Marie-Joseph Kümin
Marie-Joseph Kümin
la grande mystique et stigmatisée du temps de la Révolution Française
1763 – 1817
Contemporaine d'Anne-Catherine Emmerick - mais fort peu connue - Marie-Josèphe Kümin est une grande figure mystique suisse, dont la biographie sommaire ne fut publiée qu'à la fin du XIXsiècle: elle reste malheureusement aussi ignorée que ses compatriotes stigmatisées Denise Marquis ou Barbe Brütsch mortes au XX° siècle, ou même que Marguerite Bays.
Marie-Josèphe Kümin était la fille du maître du moulin de Wollerau, dans le canton de Schwyz: elle vint au monde le 20 février 1763, dans une famille assez aisée et très profondément catholique, qu'une sainte aïeule dirigeait dans la prière et les voies du sacrifice et du renoncement. Orpheline de mère à l'âge de cinq ans, Marie-Josèphe devint la préférée de son père, qui était meunier, certes, mais aussi, suivant les circonstances, fermier, forgeron, voire sacristain.
Son enfance fut heureuse et saine: elle vécut dans la nature, ce qui lui donna le goût précoce de la contemplation. Le soir, l'aïeule réunissait tout le cercle familial pour la récitation du rosaire et des litanies à la Vierge. La journée se déroulait à l'ombre du clocher paroissial, partagée entre jeux, travaux ménagers et dévotions, et Marie-Josèphe put s'épanouir très sereinement, loin des troubles qui, déjà, commençaient à secouer l'Europe.
Elle avait un ami d'enfance, avec lequel elle jouait, ou gardait les vaches, s'amusant avec lui, tout comme plus tard Mélanie de La Salette, à édifier de petites chapelles ornées de fleurs, devant lesquelles les deux enfants priaient. Plus tard, à l'âge de l'adolescence, ce gentil compagnon voulut épouser Marie-Josèphe: elle hésita, ne voulant ni troubler le jeune homme ni manquer à Dieu qui, lui semblait-il, l'appelait à se donner toute à Lui... Depuis sa première communion, elle était saisie et captivée par Jésus, elle avait des extases qu'elle cachait à son entourage.
Finalement, elle se donna à Dieu et sut par sa délicatesse et sa douceur atténuer la peine causée bien involontairement à son compagnon. Le père fit la grimace, mais il aimait trop sa fille pour contrer ses désirs, et elle entra en 1780, à l'âge de dix-sept ans, chez les domincaines de Weseen, canton de Saint-Gall.
Elle fut un modèle de novice, puis de soeur: à la voir si enjouée, si active, si pieuse et sans aucune affectation, qui eût pu se douter que, très souvent, Marie-Josèphe recevait des visites célestes, qu'elle vivait dans une étonnante familiarité avec l'Enfant-Jésus, la Vierge Marie, les Anges et les Saints? Autrefois, quand elle était encore une fillette, un Pauvre était venu mendier au moulin: elle lui avait donné du pain, de la farine, toutes sortes de fruits et de légumes, et les souliers et les vêtements de son père. Le Pauvre accepta tout, il bénit la fillette et s'en alla... et on retrouve tout ce que la Marie-Josèphe lui avait donné, bien rangé à sa place! Et maintenant, ce pauvre en qui elle avait reconnu Jésus-Christ venait la visiter, l'enseignait et l'aidait dans ses travaux de soeur converse, l'encourageait à accepter la souffrance, les épreuves qu'il lui annonçait. Déjà le Malin se démenait, furieux de voir cette âme lui échapper: elle priait, et, d'un signe de croix, le mettait en fuite. Alors il faisait du tapage, parlait à haute voix dans sa cellule, pour faire croire qu'elle se dispensait de la règle du silence, faisait éclater sur son passage des sortes de pétards qui jetaient partout des miasmes fétides. Elle priait, disait à sa prieure ce qu'il en était, et retournait à tout son ouvrage, sereine et humble.
En 1803, un séraphin lui apparut dans un embrasement de toute sa cellule, et, dardant sur elle une lance de feu, il lui en frappa le côté, tandis que tout son corps s'enflammait sous le coup. Elle revint à elle avec une plaie saignante au côté, et s'évertua dès lors à la cacher à tous.
En 1805, un saint prêtre, Léonard Gmür, reçut la charge spirituelle du monastère, et celle aussi de soeur Marie-Josèphe, qu'il encouragea à expier, si Dieu le voulait, les péchés de la France. Et il lui commanda d'écrire son autobiographie. Le démon multiplia dès lors ses assauts, il rouait la soeur de coups, la traînait dans les couloirs, écrivait, en imitant parfaitement l'écriture du Père Gmür et son style, de fausses lettres de direction propres à jeter le désespoir dans l'âme de la religieuse! Mais ses pièges étaient éventés par la prière, par l'intervention de la Vierge Marie et des Anges.
Le 18 février 1806, l'Enfant-Jésus apparut en souriant à Marie-Josèphe, et lui montra des roses, aux pétales écarlates et à l'odeur exquise, quatre fleurs magnifiques qu'il déposa dans ses mains, en lui disant qu'elles étaient le symbole des plaies, des stigmates qu'il allait lui accorder. Confuse à l'extrème, la soeur se récria, supplia Dieu de lui épargner ces grâces trop visibles, mais il dit: « Sois tranquille, rassure-toi, ce que je fais est pour ma Gloire! »
Elle s'inclina et pria: depuis un an sa tête ne portait-elle pas les plaies de la couronne d'épines, à l'insu de tous, hormis son directeur et sa supérieure?
Le 1er mars 1806, l'Enfant-Jésus se montra à la sainte religieuse, tout enveloppé de lumière: cinq traits de feu sortaient de ses mains, de ses pieds, de son Coeur, qui imprimèrent les stigmates sur les mains et les pieds de Marie-Josèphe, et rénovèrent, dans un flamboiement qui ameuta tout le couvent, la plaie du côté.
Dès lors, Marie-Josèphe vécut onze ans avec le signe des stigmates visibles, associée à la Passion du Christ toutes les semaines, appelée à offrir ses jours en expiation pour la France pécheresse et les attaques contre la papauté: comme Anne-Marie Taigi et Anne-Catherine Emmerick, elle suivait pas à pas, en des visions bouleversantes, le pape Pie VII dans ses tribulations, offrait pour lui ses prières, ses douleurs; elle voyait Napoléon agir, prophétisait - et sa vue intérieure allait fort loin - que tant de maux ne faissaient qu'en annoncer d'autres.
Elle fut appelé aussi à prier et réparer pour les âmes du Purgatoire, en des souffrances atroces, elle se retrouvait dans le feu, son corps devenait, pendant des heures, rouge et brûlant comme un acier posé sur des braises. Le 13 août 1807; Jésus volut lui accorder la grâce du mariage mystique, et donna à Marie-Josèphe le cadeau de la Croix, avec un très riche anneau d'épousailles, qu'elle voyait dès lors à son doigt. Plus les grâces devenaient abondantes, insignes, plus la souffrance expiatrice augmentait.
Dans les dernières années, elle fut atteinte à l'épaule d'un cancer des os qui la broya de douleur et la tortura jusqu'à sa mort, plaie atroce qu'elle put encore offrir à Dieu, et qui sentait suavement, malgré sa nature. Elle en mourut le 7 novembre 1817 à Weesen, sept ans avant Anne-Catherine Emmerick.
Soeur Anne-Marie
"Rosa Mystica", Mai-Juin 1980, Centre Bethania, Chaussée de Waterloo, 25, B-5000 Namur
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