Bienheureux Richard de Sainte Anne
Le Bienheureux Richard de Sainte Anne
1585-1622
Fête le 10 septembre
En l'an de grâce 1585, à Beignée, un hameau de Ham-sur-Heure qui appartenait alors au Diocèse de Liège, naquit dans la famille Trouvez un garçon que l'on baptisa du nom du plus fameux Evêque de la principauté : Lambert. Après des études moyennes, placé en apprentissage chez un tailleur, vers 19 ans, il émigra à Bruxelles. C'est là qu'il décida de quitter le monde et d'entrer chez les Franciscains à Nivelles. Là, on le remit aux travaux de tailleur. Attaché à la pauvreté comme Saint François, son modèle, il reprisait et raccommodait, se réservant à lui-même les bures les plus abîmées.
En ce 16e siècle explorateur et colonisateur, régnait aussi, dans tous les ordres religieux, un grand esprit missionnaire. Les confrères espagnols ou portugais du jeune homme, qui avait pris le nom de Richard de Sainte Anne, parcouraient le monde en prêchant l'Evangile. Le Frère Richard rêvait de les rejoindre. Il s'y préparait, se traitant à la dure, en une vie de privations volontaires et de pénitences rigoureuses. Croyant sans doute se rapprocher ainsi de ses projets, il demanda et obtint d'être transféré en Italie. On l'envoya au Couvent de l'Ara Coeli, puis à Saint François du Transtévère, au cœur de la Rome populaire. Il gardait tenacement son désir et certainement l'exprimait souvent. Est-ce pour cela qu'on le donna comme compagnon et assistant au Procureur de la Mission Franciscaine des Philippines ? Ce fut sa chance. Candidat au départ parmi les dizaines d'autres jeunes religieux, il se retrouva parmi les élus. Ses lettres d'alors disent sa joie. Déjà il rêvait de parvenir à ce martyre qu'avaient obtenu certains de ses prédécesseurs : « Qui sait si malgré notre indignité nous ne serons pas gratifiés de la même faveur ? ».
Il le sera en effet, mais il devra patienter 15 ans… En mai 1607, c'est l'embarquement pour les Philippines, un long et périlleux voyage, exposé à la fois aux tempêtes et aux pirates, hollandais et anglais, dont les navires sillonnent les mers. Richard arrive, après des mois, en avril 1609, à Manille.
Une surprise l'y attend. Ses Supérieurs, manquant de Prêtres et frappés de ses capacités, le destinent désormais au Sacerdoce et l'appliquent durant trois ans à la Théologie. Il en sort avec cette note : « Science et jugement remarquables ». Il est ordonné sur place. Vient l'année 1611. Richard à 26 ans. Il est transféré aux Mexique. Deux ans encore et le voilà débarquant au Japon. Enfin, il a rejoint la terre de ses désirs.
Dans ce milieu nouveau et si différent de ses expériences précédentes, le missionnaire a les yeux bien ouverts et ses lettres regorgent de détails. Il porte sur le Bouddhisme un regard à la fois curieux, admiratif et critique. Les pratiques populaires du Bouddhisme Japonais l'étonnent par leur ressemblances extérieure avec certaines pratiques chrétiennes : jeûnes et frugalité, offices récités ou chantés, chapitres d'aveu des fautes, chapelet, eau bénite… Mais il y voit un trompe-la-faim pour des âmes en recherche.
Les mêmes lettres sont pleines de descriptions enthousiastes des communautés chrétiennes ; on estime, peut-être un peu largement le total des fidèles à 600 000 ! La qualité répond à la quantité : la Foi et le courage fleurissent en ces temps pourtant terriblement durs, refuser d'apostasier, lorsqu'on est découvert et pris, c'est depuis déjà plusieurs années se vouer à la mort pour le Christ : par le sabre, le bûcher ou la lente agonie dans une prison. Les Prêtres étrangers sont plus visés dans cette chasse.
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