Bienheureux Peter To Rot 2
Bienheureux Peter To Rot
1916-1945
Fête le 7 juillet
«S'il n'y a plus de prêtre, c'est le catéchiste qui sera le bon pasteur des brebis de Jésus-Christ!» disait, en 1942, le bienheureux Pierre To Rot, catéchiste, lors de l'arrestation d'un missionnaire; lui-même devait mourir martyr en 1945, à l'âge de 29 ans, pour avoir refusé la polygamie; le Pape Jean-Paul II l'a béatifié le 16 janvier 1995. Pierre To Rot est né en 1916 à Rakunai dans l'actuelle Papouasie-Nouvelle-Guinée (Océanie). Île plus grande que la France, la Nouvelle-Guinée est entourée de nombreux archipels; plus de mille tribus parlant sept cents dialectes différents y habitent. Cette région a été évangélisée par des missionnaires français et allemands à partir de 1890; le père de Pierre To Rot, To Puia, est le chef d'un village; catholique très estimé, il enseigne lui-même à son fils les éléments fondamentaux du catéchisme, tandis que sa mère lui apprend à prier. L'école du village est tenue par les missionnaires; l'enfant s'y montre travailleur, et rempli d'intérêt pour la religion. Il est connu pour sa promptitude à rendre service; très agile à grimper sur les cocotiers, il va volontiers faire la cueillette des noix de coco pour le compte des villageois âgés. Cette gentillesse étonne de la part d'un fils de chef, qui pourrait réclamer qu'on le serve. Mais la parole de Notre-Seigneur: Il y a plus de joie à donner qu'à recevoir (Ac 20, 35), a frappé son coeur. À l'école, le jeune Papou se montre espiègle, mais sa franchise (vertu rare chez les Tolai, ethnie à laquelle il appartient) est totale. En 1930, le Père Laufer, qui a en charge la paroisse de Rakunai, demande au père de l'enfant s'il ne pourrait pas le faire étudier en vue du sacerdoce. L'élévation d'un Papou à la prêtrise était alors rarissime. À cette proposition flatteuse, To Puia répond avec sagesse: «Je pense que les temps ne sont pas mûrs pour que l'un de mes fils, ou un autre homme d'ici devienne prêtre. Mais si tu veux l'envoyer à l'école de catéchistes de Taliligap, je suis d'accord». L'adolescent part donc pour cette école où des jeunes gens choisis étudient en vue de seconder les missionnaires, peu nombreux dans cet immense champ d'apostolat. Actif et optimiste, Pierre se rend avec un égal entrain aux Offices religieux, aux cours ou aux travaux manuels (l'école doit en grande partie sa subsistance au travail agricole des élèves). Il stimule ses camarades souvent portés à l'indolence sous le brûlant climat équatorial. La communion quotidienne, la confession fréquente, la récitation du chapelet sont sa force contre les tentations. Peu à peu, il corrige son tempérament facétieux dont sont victimes ses professeurs. Mais il demeure un joyeux compagnon, n'ayant pas son pareil pour désarmer les querelleurs par ses plaisanteries. En 1934, ayant donné toute satisfaction, Pierre To Rot reçoit de son évêque la croix de catéchiste, puis est renvoyé dans son village natal pour aider le Père Laufer. Il exerce sur les chrétiens une surveillance discrète, encourage les tièdes à participer à la Messe du dimanche, prépare les pécheurs à une sérieuse confession, ramène les brebis égarées à la bergerie du Bon Pasteur. Il aime avant tout faire la connaissance des gens. Son zèle le porte à combattre les pratiques de sorcellerie encore vivaces, même chez les Chrétiens.
Des témoins directs
«Chers catéchistes, disait le Pape Jean-Paul II lors de la béatification de Pierre To Rot, soyez des témoins directs, des évangélisateurs irremplaçables, la force et le fondement des communautés chrétiennes. Dès le début, l'oeuvre des catéchistes laïcs en Papouasie-Nouvelle-Guinée a apporté une contribution singulière et irremplaçable à la propagation de la foi et de l'Église. Au nom de toute l'Église, je vous remercie pour l'oeuvre sainte que vous accomplissez». Pour guider la catéchèse actuelle, le Pape Jean-Paul II a publié, en 1992, le Catéchisme de l'Église Catholique (CEC). Celui-ci était adressé en tout premier lieu à l'épiscopat «comme texte de référence sûr et authentique pour l'enseignement de la doctrine catholique, et en particulier pour l'élaboration des catéchismes locaux». En 2005, Benoît XVI a fait paraître un résumé de ce Catéchisme: «Le Compendium que je présente aujourd'hui à l'Église universelle est une synthèse fidèle et sûre du Catéchisme de l'Église Catholique. Il contient, de façon concise, tous les éléments essentiels et fondamentaux de la foi de l'Église, de manière à constituer, comme le souhaitait mon Prédécesseur, une sorte de «vade-mecum»» (Benoît XVI, 28 juin 2005). [Le «vade-mecum» est un livre qu'on porte ordinairement et commodément sur soi, destiné à rappeler en peu de mots les notions principales d'une science ou d'un art.] La catéchèse est d'abord une éducation de la foi. Que signifie concrètement, pour l'homme, de croire en Dieu? «Cela signifie, répond le Compendium, adhérer à Dieu Lui-même, en se confiant à Lui et en donnant son assentiment à toutes les vérités qu'Il a révélées» (n. 27). «Le Concile Vatican II déclare qu'«à Dieu qui révèle il faut apporter l'obéissance de la foi» (Dei Verbum, n. 5). Par cette affirmation brève mais dense, est exprimée une vérité fondamentale du christianisme» (Jean-Paul II, Encyclique Fides et ratio, 14 septembre 1998, n. 13). «Soutenu par la grâce divine, l'homme répond à Dieu par l'obéissance de la foi, qui consiste à se confier pleinement à Dieu et à accueillir sa vérité, en tant qu'elle est garantie par Dieu, qui est la Vérité elle-même» (Compendium, n. 25).
Une clé précieuse
Dans l'encyclique Spe salvi, du 30 novembre 2007, le Pape Benoît XVI rappelle que la foi est la clé de la vie éternelle. Il évoque à ce sujet le rituel du Baptême: «Je voudrais partir de la forme classique du dialogue par lequel le rite du Baptême exprimait l'accueil du nouveau-né dans la communauté des croyants et sa renaissance dans le Christ. Le prêtre demandait d'abord quel nom les parents avaient choisi pour l'enfant, et il poursuivait ensuite par la question: «Que demandez-vous à l'Église?» Réponse: «La foi. – Et que donne la foi? – La vie éternelle». Dans le dialogue, les parents cherchaient pour leur enfant l'accès à la foi, la communion avec les croyants, parce qu'ils voyaient dans la foi la clé de «la vie éternelle». En fait, aujourd'hui comme hier, c'est de cela qu'il s'agit dans le Baptême, quand on devient Chrétien: non pas seulement d'un acte de socialisation dans la communauté, non pas simplement d'un accueil dans l'Église» (n. 10). Clé de la vie éternelle, la foi est «nécessaire pour être sauvé» (Compendium, n. 28). Mais lorsqu'elle est authentique, la foi guide la manière de vivre. Au jeune homme qui L'interroge sur la vie éternelle, Jésus répond: Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements, puis Il ajoute: Viens et suis-moi (Mt 19, 16-21). «Suivre Jésus implique d'observer les commandements. La Loi n'est pas abolie; mais l'homme est invité à la retrouver dans la personne du Divin Maître, qui la réalise parfaitement en lui-même, en révèle la pleine signification et en atteste la pérennité» (Compendium, n. 434). C'est grâce aux sacrements qu'il devient possible de vivre selon la foi: «Ce que professe le Symbole de la foi, les sacrements le communiquent. Par eux, en effet, les fidèles reçoivent la grâce du Christ et les dons de l'Esprit-Saint, qui les rendent capables de vivre la vie nouvelle de fils de Dieu dans le Christ accueilli avec la foi» (Compendium, n. 357). En 1942, le Japon, en guerre contre les puissances occidentales, envahit la Nouvelle-Guinée; les Japonais, à peine débarqués à Rabaul, emprisonnent prêtres, religieux et religieuses. Le Père Laufer est bientôt arrêté; Pierre To Rot s'efforce dès lors de suppléer autant que possible à l'absence du prêtre, baptise les nouveaux-nés, assiste avec des témoins aux mariages, préside les enterrements. Chaque dimanche, il dirige à l'église une réunion de prière où il exhorte les fidèles à la persévérance. Pour qu'ils puissent recevoir les sacrements, il les conduit, en secret, auprès d'un missionnaire qui a évité l'arrestation et vit dans la forêt. Bientôt, les soldats japonais se livrent au pillage et à la destruction des églises, et To Rot doit construire dans la brousse une chapelle de bois ainsi que des cachettes souterraines pour le mobilier et les vases sacrés. À cause des nombreux espions, il effectue habituellement de nuit ses visites aux Chrétiens. Il va souvent à Vunapopé, ville éloignée où un prêtre lui donne le Saint-Sacrement, qu'il peut alors distribuer aux mourants et aux malades, en vertu d'une permission spéciale de l'évêque.
Pour le Règne de Dieu
Pierre a toujours conçu un grand respect pour la sainteté du mariage. Marié depuis 1936 avec Paula Ia Varpit, jeune fille d'un village voisin, il est un modèle pour les autres foyers, et sauve beaucoup de ménages menacés par les querelles ou l'inconduite d'un des conjoints. Les Japonais encouragent le retour à la polygamie, pratiquée dans le pays avant l'évangélisation. Ils espèrent, par cette mesure, éloigner la population de l'influence «occidentale». Par entraînement sensuel ou par crainte des représailles, beaucoup d'hommes prennent une seconde femme. Devant ce scandale, Pierre To Rot ne peut se taire: sa foi et ses responsabilités de catéchiste lui imposent de parler, quelles qu'en puissent être les conséquences: «Je n'en dirai jamais trop aux Chrétiens sur la dignité et la haute signification du sacrement du Mariage», déclare-t-il. À son épouse qui craint que cette détermination n'attire le malheur sur son foyer, To Rot répond: «Si je dois mourir, cela est bon, car je mourrai pour le Règne de Dieu sur notre peuple». L'enseignement de Pierre sur le Mariage est celui de l'Église, rappelé de nos jours par le Compendium: «Dieu, qui est amour et qui a créé l'homme par amour, l'a appelé à aimer. En créant l'homme et la femme, il les a appelés, dans le Mariage, à une intime communion de vie et d'amour entre eux, à cause de cela, ils ne sont plus deux, mais un seul (Mt 19, 6)» (n. 337). L'unité que forment les époux est exclusive durant leur vie: «Le sacrement de Mariage crée entre les époux un lien perpétuel et exclusif. Dieu lui-même ratifie le consentement des époux. Ainsi, le mariage conclu et consommé entre baptisés ne peut jamais être dissous» (n. 346). C'est pourquoi, «selon le plan originel de Dieu, l'union matrimoniale est indissoluble, comme Jésus-Christ l'a affirmé: Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas (Mc 10, 9)» (n. 338). De plus, Jésus-Christ «donne la grâce pour vivre le Mariage dans sa dignité nouvelle de sacrement, qui est le signe de Son amour sponsal pour l'Église: Vous, les hommes, aimez votre femme à l'exemple du Christ: il a aimé l'Église (Ep 5, 25)» (n. 341).
« Sans lui... »
To Metepa, un catholique, policier au service des Japonais, convoite, bien qu'il soit déjà marié, Ia Mentil, la femme d'un protestant. Le père de cette femme, ainsi que To Rot, l'empêchent de la prendre. Furieux, le policier dénonce To Rot à son supérieur Kueka, qui convoque le catéchiste et lui interdit toute activité pastorale. To Metepa, aidé par un autre polygame, s'empare de Ia Mentil et moleste son mari, l'attachant finalement à un arbre où il reste deux jours. Mais le chef du village, bon chrétien, appelle To Rot et ils réussissent à mettre Ia Mentil en sécurité à Rakunai. De nombreux catholiques sont sur le point de céder à la tentation de la polygamie, mais Pierre, par ses vigoureuses exhortations, les remet sur le droit chemin. L'un d'eux témoignera plus tard: «Sans lui, j'aurais pris une seconde femme. To Rot était un saint, préoccupé uniquement du salut des âmes. Il n'avait aucune crainte des riches et des puissants». «Par leur vie conforme au Seigneur Jésus, affirme le Compendium, les Chrétiens attirent les hommes à la foi au vrai Dieu; ils édifient l'Église; ils pénètrent le monde de l'esprit de l'Évangile et préparent la venue du Royaume de Dieu» (n. 433). Le propre frère de Pierre, Tatamai, a quitté sa femme pour en «épouser» une autre. Refusant d'écouter les reproches de To Rot, il le dénonce aux Japonais. Peu après cependant, touché de repentir, il vient lui demander pardon. Après la guerre, il reconstruira de ses propres deniers l'église de Rakunai, en signe de pénitence pour sa trahison. Personne ne parvient à dissuader le catéchiste de poursuivre son apostolat. Aussi reçoit-il des menaces de plus en plus directes de la part de certains Japonais qui haïssent le christianisme, jugé responsable de l'échec militaire du Japon. Interrogé par la police japonaise sur ses sentiments vis-à-vis de l'occupant, To Rot répond: «L'Église catholique désire la paix; mais ce n'est pas sa faute, si vous n'êtes pas victorieux. – Silence! crie le policier, nous interdisons tous les rassemblements religieux. – Jésus, répond calmement Pierre, a enseigné à ses disciples qu'il valait mieux obéir à Dieu qu'aux hommes (Ac 5, 29)». Et il continue à rassembler les Catholiques chaque dimanche. Il est dès lors espionné par des traîtres cherchant à le prendre en flagrant délit de prière. Un jour qu'il assiste, au nom de l'Église, à deux mariages, l'étourderie d'un des couples le fait dénoncer. La maison du catéchiste est d'abord fouillée. Les policiers y découvrent plusieurs objets du culte et vont arrêter Pierre qui est en train de planter des légumes pour le compte de soldats japonais. Celui-ci racontera plus tard son interrogatoire au quartier général de Vunaiara: «Le chef de la police, Meshida, me demanda: «As-tu tenu hier une réunion de prière? – Oui». Il m'a alors frappé violemment au visage et à la nuque. «Est-il vrai que tu es contre la bigamie (mariage d'un homme avec deux femmes)?» Quand j'ai répondu «oui», j'ai été emprisonné. C'était, pour Meshida, ma principale faute». Pierre sait que la polygamie est opposée à la communion des époux dans le mariage. «La polygamie nie de façon directe le dessein de Dieu tel qu'il nous a été révélé au commencement, elle est contraire à l'égale dignité personnelle de la femme et de l'homme, lesquels dans le mariage se donnent dans un amour total qui, de ce fait même, est unique et exclusif» (Jean-Paul II, Exhortation apostolique Familiaris consortio, du 22 novembre 1981, n. 19). «Quand les autorités légalisèrent et encouragèrent la polygamie, disait le Pape Jean-Paul II, le bienheureux Pierre, sachant que cela allait contre les principes chrétiens, dénonça fermement cette pratique. Grâce à l'Esprit de Dieu qui demeurait en lui, il proclama courageusement la vérité sur la sainteté du mariage. Il refusa de prendre «le chemin plus facile» (cf. Mt 7, 13) du compromis moral. «Je dois accomplir mon devoir comme témoin dans l'Église de Jésus-Christ», expliqua-t-il. La crainte de la souffrance et de la mort ne l'arrêta pas».
La vraie joie
«Je le sais, confie Pierre à sa mère, ils me tueront. Mais ne vous faites pas de souci; je suis prêt à offrir ma vie pour Jésus-Christ ». «Oui, affirmait le Pape Jean-Paul II, la sagesse de l'Évangile nous dit que la vie éternelle s'acquiert par la mort, et la vraie joie par la souffrance. Pour le comprendre, nous devons juger selon les critères divins, et non pas selon les critères humains!... Aux yeux de Dieu, ceux qui ont été persécutés à cause de leur fidélité à l'Évangile sont réellement bienheureux, car grande sera leur récompense dans les cieux (Mt 5, 12)... Dans le plan salvifique de Dieu, la souffrance, plus que toute autre chose, rend présentes dans l'histoire de l'humanité les forces de la Rédemption. C'est parce que le Seigneur Jésus a sauvé son peuple en l'aimant jusqu'au bout (Jn 13, 1), jusqu'à la mort, et la mort sur la Croix (Ph 2, 8), qu'il continue à appeler chacun de ses disciples à souffrir pour le Royaume de Dieu. Quand elle est unie à la Passion rédemptrice du Christ, la souffrance humaine devient un instrument de maturité spirituelle et une magnifique école d'amour évangélique» (Homélie de béatification). Emprisonné dans une minuscule cellule sans fenêtre, Pierre n'en sort que pour s'occuper des porcs. Sa mère et son épouse lui apportent sa nourriture. Un jour, en présence de leurs deux enfants, sa femme supplie Pierre de dire aux Japonais qu'il renonce à son métier de catéchiste et veut vivre désormais comme un homme ordinaire dans son village. Elle pense ainsi pouvoir le faire libérer, moyennant l'intervention des notables du village. To Rot lui répond gravement: «Ce n'est pas ton affaire. Il faut, ajoute-t-il en faisant le signe de la Croix, que je glorifie le Nom de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, et qu'ainsi j'aide mon peuple». Et il demande à sa femme de lui apporter sa croix de catéchiste, qui l'accompagnera jusqu'au bout. Le même jour – c'est en juin 1945 –, il confie à sa mère: «Les policiers m'ont dit que, ce soir, un médecin japonais viendra me donner un médicament. Cela m'étonne, je ne suis pas malade! Rentre vite à la maison et prie pour moi». Le lendemain, un policier arrive à Rakunai et annonce: «Votre catéchiste est mort». Dominant son émotion, le chef du village demande: «Que lui avez-vous fait? Il était pourtant en bonne santé. – Il est tombé malade et il est mort».
La fécondité d'une mort
Bientôt, Tarua, l'oncle de To Rot, est envoyé à la prison, accompagné du commandant Meshida, pour reconnaître et emporter le corps. Le martyr gît, recroquevillé, le corps encore chaud, le visage vers le ciel. Il a du coton, par endroits rougi de sang, dans le nez, les yeux et les oreilles. Un foulard rouge enserre son cou, sa nuque est enflée et porte des plaies. La trace d'une piqûre au bras droit est bien visible. On lui a injecté du manioc (produit contenant du cyanure), à en juger par l'odeur ambiante. Voyant que le poison tardait à faire son oeuvre, les soldats ont étranglé leur victime et l'ont frappée à la nuque avec une poutre. Pierre To Rot est enterré dans le cimetière de Rakunai, où sa tombe devient un lieu de pèlerinage. Loin de décourager et d'intimider les Chrétiens, la mort de To Rot fut pour tous un puissant stimulant. Le village de Rakunai, depuis 1945, n'a pas donné à l'Église moins de douze prêtres et religieuses. Cette fécondité spirituelle a été soulignée par le Pape Jean-Paul II: «Dans les périodes de persécution, la foi des personnes et des communautés est éprouvée par le feu (1 P 1, 7). Mais le Christ nous dit qu'il n'y a aucune raison d'avoir peur. Ceux qui sont persécutés pour leur foi seront plus éloquents que jamais: Car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en vous (Mt 10, 20). Il en a été ainsi pour le bienheureux Pierre To Rot... Il fut lui aussi conduit comme un agneau à la boucherie (Is 53, 7). Et pourtant, ce petit grain de blé qui est tombé silencieusement en terre (cf. Jn 12, 24) a produit une moisson de bénédictions pour l'Église de Papouasie-Nouvelle-Guinée!» Le bienheureux Pierre To Rot a été choisi pour figurer parmi les patrons des JMJ de 2008 à Sydney, en Australie. Lors de sa béatification, en 1995, le Pape Jean-Paul II s'adressait ainsi aux jeunes: «Le bienheureux Pierre est un modèle pour vous aussi. Il vous enseigne à ne pas vous préoccuper seulement de vous-mêmes, mais à vous mettre généreusement au service des autres... N'ayez pas peur de vous engager dans la tâche de faire connaître et aimer le Christ ». «L'exemple du bienheureux martyr Pierre To Rot parle aux couples mariés, affirmait aussi le Pape. Il avait une très haute estime du mariage; malgré les grands risques qu'il encourait et l'opposition ambiante, il défendit la position de l'Église concernant l'unité du mariage et la nécessité de la fidélité réciproque. Il manifesta un très grand respect à sa femme Paula; il priait avec elle chaque matin et chaque soir. Il nourrissait une très grande affection pour ses enfants et passait avec eux le plus de temps possible. Si les familles sont bonnes, vos contrées resteront pacifiques et bonnes. Restez fidèles aux traditions qui défendent et renforcent la vie familiale». L'exemple du bienheureux catéchiste Pierre To Rot nous encourage à approfondir notre foi et à vivre en parfaite cohérence avec elle, conformément aux demandes du Pape Benoît XVI aux Chrétiens, le 18 mai 2008: «Ayez soin de la formation spirituelle et catéchétique, une formation substantielle, plus que jamais nécessaire pour bien vivre la vocation chrétienne dans le monde d'aujourd'hui. Je le dis aux adultes et aux jeunes: cultivez une foi pensée, capable de dialoguer en profondeur avec tous, avec nos frères non catholiques, avec les non-chrétiens et les non-croyants».
Dom Antoine Marie osb
abbé
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