Le Père Jacques de Jésus
Le Père Jacques de Jésus
Une vie donnée pour le Christ
1900-1945
Fête le 2 juin
Personnalité forte et simple à la fois, le Père Jacques de Jésus (Lucien Bunel), est un témoin lumineux de cette première moitié du 20e siècle, pris dans les bouleversements d'une société en transformation et la tourmente de la guerre et du reflet de l'autre. Educateur, apôtre, témoin, ce Carme au tempérament fougueux nous laisse le témoignage d'une vie tout entière livrée...
La vie du Père Jacques de Jésus
Né en 1900, à Barentin, près de Rouen, Lucien Bunel doit à sa détermination sans bornes d'entrer au Séminaire, en 1912, alors que sa famille est pauvre. Il veut être un "grand monsieur le curé". Petit Séminaire, Grand Séminaire, Lucien, de nature bouillonnante, comprend que c'est en lui que la conversion doit s'opérer. Durant ces années de formation, il découvre la déchristianisation des campagnes et,surtout, les enfants laissés à eux-mêmes. Véritable appel pour lui à être sans restriction apôtre et éducateur, vocation à laquelle il se donne sans compter. Nommé professeur dans un collège du Havre, ordonné Prêtre en 1925, c'est en s'oubliant lui-même et en existant que pour l'autre qu'il livre toutes ses énergies, dévoré par mille activités. Pourtant, l'appel du Désert et la soif de l'absolu de Dieu le travaille, et il aime se retrouver dans la solitude de la création. En 1931, sa décision est prise: il entre chez les Carmes de Lille, attiré par la vie d'oraison. En 1934, il est nommé directeur du petit collège d'Avon, que les Carmes viennent d'ouvrir. Il y déploiera pleinement son charisme d'éducateur qu'il comprend comme un véritable appel de Dieu pour son temps, alors que les thèses fascistes et nazies font leur chemins dans les esprits. En 1939, la guerre éclate, et le Père Jacques est mobilisé. Un an plus tard, c'est la défaite Française et bientôt, l'occupation. Le Père Jacques est bouleversé par l'oppression et la persécution que subissent les Juifs. Que faire? C'est ainsi qu'il entre, presque naturellement dans la Résistance, le Petit Collège servant à cacher des réfractaires au S.T.O. (Service du Travail Obligatoire), des résistants et surtout des enfants Juifs, inscrits sous un faux nom. Mais, en 1944, il est arrêté par la Gestapo, avec 3 enfants Juifs cachés au collège. Il aura cette phrase, immortalisée par le film de Louis Malle: "Au revoir les enfants, continuez sans moi". Transféré de camp de en camp, jusqu'à Mauthausen, le Père Jacques de Jésus est auprès des déportés, un témoin d'humanité, de charité et d'espérance, dont la force était enracinée en Dieu: "Pur feu flambant", selon l'un de ses compagnons. Le 5 mai 1954, le camp de Mauthausen, ou le Père Jacques vient d'arriver, est libéré. Exténué, il trouve encore la force de représenter les Français aux réunions du Comité International des Déportés. Mais l'épuisement le rattrape et il s'éteint le 2 juin 1945, à l'hôpital de Linz. Le 9 juin 1985, la Médaille des Justes lui est décernée par l'Etat d'Israël.
Le message du Père Jacques de Jésus
"N'exister que pour l'autre"
"C'est la vie du Prêtre, oublier tout, quitter tout, même la vie, pour les autres. N'exister que pour les autres, que pour leur faire connaître Jésus et Le leur faire aimer." Le Père Jacques n'est encore que l'Abbé Bunel quand il décrit ainsi la manière dont il comprend sa vocation de Prêtre. Tout est orienté, en lui, vers l'autre: les autres, ces enfants des campagnes, ces hommes et ces femmes vers qui il est envoyé, mais aussi l'Autre, Dieu, qu'il aime à chercher dans le "calme du bois, dans le murmure des arbres, dans la prière des oiseaux". Les deux sont inséraparbles: la vie du Père Jacques de Jésus est une vie livrée au bien de l'autre et trouve sa source dans la contemplation du mystère de Dieu qui se donne à l'homme. Même soif de l'absolu qui l'habite. Il est pour nous une lumière, dans notre monde, ou le souci de sois - qui peut-être légitime - prédomine. Le Père Jacques de Jésus nous invite à livrer nos énergies dans le service et l'amour de l'autre, nous oubliant nous-mêmes et ne cherchant que le bien de l'autre.
Eduquer: "Faire sortir l'homme"
Au Havre, comme ensuite au Collège d'Avon, puis dans les camps de concentration, auprès des prisonniers, le Père Jacques voit la haute tâche d'éduquer comme un véritable service de l'humain. Eduquer, c'est "E-ducere, mener hors de, faire sortir de, faire sortir l'homme total, l'homme épanoui dans l'enrichissement de toutes ses facultés". Voilà ce qui le taraude auprès de tous ceux à qui il est envoyé. Et il avoue sans fard, que le premier à éduquer c'est lui-même... Si l'on veut redonner à la tâche toute sa vérité. Le maître est pour lui "un éveilleur", comme sans doute Jésus l'est pour lui-même. Au coeur de la tourmente de la guerre, de la montée et de la normalisation de la haine de l'autre, "éduquer", devient pour lui encore plus urgent: "Notre société actuelle est trop malade de cette lèpre: l'absence d'hommes". Comment être et devenir "homme", si la liberté - et plus encore la liberté intérieure - est menacée, tournée en dérision, maquillée? A Avon, dans l'engagement du Résistant, aux côtés des Juifs, le Père Jacques veut conduire les enfants à une vraie liberté, à faire usage de leur liberté. A la suite de Jésus, et à contre-courant, le Père Jacques veut être un "libérateur" des libertés. Ce n'est pas lui qu'il cherche, dans un souci plus ou moins paternaliste. Au contraire, la vocation finale de l'éducateur est pour lui de s'effacer: "Ne pas s'imposer à l'enfant, ecore moins à l'adolescent." Témoin de l'engagement pour l'homme et l'homme libre, dans un siècle tourmenté où l'absence de "l'humain" et le manque de liberté dominent insidieusement, le Père Jacques a entendu l'appel de Dieu au plus concret de l'histoire. Avec lui, il s'est mis du côté de la croissance de la vie et de la liberté, sanchant bien que "la gloire de Dieu, c'est l'homme vivant" (Saint Irénée). Il nous invite ainsi à nous engager pour servir "l'homme total, l'homme épanoui", en servant sa liberté, dans un profond respect.
"Tenir haut l'esprit"
C'est dans l'enfer des camps que la vie du Père Jacques trouve son accomplissement: servir l'homme, n'exister que pour l'autre... Tout cela trouve dans les camps une actualité urgente. Dans ce monde clos, où les hommes son réduits à des corps, voire même à des numéros, le Père Jacques, avec d'autres, veut tenir haut, redonner la dignité. Il n'hésite pas à s'appuyer sur des réseaux déjà existants, notamment ceux des groupes de solidarité mis en place par les communistes, groupes qu'il étend et généralise: 3 ou 4 déportés par groupes prélèvent une part de leur ration pour la donner à un plus faible. Dans le souvi de l'autre, et du plus faible, c'est encore l'homme qui se tient debout. Tous les témoins le diront: "Le Père Jacques était là, près de nous", "aidant ceux qui n'en pouvaient plus, relevant ceux qui tombaient, donnant même son pain à ceux qui avaient faim". Alors que les SS et les gardiens cherchaient à réduire l'homme, le Père Jacques "réconciliait la guerre avec l'espèce humaine": ces déportés n'avaient plus honte d'être des hommes. Ou trouver cette force de continuer à être un homme et de relever l'homme dans le frère? C'est dans la contemplation du Christ sur la Croix, au milieu des souffrances que tous endurent, que le Père Jacques puise son energie de vie et le don de soi. "N'en doutez pas, le Christ est là, au milieu de nous, comme Il était sur sa Croix, et vous pouvez le contempler." Il est ainsi pour nous des témoins de la Force de Dieu à résister à l'inhmain, continuant à servir la vie, alors que tout semble la baffouer, plaçant notre espérance et notre force en Dieu Lui-même qui se tient à nos côtés. A la suite du Père Jacques de Jésus, voulons-nous, nous aussi, devenir des témoins d'humanité?
Texte intégralement recopié sur le site www.inxl6.org
Prière pour obtenir la Béatification du Père Jacques de Jésus
Père d'infinie Bonté, Tu as donné au Père Jacques de Jésus, dès son enfance, le désir de T'aimer et d'aimer tous les hommes d'un coeur sans partage. Tu l'as comblé de dons pour l'éducation des jeunes, Tu l'as choisi comme Prêtre, Tu l'as appelé dans l'Ordre du Carmel. Dans la détresse inhumaine des camps de déportation, Tu as fait de lui un témoin brûlant de Foi et d'Amour, jusqu'au don total de sa vie. Accorde-nous les grâces que nous Te demandons par son intercession et, si telle est Ta Volonté, glorifie-le dans Ton Eglise. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.
(Avec l'autorisation de Mgr Louis Cornet, Evêque de Meaux)
Merci d'envoyer le récit des grâces et faveurs obtenues à:
Vice-Postulation du Père Jacques de Jésus
1, rue Père Jacques
77215 Avon CEDEX
Pour mieux connaître le Père Jacques
cliquer sur le lien ci-dessous:
http://v1.carmel.asso.fr/famille/frere/paris/pere%20Jacques/jacquessommaire.shtml
Dernière mise à jour de la page, le 28 décembre 2008
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