Bienheureuse Marie de Jésus Deluil Martiny
Bienheureuse Marie de Jésus Deluil Martiny
«Il faut qu'Il règne!... »
1841-1884
Fête le 27 février
Pour l'homme du troisième millénaire, un «Sauveur» a-t-il encore une valeur et un sens? Un Sauveur est-il encore nécessaire pour l'homme qui a rejoint la Lune et Mars?... Malgré les nombreuses formes de progrès, l'être humain est resté ce qu'il est depuis toujours: une liberté tendue entre bien et mal, entre vie et mort. C'est précisément là, au plus intime de lui-même, dans ce que la Bible nomme «le coeur», qu'il a toujours besoin d'être «sauvé»... Qui peut le défendre, sinon Celui qui l'aime au point de sacrifier son Fils unique sur la Croix comme Sauveur du monde?... N'ayez pas peur, ouvrez-Lui votre coeur, accueillez-Le, pour que son Règne d'amour et de paix devienne l'héritage commun de tous» (Benoît XVI, Message de Noël 2006). Les Saints, éclairés par le Saint-Esprit, perçoivent vivement à quel point le monde a besoin d'un Sauveur; le Règne de Jésus dans les coeurs constitue leur préoccupation majeure. Tel fut le cas de Mère Marie de Jésus Deluil-Martiny, qui écrivait: «Il faut qu'Il règne!... Car, à Lui appartient l'empire dans les siècles des siècles; et toutes les nations Lui ont été données en héritage. Il faut qu'Il règne!... notre Jésus, notre Frère, notre Sauveur, notre Ami, notre Époux! Il faut qu'Il règne en nous-mêmes pleinement, sans ombre de réserve ou de partage; il faut qu'Il règne sur le monde et sur les coeurs; et pour l'obtenir, nous prierons, nous offrirons, nous nous sacrifierons, nous mourrons tous les jours!...» Qui était la femme qu'embrasait un tel feu de l'amour divin?
Marie Deluil-Martiny est née à Marseille le 28 mai 1841 et a été baptisée le jour même. Aînée de cinq enfants, elle hérite de son père, avocat profondément chrétien, ce courage qui lui permettra de surmonter les difficultés de la vie; de sa mère, elle reçoit en partage une foi ardente jointe à une grande délicatesse de coeur. Cependant, elle montre un tempérament fier et impérieux. Quand vient l'époque de la première Communion, ses parents, pour lui assurer une préparation sérieuse, la mettent en pension à la Visitation de Marseille. Un jour, lors de la récréation, Marie interrompt tout d'un coup son jeu et, prenant à part une amie: «Y pensez-vous, Angélique, le Sang de Jésus coule en ce moment sur l'Autel pour le monde!» Et elle reste quelques instants comme absorbée par cette pensée qui a traversé son esprit comme un éclair. Marie fait sa première Communion le 22 décembre 1853, et elle reçoit le sacrement de Confirmation le 29 janvier 1854 des mains de saint Eugène de Mazenod, évêque de Marseille. Vers l'âge de 15 ans, alors qu'elle est encore au pensionnat, elle réunit un groupe d'élèves, appelées «Oblates de Marie», qu'elle considère comme un petit ordre religieux, avec règle, noviciat et profession. Le groupe est découvert et dissous par les Supérieures.
À la fin de ses études, Marie fait une retraite décisive pour sa vocation: «Jésus-Christ est le seul aimable, écrit-elle dans son journal; à la mort, je voudrais n'avoir aimé que Lui... Pour bien vivre dans le monde, je dois abhorrer le péché, fuir les occasions, haïr le monde et ce qui est du monde... Venez et suivez-moi, dit Jésus; ô Dieu, que ce mot est beau!... Il est à moi si je le veux!» C'est vers cette époque aussi qu'elle a la grâce de rencontrer le Curé d'Ars, saint Jean-Marie Vianney, et de lui parler de sa vocation. Elle sent très clairement que Jésus l'appelle à être toute à Lui, et pour cela elle refuse plusieurs propositions de mariage.
Épreuves intérieures
Cette âme choisie a besoin d'être purifiée. Aussi, Notre-Seigneur permet-Il qu'elle passe par de nombreuses épreuves intérieures, en particulier par une grave crise de scrupules. Voyant le péché partout, elle craint d'être séparée de Celui qu'elle aime par-dessus tout: «Vivre dans la pensée d'être mal avec Vous, ô Jésus, écrit-elle, c'est mourir mille fois; c'est si dur, mon doux Maître, de ne jamais vous sentir pleinement et d'attendre le Ciel pour jouir de Vous!» Grâce à l'aide d'un sage confesseur, Marie arrive à sortir de cette situation angoissante. En 1859, Clémence, la plus jeune de ses soeurs, meurt de maladie, après avoir communié pour la première fois; ses deux autres soeurs ainsi que son frère mourront les années suivantes. Marie reste seule au foyer paternel auprès de ses parents malades et éprouvés par des revers de fortune.
En 1864, elle fait la connaissance d'une nouvelle association fondée par une Visitandine de Bourg-en-Bresse et appelée «Garde d'honneur du Sacré-Coeur de Jésus»; son but est de glorifier, aimer et consoler le Sacré-Coeur en s'offrant avec Lui dans une vie de prière, de pénitence et de charité, pour réparer les péchés du monde. Marie reçoit bientôt le titre de «Première Zélatrice» de l'oeuvre qu'elle se consacre à propager auprès de nombreuses âmes à travers le monde, y compris des évêques, au moyen d'imprimés, d'images et de médailles.
À l'occasion de la béatification de la voyante de Paray-le-Monial, soeur Marguerite-Marie Alacoque, en juin 1865, Marie est invitée à faire une retraite à la Visitation de Bourg, au cours de laquelle elle reçoit de précieuses lumières. Vers la fin de décembre 1866, elle entend une prédication d'un prêtre jésuite, le Père Jean Calage, qui parle du sang et de l'eau jaillis du Coeur de Jésus. Inspirée de se mettre en rapport avec ce prêtre, elle lui manifeste son désir d'embrasser la vie religieuse: «Vous êtes appelée, lui répond le saint religieux, c'est certain; mais le moment n'est pas venu encore; votre entrée en religion actuellement renverserait les plans de Dieu. Il a des desseins particuliers sur votre âme... À vous de vous préparer par le détachement de vous-même». Il l'engage donc à se donner totalement à Notre-Seigneur, ce qu'elle fait le premier vendredi de mai 1867.
Le mal le plus grave
Afin de connaître les desseins du Seigneur sur elle, Marie passe de longues heures en oraison devant le Tabernacle. Elle comprend que Jésus recherche des âmes disposées à Lui offrir un perpétuel hommage de réparation pour les blessures faites à son Divin Coeur. Mais que faut-il entendre par «réparation»? Le péché est une offense faite à Dieu; il blesse également l'humanité: «Aux yeux de la foi, aucun mal n'est plus grave que le péché et rien n'a de pires conséquences pour les pécheurs eux-mêmes, pour l'Église et pour le monde entier» (Catéchisme de l'Église Catholique, CEC 1488). Dans sa toute-puissante miséricorde, Dieu aurait pu effacer toutes nos offenses sans exiger de réparation. Or, la Révélation nous apprend qu'Il a voulu une réparation parfaite; pour expier les péchés, Il a envoyé son Fils: Si quelqu'un vient à pécher, nous avons comme avocat auprès du Père, Jésus-Christ, le Juste. C'est Lui qui est victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier (1 Jn 2, 1-2). Selon la remarque de saint Thomas d'Aquin, le Père manifeste ainsi une miséricorde plus abondante: sachant l'homme impuissant à réparer par lui-même le péché, Il lui a donné son propre Fils pour satisfaire à sa place. «C'est l'amour jusqu'à la fin (Jn 13, 1) qui confère sa valeur de rédemption et de réparation, d'expiation et de satisfaction au sacrifice du Christ. Il nous a tous connus et aimés dans l'offrande de sa vie » (CEC 616). Or, l'oblation de Jésus sur le Calvaire se renouvelle à chaque Messe, et les Chrétiens sont invités à s'y associer. Saint Paul écrit aux Colossiens: Je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Église (Col 1, 24). C'est pourquoi le Sacré-Coeur cherche des âmes généreuses qui, comme Marie, Mère de Jésus, veuillent bien, en s'unissant à son Sacrifice renouvelé à chaque Messe, coopérer à son oeuvre rédemptrice et ajouter leur goutte d'eau au calice de sa Passion.
«Il faut qu'Il règne!...»
Le premier samedi de septembre 1867, Marie est en prière dans une église lorsque Jésus lui adresse la parole: «Je ne suis pas connu, je ne suis pas aimé... Je veux me faire des âmes qui me comprennent... Je suis un torrent qui veut déborder et dont on ne peut plus retenir les eaux!... Je veux me faire des coupes pour les remplir des eaux de mon amour... J'ai soif de coeurs qui m'apprécient et qui me fassent remplir le but pour lequel je suis là! Je suis outragé, je suis profané. Avant que les temps finissent, je veux être dédommagé de tous les outrages que j'ai reçus... Je veux répandre toutes les grâces qui ont été refusées...!» Marie est profondément attristée par le refus que le monde oppose à Jésus. Elle écrit: «Le monde ne veut plus de Lui. Aujourd'hui, les uns rougissent de Lui, les autres Le haïssent et Le méprisent; ils essayent de Le chasser des coeurs et de la société. À ces hontes, à ces haines, à ces mépris, à ces impiétés sataniques, répondons haut et ferme: Il faut qu'Il règne!» Dans cet esprit, le Pape Jean-Paul II incitait les fidèles à adorer le Saint-Sacrement: «Restons longuement prosternés devant Jésus présent dans l'Eucharistie, réparant ainsi par notre foi et notre amour les négligences, les oublis et même les outrages que notre Sauveur doit subir dans de nombreuses parties du monde» (Lettre apostolique Mane Nobiscum, 7 octobre 2004, n. 18).
Le 8 décembre 1867, Marie prononce, avec la permission du Père Calage, le voeu de virginité. En septembre 1868, devant la statue de la Vierge de la Salette en larmes, elle reçoit cette inspiration: «La Sainte Vierge veut des victimes qui s'interposent, en union avec son Coeur transpercé et avec Jésus immolé, entre les crimes des hommes et la Justice de Dieu...» Le mois suivant, elle fait cette belle prière: «Ô Jésus, recevez-moi des mains de la Très Sainte Vierge et offrez-moi avec Vous, immolez-moi avec Vous... Je m'offre à cette immolation autant que votre bon plaisir le voudra et que ma faiblesse le permettra... Je regarderai toutes les croix, toutes les souffrances que votre Providence me destine et m'enverra comme autant de gages qui m'assureront que vous avez accepté mon humble offrande». Au début de l'année 1869, Marie met par écrit un aperçu complet de l'oeuvre future: «Comme Marie sur le Calvaire, unie au Prêtre Éternel, a offert son divin Fils et a renouvelé cette offrande par les mains de saint Jean, les Filles du Coeur de Jésus, unies à tous les prêtres du monde, offriront Jésus-Hostie immolé d'autel en autel. Elles offriront spécialement le Sang et l'Eau sortis de la divine blessure du Sacré-Coeur. Elles seront les adoratrices de l'Eucharistie exposée solennellement dans les églises de leurs monastères et s'appliqueront à L'entourer des plus profonds témoignages de respect et d'amour; ce sera leur vie, leur raison d'être...»
Des épreuves humiliantes surviennent en même temps qu'une abondance de grâces. Le Père Calage en profite pour enraciner Marie dans l'humilité: «Tâchez de rapetisser votre esprit; votre âme est souple, vous êtes obéissante, mais votre esprit doit être abaissé... Dieu abaisse ordinairement l'esprit par les humiliations et les tentations; elles vous disent: voilà ce que tu es sans la grâce: quelque chose de hideux, d'exécrable...»
Se dévouer pour les prêtres
Le 14 août 1872, Marie écrit: «Le prêtre a seul mission et pouvoir d'immoler la Victime; il a seul mission et pouvoir de L'offrir comme sacrificateur. L'âme du simple Chrétien doit forcément passer par l'âme du prêtre, se fondre en elle pour participer à l'oblation de la victime et glorifier Dieu autant qu'Il peut l'être. Ô prêtre, j'ai besoin de vous pour glorifier le Père... donnez-moi le Fils et Il suffit!... Les prêtres sont les bras de l'Église, toujours levés pour sacrifier et offrir; et toute l'Église devrait sans cesse, unie à eux, sacrifier et offrir par leurs mains consacrées... L'union à l'autel, l'union au Sacrifice, cette identification d'une vie entière aux ministres du Seigneur – afin qu'ils célèbrent plus dignement – c'est un attrait qui est sublime, c'est du pur christianisme; aider les prêtres, se dévouer pour eux». Et encore: «J'envoie mon Bon Ange assister tous les Prêtres au saint Autel. Je l'envoie porter mon âme sur toutes les patènes, afin d'y être offerte avec Jésus-Christ immolé».
Cette intuition de Marie concorde avec ce que le Pape Pie XII affirmera dans l'encyclique Mediator Dei (20 novembre 1947): «Par le fait que le prêtre pose la divine Victime sur l'Autel, il la présente à Dieu le Père en tant qu'offrande pour la gloire de la Très Sainte Trinité et le bien de toute l'Église. Or, cette oblation, au sens restreint, les Chrétiens y prennent part à leur manière et d'une double façon, non seulement parce qu'ils offrent le Sacrifice par les mains du prêtre, mais aussi parce qu'ils l'offrent avec lui en quelque sorte, et cette participation fait que l'offrande du peuple se rattache au culte liturgique lui-même...» Et le Concile Vatican II enseigne: «Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, bien qu'il y ait entre eux une différence essentielle et non seulement de degré, sont cependant ordonnés l'un à l'autre... Celui qui a reçu le sacerdoce ministériel jouit d'un pouvoir sacré pour former et conduire le peuple sacerdotal, pour faire, dans le rôle du Christ (in persona Christi), le sacrifice eucharistique et l'offrir à Dieu au nom du peuple tout entier; les fidèles, eux, de par le sacerdoce royal qui est le leur, concourent à l'offrande de l'Eucharistie et exercent leur sacerdoce par la réception des sacrements, la prière et l'action de grâces, le témoignage d'une vie sainte, et par leur renoncement et leur charité effective» (Lumen gentium, 10).
De bonnes aubaines
Le projet de Dieu sur Marie a mis du temps à se révéler pleinement; enfin, le moment est venu de le réaliser. Mais les troubles politiques rendent impossible une fondation en France. Aussi, aidée d'un prélat belge, Monseigneur Van den Berghe, elle fonde, le 20 juin 1873, à Berchem-lez-Anvers (Belgique), la Société des Filles du Coeur de Jésus. Prenant le nom de Mère Marie de Jésus, elle reçoit le voile et un habit blanc sur lequel sont brodés deux coeurs rouges entourés d'épines. Dans l'esprit du message de Notre-Seigneur à sainte Marguerite-Marie, les objectifs du nouvel institut sont les suivants: faire réparation pour les péchés commis contre le Coeur de Jésus, Lui offrir une incessante action de grâces pour tous les bienfaits qu'Il ne cesse de répandre sur le monde, offrir à la Très Sainte Trinité le Sang précieux de Jésus-Christ pour obtenir l'avènement de Son règne dans le monde. Le moyen privilégié pour réaliser cet idéal sera une vie cloîtrée, centrée sur l'office divin et l'adoration du Très Saint Sacrement. Les Religieuses du nouvel institut réciteront chaque jour les sept dernières paroles de Jésus en Croix, paroles de Rédemption et source de sainteté pour les âmes. Afin de compenser le manque d'action de grâces envers les bienfaits divins, elle réciteront le Magnificat plusieurs fois par jour. Voulant ouvrir les portes de la vie religieuse aux santés qui ne peuvent supporter les austérités des ordres anciens, Mère Marie de Jésus insiste moins sur les pénitences corporelles que sur la mortification intérieure et sur le renoncement par l'obéissance. Sa préférence va aux mortifications qui se présentent d'elles-mêmes: «Ces souffrances causées par la chaleur ou le froid, écrit-elle, sont de bonnes aubaines pour une âme mortifiée. Ne rien dire en ces occasions-là est une mortification précieuse, parce que personne ne la voit et n'y prend garde; tout est pour Jésus seul». Notre-Dame lui avait dit: «Pour l'institut futur, l'oblation du Saint-Sacrifice de la Messe, l'offrande toute céleste de la divine Victime immolée sur l'Autel suppléera d'une manière très excellente aux immolations corporelles que certaines santés ne permettent plus». En effet, comme l'enseignait Jean-Paul II, «chaque consécration eucharistique obtient un effet de rémission des péchés pour le monde et contribue ainsi à la réconciliation de l'humanité pécheresse avec Dieu. Le sacrifice offert dans l'Eucharistie n'est pas, en effet, un simple sacrifice de louange. C'est un sacrifice expiatoire ou propitiatoire, comme l'a déclaré le Concile de Trente, car, en lui, se renouvelle le sacrifice même de la Croix dans lequel le Christ a expié pour tous les hommes et a mérité le pardon des fautes de l'humanité» (Audience du 15 juin 1983).
Un bon coup d'aile
Les constitutions du nouvel institut sont approuvées en 1876 et, le 22 août 1878, la fondatrice et les quatre premières Religieuses prononcent leurs voeux perpétuels. Cependant Mère Marie de Jésus a le désir de planter l'oeuvre dans son pays natal. En juin 1879, une fondation s'établit à «La Servianne», propriété héritée de ses parents, près de Marseille. La vie de Mère Marie de Jésus se partage désormais entre le gouvernement de ses monastères et une volumineuse correspondance. Sa bonté native s'est enrichie de la tendresse d'une mère; sa sollicitude veille à tous les détails de la vie de ses Filles. Si l'une d'elles est malade, elle passe à son chevet des nuits entières, la soignant de ses mains, lui suggérant de saintes pensées. À l'une de ses Filles, elle écrit : «N'est-ce pas ridicule de passer notre temps à nous contempler, à nous admirer, ou à nous plaindre, à nous désoler de nos maux si petits, qui nous semblent si grands, à nous borner à gémir sur nos misères, quand les grands intérêts de Dieu et du salut des âmes nous appellent, que nous avons un Dieu à aimer et à servir, des âmes à aider et à secourir? Tenez, nous ressemblons à un homme qui, au milieu d'un grand incendie qui brûle sa maison, et qui va étouffer sa mère, son père, ses enfants, au lieu de se hâter d'aider à l'éteindre, gémirait en un coin d'avoir sali ses habits en portant des seaux d'eau, et s'occuperait à enlever, avec des lamentations, chaque grain de cendre égaré sur ses vêtements. Eh bien! Voilà ce que nous faisons quand, au milieu de ce malheureux monde qui cherche à incendier l'Église et qui insulte Jésus-Christ Notre-Seigneur, nous passons notre temps à nous lamenter sur nos maux intérieurs, nos épreuves personnelles, etc. Nous nous rétrécissons sur nous-mêmes, quand nous pourrions nous élargir en embrassant Dieu, et devenir des saintes en servant sa cause par nos renoncements et nos sacrifices. Un bon coup d'aile, et, avec la grâce, élevons-nous, quittons la terre, quittons-nous nous-mêmes surtout, et ne voyons plus que Jésus seul!»
En novembre 1883, Mère Marie de Jésus a engagé un aide-jardinier, Louis Chave, vingt et un ans, pour le tirer de la misère. Mais bientôt, il se montre paresseux, impoli, exigeant, et de plus il noue des relations avec les anarchistes. Le 27 février 1884, mercredi des Cendres, il se met en embuscade dans le parc de «La Servianne», là où passeront les Religieuses au cours de leur récréation. Il se montre et, tandis que la Supérieure lui adresse une parole aimable, il lui saisit la tête et tire deux fois à bout portant avec un revolver. Blessée à la carotide, Mère Marie de Jésus s'effondre en murmurant: «Je lui pardonne... pour l'OEuvre!» Elle meurt peu après.
Inhumé dans le caveau de famille, puis transféré à Berchem en 1899, son corps fut exhumé le 4 mars 1989, en vue de la béatification. On le retrouva intact et souple. La Congrégation des Filles du Coeur de Jésus compte aujourd'hui des monastères en France, en Belgique, en Suisse, en Autriche, en Italie, et une fondation en Croatie. Après la mort de la fondatrice, le rayonnement de sa communauté a conduit à l'établissement de «l'Association des Âmes Victimes», qui a compté des milliers d'adhérents, dont les saints Pie X et Maximilien Kolbe, les bienheureux Charles de Foucauld, Columba Marmion, Édouard Poppe, et Marie-Joseph Cassant. Lors de la béatification de Marie Deluil-Martiny, le 22 octobre 1989, le Pape Jean-Paul II a résumé ainsi son itinéraire spirituel: «Elle fut très tôt émue par les blessures faites à l'amour de Jésus et par les refus de Dieu trop fréquents dans la Société. En même temps, elle découvrait la grandeur du don que Jésus faisait au Père pour sauver les hommes, la richesse d'amour qui rayonne dans son Coeur, la fécondité du sang et de l'eau qui coulent de son côté ouvert. Elle fut convaincue qu'il fallait participer à la souffrance rédemptrice du Crucifié en esprit de réparation pour les péchés du monde».
Puissions-nous, pour le salut du monde, nous unir au Sacrifice rédempteur de Jésus avec Marie présente au pied de la Croix.
Texte extrait du site www.clairval.com
Acte de Consécration au Sacré Coeur de la Bienheureuse Marie de Jésus
Permettez, ô mon doux Maître, que je me donne à Vous et à votre Cœur adorable par vos propres mains. Recevez et acceptez ainsi le don, l'abandon total et sans conditions que votre grâce me fait Vous offrir de tout moi-même, de mon cœur, de mon âme, de mon esprit, de ma volonté, de ma liberté, de mes pensées, de mes affections… de tout ce qui m'intéresse, m'appartient ou m'est cher, pour le présent et l'avenir, pour le temps et l'éternité. Faites de moi et de tout cela ce que Vous voudrez. Employez-moi, laissez-moi inutile dans un coin, consolez-moi, désolez-moi, je n'ai rien à y voir, rien à désirer ou à préférer. Me voilà jetée aujourd'hui comme une petite goutte d'eau dans l'océan d'amour de la Blessure de votre Cœur, ô Jésus, pour être roulée et portée par ses vagues sacrées selon l'ordre de votre volonté, à tout jamais. En échange de ces pauvretés que je Vous donne, donnez-moi la grâce de ne jamais me reprendre, de Vous aimer sans réserve et sans partage et d'accomplir parfaitement votre volonté sainte.
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