Notre Dame de Belle Dilection
Notre Dame de Belle Dilection
vénérée dans la chapelle du Couvent des Frères Mineurs Capucins de Mons (Belgique)
Fête le 8 octobre
Historique
Le 13 février 1648, Sœur Claire-Françoise (Louise de Lorraine, princesse de Ligne) et ses compagnes quittent l’hôtel des Princes de Ligne de Mons pour prendre possession du couvent, actuellement occupé par les pères Capucins. Quelques temps après, se présente une postulante - qui est acceptée et dont le nom ne fut pas transmis - qui apporte dans ses bagages, une peinture exécutée par un de ses cousins de Malines. Cette toile grossière reproduit une Madone de Rubens : La Vierge portant son divin Enfant dans les bras et le serrant sur son cœur. Mais, ce travail d'amateur est relégué dans quelque débarras. Cependant, une des consœurs l'en extirpe et, par respect pour la Mère de Dieu, l'encadre avec un vieux châssis de fenêtre puis le place dans la chambre de la Supérieure. Une jeune novice, sœur Claire de Mons, fille de Monsieur le greffier Pottier, étant au service de la Supérieure déclare un jour hautement « que jamais elle ne pourrait avoir de dévotion pour une image aussi laide ». Elle se reproche aussitôt sa réflexion, ayant senti intérieurement que la qualité d'une image ne doit en rien influencer l'honneur et la révérence dus à celle qu'elle représente : elle nourrit dès lors une profonde dévotion envers celle à qui elle donne elle-même le vocable de « Notre Dame de Belle Dilection » et s'en fait la propagandiste auprès de ses consœurs, sans se laisser arrêter par les quolibets. Elle en est récompensée.
Premier miracle
En juillet 1649, une blessure au pied droit fallait d'elle une estropiée avec une jambe atrophiée, difforme et tordue d’avant en arrière. Les traitements apportés n'apportent aucune amélioration à cet état. On envisage une intervention chirurgicale. Contre l'avis de son entourage et de sa famille, craignant de ne pas être acceptée dans la vie religieuse qu'elle désire ardemment, elle demande elle-même que l'on effectue cette intervention. Le docteur Larose la pratique avec deux autres médecins et, en disloquant gros orteil, cheville, genou et hanche, il parvient à replacer la jambe dans sa position normale, mais non à la guérir. Sœur Claire est d'ailleurs proche d’en mourir. Un peu plus tard alors qu'on la transporte à la chapelle la civière improvisée se brise et la lourde chute aggrave l'état de l'infirme au point qu'il est décidé de la renvoyer dans sa famille. En vue de ce transfert, les médecins confectionnent une botte de cuivre bardée de lames de fer pour emprisonner et soutenir la jambe malade. La communauté et la famille étant réunie à la chapelle pour la messe, sœur Claire confie à Notre-Dame de Belle Dilection toute sa souffrance de devoir quitter à tout jamais la vie religieuse, et promet de célébrer trois octaves en son honneur: en récitant chaque jour trois « Salve Regina ». Elle commence d'ailleurs sur-le-champ. C'est aux mots « ô notre avocate, tournez vers nous vos regarde miséricordieux » que le miracle se produit. La sensation d'une boule de feu descendant de la hanche à l'extrémité du pied intrigue sœur Claire. Toute douleur disparue elle se lève en déclarant à ses infirmières médusées qu'elle est guérie, se prosterne devant l'image de la vierge et d'une marche rendue maladroite par le harnachement qui emprisonne sa jambe, elle se rend au chœur, assiste à la messe et communie. Après la messe, on s'empressa autour d'elle, on la débarrasse de sa botte et les médecins, y compris le chirurgien qui était calviniste, constatent la guérison miraculeuse, surnaturelle et due à la puissance de la Vierge. C'était le 1er octobre 1649.
A la demande du père de la novice, un official de l'archevêché de Cambrai, monsieur Capron, est désigné sur place pour enquêter au sujet de ces événements, et le 1er juin 1650, les vicaires généraux de Cambrai déclarent, dans un acte officiel, que la guérison de sœur Claire doit être attribuée à la glorieuse Vierge Marie, Notre-Dame de Belle Dilection. Cet acte est conservé aux archives du couvent de Mons.
Pour satisfaire l'enthousiasme et la dévotion populaire causés par le miracle dont fut gratifiée sœur Claire, il est décidé, avec l'accord de l’ archevêché de Cambrai, de transférer le tableau miraculeux en l'église du couvent des Capucines et de le placer sur un autel spécialement décoré. Le 24 juin 1650, toute la ville de Mons, édiles en tête, participe à ce transfert.
Deux nouvelles guérisons marquent cette journée mémorable : un montois, Charles du Fosset, atteint de fièvre aigüe depuis deux mois, est à toute extrémité lorsque sa femme, Anne Dasonville, lui suggère : « Charles, invoquez Notre-Dame que l'on porte aux Capucines. Voici qu'elle passe »
Le malade reprend alors connaissance et, avant la fin du jour, est complètement guéri. entourée de sœur Claire-Françoise de Nancv et de sœur Claire de Mons, sœur Ursule d'Hesdin, Supérieure assiste d'une fenêtre du couvent au triomphe de Marie. Or, elle souffre depuis une dizaine d'années d’une « rupture » qui lui cause de continuelles douleurs. Elle prie et demande à ses compagnes de prier pour que Notre-Dame veuille lui accorder la guérison en signe de bienvenue en l'église du couvent : elle est exaucée au moment même où l’image en franchit le seuil. Les Pères capucins de Mons conservent les actes authentiques de ces guérisons.
De curieux changements
Peinture imparfaite, le tableau va, dès le premier miracle, subir des changements extraordinaires. « Aussitôt, écrit sœur Claire de Mons, que cette Vierge eut fait son miracle, toutes les religieuses s'aperçurent de son embellissement et ne pouvaient comprendre un changement si grand et si notable. Elles se regardaient l’une l'autre pour voir si elles ne se trompaient pas ou si l’imagination ne leur faisait pas voir cette nouvelle beauté que cette image n'avait jamais possédée, au contraire, ayant été très laide et plus grossière que l'on pût jamais voir de peinture ». A l'Official de l'archevêché, Monsieur Capron qui s'étonne lui aussi du changement, la Supérieure doit affirmer sous la foi du serment, que personne n'y a touché. Autres changements étonnants : le visage de la Vierge change de teinte en certaines circonstances. Pâle, livide, il annonce quelque événement fâcheux ; rouge et vermeil, il promet une grâce. Ces faits sont spécialement observés par un magistrat de la ville au cours d'une octave pour la guérison de son enfant. Il en est de même pendant ta maladie de madame la princesse de Ligne, petite-fille de sœur Claire-Françoise de Nancy.
Actualité du culte à Notre-Dame
Les nombreux ex-voto (partiellement repeints) qui tapissent l'église expriment la générosité de Notre Mère à l'égard de notre monde : lorsque tout semble perdu, lorsque rien ne se déroule comme nous le désirons et que nous nous croyons abandonnés, Marie est à nos côtés et, par ses prières, elle obtient que nous réclamions son aide, et par elle, la présence de son fils, notre Libérateur. Elle veille pour nous signifier que nous ne sommes pas seuls : Tout eut possible à Dieu et toute situation, aussi dramatique qu'elle puisse nous paraître, demeure solvable si nous acceptons de réclamer l'assistance de nos parents célestes, et si nous voulons sincèrement en bénéficier. Les Capucins de Mons, ainsi, ont choisi de vous aider à vivre cette présence réconfortante et prodigieuse : La foi transporte les montagnes ! Le bonheur nous attend dans la pauvreté : lorsque nous quittons notre autosuffisance, notre orgueil et que nous appelons Marie et le seigneur, alors, la paix, la joie, le bonheur peuvent pénétrer chez nous ! Nous recouvrons la santé, l’équilibre mental, l'espoir de l'amour vécu et expérimenté dans ses dimensions divines, malgré notre nature humaine. Marie continue à nous recevoir. Elle attend nos visites et s'efforce d'essuyer nos larmes pour transfigurer nos visages et les rendre rayonnants de confiance en elle mais aussi, par elle, en son cher Fils qu'elle nous présente en le tenant amoureusement dans ses bras. Laissons-nous bercer par Notre mère afin qu'elle nous communique la paix et nous sensibilise au projet d’amour du Père auquel nous pouvons tous participer, en suivant son exemple et en répondant à son invitation.
Fondements bibliques du culte de Notre-Dame
Si l’autorité religieuse a permis le culte de la Sainte Vierge sous le vocable de Notre-Dame de Belle Dilection », c'est en raison de l’existence préalable d'un accord avec l'Écriture et la tradition Catholique. Il est bon de remarquer que le titre de Belle Dilection est emprunté à l'Ancien Testament ( Livre de l'Ecclésiastique, 24, 18) dans lequel on peut lire : « Je suis la mère du bel amour de la délicatesse, de la connaissance et de la sainte espérance. Je suis donnée à tous mes enfants, de toute éternité à ceux qu'Il m'a désignés ». Le verset se trouve dans plusieurs manuscrits grecs et dans la Vulgate : on ne peut le considérer comme une glose d'inspiration chrétienne ainsi qu'il est établi par la suite du texte latin : « En moi est toute grâce de voie et de vérité, en moi toute espérance de vie et de force. » Comme en latin, « mère du bel amour » se dit « mater pulchrae dilectionis », la vieille traduction française dit « mère de belle dilection ». Voilà donc l'origine biblique (scripturaire) du vocable en question. Pouvons-nous considérer de tels passages de l'Ancien Testament comme une description anticipée de la Vierge Marie ? Il faut s’entendre à ce sujet. Il est sûr que l'écrivain sacré parlait directement de la Sagesse quand et écrivit ces lignes et qu'il n'avait pas une connaissance précise de Marie qui serait la Mère de l'amour. Mais toute la Tradition catholique est d'accord pour voir dans l'ancien Testament, une préparation du Nouveau, c'est-à-dire du Christ et de ses chrétiens, donc en premier lieu, de ta Mère de Jésus. En parlant de la Sagesse qui venait habiter parmi les hommes, l'écrivain inspiré faisait nécessairement mention du Christ qui serait la Sagesse et de sa mère qui participerait la première à cette Sagesse. Ce n'est pas une allusion en surface mais une préparation en profondeur. Marie a possédé la sagesse, elle fut la Sagesse par anticipation parce qu'elle fut aussi la mère de cette Sagesse. Comme la Sagesse engendre l'Amour pur et vrai, Marie engendra l’Amour lui-même qui est Fils de Dieu, et, dans un certain sens, elle nous engendra aussi, nous qui devons devenir amour avec son Fils. De toute éternité, Dieu avait prévu cette double maternité. Le Nouveau Testament fait plusieurs fois mention expresse de la Vierge Marie. Les Évangélistes nous parlent de Jésus, mais ils parlent aussi - rarement certes mais en termes clairs - de sa Mère. La première scène évangélique où paraisse Marie est celle de l'Annonciation. L'Ange lui annonce sa maternité. Elle nous est décrite immédiatement comme la Mère du Sauveur : « Voici que tu concevras et enfanteras un Fils. Il sera quand et appelé Fils du Très-Haut. Il règnera ... pour les siècles et son règne n'aura pas de fin » (Luc I, 31,33). Marie nous est présentée comme la Mère du Messie, quelque grand que soit ce Messie. Toute humble qu'elle soit, elle ne craindra pas de dire que « Dieu a fait en elle de grandes choses ». Ce Messie dont le « règne n'aura pas de fin », comment va-t-ll se présenter aux hommes ? Selon les Évangiles, quel sera le ressort caché de tous ses actes ? Il est sûr qu'Il se montre sous bien des aspects : Lumière du monde, Pain de vie, Sauveur des hommes, Fils de Dieu. Mais un des aspects les plus profonds, et qui explique bien toute sa vie et le fond de son être, n'est-ce pas l’Amour divin, l'Amour le plus beau et le plus pur qui soit ? Il est venu pour « donner sa vie pour ses brebis » et nous devons « nous aimer comme il nous a aimés ». Il n'est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ( Jean 15,13) Un messie, qui est la manifestation même de l'Amour divin, tel est bien le Messie dont la Vierge Marie est la Mère. Marie fut vraiment la Mère de l'Amour incarné. Les chrétiens n'hésitent pas à appeler Marie « Mère de Dieu ». Le Concile d'Éphèse et celui de Chalcédoine reconnurent ce titre officiellement. Elle est vraiment Mère de Dieu, Mère de l'Amour divin et incarné. Plus tard, la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus qui est la dévotion à l'amour divin incarné mit encore davantage l'accent sur l'amour qu'est le Christ, et par conséquent sur la maternité de Marie qui engendra l'Amour infini chez les hommes. Elle en est la Mère d'une façon certes, mais bien réelle au même titre qu'une autre femme est la mère de tel homme. Nous arrivons à cette conclusion que le vocable de « Notre-Dame de Belle Dilection » doit s'entendre avant tout dans ce sens : Marie est vraiment la Mère du pur Amour qu'est le Christ . Nous pourrions ajouter un aspect, moins important peut-être, mais intéressant aussi : L'Évangile et la Tradition chrétienne ont toujours reconnu la sainteté de Marie : La proclamation des dogmes de l'Immaculée Conception et de l'Assomption en sont des témoignages. Or la sainteté, qui est ressemblance au Christ, se mesure à l'amour. Marie était vraiment pleine de l’Amour de Dieu, amour qu'elle répandit sur son Fils et sur tous les hommes. C'est peut-être ainsi que les chrétiens comprennent d'abord leur dévotion envers Notre-Dame de Belle Dilection.
Salve Regina
Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre douceur et notre espérance, salut. Vers Toi nous crions, pauvres exilés, malheureux enfants d'Ève, vers Toi nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes. De grâce, ô notre Avocate, tourne vers nous tes regards miséricordieux. Et après cet exil, montre-nous Jésus, le fruit béni de tes entrailles. Ô clémente, ô miséricordieuse, ô douce vierge Marie.
Texte extrait du site des Capucins de Mons
http://users.skynet.be/capucins-mons/notre_dame_belle_dilection.htm
Oraison de la Messe de la Fête liturgique de Notre Dame de Belle Dilection
Dieu notre Père, en ce jour où nous célébrons la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Belle Dilection, donne-nous, grâce à sa protection, de T'aimer par-dessus tout sur la terre et de contempler éternellement dans le Ciel la beauté de Ton Amour. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.
(Prière extraite du « Missel Franciscain », aux Éditions Franciscaines)
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