La servante de Dieu Louise Lateau 02
1850-1883
L'itinéraire spirituel de Louise Lateau, stigmatisée belge (1850-1883), s'est révélé en 33 ans, tout a fait exceptionnel, en un siècle, où l'homme a commencé à glorifier les valeurs matérielles, Dieu a suscité une humble couturière pour affirmer solennelement , par les merveilles de sa vie, l'existence du surnaturel. Comme le disait Mgr Deschamps, primat de Belgique : « Dieu veutLouise comme phare au milieu de cette époque troublée. »
S'abandonner à la Providence
Les trois grandes options de sa vie devraient aujourd'hui inspirer nos contemporains beaucoup trop centrés sur eux-mêmes. En effet, elle a spontanément placé Dieu au centre de son existence, elle a voulu vivre au service des autres et enfin elle s'est portée au secours de sa mère la Sainte-Eglise
Suivons d'abord pas à pas le cheminement de l'âme de Louise Lateau jusqu'à son union intime avec Dieu. Sa naissance dans une famille chrétienne joua évidemment un rôle déterminant. Lorsque son père, un pauvre ouvrier, mourut de la variole en 1850, il laissait une veuve gravement malade et trois petites filels affamées. La plus jeune, notre Louise, âgée de 2 mois et demi, avait contracté la terrible maladie et allait mourir sans soin quand Dieu envoya un bon samaritain qui fit tout le nécessaire pour sauver les trois enfants et leur mère. De même, à un an et demi, Louise fut sauvée miraculeusement de la noyade. Dès lors madame Lateau habitua ses filels à s'abandonner à la Providence et à prier Dieu avec reconnaissance. C'est à 10 ans, lors de sa première communion, que la petite Louise put offrir à Jésus toute l'ardeur de son âme précoce. Elle lui promit de vivre toujours « en bonne chrétienne ». Depuis cette époque, spontanément elle se mit à méditer sur la laiseur du péché et la Passion du Sauveur . En terminant son oraison, elle n'oubliait jamais de prendre quelque bonne résolution pratique.
Prédestinée à reproduire en elle l'image de Jésus Crucifié
En décembre 1867, elle est acceptée dans le Tiers-Ordre de Saint-François. A cette occasion, elle note sans son carnet cette prière du Saint-Curé d'Ars : « Mon Dieu, si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime, je veux autant que mon sein vous le répète autant de fois que je respire. »
Dès lors, tout va se précipiter pour la jeune tertiaire de 17 ans.Quelques jours plus tard, dans l'église paroissiale, elle fut saisie par la contemplation de la 3eme station du chemin de Croix. A travers sa première chute, Jésus lui signifiait qu'Il n'était pas assez aimé. Louise dut répondre avec ferveur à cet appel, car le 1er vendredi de janvier 1868, Jésus offrait à sa privilégiée les cinq plaies intérieures de sa Passion, en lui donnant la mission de prier et de souffrir pour l'Eglise. Trois mois plus tard, les stigmates devinrent extérieurs, avec les premiers saignements au front, à la poitrine, à l'épaule droite, aux mains et aux pieds. Ensuite viendront les marques de la flagellation.
Ainsi tous les vendredis, jusqu'à sa mort, soit pendant 15 ans, Louise Lteau entrait en extase et revivait les affres de la Passion de Notre-Seigneur. Le Dr. Imbert-Gourbeyre, bouleversé par le visage transfiguré de la jeune fille à donné ce témoignage : « De ma vie, je n'ai jamais assisté à un si beau spectacle. Vos yeux ne peuvent se détacher de cette figure… Ecrasé par la majesté de l'inconnu, vous fléchissez involontairement les genoux devant une autre majesté. »
L'Eucharistie pour seule nourriture pendant 12 ans
Mais Dieu voulait montrer d'autres merveilles, afin de réveiller nos esprits trop matérialistes. Pour rappeler que le Christ Lui-Même se donne en nourriture dans l'hostie, Dieu permi que Louise continue à vivre normalement, mais en cessant de manger et de boire. (Comme Marthe Robin) Dès le 31 mars 1871, elle vécut uniquement du Pain des Anges, et cela pendant ses dernières années d'existence. La moindre gorgée d'eau, le moindre aliment étaient aussitôt expulsé de son corps, au prix de grandes souffrances. Mais chaque matin, à peine avait-elle communié qu'elle se portait à merveille, ayant la force voulue pour exécuter les plus gros travaux de la maison. Il est arrivé que des protestants, venus en sceptiques, retournent chez eux avec la conviction que le Christ est réellement présent dans l'Eucharistie, ayant vu Louise en extase après avoir communié.
Le don de distinguer les réalités sacrées
A ce siècle qui a perdu la notion du sacré, Louise a quelque chose à apprendre, car elle a reçu le don d'hiérognose, c'est à dire le pouvoir de distinguer ce qui est sacré de ce qui ne l'est pas (Comme Thérèse Neumann). Pendant ses extases, Louise était insensible au monde matériel qui l' entourait. Or il suffisait qu'on approche d'elle un objet pieux : une médaille, une image, de l'eau bénite, un chapelet… Pour qu'elle veuille à tout prix les vénérer, avec un sourire angélique. Il est inutile d'éssayer de l'induire en erreur. Un jour, le Père Seraphim vint dans sa chambre de malade avec une hostie non consacrée et une autre conbsacré. Louise, qui était en extase, ne fit aucun geste pour la première hiostie, mais se précipita à genoux, mains levées, avec un radieux sourire, pour communier avec l'hostie consacrée. Consciente d'être une insignifiante créature, elle avait mis son existence dans les mains de Dieu. Ce qui lui faisait dire : « Il n'y a que Lui qui sache bien ce qu'il nous faut. C'est mieux de Le laisser faire, cat, si nous insistions absolument pour obtenir ce que nous désirons, nous demandons souvent le couteau pour nous couper. »
Le don de compassion
L'aventure mystique de Louise Lateau ne l'empêcha nullement de rester au service de son entourage, de tous ceux qui qui avaient besoin de ses soins et de son réconfort. Dès son plus jeune âge, elle compatissait à la souffrance des personnes âgées et des malades. Voici son commentaire : « Comme maman était souvent dehors et que j'étais trop petite pour trvailler, j'avais l'habitude d'aller chez une vielle femme. J'avais alors 7-8 ans, mais je pouvais aider la vielle à faire son ménage. »
Lorsqu'elle eut 11 ans, sa mère l'envoya comme servante chez une fermière infirme de Manage, âgée de 78 ans. Après avoir trait les vaches, nettoyé l'étable, conduit le bétail aux pâturages, donné des soins à sa maîtresse, il lui arrivait encore de veiller la nuit comme garde-malade.
Pendant l'épidémie de choléra de 1866, alors que souvent les proches parents des malades abandonnaient tout pour fuir la contagion , Louise, elle, suppliait sa mère de lui permettre de soigner les cholériques. Elle avait la sûre intuition que Dieu bénirai son action.
Pendant trois mois, l'adolescente de 16 ans prodigua les soins aux vistimes de l'épidémie, en passant parfois trois jours et trois nuits sans dormir. Après avoir veillé les morts, on a pu la voir, aidée par sa sœur, transporter les cercueils au cimetière. On peut imaginer qu'une garde-malade, si proche de ceux qui souffraient, était réclamée dans tout le voisinage par les familles et les médecins qui appréciaient son art de soigner et de réconforter. En effet, elle disait : « J'aimerais mieux souffir moi-même que de voir souffrir les autres. »
Le Don d'accompagner et de consoler
A partir de 1876, condamnée à rester dans sa chambre, elle se consacra à l'accueil des nombreux visteurs qui venaient lui demander conseil ou lui confier des intentions. On a estimé à 20 000 le nombre des personnes qui ont été admise chez la stigmatisée. Son curé l'Abbé Niels, recevait en moyenne 200 demandes par semaines. Personne ne pouvait quitter Louise sans se trouver meilleur. Voici le témoignage de Madame Mandelier, une habituée de la maison Lateau : « Que de fois je me suis éloignée d'elle emportant un nouveau courage, la joie et la paix dans le cœur ! »
Voici un aveu de l'Abbé Niels qui a tenu un journal de 6000 pages relatant tous les faits et gestes de son illustre paroissienne : « J'ai reçu beaucoup de lettre m'annonçant des conversions et des guérisons, mais je n'ai pas le temps de les transcrire ! »
Si nous savions bien ce que c'est qu'un prêtre…
La troisième option fondamentale de Louise Lateau fut d'œuvrer fidèlement dans la voie balisée depuis des siècles par l'Eglise. Remarquons la sagesse de cette mystique, qui n'a fait que cinq mois d'école : « Je crains les illusions et les tromperies du démon, et c'est pour cela que je me laisse conduire par mon confesseur et directeur. »
A travers les attitudes de Louise, Dieu a voulu de nouveau donner une leçon à notre société où la fonction sacerdotale a souvent adopté un profil bas. Pour rappeler que le prêtre est une personne consacrée, digne d'un grand respect, il a été jusqu'à permettre que Louise en extase puisse être arrachée à la contemplation divine par tout prêtre qui décidait de la ramener à la vie ordinaire. Certainsinvestigateurs ecclésiastiques ont abusé de ce pouvoir pour éprouver l'extatique, qui souffrait beaucoup de ces rappels. Elle ne leur en voulait pas, elle disait : » Ah ! si nous savions bien ce que c'est qu'un prêtre, comme nous le respecterions ! »
Avec les stigmates, Dieu lui avait donné la mission de se sacrifier pour l'Eglise. A cette époque, comme l'avait signalé Pie XI, le modernisme commençait à faire ses ravages parmi les Catholiques. Ainsi les souffrances de Louise augmentaient en proportion des dangers qui menaçaient la Barque de Pierre. Ce fut le cas en 1870, lorsque des troupes pièmontaises s'emparèrent de Rome, laissant le Pape prisonnier du Vatican. Ou encore quend s'abbatirent sur le clergé dans Paris-la-rouge en 1871, les terribles persécutions de la Commune. En 1873, lors du Kulturkampf, destiné à détruire l'Eglise d'Allemagne, de nombreux Catholiques allemands vinrebt chercher le réconfort spirituel chez la petite couturière de Bois-d'Haine. Dans son propre pays, la Belgique, Louise offrait ses chemins de croix sanglants pour freiner la déchristianisation des campagnes et les attaques du parti libéral contre l'enseignement Catholique.
Le dossier de béatfication n'avance que très peu
La stigmatisée Wallonne possédait à un éminent degré la vertu chrétienne par excellence, qui manque tant à notre société, si imbue d'elle-même : l'humilité. Sobre et discrète en paroles, Louise à toujours pris sur elle les besognes les plus ingrates, à la maison et à l'extérieur. A ses proches, elle avait d'abord essayé de dissimuler ses saignements. Le succès que lui procuraient ses stigmates lui répugnait profondément. Elle avit supplié en vain l'Archevêque de Malines de pouvoir se cacher au fond d'un couvent. Tous les jours elle demandait à Dieu de mettre fin aux manifestations extérieures de ses charismes. Au crépuscule de sa vie, elle souffrait beaucoup d'être une charge pour ses sœurs.
Ne voulant pas que son corps reste imputrescible après sa mort, Louise disait : « J'ai demandé à Dieu que cela se passe comme toute le monde. » D'après les cahiers reccueillant les témoignages des pèlerins venus au Bois-d'Haine, on prie efficacement Louise Lateau en cas de blessure, de maladie, de nuits blanches, de problèmes conjugaux et pour tout ce qui concerne le travail. On conqtate , depuis quelques années que les efforts pour faire progresser le dossier de béatification sont mystérieusement freinés. Pourquoi ? La seule solution est d'imaginer qu'au Ciel, Luise, qui n'aime pas le rôle de vedette, préfère intercéder pour nous, à sa façon, c'est à dire avec discrétion !
Informations
On accéde à Bois-d'Haine par l'autoroute E42, entre Charleroi et Mons, prendre la sortie 20, direction Bois-d'Haine et bruxelles. La tombe de Louise Lateau se trouve derrière l'église.On peut visiter sa maison à 500 m. de l'église, 60 rue Saint-Hubert( l'après-midi)tel : 064/ 55 58 85
Texte de Mr Jean-Marc Derzelle paru dans le journal Stella Maris N° 391 d'avril 2003
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