pour lui demander conseil sur ce qu'il devait faire. Le Saint lui déclara que s'il ne voulait pas perdre le Royaume Éternel avec le temporel, il devait se faire religieux, et que, de toute façon, s'il ne le faisait pas de son gré, maintenant qu'il était libre, il y serait bientôt contraint par la force des armes. Théodebert rejeta ce conseil pensant que c'était l'avis d'un ermite, qui ne voit pas plus loin que le bout de sa Cellule, et, s'appuyant sur la force de son bras, il leva une nouvelle armée, qu'il conduisit de nouveau contre Théodorie près de Tolbiac; mais ce combat eût une issue encore plus malheureuse que la première, car, non seulement il perdit la bataille, mais il y fut pris et livré à Brunechilde, qui le fit raser et devenir Moine à Châlons, peu de temps après par un horrible sacrilège, puisqu'elle l'avait fait Clerc, elle le fit massacrer, cela est rapporté dans la Chronique de Saint Bénigne de Dijon. Où il est raconté que ce saint Abbé était assis sous un chêne où il lisait un livre, appelant le Religieux qui l'assistait, il lui commanda de prier Dieu pour les deux Rois qui étaient aux prises, répandant beaucoup de sang humain; ce à quoi le religieux répondit: « Mon Père, employez-vous même vos prières, pour le Roi Théodebert votre Ami, afin qu'il emporte le dessus sur Théodoric votre ennemi. » Ce Saint qui était vraiment une colombe, rejeta ces paroles comme étant une tentation en lui répondant que ce conseil n'était pas de Dieu, qui demandait de prier pour ses ennemis, et qu'enfin il était appartenait au Souverain Juge de donner la victoire à qui il lui plairait.

Après cela, Saint Colomban, voyant le décès du Roi Théodebert, se résolut à quitter la France et l'Allemagne, pour passer en Italie, où il fut très bien reçu par Aigulphe, roi des Lombards, qui lui donna de choisir dans ses terres, la demeure qu'il lui plairait. Il s'arrêta donc à Milan, pour s'opposer aux hérétiques Ariens, qui fourmillaient alors cette Ville, contre lesquels il écrivit un livre rempli de la doctrine qu'il avait puisée dans la contemplation du Ciel. A quelques jours de là on lui signala que dans un rocher situé l'Apennin, qui montagne, qui divise l'Italie, il y avait une vieille Église dédiée au Prince des Apôtres Saint Pierre, où il y avait de grands Miracles, et que ce lieu, qui se nommait Bobbio serait fort utile à son dessein, parce qu'il y avait des eaux en abondance. Il se retira un ce lieu avec le consentement du Roi Aigulphe. Il fit en premier rétablir l'Eglise, et y bâti un beau Monastère où il passa l'année qui lui restait à vivre en ce monde, il s'y prépara par la méditation sur sa fin, et sur la gloire qui l'attendait au Ciel.

Cependant le Roi Clotaire qui selon la prédiction du Saint vivait paisiblement dans les États de Théodebert et Théodoric, appela l'Abbé Eustache qui demeurait à Luxeuil, et lui donna pour mission de trouver le Bienheureux Colomban, pour le prier de revenir un France, où tous ses ennemis étaient morts, même l'impie Brunechilde, afin de jouir avec lui du bonheur de la paix. Mais ce grand Saint qui ne pensait plus qu'au voyage qu'il avait à faire vers le Ciel et à la gloire qui l'y attendait, remercia le Roi de sa bonne volonté, et lui renvoya par le même messager et Abbé Eustache, des Lettres pleines de bonnes pensées et de salutaires corrections pour les vices passés, l'exhortant à la vraie pénitence. Ce que Clotaire fit aisément, en faisant montrant sa reconnaissance par plusieurs beaux Privilèges et faveurs accordées à l'Abbaye de Luxeuil, par respect pour son Prophète saint Colomban. Lequel ayant passé une année à Bobbio en Italie, y décéda chargé d'années et de mérites, et tout illustré de Miracles. Le jour de sa mort arriva le vingt et un Novembre environ de l'an six cent.

Les Miracles de ce Saint sont innombrables, je me contenterai juste d'en raconter quelques-uns pour m'acquitter de la promesse faite plus haut. Comme il était encore à Luxeuil, un jour et qu'il se promenait tout seul dans la montagne, réfléchissant au sens de quelques passages de l'Ecriture Sainte, il lui vint en pensée, ce qui entre les deux serait le plus facile: de souffrir les injures des hommes, ou bien la cruauté des bêtes, en une chose où on n'a pas péché, sachant que les hommes perdent leurs Âmes en se persécutant les uns les autres. Il se trouva soudain entouré de douze loups, qui commencèrent a le tirer par sa robe. Le Saint demeura ferme et constant, faisant le signe de la Croix, il pria Dieu de l'aider en cette rencontre. Ces animaux n'ayant pu l'ébranler prirent la fuite d' eux-mêmes, et il continua son chemin, quand soudain,il entendit un bruit semblable à des voleurs qui le poursuivaient, mais le Saint qui savait fort bien que personne ne lui pouvait nuire, si Dieu ne le permettait, et s'il le permettait, il se résignerait à sa volonté, ne s'avança pas plus vite, et se trouva rapidement en sureté. Après cela, il ne put savoir véritablement si c'était une ruse de Satan qui voulait l'épouvanter, ou si ce qu'il avait vu était vrai et réel. Un de ses Religieux étant atteint d'une grosse fièvre, se voyant réduit à une grande nécessité, n'ayant pas de quoi lui donner de rafraichissement, il fit prier ses religieux afin d'obtenir de Dieu quelque réconfort dans leur disette, ainsi trois jours après, arriva un homme qui conduisait des chevaux chargés de pain, et autres provisions, qui leur dit que Dieu lui avait intérieurement demandé de venir soulager ses serviteurs qui le servaient dans le désert. Cet homme avait une femme qui souffrait depuis un an de fièvres, et son cas était désespéré; le Saint pria pour elle et elle fut guérie.

Une autre fois, lui et ses Religieux se trouvèrent réduits à une telle nécessité, que pendant neuf jours n'avaient mangé que des herbes; Dieu révéla à un autre Abbé d'envoyer à saint Colomban ce qui lui était nécessaire, il fit vite charger des chevaux pour leur porter de quoi les soulager. Le Religieux qu'il avait chargé de conduire les chevaux, ne sachant de quel côté il devait aller, se trouva miraculeusement au Couvent du Saint, dont ils remercièrent Dieu tous ensemble. Une autre fois se trouvant en une grande nécessité; les greniers étant vides se trouvèrent remplis de blés. Un jour, il y avait soixante de ses Religieux employés à semer du blé, il les rassasia tous de deux pains et d'un peu de bière, après qu'il eut prié Dieu de les multiplier. On ramassa beaucoup de fragments qui restaient, et il demeura deux fois plus de bière qu'il n'y en avait au début. Un jour il commanda à un de ses Religieux d'aller pêcher dans un ruisseau, et de lui apporter tous les poissons qu'il prendrait; ce Religieux pensant abréger son chemin alla à un autre ruisseau, où ayant pêché toute la journée, fut obligé de s'en retourner les mains vides, bien qu'il y vît une grande quantité de poissons. L'Abbé le reprît de sa désobéissance et le renvoya à l'autre ruisseau où il prît autant de poisson qu'il pût en apporter. Ceci montre quelle doit être l'obéissance que Dieu demande d'une personne à l'égard de son Supérieur. Le caviste du Couvent tirait de la bière d'un tonneau, il fut appelé par le Saint, il courut aussitôt, s'oubliant de tourner la cannelle; mais la liqueur s'arrêta d'elle-même sans en répandre une seule goutte. Il commanda un jour à un de ses Religieux de frapper un rocher pour en tirer de l'eau, et aussitôt la pierre se changea en une fontaine, qui coule encore aujourd'hui. Il commanda une autre fois à ses Religieux par obéissance d'aller chercher du blé par un temps de grosse pluie, ils s'y en allèrent et Dieu empêcha qu'il ne tombât une seule goutte d'eau dans le champ, bien que les terres voisines étaient toutes inondées. Une autre fois que tous ses Religieux de Luxeuil étaient malades au lit, excepté les infirmiers, le saint Abbé leur commanda à tous de se lever, d'aller battre du blé; ceux qui obéirent se furent tous guéris le même jour, et les désobéissants souffrirent pendant toute l'année de leur fièvre.

Un corbeau lui prît un instrument avec lequel il travaillait et l'emporta, le Saint lui commanda de le lui rapporter, ce qu'il fit, et le déposant au pied du Saint en présence de ses Religieux, il s'arrête semblant attendre la punition qu'il en voudrait recevoir; le Saint lui commanda de s'en aller, après quoi il s'envola. Un jour une rivière nommée Bosie déborda tellement, que le moulin du Couvent risquait d'être emporté, le Saint averti de ceci, envoya un de ses Religieux qui était Diacre, nommé Sincald, auquel il donna son bâton, avec l'ordre de commander au torrent de prendre un autre chemin, l'eau obéit à la voix de ce serviteur de Dieu qui faisait le commandement de son saint Abbé. Un de ses Religieux avait contracté une grosse maladie qui allait le mener à la tombe; ce bon Religieux qui se nommait Colomban, comme son Abbé, priant continuellement Dieu, si cela lui plaisait, de le délivrer de la prison de son corps, aperçut soudain auprès de lui un homme revêtu d'une éclatante lumière qui lui dit, que cela ne pouvait se faire, car son Abbé s'y opposait par ses prières et par ses larmes. Ce pauvre malade pria le Saint de pas empêcher ce bonheur qu'il désirait si ardemment; le Saint changea ses prières, et après lui avoir donné le Saint Viatique, ainsi que sa bénédiction, il s'en alla vers le Ciel.

Pendant qu'il faisait bâtir son Monastère de Bobbio, on avait coupé des poutres dans la forêt prochaine qu'on ne pouvait charroyer à cause de la difficulté du chemin, trop difficile à pratiquer. Il ordonna à deux ou à trois de ses Religieux de les prendre, et de les porter sur leurs épaules; ils obéirent et portèrent tout ce qu'il fut nécessaire, jusque à la perfection de l'ouvrage, les trois hommes portant facilement ce que quatre bœufs n'auraient à peine pu traîner. Un de ses Religieux s'étant fait une grande plaie avec une hache, alors qu'il coupait du bois, il le saint le guérit il il retrouva la pleine santé à la même heure. Le Duc Valdon qui régnait dans les Alpes, vînt avec sa femme Flavia trouver le Saint à Besançon, pour le prier d'intercéder pour eux afin que Dieu leur donnât des enfants; il leur promît, à la seule condition qu'ils consacrent le premier et qu'il le donne au service de Dieu. Ils acceptent cette condition, le Saint fit sa prière qui fut exaucée, la Duchesse accoucha neuf mois plus tard d'un fils qui fut nommé Donat, et quand il fut en âge, il fut donné au Saint pour qu'il l'instruise dans la piété et les sciences. Il fit un tel progrès, qu'il fut élu Archevêque de Besançon après saint Claude, où il eût une telle vie, qu'il fut considéré et vénéré comme un grand Saint.

Les Reliques de saint Colomban ont étés apportées en Bretagne, au grand plaisir de toute la région; car longtemps après sa mort, un des Ducs revenant de Rome, passa à Bobbio, et ayant trouvé ce beau Monastère vidé de Religieux, emporta avec lui le dépôt sacré, le plaça avec beaucoup de respect dans la ville de Locminech, appelée aussi Locminé, dans le Diocèse de Vannes; on y célèbre sa Fête avec beaucoup de solennité, avec un office propre, dont l'hymne de Laudes commence de la sorte: « Nascitur nobis Columbane Carmen, Locmini Custos vigil, atque Rector, Tu quibus laudes animis petisti, Suffire vires. » Ses Reliques sont un trésor que la Bretagne possède, et peut mettre au nombre d'un de ses biens les plus précieux, tant par la dévotion qu'elle porte à ce grand Saint, qu'en raison du bien qu'elle en reçoit par les Miracles continuels qui s'y font à l'égard des personnes, qui viennent y rendre leurs vœux, non seulement de la Province, mais encore des Pays voisins, où après avoir accomplis leurs voyages, et leur finis leurs neuvaines, ils se trouvent soulagés dans leur affliction, faisant l'admiration de tous.

D'après « La Vie des Saints de la Bretagne Armorique », de Saint Albert le Grand

 

Pour approfondir

Les Amis de Saint Colomban

www.amisaintcolomban.net

Site de la Fraternité Saint Colomba

www.colombaniens.org

Site des Amis Bretons de Saint Colomban

http://lesamisbretonsdecolomban.googlepages.com

Site sur le voyage de Saint Colomban

http://membres.lycos.fr/stcolomban

Page sur les reliques de Saint Colomban à Locminé

http://cirdomoc.free.fr/reliquiarum.htm

 

Prières à Saint Colomban,

cliquer sur le lien suivant:

http://imagessaintes.canalblog.com/archives/2008/07/02/9790099.html

 



02/07/2008
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