Spiritualité Chrétienne

Spiritualité Chrétienne

Le Chemin de la Croix

Le Chemin de la Croix

Histoire, théologie, dévotion


Le Chemin de la Croix est un exercice de piété chrétienne, recommandé à tous les fidèles, qui s’est développé à partir du XIV° siècle, sous l’impulsion des Franciscains, les gardiens des lieux saints. L’Eglise l’a fortement recommandé et l’a enrichi d’indulgences et de promesses de grâces. Il consiste à parcourir des lieux représentant des étapes de Jésus dans sa montée au calvaire, en méditant sur la passion de Jésus-Christ, pour s’unir à son sacrifice, compatir à ses souffrances, unir notre vie à la sienne et s’émerveiller de la résurrection.


La dévotion à la Passion de Jésus et au Mystère de la Croix


Dès les origines du christianisme, les chrétiens se sont efforcés de suivre le Christ et de méditer sur sa Passion, sa mort et sa résurrection. L’apôtre Paul, en particulier, s’est présenté lui-même comme un adepte de la croix du Christ, mettant en relation sa propre vie, ses souffrances et son ministère avec la croix de Jésus-Christ, selon l’invitation faite par Jésus lui-même, avant sa Passion : « si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive (Mt 16, 24).- A plusieurs reprises, dans l’épître aux Galates, Paul insiste sur la place de la Croix dans la vie du chrétien : c’est en contemplant le Crucifié que les Galates ont été convertis : « vous qui avez eu sous les yeux le Christ crucifié »(Gal 3,1), en lui, Paul met toute sa gloire : « Pour moi, puissé-je ne me glorifier que dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le monde est à jamais crucifié pour moi et moi pour le monde… »(Gal 5, 14).- L’apôtre Pierre exhortait les chrétiens à endurer les souffrances de la persécution en s’associant aux souffrances du Christ : « …le Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple afin que vous suiviez ses traces… » (1 Pi 2, 21). – La méditation de la Pâques de Jésus tient une grande place dans la spiritualité, surtout dans les monastères. Saint Jérôme, au 4° s. en témoigne dans sa lettre « ad Desiderium ».


La Communauté de Jérusalem


On présume que les premiers chrétiens de Palestine devaient se rendre fréquemment sur les lieux où Jésus avait souffert, comme les saintes femmes qui se rendaient au Tombeau, le matin de Pâques. Mais la ville ayant subi de multiples destructions et remaniements, et la communauté judéo-chrétienne ayant été dispersée, il fallut attendre la paix constantinienne, après 322, pour la vénération des lieux saints, comme le fit l’impératrice sainte Hélène qui édifia plusieurs basiliques en Terre-Sainte. – Alors s’amplifia un mouvement de pèlerinages dont les principaux exercices étaient d’aller prier et relire le Nouveau-Testament sur les lieux dont les chrétiens de Jérusalem conservaient le souvenir. Le plus ancien témoignage que nous en avons est le récit du pèlerinage d’Ethérie, une noble gauloise d’Espagne qui vint en grand équipage visiter les lieux saints et participer aux liturgies locales. Nous possédons encore des fragments de son récit datant de la fin du 4e siècle. Ces pèlerinages durèrent jusqu’à l’invasion arabe, et même jusqu’à la destruction du Saint-Sépulcre par le sultan Turc Hakim… Ce qui fut le prétexte de la Première croisade. (1099). Les Croisés recherchèrent les lieux saints pour y édifier de nombreux sanctuaires commémoratifs, qui furent les lieux privilégiés des nouveaux pèlerinages. – A partir du XIV° siècle, les Franciscains dont la présence était tolérée par les Turcs reçurent du Saint-Siège la mission de garder les Lieux-Saints appartenant aux chrétiens latins. Ils accueillaient les pèlerins, les guidaient sur les lieux à vénérer et organisaient une pastorale du pèlerinage fondée sur la méditation des évènements de la vie du Christ, de sa Passion et de sa Résurrection. -


Histoire du Chemin de la Croix


De retour en Europe, bien des pèlerins désiraient prolonger l’émotion spirituelle qu’ils avaient ressentie en Terre-Sainte et imaginèrent des exercices spirituels leur permettant de renouveler mentalement cette expérience. Par exemple, en édifiant des petits sanctuaires dédiés à tels moments de la Passion de Jésus, qu’on allait visiter pour prier, en relisant les récits de la Passion. Même des chrétiens qui n’avaient pas fait ce pèlerinage désiraient le faire en esprit et édifiaient de tels sanctuaires, comme la clarisse Bse Eustochie de Messine (+ 1498). Les frères prêcheurs encourageaient la méditation de la Croix, comme le Bx Hensi Suso (+1366) qui avait composé une sorte de chemin de Croix évoquant les stations de Jérusalem. Ou encore un autre dominicain, frère Alvare de Cordoue (+ 1420) qui en retour de Terre-Sainte avait fait édifier des petits sanctuaires, dans son cloître, pour vénérer les différents moments de la Passion du Seigneur. – A partir du XIV° s. ce furent les Franciscains qui transposèrent en Europe, les exercices qu’ils faisaient faire aux pèlerins de Jérusalem en parcourant la « Via dolorosa » qui conduisait du Prétoire de Pilate au Calvaire. Le nombre des stations n’était pas fixé, il y en avait tantôt 8 ou 10, ou 13 ou 14 ou plus, selon les prédicateurs, et le parcours, à Jérusalem même, pouvait varier, pour diverses raisons de commodités : par exemple on pouvait partir du Cénacle, pour aller au Golgotha, ou encore du Lithostrotos, lieu supposé du Prétoire de Pilate. C’est lorsque les Papes accordèrent des indulgences à la pratique du Chemin de la Croix que des documents romains donnèrent une description du Chemin de la Croix, tel que nous le connaissons, avec les 14 stations.


Les Stations du Chemin de la Croix


L’origine du Chemin de la Croix se confond donc avec le parcours, évangile en main, du chemin supposé être celui du Christ durant sa Passion, on peut donc retrouver les diverses stations du parcours liturgique sur les lieux même, à Jérusalem. En fait il n’en est pas tout à fait ainsi, parce que aux lieux mentionnés par les récits évangéliques, d’autres lieux « traditionnels » se sont imposés, soit pour faire droit à des traditions locales, soit pour équilibrer le parcours à partir de la méditation. Ainsi, dans le Chemin de la Croix tel que nous le connaissons, 7 stations concernent des épisodes à l’intérieur de Jérusalem, 7 se situent hors de la ville. Ainsi, sur les quatorze stations actuelles, cinq ne correspondent à aucun texte évangélique : ce sont les trois chutes de Jésus, sa rencontre sur la voie douloureuse avec Marie, le geste charitable de Véronique. La mention des chutes de Jésus a voulu souligner, pour la piété, l’extrême souffrance et la faiblesse physique de Jésus, ainsi que sa détermination à aller jusqu’au bout de son supplice. C’est un encouragement et une exhortation pour tous les chrétiens qui souffrent, à dépasser leurs souffrances, comme le fit le Seigneur, et à se relever pour accomplir leur mission. C’est aussi un encouragement pour les pécheurs qui retombent dans leur faute et qui comptent sur la grâce du Christ pour se relever. La rencontre avec Marie, se fonde sur le fait que selon l’évangile de Jean, Marie se tenait au pied de la croix au moment de la mort de Jésus (Jn 19, 25). On a voulu l’associer à l’itinéraire souffrant de son fils. A l’époque des croisades, les chrétiens avaient édifié un petit sanctuaire, sur la voie douloureuse, dédié à Notre-Dame du spasme, ou de la pamoison. L’épisode de la rencontre avec Véronique est une construction plus complexe. Certaines sources de la fin du 7è s. appellent « Bérénice » la femme qui fut guérie d’une hémorragie (en Luc 8, 43), on imagine que par reconnaissance, elle se trouvait sur la voie douloureuse pour assister Jésus ; on change son nom en « Véronique », combinaison d’un mot latin et d’un mot grec : vera icôn : “la vraie image”, car une tradition populaire vénère un voile portant l’empreinte du visage du Christ, ainsi qu’en fait mention un manuscrit du 8é s. conservé à Rome. Le fait semble si bien établi que le Pape Innocent III, vers 1210 compose une oraison pour célébrer ce miracle : « Dieu qui par un miracle insigne a voulu nous laisser l’image de ton visage sur le voile de Véronique, pour que nous gardions la mémoire de l’assistance de Véronique, accorde nous par ta passion et par ta croix de pouvoir vénérer et adorer ici-bas ta face, en image, en attendant de pouvoir t’adorer face-à-face avec assurance, quand tu viendras comme juge… ». En 1991 lors qu'il a fait le chemin de croix sur le mont Palatin, Jean-Paul II a supprimé les stations sans référence biblique (les 3 chutes de Jésus, sa rencontre avec sa mère et celle avec Véronique) et il les a remplacé par d'autres stations inspirées de l'Évangile : Jésus au jardin des oliviers, le reniement de Pierre et la promesse du paradis au bon larron. Les autres stations correspondent aux épisodes de la Passion selon les quatre évangiles : la condamnation à mort par Pilate, Jésus sort en portant lui-même sa croix, la réquisition de Simon de Cyrène, la déploration des femmes de Jérusalem, le dépouillement des vêtements, le crucifiement, la mort de Jésus entre les larrons, la dépose de Croix et l’ensevelissement dans le sépulcre. Le succès de cette pratique de dévotion est à comprendre comme pour celui de la récitation du Rosaire, né à la même époque. Les fidèles ont besoin de méthode simple pour prier sur les mystères du Christ en fixant leur imagination et en agissant matériellement : dans le rosaire, par la récitation verbale des ave maria et l’égrénation du chapelet, dans le Chemin de la croix, par la vue des représentations picturales et le parcours d’une station à l’autre. Ce sont des célébrations pour les laïcs : il n’y a pas besoin de prêtres auxquels est réservée la célébration liturgique. Ce sont aussi des catéchèses pour les âmes simples : on mémorise mieux la séquences des événements du Salut, tout en priant, seul ou en communauté.


L’approbation ecclésiastique et les indulgences


La pratique du Chemin de la Croix fait à Jérusalem était enrichie d’indulgences, c’était l’un des exercices proposés aux pèlerins de Terre-Sainte. – Plusieurs églises locales ou congrégations religieuses en Europe, obtinrent des faveurs identiques pour ceux qui visitaient les stations édifiées dans leurs églises ou territoire. Vers la fin du XIVe s. l’édification de ces chemins de la Croix va se multiplier, dans les couvents franciscains, les monastères de clarisses, et les paroisses, comme à Nuremberg, Cologne, Romans en France etc… Souvent quand on dresse un calvaire en haut d’une colline, on ajoute quelques chapelles sur la route qui y conduit et on y établit des « stations » du Chemin de la Croix. (cf Kreutzberg en Bavière, le couvent franciscain de Fulda, l’église du Bom Jesu de Gaoiana au Brésil, et…). La coutume s’imposa peu à peu dans de nombreux lieux de pèlerinage, même dédiés à d’autres mystères ou à la vénération de saints personnages. Au début, en dehors de quelques lieux qui avaient obtenu ces privilèges, seules les membres de la famille franciscaine bénéficiaient des indulgences plénières accordées à ceux qui accomplissaient le chemin de la Croix. –Ainsi, Innocent XI, en 1686, pour les religieux et religieuses de l’observance franciscaine. – En 1726, Benoît XIII étendit les indulgences à tous les fidèles, et son successeur Clément XII, en 1731 décida qu’on pouvait établir des chemins de la Croix en toutes les églises, mais réservait aux Franciscains de les ériger canoniquement. De plus il fallait que le chemin soit balisé de croix en bois, et qu’il comporte 14 stations, comme celui qui avait cours alors à Jérusalem. Au cours de l’histoire, ce sont donc les Frères mineurs qui ont été les promoteurs du Chemin de la Croix, et certains prédicateurs célèbres s’en firent les champions, comme saint Léonard de Port-Maurice au XIXe s. Enfin, depuis le concile de Vatican II et le nouveau code de droit canonique, tout curé peut ériger lui-même un chemin de la Croix dans son église. Il n’est plus nécessaire de faire appel à un religieux franciscain. Dans beaucoup de villes et villages de l’Europe chrétienne, le clergé invite les fidèles à un chemin de croix, en ville, durant la semaine sainte qui précède Pâques, comme à Paris, Lyon etc… A Rome, le Pape préside le chemin de la Croix du Vendredi-saint, dans l’enceinte du Colisée.


Le Chemin de la Croix et le Saint-Sacrifice de la Messe


Dans la tradition chrétienne la plus antique, puisqu’elle remonte aux Apôtres, le mémorial de la Croix du Christ est avant tout la sainte Messe, appelé encore Repas du Seigneur, Fraction du pain, Eucharistie ou Saint-Sacrifice de la Messe.- La plus ancienne description de l’Eucharistie se trouve en saint Paul : 1 Co 10 20-34 « …chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il revienne… » La messe est donc le mémorial sacramentel de la Pâque de Jésus, sa passion-résurrection. De plus la messe est un acte éminement communautaire, célébré par la communauté ressemblée par le prêtre qui agit au nom du Christ lui-même et donne en communion le corps et le sang du Christ, selon un mode rituel. Il y a donc une antériorité, une priorité et même une exclusivité de la messe sue l’acte de dévotion du chemin de la Croix, qui est plutôt un acte de dévotion personnelle, même s’il est célébré par un groupe. – L’eucharistie est de l’ordre de la nécessité, pour la construction de l’Eglise et l’incorporation des chrétiens au Christ et pour leur sanctification. Le Chemin de la Croix est recommandé comme une pratique utile et pédagogique, qui nous aide à conserver la mémoire du Christ dans sa passion, à compatir à ses souffrances, à supporter nos propres épreuves en union avec les souffrances du Christ.


Spiritualité du Chemin de la Croix


François d’Assise et la Passion de Jésus.


Dès le début de sa conversion, François contemplait le crucifix de Saint-Damien quand il vit le Christ s’animer et entendit une voix : « François, rebâtit ma maison, qui, tu le vois, tombe en ruines… » Ses biographes ont souligné le fait que depuis cet instant le souvenir de la passion du Christ ne le quitta plus. Il voulait vivre en compassion avec la Christ en croix. Cf. 3 Compagnons 14, et 2 Celano 10-11. – Dans ses écrits, il fait plusieurs fois mention de la Passion du Christ et invite à conformer sa vie au Christ-crucifié.- ( Adm. 5 ; 1 Rg, 23,3 ; etc…)- C’est surtout dans sa contemplation du Christ crucifié, sur le mont Alverne, que François perçut l’immense amour du Christ s’offrant au Père pour le Salut du monde. Ses disciples ont recueilli cette dévotion à la passion de Jésus, non pas comme une expiation (comme ce sera le thème de la contemplation chrétienne de la Croix, à partir du XVIe s. mais comme une compassion et un témoignage d’amour.). Nombreux sont, dans la tradition franciscaine, ceux et celles qui ont mis la contemplation du mystère de la Croix au centre de leur spiritualité, à commencer par la Bse Angèle de Foligno, au XIII°s, une mystique de la Croix du Christ. Mais aussi dans la théologie franciscaine. Ainsi, le ‘Lignum vitae’ de saint Bonaventure, qui est un chemin de croix avant la lettre : c’est une contemplation des scènes de la vie du Christ, mais surtout de sa passion qui aura un grand succès comme livre de piété, constamment réédité jusqu’à nos jours, et où les Franciscains pouvaient puiser pour méditer le chemin de la Croix. – Un autre ouvrage qui fut un best-seller, attribué à tort à Bonaventure sont les ‘Méditations sur la vie du Christ’, du franciscain Jean de Caulibus. Il faut citer aussi le franciscain poète Jacopone de Todi à qui on doit le ‘Stabat mater’, poème méditation sur Marie au pied de la croix, que nous chantons aujourd’hui encore dans nos chemins de croix. St Bernardin de Sienne, le promoteur de la dévotion au saint Nom de Jésus a été aussi un prédicateur de la Croix du Christ.- Plusieurs clarisses se sont distinguées pour leur dévotion à la Passion de Jésus , comme la Bse Eustochie, au XVe s. ou la Bse Veronica Giuliani au XIX° s. – On peut dire que depuis les origines, la contemplation du Christ en croix et la compassion sont des caractéristiques de la piété franciscaine. –



Le Chemin de la Croix à Lourdes.


Presque toutes nos églises paroissiales disposent d’un Chemin de la Croix, mais surtout tous les lieux de pèlerinage. D’un point de vue pastoral, c’est un exercice de piété qu’il est facile de proposer et de mettre en œuvre pour les groupes de pèlerins qui comprennent spontanément cet itinéraire de méditation et de pénitence en union avec le Christ souffrant.- A Lourdes, particulièrement, où la vierge Marie a recommandé à Bernadette de faire pénitence, et où affluent une multitude de malades qui souffrent dans leur corps et dans leur âme et qui trouvent un réconfort dans la méditation de la passion de Jésus. “Nous sommes invités à faire le chemin de la croix à Lourdes dans l’esprit même de Bernadette qui, toute sa vie, a prié et souffert pour les pécheurs ”. Le chemin de la Croix qui se fait sur les pentes de la colline des Espélugues qui dominent les sanctuaires de Lourdes dure environ une heure. Des groupes de statues en métal, d’environ deux mètres de haut, constituent les quinze stations de ce chemin de croix, qui retrace les derniers et pénibles moments de la vie de Jésus, jusqu’à sa crucifixion et sa résurrection. Pour les personnes malades et handicapées, un parcours plus aisé a été établi dans la prairie, derrière l’église sainte Bernadette, par le sculpteur Marie de Faycod, une œuvre originale en marbre de Carrare, ce Chemin de Croix comporte non pas 14, mais 17 stations. (Marie priant dans l’ attente de la Résurrection ; Jésus ressuscite ; Il se manifeste à Emmaüs dans le pain partagé). Pour les célébrations collectives on peut faire ce chemin en tous les sanctuaires, comme ici dans la basilique saint Pie X. – Il convient de faire cet exercice en communion avec toute l’humanité souffrante et en intercession pour tous ceux qui sont affaiblis par leurs péchés, pour qu’il puissent accueillir l’invitation à la conversion et bénéficier de l’amour miséricordieux de Jésus.


Frère Luc Mathieu, ofm

Mai 2009



24/06/2009
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