Les apparitions de Ts'ing Yang
Les apparitions de Ts'ing Yang
(Chine) en 1902
En 1892, des missionnaires jésuites fondèrent dans le bourg de Ts'ing Yang, en Chine méridionale (district d'Ousi), un centre de catéchuménat, fort modeste: la localité ne comptait qu'une famille - et non des plus influentes - qui fût chrétienne... Une aumône substantielle permit au Père directeur, P. Speranza, d'envisager la construction d'un centre plus important, une chapelle avec une école de filles. Après des hésitations, il accepta de dédicacer le sanctuaire à la Vierge Marie: non que sa dévotion mariale fût limitée, mais presque chacune des églises de la région était consacrée à Marie: il plaça le nouveau sanctuaire sous la protection, fort prophétique, de Notre-Dame de Lourdes, et les travaux débutèrent en hiver 1901.
Dès le 11 février 1902, et bien que les constructions fussent loin d'être achevées, des foules de pèlerins affluèrent vers le chantier, au milieu duquel on avait dressé une statue de Notre-Dame de Lourdes. Puis l'inauguration eut lieu, le mercredi de Pâques: la fête aurait-elle un lendemain? Car la mission ne comptait qu'une soixantaine de chrétiens, et le sanctuaire de Zô-Sé dédié à la Vierge Auxiliatrice brillait d'un prestige prodigieux, la Vierge Marie s'y étant manifestée en de nombreuses apparitions quelques décennies auparavant. Mais la Mère de Dieu voulait que Ts'ing Yang devînt malgré sa modestie le Lourdes chinois et elle s'y employa de façon véritablement éclatante.
Peu de temps après l'inauguration, les fidèles se désintéressèrent en effet de la chapelle, hormis ceux qui habitaient tout à côté, et encore! Peu de conversions, peu de baptèmes. Pourtant, une vieille femme fit célébrer une messe d'action de grâces, le 24 mai 1902, à la suite d'une faveur reçue, et il y eut... 40 communions! Débuts fort modestes.
En juin, une épidémie de peste désola toute la région, les foules vinrent alors à Ts'ing Yang pour invoquer la Vierge Marie. On constata en juillet, à la fin de l'épidémie, que personne n'avait succombé au fléau à Ts'ing Yang: il y eut le 15 août un pèlerinage d'action de grâces de 150 personnes.
La très Sainte Vierge décida alors d'agir plus directement, pour donner une impulsion décisive aux pèlerinages et faire de sa chapelle un sanctuaire à la mesure de son désir: un nouveau Lourdes!
Quelques guérisons suscitèrent des conversions entre août et octobre. Mais une vieille paysanne du village, simple et sans grande instruction, allait, de façon miraculeuse, devenir la véritable héroïne, la promotrice du pèlerinage: elle tomba malade dès les premiers jours d'août et son état empira vite: elle reçut l'onction des malades. Se recommandant à Notre-Dame de Lourdes, elle fit voeu de travailler, si elle guérissait, le reste de sa vie à sa Gloire. Puis elle se remit à Dieu: elle était mourante, et tomba bientôt dans le coma, tandis que son époux se lamentait.
C'est alors qu'elle vit à son chevet une Dame, tout de bleu vêtue, très belle, le visage grave, et entourée d'une grand lumière, qui lui dit:
- Votre maladie est très grave, mais si vous voulez guérir, envoyez chercher de l'herbe au Seng Daong (sanctuaire) de Ts'ing Yang. Avec cette herbe, il faut faire une tisane que vous boirez. Alors vous serez guérie.
Craignant une illusion diabolique, la malade à l'agnonie voulut se faire préciser de quel sanctuaire il s'agissait: la pagode ou la chapelle. Alors, souriant gravement, la Dame poursuivit:
- C'est au sanctuaire de la Vierge qu'il faut aller et non à la pagode... et prendre n'importe quelle espèce d'herbe.
Et elle disparut. La malade sortit de son coma et appela son époux, qui n'avait rien vu: elle lui demanda d'aller chercher de l'herbe sur l'esplanade de la chapelle, ce qu'il fit: puis elle se fit accommoder une tisane qu'elle but avec empressment: au bout d'un quart d'heure, elle fut couverte d'une abondante sueur à l'odeur cadavérique, ressentit un grand soulagement, changea de linge et s'endormit! C'était la première fois qu'elle dormait réellement depuis le début de la maladie.
Au réveil, elle demanda à manger, se leva, et, à la stupéfaction générale, se mit à marcher: elle était radicalement guérie. Le prodige connut aussitôt un énorme retentissement, suscita de nombreuses conversions et un pèlerinage d'action de grâces, le mois suivant (en nomvembre): il y eut plus de trois cents communions.
Le 11 février 1903, fête de N.-D. de Lourdes - fête de la dédicace de la chapelle de Ts'ing Yang - il y eut une foule énorme, et la miraculée prêchait littéralement, relatant sa vision et sa guérison et exhortant le peuple à la confiance et les idolâtres à la conversion: tous arrachaient de l'herbe, pour faire provision de tisanes curatives! De fait, les miracles se multiplièrent, et avec eux les conversions, parfois spectaculaires. A Ts'ing Yang, c'est l'herbe - n'importe quelle herbe du sanctuaire - et l'herbe seule qui guérit, comme l'eau à Lourdes. Il y eut également des guérisons lors du Salut - comme à Lourdes... Ts'ing Yang devint le Lourdes chinois, et le resta longtemps.
Le mouvement de ferveur ne retomba pas, et il fallut envisager la construction d'une église plus vaste, tant le nombre des pèlerins augmentait: le nouveau sanctuaire fut commencé en 1913, il avait, selon le voeu de la population, un haut clocher et une façade percée de trois portes, et une splendide statue de Notre-Dame de Lourdes le dominait; il pouvait contenir plus de deux mille fidèles.
Les prodiges se multipliaient: comme si elle voulait anéantir le prestige d'une divinité locale de la fécondité, la déesse Koan yn, que les paiens invoquaient pour avoir des garçons, la Vierge donnait aux familles chrétiennes qui la priaient, une nombreuse progéniture mâle.
En 1913, une néophyte qui avait perdu son enfant unique, un fils noyé accidentellement, vit la Vierge lui apparaître à la suite d'un pèlerinage à Ts'ing Yang:
- Pourquoi vous plaindre des mauvais traitements? Ne voyez-vous pas ces deux enfants à vos côtés?
Et la Vierge lui montra deux garçonnets: le petit, qui était mort noyé, et un autre. Et, moins d'un an plus tard, la femme, réputée stérile, pour cela maltraitée par sa famille, mettait au monde à l'émerveillement de tous un superbe garçon...
Tels sont les fioretti de Notre-Dame, en son sanctuaire de Ts'ing Yang, le Lourdes chinois, que l'instauration violente du communisme a réussi, au terme de longues pressions, à faire disparaître... momentanément, soyons-en bien convaincus: Marie a déjà vaincu le Dragon, bientôt ses sanctuaires, au coeur de la Russie, de la Chine etc... rouvriront leurs portes aux foules enthousiastes!
Rosa Kling
Rosa Mystica, bimestriel, no 31, Mai - Juin 1980, Centre Bethania, Chaussée de Waterloo, 25, B-5000 Namur
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