Spiritualité Chrétienne

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La servante de Dieu Thérèse Neumann, suite

La servante de Dieu Thérèse Neumann, suite

 

Les relations avec Thérèse de Lisieux

Thérèse Neumann a vécu une authentique relation avec la petite Thérèse de Lisieux. Quand Thérèse Neumann était jeune, ses seules lectures étaient très limitées: elle n'avait lu que L'Histoire d'une âme de Thérèse de Lisieux, l'Introduction à la vie dévote de saint François de Sales et le Manuel Catholique d'Enseignement et d'Éducation de Léonard Goffine. Elle était également abonnée à la revue Notburga, destinée aux domestiques, et au périodique Rosenhain, (Le Buisson de roses) dont le but était de faire connaître aux Allemands la jeune carmélite française: Thérèse Martin. C'est la voix d'enfance, prônée par Thérèse Martin qui semble avoir le plus guidé la piété de Thérèse Neumann. En décembre 1917, un an avant son premier accident, Resl avait noté sur un livre, en s'adressant à Thérèse de Lisieux: "... Digne servante du Seigneue, aide-nous toujours à aimer davantage notre Seigneur, à lui faire confiance comme un enfant, et à nous soumettre totalement à sa volonté. Je ne demande pas seulement cette grâce pour moi, mais aussi pour tous ceux qui me sont chers et pour tous les hommes. Avec la grâce de Dieu, ce sont tes traces que j'aimerais suivre." La vie d'intimité entre les deux Thérèses, s'est encore approfondie à partir du 19 avril 1923: en effet, c'est ce jour-là, jour de la béatification de Thérèse Martin, que Thérèse Neumann recouvra soudainement la vue. Elle raconta plus tard à une amie: "Personne n'aurait cru, et moi moins que les autres, que dans l'état où je me trouvais je pourrais recouvrer la vue. Il y a un an, le Docteur Seidl avait dit à ma tante: il n'y a plus d'espoir pour ses yeux. Les nerfs sont morts, il faudrait un miracle pour qu'elle guérisse..." C'est le jour de la canonisation de la petite Thérèse, le 17 mai 1625, que Thérèse Neumann fut totalement et définitivement guérie. Une amie de Thérèse Neumann rapporte que Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus lui apparaissait et lui parlait de la mission que Dieu lui proposait. Thérèse Neumann accepta librement. Un jour la voix mystérieuse lui demanda:« Thérèse, veux-tu guérir? » – Tout ce qui me vient de la part de Dieu m'est bon: la guérison, la maladie, comme il lui plaira!" – Ne désirerais-tu pas, au moins un peu de soulagement dans  souffrance? Si tu pouvais t'asseoir, par exemple, ou marcher? – Tout ce qui me vient de la part du Sauveur m'agrée, confirmait Resl. Toute fleur, tout oiseau ou même toute nouvelle souffrance. Ma plus grande joie, je la trouve dans le Sauveur! C'est alors que la voix de la petite Thérèse lui dit:« Thérèse, tu vas éprouver une petite joie. Tu pourras désormais t'asseoir et marcher. Mais il te faudra souffrir encore, beaucoup et longtemps. Aucun médecin ne pourra te soulager. On sauve plus d'âmes par la souffrance que par les plus beaux discours. Reste simple et confiante.On peut relever aussi ces paroles prononcées par Thérèse de Lisieux le 29 avril 1924, et notées par le Père Naber: « Accepte les souffrances et les épreuves avec docilité et ave c joie! Les âmes attendent cela de toi. Ne te décourage pas! Aie une confiance aveugle! Tu es l'objet de tant de témoignages d'amour... Nous ne t'abandonnerons pas. Tu devras... t'efforcer de ressembler toujours davantage au Sauveur méconnu, méprisé et persécuté. Avant la guérison complète de Thérèse Neumann, Thérèse de L'Enfant Jésus n'apparaissait pas visiblement, malgré la merveilleuse lumière qui l'accompagnait. Les guérisons subites et totales dont bénéficia Resl avaient pour but "de faire savoir aux hommes qu'il y a une puissance supérieure."  Après ses guérisons, sainte Thérèse de Lisieux se montra encore assez souvent. Le curé Naber a raconté ou écrit, à propos de ces venues de Ste Thérèse de Lisieux : Le 29 avril 1928, à six heures moins un quart du matin, la Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus apparaît à Thérèse sous forme lumineuse et donne des avertissements et des commissions. Le 17 mai 1928, dans l'après-midi, Thérèse voit la mort de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, dont c'est aujourd'hui l'anniversaire de la mort... Puis sainte Thérèse apparaît dans la gloire céleste.Une autre apparition a été signalée le 21 avril 1931.

La vocation de souffrance

Thérèse Neumann aurait souhaité être religieuse missionnaire. Les événements qui jalonnèrent sa vie jusqu'à l'âge de 30 ans environ lui montrèrent qu'elle était destinée à une autre vocation, une vocation de souffrance, librement acceptée et unie aux souffrances du Sauveur durant sa Passion. À des amis, dès 1923, elle écrivait: "Je suis une fiancée du Christ, une crucifiée. Même si je ne puis plus entrer au couvent, mon lit n'est-il pas une cellule où je peux aussi m'offrir en sacrifice?... Je dois souffrir beaucoup... Mais le Bon Dieu me donnera bien toujours la force et la persévérance de supporter les épreuves, jusqu'au jour où j'aurai atteint mon but, là où il n'y aura plus de souffrances: le ciel... Même dans mon lit je veux être contente, car c'est là la volonté de Dieu. S'il avait voulu me faire entrer au couvent, il n'aurait certainement pas permis que je tombe malade. Ce que le Seigneur fait est toujours pour le mieux. Souvent, sans doute, je ne voulais pas bien le comprendre... Je crois que même si je ne puis être active, le Seigneur Dieu acceptera ma vie comme une activité. Je dois intercéder pour tant de personnes dans mes prières, et je voudrais me consacrer à tout le monde.... Je suis, moi aussi une enfant de Thérèse (de Lisieux) et, en tant que telle, j'ai tant de supplications à présenter... Je n'ai plus qu'un seul désir: n'être qu'une source de joie pour le bon Sauveur et ne plus jamais l'offenser. Mais justement pour cela, il me manque encore beaucoup." À une religieuse, en 1924: "La Voix m'a bien dit que je devrais beaucoup souffrir encore. Et cela me cause de la joie, car je ne peux m'imaginer la vie sans douleur ni souffrance... La voix me parla avec insistance de la souffrance..." En 1927, à l'abbé Wutz: "Je sais avec certitude que le bon Sauveur ne me laisse pas souffrir pour que la science, qui est si fière, interprète subtilement et ergote sans, finalement, rien pouvoir expliquer... Demandons au Bon Sauveur qu'il pardonne à tous ceux qui, par orgueil, s'opposent à ce qu'Il accomplit ici-bas...." En février 1937, elle écrit encore au Docteur Wutz: "Je ne fais que pleurer... Cette année le Carême est terrible. Je le supporte avec l'aide de Dieu, mais c'est tout de même très dur... C'est pour le Bon Sauveur et pour l'Église que j'ai souffert et perdu mon sang pendant dix ans... Pour le moment c'est comme si je baignais dans la souffrance... ma tête, mes épaules, mon cœur, mes mains, mes pieds et mes genoux saignent... Quelquefois, quand c'est vraiment dur, je me dis: 'Si cela ne faisait pas mal, ce ne serait pas un sacrifice!'"

Les vertus de Thérèse Neumann

La foi

La foi de Thérèse Neumann pour l'Eucharistie et pour le mystère de la Croix fut l'axe déterminant de sa spiritualité depuis son enfance. Il semble d'ailleurs qu'elle ait eu, encore jeune, des expériences religieuses très intenses. Mais elle n'en parlait pas, ou très peu, et seulement à son confesseur, le Père Naber.

Disponibilité à la volonté de Dieu

Ce qui frappe dans la spiritualité de Thérèse Neumann, c'est sa constante disponibilité à la volonté de son Sauveur. Elle disait souvent: "Tout m'est égal, vivre ou mourir, la santé ou la maladie, ce que le Bon Dieu voudra faire de moi." Elle voulait être religieuse, mais il lui fallut d'abord s'occuper des travaux de la ferme, pendant la guerre, pour remplacer son père mobilisé. Puis, elle dut travailler comme domestique chez un aubergiste-cultivateur du pays. Ce fut bientôt le premier accident du 10 mai 1918. Enfin survinrent les maladies et les infirmités qui les accompagnaient. Tout cela lui fit comprendre, ainsi que nous l'avons dit plus, haut, que sa vocation était ailleurs. Déjà elle offrait toutes ses souffrances, comme le prouve ce passage d'une lettre écrite à une amie religieuse, le 7 novembre 1924: "Je prie beaucoup et offre beaucoup de mes souffrances pour vous toutes... J'offre au Père céleste la Passion de Jésus-Christ, ainsi que les mérites des saints et de toutes les âmes droites de la terre." En dehors de ses lettres, on ne connaît de la vie intérieure de Thérèse Neumann que ce que ceux qui ont pu assister à ses nombreuses extases, en révélé. En effet, pendant les extases, Thérèse parlait souvent à voix haute, et de nombreux témoins, le curé Naber, notamment, ont pu noter les paroles qu'elle prononçait, et qui étaient toujours l'expression de sa totale soumission à la volonté de Dieu.

Autres vertus de Thérèse Neumann

La franchise

Thérèse était d'une franchise exceptionnelle, incapable de la moindre dissimulation, et par conséquent du mensonge qui lui faisait horreur: la "Resl" disait toujours ce qu'elle pensait, et parfois même sans ménagement. Elle était peu instruite, et pourtant elle dut recevoir et conseiller de nombreux intellectuels, des théologiens de très haut niveau, des évêques, etc. Jamais elle ne se départit de sa simplicité.

La simplicité

L'intelligence de Thérèse s'était développée rapidement au cours de ses entretiens avec d'éminents intellectuels. Par ailleurs, elle se souvenait de tout ce qu'elle voyait ou entendait dans ses visions et ses extases, et, ce qui est remarquable, et rare, sa culture, qui était devenue quasiment universelle, s'était étonnamment structurée et synthétisée. Monseigneur Teodorowicz, évêque de Lemberg, a écrit d'elle: "Elle se distingue par son esprit clair et possède une intelligence vive... Elle saisit n'importe quelle question abstraite, si difficile soit-elle; et la rend ensuite en quelques mots substantiels et concis."

Cependant elle avait su conserver une simplicité qui la faisait aimer, et qui n'était autre que l'expression de son humilité. Thérèse était la simplicité même: "Naturelle, aimant la vérité, et surtout, simple: voilà les trois traits dominant du caractère de Thérèse Neumann qu'il m'a été donné d'observer... Grâce à la simplicité de son âme, Thérèse entre en relation avec Dieu, et cette relation ne pourrait, en aucune manière, acquérir de caractère plus profond, même en recourant aux plus grandes mortifications. Simple dans son comportement, elle est non seulement exempte de tout artifice, mais aussi de tout embarras, précisément en raison du fait qu'elle n'est jamais préoccupée d'elle même. Elle est simple, concise, naturelle et substantielle dans ses paroles, et extraordinairement simple en traitant n'importe quel sujet de conversation."

L'enfance spirituelle

La simplicité de Thérèse Neumann, était-ce un cadeau de la Petite Thérèse Martin? Problablement, tant leur intimité était grande. La spiritualité de l'enfance spirituelle, la grande découverte de Thérèse de Lisieux, fut certainement le grand cadeau de la sœur aînée à la sœur cadette. Les deux Thérèses avaient une indéfectible confiance en leur Père des Cieux et en Jésus, leur Bien-Aimé. Cet esprit de simplicité et d'amour explique aussi la familiarité de Thérèse Neumann envers Jésus avec qui elle s'entretenait d'une manière "enfantine", ainsi que le révèlent ses lettres et le bon curé Naber. La prière de Thérèse Neumann était un Cœur à cœur avec "le bon Sauveur" avec qui elle passait, chaque nuit, de très longues heures d'adoration. Le Père Naber et Thérèse avaient été reçus tertiaires de Saint François d'Assise le 3 septembre 1946; il n'est donc pas étonnant que Thérèse ait tant aimé les fleurs, les oiseaux, et toutes les beautés de la nature. Elle écrivit un jour à une amie: "Qaund on pense que le Bon Dieu a aussi créé les petits oiseaux pour notre joie, et si on les entend louer le Seigneur toute la journée... il faudrait avoir un cœur de pierre pour rester insensible." Pour Thérèse, tout devenait sujet d'oraison et prière de louange. Grande simplicité, cœur à cœur perpétuel avec son Sauveur, soumission humble et totale à la volonté de Dieu, on ne s'étonnera pas  de voir Thérèse Neumann toujours joyeuse, aimant rire et faisant rire, malgré toutes ses souffrances. C'est qu'elle avait compris l'immense valeur rédemptrice de la souffrance. Thérèse aimait son Sauveur et tous les hommes. Un jour, après une extase, dans un état de repos surélevé, elle s'écria: "L'amour est tout, l'amour est la source de toute vertu, même de l'humilité. Le Sauveur jugera un jour, d'après l'amour."


Les détracteurs et les amis

Les nombreuses épreuves

L'Église ne juge pas ses saints mystiques sur les phénomènes extraordinaires dont ils furent favorisés, mais sur leurs vertus réelles et héroïques et sur leur soumission totale à la volonté de Dieu quelle qu'elle soit. En ce qui concerne Thérèse Neumann l'Église ne s'est pas encore prononcée, mais on peut, sauf avis contraire dûment autorisé, affirmer que Thérèse Neumann a vécu, durant toute sa vie, toutes les vertus que le Seigneur exigea d'elle, avec héroïcité. Comme tous les vrais mystiques, Thérèse Neumann connut une véritable et constante persécution, surtout de la part de personnes qui ne la connaissaient pas. La calomnie fut l'arme la plus employée pour salir, mettre en doute ses charismes les plus évidents, et la traiter d'hystérique, de simulatrice, ou, pire encore... Au nom d'une science maintenant largement dépassée, de pseudo-scientifiques voulaient expliquer tous les phénomènes dont Thérèse était l'objet par des causes naturelles, et quand ils n'en trouvaient pas, ils les niaient. C'était, -peut-être est-ce encore?- oublier que l'homme n'est pas seulement un être soumis aux lois naturelles, mais qu'il est aussi un être spirituel.

On se souvient que Thérèse Neumann qui avait, pendant plusieurs années, souffert de nombreuses et douloureuses maladies, et de plusieurs infirmités, avait été miraculeusement et totalement guérie en quelques mois. De tels faits avaient suscité de l'étonnement, surtout dans son village. Mais, avec la stigmatisation et son jeûne total, un cruel calvaire devait s'ajouter aux douleurs de la Passion: les innombrables visites de ceux qui voulaient la voir, lui parler et demander des grâces, les curieux indiscrets ou malveillants, les contrôles médicaux, et surtout les incroyables calomnies, souvent publiées, dont elle fut victime, ses douleurs durent atteindre un paroxysme difficile à concevoir. Toutes les visites de personnes étrangères étaient une lourde charge pour Thérèse. Malgré son tempérament vif et passionné, elle s'efforçait de donner à chacun tout le temps nécessaire; mais l'égoïsme de certaines personnes en empêchait d'autres d'être reçues. Avec les travaux quotidiens, les innombrables visites, les souffrances expiatoires et les passions du vendredi, Thérèse était souvent exténuée; pourtant nombreux étaient ceux qui la quittaient le cœur plein de joie et d'espérance.

Les détracteurs

Tous ceux qui ont vu Thérèse, lui ont parlé ou ont assisté à ses extases ou à ses stigmatisations, étaient généralement radicalement convertis. Mais la plupart de ses adversaires ne l'avaient jamais vue ni entendue. Nous ne citerons ici que quelques personnes dont les écrits furent particulièrement odieux. Il semble nécessaire, en effet, en faisant revivre rapidement une âme choisie, de constater l'acharnement insensé auquel Satan se livre toujours contre ceux qui se sont donnés à Dieu, pour les détruire et empêcher le bien qui pourrait se faire, grâce à elles. Nous citerons, entre autres: Le Docteur Deutsch, un médecin nazi, qui ne vint jamais à Konnersreuth, mais qui estimait utile de flétrir par des jugements insensés et faux, tout ce qui, dans la vie de Thérèse, ne pouvait pas se prouver scientifiquement. Il est à l'origine du fameux rapport Martini, pamphlet haineux rédigé à partir des notes du Docteur Martini. Il semble par ailleurs que les dates aient été trafiquées. Mais la virulence de ce pamphlet était telle que c'est à partir de ce moment que Mgr Buchberger, l'évêque de Ratisbonne, a commencé à montrer de la bienveillance envers Thérèse et son directeur, le Père Naber. Il prononça un jour, dans un sermon, ces phrases pleines de bon sens: "La vie de sainteté consiste dans l'humilité et dans l'amour de Dieu. Mais l'humilité est l'essentiel. Je souhaiterais que ce message de Konnersreuth fût encore plus remarqué que les phénomènes miraculeux ou tenant du miracle." Le Docteur Leschler publia en 1933 un livre dans lequel il expliquait que les stigmates relevaient de la névropathie ou de la médiumnité. Ce livre, rapidement tombé dans l'oubli, ferait sourire les médecins d'aujourd'hui. Le R.P. Paul Siwek écrivit un important ouvrage consacré à Thérèse Neumann, et des articles publiés dans la revue américaine The Priest, Huntington, Indiana (juin, juillet, août 1958). Ses attaques contre Thérèse Neumann, qu'il ne connaissait pas et qu'il n'avait jamais vue, furent des plus virulentes et des plus mensongères. La plupart de ses affirmations ont été contredites par d'éminents savants, médecins, psychologues ou théologiens. On peut regretter que ce livre ait empêché, en France, de nombreuses personnes de connaître la véritable Thérèse Neumann. Les polémiques à propos de Thérèse Neumann furent innombrables. On a écrit des monceaux d'absurdités dont beaucoup se sont montrées d'une étonnante grossièreté. Certaines s'appuyaient sur des informations fausses, non contrôlées. Il ne paraît pas utile de s'arrêter davantage à ces âneries, voire à ces abjections.

Remarques: La décision d'adresser une requête pour demander l'introduction du procès de béatification a été prise le 3 septembre 1963. Anni Spiegl, une amie de Thérèse, constata, sept ans plus tard, soit en 1970, qu'on ne parlait plus beaucoup de Konnersreuth. Certes, il y avait toujours des pélerins, mais le monde oubliait Thérèse Neumann. Qu'en est-il maintenant? Attendons! Ne devançons pas le jugement de l'Église. Nous pouvons seulement dire que Dieu a fait de grandes choses à Konnersreuth, grâce à une âme qui, pendant des années, revivait chaque semaine la Passion de Jésus-Christ.

Un fait curieux doit être signalé ici. En 1948, une fausse mystique, véritable hystérique, fut soignée à la clinique neuro-psychiatrique d'Innsbruck. Elle s'appelait aussi, étrangement, Thérèse Neumann, nom fréquent en Bavière et au tyrol. Une enquête révéla qu'il s'agissait d'une toxycomane qui avait été condamnée à plusieurs reprises pour trafics frauduleux...

Les amis de Thérèse Neumann

L'Abbé Naber

Il faut d'abord citer l'abbé Josef Naber, curé de Konnersreuth de 1909 à 1960. C'est lui qui dirigea Thérèse Neumann depuis  ses années de catéchisme et sa première communion, jusqu'à sa mort. Il notait soigneusement tout ce qui arrivait à Thérèse. Beaucoup de ces précieuses notes ont été brûlées lors de l'incendie de la maison paroissiale en 1945. Les autres auraient été confiées au Dr Steiner. Le curé Naber, homme simple, loyal, profondément dévoué et excellent prêtre, servit longtemps d'intermédiaire entre Thérèse et ses nombreux visiteurs; ce n'était pas une tâche facile. L'abbé Naber fut unanimement apprécié. Pour se rendre compte de l'authenticité des faits extraordinaires qu'il constatait chez Thérèse, il n'hésitait pas à la soumettre à de nombreuses épreuves. Cependant il eut vite compris que la mission de Thérèse Neumann, "c'était de gagner des âmes et de les rapprocher davantage du sauveur." Malgré les innombrables demandes d'audience qu'il recevait de la part de ceux qui désiraient voir Thérèse, le Père Naber remplissait parfaitement toutes ses tâches pastorales: offices à l'Église, célébration des sacrements, visites des malades, baptêmes, enterrements, etc. Beaucoup le considéraient comme un saint. Après 62 ans de prêtrise, et après avoir été le curé de Keunnersreuth pendant 51 ans, le Père Naber s'éteignit saintement le 23 février 1967, à l'age de 97 ans.

Le docteur Fritz Gerlich

Né à Stettin, le 15 février 1883, dans une famille calviniste, Fritz Gerlich reçut une éducation très rigide. Il fit des études supérieures à la fois scientifiques, juridiques, littéraires et historiques et fut le rédacteur en chef, de 1920 à 1928, du journal Münchner Neweste Nachrichter. C'est à cette époque qu'il eut connaissance des prodiges de Konnersreuth. Il se rendit sur place et fut bouleversé. Il se convertit au catholicisme  et devint un ardent défenseur de Thérèse qu'il rencontrait fréquemment. Convaincu qu'Hitler voulait anéantir la religion chrétienne Gerlich combattit le nazisme de toutes ses forces. Il fut arrêté le 9 mars 1933, torturé, envoyé dans des camps et sauvagement abattu dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 1934.

Frédéric Georges von Lama

Éminent historien, Frédéric Georges von Lama écrivit beaucoup à propos des événements de Konnersreuth. La stigmation de Thérèse retint longtemps son attention, et il s'attacha à répandre le message de Konnersreuth. Ayant pris position contre Hitler, il fut définitivement arrêté le 14 juillet 1944, accusé d'avoir écouté les émissions de Radio Vatican et d'avoir conspiré contre le régime avec les membres du clergé. Il décéda peu après d'une soit-disant crise cardiaque...

Maria Anna Benedicta Spiegel von und zu Peckelsheim, abbesse de l'abbaye bénédictine de Sainte Walbure d'Eichstätt

Femme d'une intelligence et d'une culture exceptionnelles, la Mère Benedicta fut une amie intime de Thérèse Neumann. À ce titre, elle avait une connaissance directe des phénomènes konnersreuthiens. Elle rendit compte de bien des faits et anecdotes liés à Thérèse.

Le Docteur Franz Wutz

Le Docteur Franz Wutz était un éminent professeur à l'université d'Eichstätt. Exégète, philosophe, théologien et saint prêtre, il connaissait plusieurs langues anciennes, dont l'hébreu et l'araméen. C'est lui qui identifia de manière certaine la langue que Thérèse utilisait durant ses extases: l'araméen, la langue de Jésus. Thérèse séjourna plusieurs fois dans la maison du Dr Wutz, pour y rencontrer sa sœur Odile qui en était la gouvernante. Très affecté par la tournure que prenaient les événements liés au régime hitlérien et les abominations nazies en Allemagne, il mourut le 19 mars 1938. Il fut un des témoins importants de la vie de Thérèse Neumann.

L'Abbé Helmut Fahsel

Helmut Fahsel venait d'un milieu protestant. Converti au catholicisme, et devenu prêtre, il multiplia les séjours à Konnersreuth pour étudier le comportement normal de Thérèse ainsi que ses extases. Il fut un des plus ardents défenseurs de Thérèse Neumann, multipliant articles et conférences.

Le baron Erwein von Aretin

Journaliste, c'est lui qui, probablement l'un des premiers, fit connaître au monde les événements de Konnersreuth. Menant ouvetement campagne contre Hitler, il fut arrêté, envoyé à Dachau, et horriblement torturé. Pourtant il ne mourut pas... et fut définitivement libéré le 17 mai 1934. Dès lors, il mit sa plume au service de Thérèse Neumann en réagissant contre les innombrables attaques calomnieuses qu'elle devait subir; il mourut le 25 février 1952.

Le docteur Seidl

Le docteur Seidl était médecin généraliste et chirurgien. Sans l'avoir voulu, il fut la cause de bien des souffrances causées à Thérèse, au sujet de son inédie.

Autres témoins

L'abbé Härtl fut officiellement chargé de noter tout ce qui pouvait concerner Thérèse Neumann. Vivant dans l'intimité de sa famille, il connaissait bien Thérèse et était fermement convaincu de l'authenticité de ce qui se passait à Konnersreuth. Le Docteur R.W. Hynek spécialiste des sciences paranormales, fut un ardent défenseur de Thérèse. Le Révérend Père Longin de Munter, s'intéressa au cas de Thérèse Neumann pendant près de cinquante ans. Après quatre séjours à Konnersreuth, il dénonça dans un livre, l'attitude scandaleuse et le parti pris indéniable de ceux qui condamnaient Thérèse Neumann, sans jamais s'être livrés à aucune enquête. Mgr Rudolf Graber évêque de Ratisbonne fit ouvrir le procès informatif de Thérèse Neumann en vue de sa béatification. Le Docteur Franz Xaver Mayr, affecté au diocèse d'Eichstätt, enseignait au grand séminaire de cette même ville. Il multiplia ses visites auprès de Thérèse Neumann, à la demande du Dr Wutz, son ami. Il fut un ardent défenseur de Thérèse. Le Docteur Johannes Steiner fut un grand témoin de Thérèse Neumann. Ami du curé Naber, il fréquenta Thérèse pendant trente ans et assista à de nombreuses extases. Il fonda une maison d'édition Schnell et Steiner. Arrêté par les nazis, c'est presque miraculeusement qu'il échappa à la Gestapo. Le docteur Josef Klosa, médecin-chimiste, spécialiste en médicaments, écrivit en 1974, un ouvrage remarquable consacré aux maladies de Thérèse. Il en fait l'historique, depuis la chute du 10 mars 1918 jusqu'à sa mort, pour arriver à la conclusion que tous les faits vécus à Konnersreuth par Thérèse Neumann sont absolument authentiques. Il conclut son livre par ces mots, au sujet de l'inédie: "Le rôle que joue la nourriture de façon générale pour l'organisme humain a été remplacé chez Thérèse par l'hostie consacrée et transformée en le Corps et le sang du Christ... Le point central de l'ensemble de ce miracle permanent est la présence réelle du Christ dans l'hostie, efficace pour Thérèse, non seulement spirituellement, mais aussi biologiquement, en entretenant les fonctions du corps."


La vie spirituelle de Thérèse Neumann

Thérèse Neumann eut la chance exceptionnelle d'être suivie et guidée, durant toute sa vie, par un homme remarquable: le Père Naber, curé de Konnersreuth. Il notait régulièrement tout ce qui concernait son étrange dirigée et a laissé de nombreux cahiers de notes auxquelles nous n'avons pas eu accès. La correspondance aurait pu nous éclairer, mais, comme les plaies de ses stigmates la gênaient beaucoup pour écrire, elle préférait téléphoner. Aussi ce chapitre sur la spiritualité de Thérèse Neumann sera-t-il peu développé.

La prière de Thérèse Neumann

Thérèse priait beaucoup: elle passait de nombreuses heures en oraison et ses nuits étaient souvent des nuits de prière. Les spectacles de la nature la ravissait parfois jusqu'à l'extase.

Thérèse et l'Église

Ce que Thérèse aimait pas dessus tout, c'était d'entretenir l'église paroissiale: éclairage, nettoyage, ornementation, etc. Ce qu'elle voulait, c'est que la maison de Dieu fût très belle, et elle réussissait. Mais Thérèse n'en profitait guère car, pour échapper aux regards indiscrets, elle assistait à la messe derrière l'autel.

Il convient d'ajouter, ce que nous avons déjà remarqué tout au long de ces quelques pages, que la spiritualité de Thérèse Neumann fut, tout au long de sa vie, entièrement orientée vers la Passion et la Croix du Christ, et l'Eucharistie. Sa vie fut extraordinaire, exceptionnellement vouée à la souffrance, mais toujours dans une parfaite et totale soumission à la volonté de Dieu.


Position de l'Église

L'Église n'a pas encore porté de jugement officiel sur les événements de Konnersreuth. Ces cas de personnes mystiques qui sortent de l'ordinaire sont délicats à juger, et l'Église, avec juste raison, se montre très prudente. Cependant tout ce que Thérèse Neumann a vécu semble parfaitement authentique.

Résumons:Pendant presque toute la vie de Thérèse Neumann la hiérachie catholique a été présente auprès d'elle: le saint curé Naber, pendant 51 ans, le professeur Wutz, l'évêque de Ratisbonne, Mgr Buchberger, l'archevêque Teodorowicz. En 1926,l'archevêque de Munich, qui deviendra le cardinal Faulhaber, prononça un discours célèbre dans lequel il exprimait clairement sa bienveillance à l'égard de Thérèse Neumann, et incitait ses contemporains à se convertir: "Ô hommes des temps modernes, et de la détresse moderne, revenez à la dévotion de la Passion. La villageoise de Konnersreuth s'est vouée de toute son âme à la Passion du Christ, surtout le vendredi, le jour consacré au souvenir de la Passion et à la dévotion à la Passion. Par compassion pour les souffrances du Christ, elle a versé des larmes de sang, elle est devenue une image vivante du crucifié." Notons aussi que le cardinal Pacelli qui deviendra Pie XII avait transmis à l'Ordinaire de Ratisbonne la bénédiction autographe adressée par Pie XI à Thérèse Neumann et à son confesseur, l'abbé Naber. À la bénédiction du pape, qui s'intéressait beaucoup à Konnersreuth, était jointe une relique de saint François d'Assise. De très nombreux évêques, et même un archevêque, rencontrèrent Thérèse Neumann. Beaucoup ont tenu à exprimer leur intérêt, très officiellement. Il y eut beaucoup de conversions à Konnersreuth, et des conversions spectaculaires de médecins protestants réputés.

En conclusion

Thérèse Neumann a rappelé au monde la nécessité de méditer longuement la Passion de Jésus-Christ. Elle-même a su la revivre, devant nous. Elle nous a également montré que l'Eucharistie était, non seulement la nourriture de notre âme, mais également, la nourriture de notre corps, lorsque Dieu le désirait. À travers toute la vie de Thérèse Neumann tous les chrétiens peuvent voir et comprendre le lien très fort et indestructible qui relie la Passion de Jésus, et son Eucharistie.

Bibliographie: Anni Spiegl « Thérèse Neumann, un signe pour notre temps», Publié par les éditions Anbetungskloster D-8591 Konnersreuth; Ennemond Boniface « Thérèse Neumann la crucifiée de Konnersreuth devant l'Histoire er la science », Publié par P.Lethielleux



05/02/2008
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