Bienheureux Pierre-Adrien Toulorge
Le Bienheureux Pierre-Adrien Toulorge
Martyr de la Vérité
Un épisode de 1793
Préface
S'il est une, vertu aimable, c'est l'amour de la vérité. S'il est un vice odieux, c'est l'habitude du mensonge. On ne saurait accorder trop d'éloges à ceux qui sont doués de la vertu, infliger trop de blâmes à ceux qui pratiquent le vice. Ce n'est pas seulement un devoir religieux pour un chrétien, de respecter la vérité dans ses actes et dans ses paroles, c'est un devoir social de premier ordre pour tout le monde. Il n'y a plus de hiérarchie dans la famille, dans la société, dans l'État, de garantie pour que chacun y remplisse ses devoirs et y jouisse de ses droits, si les agents servant la famille, la société et l'Etat trompent sur l'exécution des travaux qui leur sont confiés et sur les renseignements qui leur sont demandés. Le respect de la vérité, pour ceux qui commandent, pour ceux qui obéissent, est une des bases de l'ordre social. C'est en quelque sorte la force motrice qui maintient l'ordre et l'harmonie, dans la société. Tous ceux qui ont charge d'âmes, et qui comprennent leurs devoirs religieux et sociaux, ne sauraient trop inspirer au peuple et surtout aux enfants, qui deviendront peuple un jour, l'amour de la vérité et l'horreur du mensonge. Rien ne doit y contribuer plus puissamment que des exemples comme celui de l'abbé Toulorge, qui aima mieux périr sur l'échafaud révolutionnaire que de donner un mensonge peu grave toutefois et ne pouvant nuire à personne. On lui a reproché d'être allé trop facilement au-devant de la mort, et d'avoir, en quelque sorte, couru après le martyre. Le culte que le peuple rend à sa mémoire, en raison de la grandeur du sacrifice qu'il a fait à l'amour pur de la vérité; son exemple, cité par toutes les mères chrétiennes à leurs enfants, disent assez haut qu'il a eu raison d'encourir la mort pour ne pas commettre un mensonge. Qu'eût-il gagné à mentir? Les tyrans qui gouvernaient alors la France eussent trouvé un autre prétexte pour se débarasser de lui. Quand on lui aurait demandé de rendre ses lettres de prêtrise, il les eût courageusement refusées, et, au lieu d'être jugé ou plutôt assassiné à Coutances, il Peut été à Paris par le tribunal révolutionnaire. En faisant réimprimer, avec quelques documents nouveaux, la notice que j'ai déjà publiée sur ce confesseur de la foi, je cède au désir exprimé par Mgr Bravard qui a dernièrement, à Muneville-le-Bingard, raconté, d'une voix émue, sympathique, véritablement éloquente, dans deux allocutions, le martyre de ce bienheureux.
L. Quenault, Sous-Préfet de Coutances.
L'abbé Toulorge ou le Martyr de la Vérité
Un épisode de 1793
De tous les dévouements, de tous les courages qu'inspirent aux hommes les nobles sentiments de l'âme, il n'en est pas de plus dignes de l'admiration de leurs semblables que ceux qui ont la foi pour mobile. La mort n'est pas, aux yeux du martyr, un sacrifice, mais une occasion qu'il est heureux de saisir pour monter au ciel; loin de se plaindre, il remercie, il bénit ses juges et ses bourreaux. La touchante légende que nous allons raconter en est un éclatant et bien édifiant exemple.
Pierre-Adrien Toulorge, né en 1756, à Muneville-le-Bingard, d'une famille ancienne et honorable dans la contrée, dont il reste encore plusieurs représentants, était, au moment de la tourmente révolutionnaire, prêtre régulier de l'ordre des Prémontrés à l'abbaye de Blanchelande (commune de Neufmesnil, canton de la Haye-du-Puits,). Avant d'être religieux de cette abbaye, il avait été vicaire de Doville (canton de la Haye-du-Puits) (1). M. l'abbé Folliot, aujourd'hui curé-doyen de Montmartin-sur-Mer et précédemment desservant de Doville, a trouvé sur les registres paroissiaux des actes de son ministère et de son écriture, où il prend ce titre.
Il avait émigré. Quand le représentant du peuple Lecarpentier, à la suite de magnifiques considérants dans lesquels il proclamait, la liberté des cultes, déclara suspects et prescrivit d'emprisonner comme tels les prêtres qui ne déposeraient pas immédiatement leurs lettres de prêtrise, l'abbé Toulorge, retiré à Jersey, put savoir combien cette terrible mesure avait réduit le nombre des ecclésiastiques cachés qui, pendant la terreur, administraient les sacrements aux habitants du Cotentin et, ne consultant que son zèle évangélique, il revint en France pour exercer dans notre contrée, au péril de sa vie, le saint ministère. Il se retira à Doville, où il trouva un refuge chez des personnes pieuses, dévouées à leur ancien pasteur. C'est de là qu'il allait, dans les, environs, porter des secours spirituels aux malades.
La masse du peuple des campagnes était restée fidèle à sa foi religieuse, mais, il se rencontrait au bourg; de la Haye-du-Puits quelques éléments révolutionnaires. C'était le siège d'un baillage orné d'une dizaine d'avocats de villages avec leurs accessoires. On y avait formé un club, correspondant avec celui de Coutances et la société populaire des Jacobins siégeant à Paris. Il avait, comme l'a dit M. Edgar Quinet de tous les clubs de village, ses Danton, ses Robespierre, ses Marat, du cru : s'ils étaient moins éloquents, ils n'étaient ni moins vaniteux, ni moins entreprenants, ni moins cruels que leurs modèles. Les journaux irréligieux et révolutionnaires, les délégués, des clubs, de Paris et de Coutances trouvaient dans ces demi-savants des hommes assez lettrés pour comprendre leurs déclamations contre ce qu'ils appelaient;le fanatisme, trop profondément; ignorants pour ne pas les croire (2).
Il s'était donc formé dans le bourg de la Haye-du-Puits une société populaire, surveillant les fonctionnaires, espionnant les gens de, bien, et envoyant dans les communes rurales des agents secrets pour y répandre la terreur en dénonçant des suspects. Dans cette contrée, comme dans toute la France alors, une minorité factieuse opprimait toute la population (3). Pour se soustraire à l'examen des agents secrets de cette société, l'abbé Toulorge prenait divers déguisements. Un jour que, sous les habits de femme et accompagné d'une couturière qui était venue le chercher pour assister un malade dans la commune de Neufmesnil, il eut à passer devant le moulin de Doville : deux affiliés du club de la Haye-du-Puits, qui s'y trouvaient en surveillance, remarquèrent qu'une des femmes portait des bas à côtes, en laine, avec des chaussures d'homme; l'un des deux suivit les deux femmes, et envoya son camarade prévenir les amis de la Haye-du-Puits qu'on était sur la piste d'un suspect.
Le premier resta aux abords de la maison où entrèrent les deux femmes. Celle qui n'était pas suspecte étant sortie, il n'eut plus de doute que l'autre ne fût restée dans cette maison. Bientôt arrivèrent les affiliés de la Haye-du-Puits qui, sous le titre de gardes nationaux, avaient des fusils et des sabres. L'abbé Toulorge, qui les vit venir, se cacha sous un tas de jonc marin. Les gardes nationaux entrèrent, fouillèrent la maison et n'oublièrent pas de larder de coups de baïonnettes le tas de jonc marin sous lequel était couché l'abbé Toulorge. Ils ne le. découvrirent pas, et ils allaient prendre le chemin de la Haye-du-Puits, quand celui qui les avait appelés les pria de faire une nouvelle perquisition. On détassa le jonc marin, et l'abbé Toulorge découvert, déclara, avec l'attitude ferme et digne qu'il conserva depuis jusqu'à sa mort, qu'il était émigré, ancien religieux de Blanchelande, et se livra aux gardes nationaux. Cette noble attitude produisit sur eux quelque, impression, car ils ne le passèrent pas par les armes, comme l'abbé Héliard qu'ils assassinèrent en 1796.
On le conduisit à la Haye-du-Puits d'où il fut transféré dans la maison d'arrêt de Coutances, encombrée alors de prêtres, de religieuses, de nobles, de bourgeois, de domestiques, d'ouvriers, suspects de fanatisme, d'incivisme et d'aristocratie. Accusé d'émigration, il devait être jugé d'après une des plus barbares lois de cette affreuse époque, par le tribunal criminel de la Manche, siégeant sans jurés et assisté de deux administrateurs municipaux. Aucune latitude n'était laissée à l'humanité ni à la conscience du juge. Du moment qu'il était établi que l'accusé avait émigré et que son identité était constatée, il devait être condamné à mort et exécuté dans les 24 heures sans sursis ni pourvoi. L'abbé Toulorge fut conduit devant ses juges le 12 octobre 1793.
Appartenant à un tribunal régulier, les juges appliquaient, tout eu les déplorant, les lois draconiennes du temps; ils n'avaient pas l'ardeur sanguinaire des tribunaux révolutionnaires établis à Paris et dans quelques autres villes. D'ailleurs, ils savaient que ce bon abbé Toulorge ne s'était jamais mêlé aux intrigues politiques, et qu'il n'était rentré en France que pour donner aux fidèles les secours et les consolations de la religion; ils étaient donc bien disposés en sa faveur, et cherchaient le moyen de le faire échapper au supplice, ainsi qu'on le reconnaîtra par le texte du jugement que nous avons retrouvé sur les registres de ce tribunal criminel de la Manche. Les témoins ne furent entendus que pour constater, que l'abbé Toulorge était bien l'émigré porté sous ce nom sur la liste générale des émigrés. Aucun témoin ne fut interrogé sur le point de savoir s'il avait réellement émigré. Il n'y eut donc d'autre preuve de son émigration que la déclaration qu'il en fit lui-même.
Les questions lui furent présentées à l'audience, de manière à le mettre sur la voie d'un mensonge ou d'une déclaration ambiguë; mais, en admirable soldat de Jésus-Christ, il ne voulut pas nier qu'il eût été à son poste quand le devoir l'y appelait; ou plutôt il fut heureux de trouver l'occasion de gagner le Ciel par un acte sublime de foi et de conscience, imitant ainsi un saint vieillard de l'ancienne loi, Eléazar, qui aima mieux perdre la vie en refusant de sacrifier aux idoles, que de se sauver par une feinte indigne d'un véritable Israélite. Comme lui, l'abbé Toulorge ne crut pas qu'il fut permis à un ministre de Jésus-Christ, dans des circonstances aussi graves, de recourir à un simple détour pour se soustraire au supplice dont il était menacé dans ces temps de persécution. En effet, une simple apparence de lâcheté et de renonciation à sa foi eût pu être d'un funeste exemple pour tant de fidèles exposés, tous les jours, aux mêmes épreuves. Les lettres écrites par l'abbé Toulorge, dans la prison, à ses amis et à sa famille, sa réponse aux juges, ses dernières paroles au pied de l'échafaud, prouvent qu'il a vu la mort venir vers lui avec joie, et qu'il a été préoccupé uniquement de cette pensée que son supplice lui assurait la félicité éternelle.
Voici le jugement qui le condamne à mort : « Pierre-Adrien Toulorge. 136. 21 vendémiaire. Du douze octobre mil sept cent quatre-vingt-treize, l'an second de la République Française, les portes ouvertes, en l'audience publique du dit tribunal criminel, pour procéder au jugement du nommé Toulorge, prévenu d'émigration, le tribunal, en séance, a fait comparaître ledit Toulorge, libre et sans fers : icelui placé à la barre, le tribunal, par l'organe du citoyen Président, a demandé au prévenu son nom, surnom, âge, pro- fession et demeure. Il a répondu s'appeler Pierre-Adrien Toulorge, âgé de trente-sept ans, ci-devant religieux à l'abbaye de Blanchelande, Ordre des Prémontrés; lecture a été donnée de l'arrêté de la commission administrative du département de la Manche, du premier de ce mois, qui le déclare émigré et le renvoyé en ce tribunal; ledit Toulorge, interpellé de dire s'il est en état de justifier qu'il n'ait pas quitté le territoire de la République Française, a dit qu'il n'en pouvait justifier, et il est même convenu avoir quitté le territoire français et s'être retiré à l'île anglaise de Jersey, et il a été procédé ensuite à l'audition des témoins assignés à cet effet qui ont déposé, après serment par eux prêté. L'accusateur public a fait ensuite sa réquisition au tribunal pour l'application de la loi, et le jugement suivant a été prononcé et le dit Toulorge renvoyé dans la maison de justice. Au nom de la République Française.
Le tribunal criminel du département de la Manche, après avoir entendu l'accusateur public et commissaire national, dans ses conclusions, vu ce qui résulte de l'arrêté du conseil général de la commission administrative du département de la Manche, du premier de ce mois, qui déclare le prêtre Toulorge, ci-devant religieux, émigré; ensemble des déclarations passées par l'accusé, des dépositions des témoins, qui ont reconnu que Pierre-Adrien Toulorge, ci-devant religieux à l'abbaye de Blanchelande, prévenu d'émigration, présent, est celui-là même dont l'émigration a été constatée par ledit arrêté du conseil général de là commission administrative, et finalement, vu les dispositions de l'article soixante-dix-huit de la douzième section de la loi du vingt-huit mars dernier, duquel il a été fait lecture et qui est ainsi conçu : Les témoins cités seront entendus publiquement à l'audience et toujours en présence de deux commissaires du conseil général de la commune du lieu où le tribunal est établi; le prévenu comparaîtra devant les témoins, et s'ils affirment l'identité, les juges du tribunal condamneront l'émigré à mort, ou à la déportation s'il s'agit d'une femme de vingt-un ans et au-dessous jusqu'à quatorze ans.
Condamne ledit Pierre-Adrien Toulorge à la peine de mort, et sera le présent jugement exécuté dans les vingt-quatre heures, sans qu'il puisse y avoir aucun sursis, ni recours ou demande en cassation, conformément aux dispositions de l'article soixante-dix-neuf de la douzième section de ladite loi du vingt-huit mars dernier. Fait à Coutances, le douze octobre mil sept cent quatre-vingt-treize, l'an second de la République Française, en l'audience publique dudit tribunal. » (Suivent les signatures).
Après le prononcé du jugement qu'il écouta avec calme, l'abbé Toulorge dit d'une voix ferme et sympathique: « Deo gratias ! Adieu, Messieurs, jusqu'à une éternité bienheureuse, si vous vous en rendez dignes ! » Les juges et le public étaient consternés, mais l'abbé Toulorge rayonnait de joie, et ceux qui le virent passer quand on le reconduisit en prison, crurent qu'il venait d'être acquitté. Il en fut de même de ses camarades de prison à qui il fit cette réponse évasive : « Mon procès est jugé en ma faveur ». Mais la vérité fut bientôt connue dans la prison. (La maison ou il était détenu était un bâtiment aujourd'hui annexé au Lycée de Coutances, situé dans la rue de la Mission, appelé le Fort-Collin.) Ses compagnons l'entourèrent et fondirent en larmes. Une religieuse, Mme Saint Paul, s'abandonnait à sa douleur comme les autres détenus. Il lui adressa ces paroles: « Madame, les larmes que vous versez sont indignes de vous et de moi. Que diront les gens du monde, s'ils savent qu'ayant tous deux renoncé au monde, nous avons de la peine à le quitter? Si nous marquons de la répugnance à mourir, nous donnerons un mauvais exemple aux enfants du siècle, et notre découragement sera là perte du salut de beaucoup de pères et de mères qui pourront se trouver dans la même occasion. Apprenons-leur, par notre constance, ce qu'ils sont obligés de faire, montrons-leur la foi victorieuse des supplices, ouvrons-leur passage au ciel au travers des derniers efforts de l'impie ». Il prit son repas du soir avec les autres détenus, plus calme qu'aucun d'eux; après la prière, il se rendit avec eux dans la chambre commune, et se confessa à M. l'abbé Alix, curé de Montgardon. Au lieu de se coucher, dit un témoin oculaire, il écrivit, à la faveur d'une clarté qui illumina subitement la chambre, trois lettres dont la famille a conservé les deux suivantes :
Mon cher ami,
Je vous annonce une bonne et très-heureuse nouvelle. On vient de me lire ma sentence de mort, à laquelle, suivant Saint Cyprien, j'ai répondu Deo gratias ! Demain, à deux heures, je quitterai cette terre chargée d'abominations pour aller au ciel jouir de la présence de mon Dieu ; je serai heureux pour toujours ; je n'entendrai plus ces cris menaçants de mes ennemis, qui sont aussi ceux de mon Dieu et de mon Eglise : hélas! comment se peut-il faire que, tout pécheur que je suis, j'ai le bonheur d'être couronné du martyre? Je confesse à mon Dieu être très-indigne d'une telle faveur; mais que dis-je? c'est le sort de ceux qui ont le bonheur d'être demeurés fidèles à la foi catholique, apostolique et romaine, à laquelle, par la grâce de Dieu, je suis extrêmement attaché. O Mère des chrétiens, qui seule avez droit de présenter des,enfants au ciel, quelle joie pour moi d'être resté dans votre sainte maison pendant cette furieuse tempête! Hélas! mon cher, ami, ce qui est ma consolation maintenant, c'est que:Dieu me donne une joie et une sérénité très-grandes, et ce qui me fortifié, c'est l'espérance, que bientôt je posséderai mon Dieu; dès, mon arrivée,; je prierai le Seigneur pour tous ceux qui m'ont rendu service dans ma misère; je prierai principalement pour vous, à qui je dois mille obligations. Enfin, l'heure de ma mort va: bientôt sonner, mon temps est passé, mon éternité arrive, je vois, d'un oeil tranquille, même envieux, mes jours bientôt finis ».
A son frère
« Réjouis-toi, mon frère; tu auras demain un protecteur dans le ciel, si Dieu, comme je l'espère, me soutient comme il a fait jusqu'ici. Réjouis-toi de ce que Dieu m'ait trouvé digne de souffrir non-seulement la prison, mais la mort même pour Notre-Seigneur Jésus-Christ; c'est la plus grande grâce qu'il pouvait m'accorder; je le prierai pour toi de t'accorder une pareille grâce et une pareille couronne. Ce n'est pas aux biens périssables qu'il faut s'attacher. Tourne donc tes yeux vers le ciel, vis en honnête homme, et surtout en bon chrétien, élève tes enfants dans la sainte Religion catholique, apostolique et romaine, hors de laquelle il n'y a point de salut; regarde toujours comme le plus grand honneur d'avoir eu dans ta famille, un frère qui a mérité de souffrir pour Dieu ; loin de m'affliger de mon sort; réjouis-toi avec moi, Dieu soit béni!... Je te souhaite une, sainte vie et le paradis à la fin de tés jours, ainsi qu'à ma sœur, à mon neveu et à toute ma famille. Je suis toujours avec une parfaite amitié, ton frère ». Signé : Toulorge. Le 12 octobre 1793 ».
Lettre de M. l'abbé Toulorge du 12 octobre 1793.
Citoyenne,
J'ai une belle et heureuse nouvelle à vous annoncer, je suis délivré de toutes les misères d'ici-bas demain je jouirai du bonheur des élus je serai couronné, du martyre je ne méritais pas hélas une marque, si évidente de la bonté de Dieu. Je le prierai de vous combler de toutes sortes de biens de vous faire vivre et mourir dans la foi catholique apostolique et romaine hors laquelle il n'y a point de salut, je vous prie de ne pas vous attacher à cette vie mais à l'autre qui sera éternelle, rejouissez-vous de mon sort je vous souhaite la bénédiction de Dieu, Toulorge. Le 12 octobre 1793 la Veille de mon martyre (4).
Il se coucha ensuite et dormit d'un profond sommeil. Le lendemain, jour fixé pour l'exécution, il partit aussi joyeux que là veille. Un de ses compagnons raconte ainsi ses derniers, moments et son supplice : « Dès que le jour fut venu, le bienheureux se leva avec une joie surprenante qui fit disparaître le chagrin de ses confrères et des personnes pieuses qui étaient aussi détenues, non pas pour leurs crimes, car dans ce triste temps, on ne punissait que ceux qui faisaient profession de servir fidèlement Dieu ! Il déjeuna comme de coutume. Après avoir dit son bréviaire avec ses confrères, il leur demanda de lui accommoder les cheveux et de lui faire la barbe, ce qu'ils n'eurent pas le courage de lui accorder. Il s'en plaignit à quelques-uns. Un d'entre eux lui rendit ce dernier service. Le reste de la matinée fut employé à un entretien sur le bonheur de l'autre vie ; jusqu'à l'heure du dîner, on ne parla que de choses pieuses et fort attendrissantes. Il dîna peu, et, aussitôt, il demanda à ses confrères de vouloir bien chanter Vêpres avec lui. « C'est à moi de les entonner », dit-il; ce qu'il fit avec une ferveur extraordinaire. Lui-même entonna les psaumes. Etant à l'hymne de Complies qui était Orates, il dit: « Mes confrères il faut en rester là, bientôt je chanterai le cantique de Saint Syméon en actions de grâces (5). Oh! mes chers amis, je ne vous oublierai pas, je demanderai à Dieu qu'il vous protège, je le prierai pour vous, pour mes bienfaiteurs, mes amis, mes ennemis ! » A ce discours, tout le monde répandit des torrents de larmes. Personne ne put les retenir. « Voilà l'heure qui sonne, ajouta-t-il. Le moment de ma mort est arrivé ». A peine avait-il fini ces paroles, que les gendarmes et le bourreau parurent et l'avertirent de partir. Il se jeta alors au cou de ses confrères en leur disant: « Adieu mes amis ! Adieu ! Jusqu'à l'éternité ! » Tous fondirent en larmes à un adieu si terrible.
Cependant la religion rappelant leurs sentiments à une action de piété très utile, ils se mirent à genoux pour recevoir sa bénédiction. Il la leur donna. Pendant ce temps, tous s'aperçurent que son visage était couvert d'une lumière éclatante. Aussitôt il suivit les gendarmes qui étaient venus le chercher. Coutances fut dans la consternation. Les fenêtres furent fermées; tout le monde s'abandonna à la douleur, lui seul était dans la joie; il devançait le bourreau comme un autre saint André, et il parut voler au supplice. Il monta sur l'échafaud et regarda avec tranquillité l'instrument qui devait le frapper. Jetant un regard au ciel: « Mon Dieu s'écria-t-il, je vous recommande mon âme ! Mon Dieu, je vous demande la conservation et le rétablissement de votre sainte Eglise. Pardonnez, je vous prie, à mes ennemis ! » Ce furent là les dernières paroles qui sortirent de sa bouche. Aussitôt il présenta sa tête au bourreau, et le coup fatal, en séparant son âme d'avec son corps, le mit en possession des délices que Dieu a préparés de toute éternité à ceux qui l'aiment et qui le servent fidèlement. Ce fut ainsi que ce saint homme reçut la couronne du martyre. Dieu avait vu ses peines, il résolut de le tirer de misère ».
Telle fut la mort de ce bon prêtre dont le souvenir s'est conservé parmi le peuple dans la légende la plus touchante des temps de la Terreur. Il n'est pas une mère qui n'inspire à ses enfants l'horreur du mensonge en lui citant l'exemple de l'abbé Toulorge, qui aima mieux mourir que mentir. Si on doit le compter un jour parmi les bienheureux de notre diocèse, leur vénération pour sa mémoire sera, après son martyre, le plus grand de ses titres. J'ai entendu dire à une dame qui vit encore, mais dont l'intelligence est aujourd'hui très affaiblie, que l'abbé Toulorge, protégé par les autorités qui regrettaient sa condamnation, fut inhumé comme prêtre la face découverte, et qu'il avait, malgré son horrible mort, conservé une grande sérénité sur son visage ; elle me disait, il y a moins de quatre, ans, avoir vu elle-même passer son convoi dans la rue et avoir fait cette remarque. S'il a été inhumé comme prêtre et par le soin de personnes pieuses, on a dû lui tourner la face vers l'Occident, et comme il est de tradition qu'il a été inhumé dans le cimetière Saint-Pierre, près l'ancienne grange de dîme, si on y découvrait les ossements d'un squelette dans cette position, ce squelette devrait être le sien.
Voici une complainte qui fut chantée parmi les fidèles peu de temps après son supplice. Ce n'est pas un chef d'oeuvre de poésie, mais elle doit être conservée, comme la légende populaire de son martyre. En la lisant, je me suis rappelé l'avoir entendue dans mon enfance.
1. Descends du céleste séjour, souffle divin, flambeau d'amour ! Viens ranimer mon âme! Et que ta vivifiante ardeur fonde la glace de mon cœur. Le pénètre et l'enflamme.
2. Qu' entends-je ! Ô ciel, étonne-toi ! On me somme au nom de la loi d'abjurer ma croyance, et d'encenser la liberté, le serment et l'égalité, ces faux dieux de la France.
3. Tais-toi, philosophe orgueilleux : c'est à toi d'ouvrir les yeux; sois docile et n'adore que cette ancienne beauté, cette suprême Majesté. Qui commande à l'aurore.
4. Le croirais-tu, siècle pervers, que dans mon cachet, sous mes fers, je rencontre mille charmes. Et que tes lâches adorateurs passent leurs, jours semés d'erreurs dans de vivres alarmes.
5. Assouvis ta cupidité, monstre rempli d'iniquité; dévore ma substance. Tu peux, cruel, tout engloutir, mais tu ne saurais me ravir la fleur de l'innocence.
6. Souffrir pour sa foi, quel honneur ! Mourir pour son Dieu, quel bonheur ! Aussi, loin de me plaindre, armé du céleste flambeau, je m'approche de l'échafaud, sans pâlir ni sans craindre.
7. Dans ce terrible et beau moment, je vois s'ouvrir le firmament, je découvre la gloire. Hâte-toi de fixer mon sort, bourreau, laisse tomber la mort, gage de ma victoire.
8. Ses vœux sont enfin accomplis : il ne combat plus il jouit d'une paix ineffable; assis sur le trône éclatant, d'où il contemple le Dieu vivant, infiniment aimable.
Monuments commémoratifs de Monsieur l'Abbé Toulorge
M. Toulorge est le seul de nos confesseurs qui ait obtenu un monument pour rappeler sa mort héroïque. Il a été érigé, par suite d'un appel de M. l'abbé Billard, curé actuel dé Muneville. Mgr l'Èvêque s'est généreusement inscrit en tête de la souscription à laquelle le clergé du diocèse s'est empressé de prendre part. C'est un magnifique bas-relief dû à l'habile ciseau de M. l'abbé Déligand, chanoine de Coutances. Le saint prêtre est représenté devant ses juges, au milieu du tribunal. Dans le lointain on aperçoit l'abbaye de Blanchelande, où le saint prêtre a passé sa jeunesse monacale. A droite est un groupé représentant la commission administrative. Le président se dispose à prononcer la sentence de mort, lorsqu'un des juges s'avance vers le jeune prévenu pour l'engager a dire qu'il n'a point émigré. Le saint confesseur lève une main vers le ciel et de l'autre, désapprouvant lé conseil qu'on lui donne, il semble dire: « Non, je ne ferai pas ce que vous me proposez et je ne sauverai point ma vie par un mensonge ». Un ange, tenant une palme et une couronne, plane, sur la tête du pieux, et fidèle religieux.
A l'autre extrémité du parquet, se tiennent des gendarmes et quelques révolutionnaires portant le bonnet et la cocarde. Ils semblent attendre, l'ordre pour conduire en prison le jeune condamné. Au-dessus d'eux, dans un lointain bien ménagé, apparaît une guillotine où M. Toulorge est mis à mort, Le bourreau montre au peuple la tête vénérable, qu'il vient d'abattre. Ce magnifique bas-relief est encadré dans une belle table de marbre noir qui se voit aujourd'hui dans l'église de Muneville-le-Bingard (6). Une jolie croix couronne ce monument grave et sévère, et au-dessous du sujet que nous venons de décrire, on lit l'inscription suivante :
« Petrus-Adrianus Toulorge, in hac parochis natus, presbyter ordinis praemonstratentis, fidei catholicae confessor egregius, veritati simul et religioni testimonium indeclinabile capitis obtrungatione complevit, constantiis anno d. 1793 mensis octobr. Die 13. Rogabant eum ut simularetur... ut a morte liberabetur; Non dignum est, inquit fingere... Hoc modo vita decessit, memoriam mortis suae ad exemplum virtutis et fortitudinis dereliquens. (2 Machab. VI). Episcopus, Clerus Potulusque Dioeces. Monumentum posuere an. d. 1868 ».
Voici la traduction : « Pierre-Adrien Toulorge, né dans cette paroisse, prêtre de l'ordre des Prémontrés, illustre confesseur de la foi catholique, rendit un témoignage inébranlable à la vérité et à la religion, en souffrant la mort, à Coutances, le 13 octobre, l'an du Seigneur 1793. On l'engageait à dissimuler... afin d'éviter la mort. « Mentir, dit-il, est une indignité »,.. C'est ainsi qu'il mourut, laissant le souvenir, de sa mort comme exemple de courage et de vertu. L'Evêque, le Clergé et le Peuple ont posé ce monument l'an du Seigneur 1868 ».
Deuxième inscription placée à Coutances, dans le cimetière de Saint-Pierre : « Hic sepultus est Petrus-Adrianus Toulorge, natus in parochia Muneville-le-Bingard, Presbyter ordinis Praemonstr. Qui, annos 37 natus, fidei Catholicae simul et veritatus Martyr constantiis capite plexus, fortiter occubuit, anno 1793, mensis octob, die, XIII ». « Ici a été inhumé Pierre-Adrien Toulorge, né dans la paroisse de Muneville-le-Bingard, prêtre de l'ordre des Prémontrés, qui, à l'âge de 37 ans, martyr, de la foi catholique et de la vérité, subit courageusement la peine capitale à Coutances, le 13 octobre 1793 ».
Troisième inscription, placée sur la maison natale de M. Toulorge, à Muneville-le-Bingard : « In hoc domo natus est, die IV mai anno d. 1756, Petrus-Adrianus Toulorge, Presbyter qui, veritatis et fidei Catholicae Martyr, occubuit anno 1793, mensis octobr. Die XIII ». « Dans cette maison, naquit, le 4 mai 1757, Pierre-Adrien Toulorge, prêtre, qui mourut martyr de la vérité et de la foi catholique le 13 octobre 1793 ».
Le mardi 27 septembre une double cérémonie réunissait dans l'église de Muneville-le-Bingard, devenue trop étroite, la population de cette paroisse et des paroisses environnantes. Mgr l'Evêque devait bénir une cloche due à la munificence du respectable M. Lecesne, et il inaugurait un monument élevé dans une chapelle de l'église, par les souscriptions du clergé diocésain, à la mémoire de M. l'abbé Toulorge, né dans cette paroisse en 1756 et mort le 13 octobre 1793, martyr de la foi et de la vérité. Une cavalcade de 40 jeunes gens était venue au devant de Monseigneur et escorta sa voiture jusqu'à l'entrée du bourg où un arc-de-triomphe avait été dressé. Là, se forma la procession qui conduisit Sa Grandeur à l'église. On remarquait dans l'assistance, outre le clergé du voisinage et les autorités de la commune, M. le Sous-Préfet de Coutances, M. de la Conté, membre du conseil général, M. le comte d'Auxais, membres du conseil d'arrondissement, et plusieurs autres notabilités du pays, qui avaient tenu à honneur d'accompagner le vénérable Prélat et de payer leur tribut d'hommages à la mémoire du confesseur de la foi.
Car, il faut bien le dire, quelque joie que donnât aux habitants la bénédiction de leur nouvelle cloche, une autre image plus touchante remplissait tous les cœurs; et Monseigneur répondit à l'attente de la nombreuse assemblée, lorsque, dans une allocution profondément émue, il retraça la vie et la mort glorieuse du jeune prêtre, dont le souvenir est si cher à ses compatriotes: et à toute la contrée. Pour n'oublier aucune circonstance de cette précieuse mort, Sa Grandeur voulut en lire le récit attendrissant dans la notice écrite avec tant de foi et de talent par M. Quenault, Sous-Préfet de Coutances, Elle donna ensuite lecture de trois lettres écrites, à sa famille la veille de sa mort par notre héroïque Religieux.
Le soir, Mgr l'Evêque, accompagné d'une grande partie des personnes qui avaient assisté à la cérémonie du matin, et escorté de la cavalcade, se rendit au hameau où était né M. l'abbé Toulorge, afin de visiter l'humble, maison qui fut le berceau du prêtre, dont aujourd'hui le nom n'est prononcé qu'avec respect. Un arc de triomphe ornait l'entrée de cette demeure devenue vénérable. Une plaque de marbre hoir, placée,dans le mur, au-dessus de la porte, rappellera aux générations à venir que là naquit le généreux martyr. Après avoir béni cette pierre commémorative, Monseigneur déclara en quelques paroles très-attendries qu'il avait visité les plus vénérables sanctuaires et les plus pieux pèlerinages et que nulle part il n'avait éprouvé une plus vive émotion qu'en foulant ce seuil obscur, tant de fois franchi par l'enfant qui devait si héroïquement verser son sang pour la foi. Sa Grandeur voulut ensuite voir la petite chambre où cet enfant de bénédiction était né et toucher tous les objets qui lui avaient appartenu. Avant de se retirer, Elle pressa la main d'un vieillard, arrière-neveu du martyr, félicita son heureuse famille, l'exhorta à demeurer fidèle à ces glorieuses traditions, et lui promit pour toujours sa paternelle bienveillance.
Les restes de M. Toulorge sont restés confondus, dans le cimetière de St-Pierre-de-Coutances, avec ceux des suppliciés. Une pierre tumulaire indique le lieu présumé où a été déposée la dépouille mortelle du martyr. La commune de Muneville-le-Bingard a l'honneur de compter parmi ses enfants, outre M. l'abbé Toulorge, six prêtres confesseurs de la foi pendant la révolution. Un de ceux dont la mémoire est le plus en vénération, est M. l'abbé Lecesne, Nicolas-François, mort en exil en 1799. Il était l'oncle de M. Lecesne, donateur de la cloche dont il vient d'être parlé et dont il a été le parrain. La marraine a été une petite nièce de M. l'abbé Toulorge.
Notes
(1) L'abbé Toulorge a été ordonné prêtre en 1780. Il fut, depuis 1780 jusqu'en 1783, précepteur des enfants de M. Le Hérissier de Gerville au nombre desquels se trouvait le célèbre antiquaire M. de Gerville, de 1783 à 1787, il fut vicaire de Doville, en 1787, il devint chanoine régulier de l'abbaye de Blanchelande. (Note communiquée par M. l'abbé Lecardonnel, archiviste de l'évêché).
(2) La preuve de l'existence de ce club résulte dé l'extrait suivant du procès-verbal d'une séance dé celui de coutances : « Séance du Club de Coutances du 2 Messidor, an 2. Les citoyens X. X., membres de là société des amis de la liberté et de l'égalité de la Haye-du-Puits, députés de cette société, puis de celle de Coutances, après avoir mis sur le bureau leur diplôme et leur pouvoir, lecture; en ayant; été; faite, l'un d'eux; monte à la tribune et lit un mémoire relatif à une dénonciation faite, à la société par le citoyen. X.. contre les citoyens X. X. Le mémoire déposé sur le bureau, un membre à demandé qu'il soit envoyé à l'accusateur public, déjà saisi de la lettre du dénonciateur, lequel accusateur public prendra la voie que la loi prescrit en; pareil cas. La proposition est adoptée à l'unanimité ».
(3) L'esprit révolutionnaire trouve encore des aliments dans les fortes têtes de village. Le suffrage universel a augmenté leur influence, qui est sérieuse dans les campagnes. Ils la conserveront longtemps encore parce que, grâce aux suffrages dont ils disposent, ils ne manqueront pas de faux prophètes pour les pervertir, d'ambitieux pour les aduler. Là société des libres penseurs a fait des recrues parmi eux, et c'est encore dans cette catégorie de personnes que se rencontrent de temps en temps, mais de loin en loin, des hommes qui renient leur Dieu et blasphèment au moment suprême. Anathème au nom de la foi, anathème au nom de la société contre les faux prophètes qui les endoctrinent, contre les ambitieux qui, en les flattant, les trompent et les gonflent d'orgueil jusqu'à la démence. Ils maintiennent l'esprit révolutionnaire dans les petits endroits, où il est si facile d'exciter la haine et l'envie contre les supériorités sociales, pendant que d'autres hommes plus pervers entretiennent l'action révolutionnaire dans la capitale et les grandes villes. Cette double manoeuvre est le plus grand obstacle au développement de la liberté et aux progrès de l'humanité dans notre pays. Plusieurs fois elle a, depuis soixante ans, déchaîné sur lui des tempêtes démagogiques; après lesquelles la patrie a dû longtemps voiler la statue de la liberté afin de sauver l'ordre social. Et ce sont ceux qui l'ont mis en grand péril par leur ineptie qui demandent alors qu'on étouffe la liberté pour le sauver.
(4) M. l'abbé Lecardonnel, archiviste du diocèse, à découvert cette, lettre ainsi qu'il résulte de la note suivante que nous nous empressons de reproduire : « J'ai copié ce précieux document sur l'autographe même que M. l'abbé Poret, chanoine de Coutances, a eu la bienveillance de me communiquer. Cette lettre est écrite sur un feuillet de papier petit in-4°, sur le revers duquel se trouvaient déjà écrites les trois lignes et demie reproduites sur le verso de cette copie. On voit même que par mégarde, sans doute, il avait commencé cette lettre Sur cette page. On conçoit qu'à cette époque M. Toulorge n'avait pas sous sa main, dans la prison, tout ce qu'il eut désiré pour sa correspondance» et il est même fort heureux que cette lettre soit parvenue à son adresse. Feu M. Poret a fait don à Mgr l'évêque de Coatan'cés : 1° de la lettre autographe ci-dessus ; 2° du Bréviaire de M. Toulorge (pars autum nalis), pour le tout être Conservé dans les archives diocésaines ».
(5) Suivant un autre récit, il se serait arrêté à cette strophe : « O quando lucescet tuus, qui nescit occasum dies ! O quando sancta se dabit Quae nescit hostem patria ! », et se serait écrié dans un saint ravissement en fermant son livre : « Dans un instant ce jour va luire pour moi ! »
(6) Cette pierre à été sculptée et placée par M. Duccini, sculpteur et statuaire, à Coutances.
Ce texte a été publié à Coutances, chez Salettes, Libraire éditeur en 1869.
Prière pour la canonisation de Pierre-Adrien Toulorge
Seigneur notre Dieu, Vous avez accordé au Bienheureux Pierre-Adrien Toulorge de demeurer, au milieu des épreuves, fidèle à sa foi, à l'Église, au Pape, à son Ordre religieux et à son Pays. Plutôt que conserver la vie et recouvrer la liberté au prix d'un mensonge, il préféra se sacrifier par amour de la Vérité, afin de gagner la Vie qui n'aura pas de fin et partager Votre gloire. Vous l'avez tellement comblé de Votre Amour, qu'il pardonna à ses bourreaux, avant de remettre son âme entre Vos mains. Daignez, Seigneur, élever au rang des Saints de Votre Eglise le Bienheureux Pierre-Adrien Toulorge et m'accorder, pas son intercession, la grâce de ..., que j'implore avec confiance. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.
Pour approfondir
Site du Diocèse de Coutances
Pages sur le site du Diocèse de Coutance
Site de la postulation des Prémontrés
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