Bienheureux Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi 02
Les Bienheureux Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi
La sainteté conjugale
Fête le 25 novembre
Une première dans l'Histoire de l'Eglise : le Pape béatifiera ensemble ce dimanche deux époux dont la vie conjugale constitue un modèle de sainteté pour les familles chrétiennes d'aujourd'hui.
Les époux italiens Luigi et Maria Beltrame Quattrochi seront béatifiés le dimanche 21 octobre à 10h place Saint-Pierre. La veille, une rencontre nationale de prière devait réunir plusieurs dizaines de milliers de familles italiennes autour de Jean-Paul II, à l'occasion du vingtième anniversaire de son exhortation apostolique Familiaris consortio. Cette béatification, a affirmé le Saint-Père, sera l'occasion de "réfléchir sur la vocation à la sainteté des familles chrétiennes, de prendre une plus grande conscience du rôle social de la famille, et enfin de demander aux institutions de la défendre et de la promouvoir avec des lois adéquates".
Un foyer chaleureux et engagé
Nés respectivement à Catane en 1880 et à Florence en 1884, Luigi Beltrame et Maria Corsini se sont connus à Rome dans les dernières années du XIXe siècle par le biais d'amis communs. Ils se marient le 25 novembre 1905 dans la basilique de Sainte-Marie-Majeure, à Rome. Ils ont trois enfants dans les quatre premières années de leur mariage. Maria fait de son foyer un lieu chaleureux, où sont accueillis famille et amis. Luigi est un avocat consciencieux et renommé avec une brillante carrière devant lui. Chaque matin, ils se rendent ensemble à la messe (voir encadré à droite) et, soutenus par le Père franciscain Pellegrino Paoli, qui deviendra leur Père spirituel puis celui de toute la famille, ils élèvent avec Foi leurs enfants. Trois d'entre eux deviendront religieux : Filippo (aujourd'hui Don Tarcisio, prêtre diocésain à Rome), Cesare (aujourd'hui Père Paolino, moine trappiste), et Stefania (Mère Cecilia, moniale bénédictine à Milan, décédée en 1993). En 1913, Maria est de nouveau enceinte, mais d'éminents médecins lui annoncent qu'elle ne survivra pas si elle garde l'enfant qui, selon eux, n'a aucune chance de vivre. Avec son mari, elle décide alors de se confier totalement à la Providence. Malgré une grossesse difficile et une forte pression médicale, Enrichetta naît, et Maria reste sauve. Cet épisode sera pour eux l'occasion d'une nouvelle ascension spirituelle. La famille Beltrame Quattrocchi est particulièrement connue pour son engagement dans différents mouvements catholiques italiens. Luigi appuie ouvertement le Parti populaire naissant. Avec Maria, il fonde des mouvements de jeunes dans les quartiers défavorisés de Rome. Durant la guerre d'Ethiopie puis la Seconde Guerre mondiale, Maria part comme infirmière volontaire de la Croix-Rouge. Luigi meurt en novembre 1951, et Maria, après quatorze années de veuvage, en août 1965.
"La sainteté n'est pas le monopole des consacrés"
"Depuis une dizaine d'années s'est développée la conscience que la famille chrétienne est, non seulement l'objet des soins pastoraux, mais encore plus un protagoniste dans la vie de l'Eglise", écrit le cardinal José Saraiva Martins, préfet de la Congrégation pour la cause des saints, dans L'Osservatore Romano du 10 octobre. "La vie matrimoniale de Luigi et Maria Beltrame Quattrochi constitue une sorte d'évangile familial. Ils ont su vivre saintement leur devoir d'époux, de père et de mère dans un intense et vivifiant rapport entre la Foi et le sacrement du mariage", ainsi que "dans une parfaite communion de vue, de sentiments et de cœur". "Leur témoignage lumineux et extraordinaire ne pouvait pas rester caché", affirme pour sa part le postulateur de leur cause, le Père Paolino Rossi. Interrogé par Famille Chrétienne, il souligne que "cette béatification montre que la sainteté n'est pas le monopole des consacrés et que les laïcs sont appelés dans cette voie. Il s'agissait d'un couple extrêmement équilibré qui a su joindre une grande attention aux enfants - même lorsque les trois aînés sont entrés dans les ordres, Luigi et Maria sont restés très proches d'eux - à une activité professionnelle et à des apostolats extérieurs, le tout porté par une intense vie de prière. Ils ont su appliquer l'Evangile au quotidien, de manière cohérente et concrète."
Un miracle obtenu par l'intercession des deux époux
"Il est rare qu'un miracle soit obtenu par l'intercession commune de deux personnes, ajoute le Père Rossi. Or, c'est par l'intercession de Luigi et Maria que Gilberto Grossi a été guéri d'une grave arthrite liée à une inflammation intestinale progressive et provoquant des ulcères cutanés. Alors étudiant en médecine, Gilberto Grossi a fait la connaissance d'un fils de Luigi et Maria, et après avoir découvert la spiritualité et la sainteté des époux, a choisi de se confier à leur commune protection. Sa guérison a été reconnue le 21 mai dernier par la commission des médecins de la Congrégation pour la cause des saints comme étant "imprévue, complète, durable, et inexplicable scientifiquement".
Il n'y a pas de précédent
C'est la première fois dans l'Histoire de l'Eglise que des époux sont béatifiés en même temps. D'autres couples ont déjà été canonisés ou béatifiés, mais séparément. Il en est ainsi de saint Elzear de Sabran, canonisé le 3 janvier 1371 (fêté le 27 septembre), et de son épouse, Delphine, béatifiée par Innocent III au début du XIIIe siècle. Jean-Paul II a reconnu en même temps l'héroïcité des vertus de Louis et de Zélie Martin (les parents de sainte Thérèse de Lisieux), le 26 mars 1994. Mais ils ne sont "que" vénérables à ce jour.
"La joie toujours nouvelle d'être ensemble"
"La journée commençait ainsi : messe et communion, ensemble. Sortis de l'église, il me disait "bonjour", comme si la journée ne commençait que maintenant. On achetait le journal, puis on montait à la maison. Lui à son travail, moi à mes occupations. Chacun pour son propre compte, mais en gardant la présence de l'autre incessamment en nous. Nous nous retrouvions à l'heure des repas. Avec quelle joie j'attendais, puis je l'entendais mettre la clé dans la serrure, chaque fois bénissant le Seigneur de toute mon âme ! Nous avions alors des conversations sereines qui se faisaient joyeuses et espiègles, la main dans la main. Nous parlions un peu de tout. Impressions sur la politique du jour, observations sur des colloques et des rencontres dans le cadre de son métier. Ses remarques étaient toujours perspicaces, il était toujours bienveillant. Le dîner, quelques passages de livres plaisants, puis le chapelet. Vie sereine, intellectuelle, intéressante, intime et reposante. Jamais futile, jamais triste et pessimiste. Vie vécue dans le sens plein de la parole. Non survolée, mais animée de la joie de la conquête qu'il portait en lui chaque minute, avec la joie d'être ensemble, toujours nouvelle."
Article de Sophie de Ravinel paru dans le magazine « Famille Chrétienne »
Une fondation portant le nom des époux Beltrame Quattrocchi a été créée dans le but de promouvoir et d'aider les familles. Pour plus d'informations :
http://www.glauco.it/fondazionebq
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