Bienheureux Joseph Kowalski
Bienheureux Joseph Kowalski
- « Souffrir et être méprisé pour Toi, Seigneur »
- 1911-1942
- Fête le 4 juillet
- Ce salésien de don bosco a été béatifié à Varsovie par Jean-Paul II, parmi les cent huit martyrs polonais de la persécution nazie. Pour lui, la dévotion à Marie était un chemin irremplaçable vers la sainteté : il y fut fidèle jusqu'au bout. Déjà, en 1930, il écrivait dans son journal spirituel : " Souffrir et être méprisé pour toi, Seigneur. Avec une pleine connaissance et une volonté pleinement décidée et prête à toutes les conséquences, j'embrasse la douce croix de l'appel du Christ et je veux la porter jusqu'à la fin, jusqu'à la mort. " Il était secrétaire de l'Inspection salésienne de Cracovie, vouée à la pastorale des jeunes. Après son arrestation, le 23 mai 1941, il fut déporté au camp de concentration d'Auschwitz. Il y subit de longues souffrances et des humiliations. Le 4 juillet, il refusa de profaner le chapelet et fut assassiné par les gardes du camp. Il fut béatifié avec 5 autres jeunes Salésiens Martyrs, faisant partie du groupe des 108 Bienheureux Martyrs de Pologne.
- 1911-1942
1939. En Allemagne, les «chemises brunes » sont en marche. Dans les haut-parleurs de la radio, le dictateur nazi Adolphe Hitler déverse des torrents de menaces sur le monde. Il regarde avec des yeux d`envie le territoire polonais et proclame au monde qu`il est « l`espace vital » assigné par le destin à l`expansion de la race privilégiée, la race germanique.
1er septembre 1939. Deux mille avions aux ailes marquées de la croix gammée bombardent Varsovie et les noeuds ferroviaires. La Pologne est pratiquement paralysée, tandis que les divisions blindées nazies pénètrent profondément dans son territoire. C`est le début de la deuxième guerre mondiale. En quatre semaines, la Pologne est à genoux.
1940. Hitler projette l`invasion de la Russie. Pour cette grande opération militaire, ses armées ont besoin de pouvoir utiliser tout le territoire polonais. « Le peuple polonais - affirme cyniquement Hitler - est un peuple d`esclaves, destiné par l`histoire à être au service de la race germanique. Les Allemands combattront, les Polonais travailleront dans les usines et les mines; c`est là leur place ». C`est le début de la grande déportation du peuple polonais. La Gestapo pénètre dans les maisons aux premières lueurs de l`aube. Elle arrête en premier lieu les intellectuels et les personnes influentes qui pourraient organiser une résistance quelconque.
23 mai. C`est la veille de la fête de Marie Auxiliatrice. La Gestapo envahit la maison provinciale des Salésiens de Cracovie et le scolasticat de théologie. Onze prêtres et un coadjuteur sont arrêtés. Parmi eux, un prêtre au visage serein et aux yeux clairs: le Père Joseph Kowalski. Il a servi humblement la Congrégation, en assurant le travail de secrétariat du provincialat. Si d`aucuns nourrissaient encore quelque illusion sur l`avenir, la journée du 27 juin les a brutalement détrompés. Quatre prêtres salésiens de Cracovie sont exécutés. Ces jours-là, les autres prisonniers sont internés dans le triste camp d`extermination d`Oswiecim, que les Allemands appellent Auschwi??tz. Au fronton de la grande porte d`entrée, un écriteau vivement éclairé: « Arbeit macht frei. Le travail rend libre ».
Le numéro tatoué sur le bras gauche On sait que, pour faire marcher les « camps d`extermination », les chefs nazis n`utilisaient pas des hommes normaux, mais des délinquants, tirés des prisons, condamnés pour sadisme ou délits communs, ou caractériels. Ce sont eux qui, à partir de juin 1941, seront les « supérieurs » du Père Kowalski et de ses compagnons d`infortune. Dans le camp, ils sont déshabillés et poussés dans une chambre de désinfection. Un survivant a écrit: « Tout d`un coup, l`eau de la douche devient bouillante; et tout de suite après, quatre gardiens, à grandes poussées et en hurlant, nous chassent, tout mouillés et fumants, vers la pièce d`à côté, glacée. Là d`autres gardiens hurlants nous jettent sur le dos je ne sais quelle espèce de guenille, et nous mettent entre les mains une paire de sandales à semelle de bois. Sans avoir eu le temps de nous rendre compte de ce qui nous arrive, nous nous retrouvons dehors; nus et chaussés de nos sandales, avec nos guenilles sur les bras, nous devons courir jusqu`à une autre baraque, à une centaine de mètres. Là on nous laisse nous rhabiller. Quand nous avons fini, chacun de nous reste dans son coin; nous n`osons pas nous regarder. Il n`y a pas de miroir, mais ce n`est pas nécessaire; chacun de nous se reflète dans cent visages livides, dans cent pantins misérables et sordides. C`est alors que nous nous rendons compte pour la première fois que notre langue manque de mots pour exprimer cette infamie, la destruction d`un homme. Nous avons touché le fond. Il n`y a pas de condition humaine plus misérable; on ne peut même pas l`imaginer ». A ces hommes, on a tout pris: les vêtements, les souliers, les cheveux. On leur enlève même leur nom: le nom du Père Kowalski sera désormais 17.350. Jusqu`à la fin, il portera cette marque tatouée sur son bras gauche avec un tampon à aiguilles puis frottée à l`encre de Chine. Un mois plus tôt, était arrivé à Auschwitz le père Maximilien Kolbe, dont le bras portait le numéro 16.670.
Au-delà des cheminées fumantes, l`église de Marie Auxiliatrice. A Auschwitz, on travaille. un rythme infernal. Dès le petit matin, avant l`aube, on entend résonner l`ordre bref wstawac: debout! Commence alors une agitation frénétique: on se jette à bas de la litière de bois et de paille, on court, on s`habille, on se précipite aux lavabos et aux latrines dans une fureur bestiale: dans cinq minutes commence la distribution du morceau de pain gris. Celui qui arrive trop tard n`a rien et devra rester l`estomac creux jusqu`a midi. On travaille de l`aube au coucher du soleil. On part en rangs bien ordonnés, d`un pas rapide, presque en courant. Ces longues files d`hommes vêtus d`habits rayés, strictement alignés, marchant au pas de course, sautant sur les trottoirs durs, tandis qu`un orchestre ridicule formé d`autres hommes en habits rayés joue des marches joyeuses sur la place du camp font penser à une farce tragique. Là-bas, au-delà des baraques, fume en permanence la haute cheminée des fours crématoires. Celui qui cède à la fatigue, qui ne défend pas férocement sa ration, qui prend du retard dans la course et s`écroule à terre, sait qu`il finira là-bas. Il sera jeté sur un chariot de mine, mort ou mourant, peu importe. Le chariot roulera sur les rails jusqu`à l`entrée du four crématoire. Le colonel Fritsch, qui commande le camp, leur a dit en riant: « Vous sortirez de là par le tuyau de la cheminée ». Mais le père Joseph Kowalski ne regarde pas les cheminées qui fument. A travers les brumes qui s`élèvent de la campagne, il fixe l`église de Marie Auxiliatrice, à deux kilomètres du camp. Incapable de retenir ses larmes, il se rappelle les années heureuses de sa vie salésienne. C`est justement dans cette église qu`il était entré pour la première fois dix-neuf ans plus tôt. Il avait onze ans; dans une poche, il avait une lettre du curé qui garantissait sa « bonne conduite ». Il s`était agenouillé pour prier aux pieds de la Vierge; il pensait à sa mère qu`il venait de quitter en l`embrassant longuement. Cinq ans plus tard, il était entré de nouveau dans cette église, avec une autre lettre en poche: sa demande d`admission dans la Congrégation salésienne: il venait la montrer à la Vierge avant de la présenter. Une volonté forte et persévérante L`année suivante, il avait prononcé ses premiers voeux. Dans l`enthousiasme et l`empressement de ses dix-huit ans, il avait écrit dans son journal spirituel: « Jésus, accorde-moi une volonté forte, solide et persévérante. Je dois être un saint. Sans toi, je ne peux rien faire, mais avec toi, qui m`aimes, je peux tout faire ». Cette volonté persévérante lui fut utile quelques années plus tard, à la fin du stage pratique effectué dans une maison salésienne. Il passa par une grave crise spirituelle qui l`amena au bord de l`abandon de la vie salésienne. Mais l`approfondissement de son idéal, pratiqué sous la conduite d`un excellent conseiller spirituel, lui permit de surmonter la crise.
1938. Première messe. Le provincial salésien l`appelle à ses côtés pour accomplir le travail discret mais précieux du secrétariat provincial. Au milieu des lettres à rassembler, des circulaires à expédier, des chiffres à ranger en colonnes, le père Kowalski n`oublie pas qu`il est prêtre; on peut s`en rendre compte par ses cahiers qui contiennent ses schémas d`homélie, minutieusement élaborés chaque semaine. Il n`oublie pas non plus qu`il est fils de don Bosco: il se passionne pour la musique, il rassemble les jeunes avec qui il met sur pied une chorale vivante. Mais la deuxième guerre mondiale est déjà dans l`air et Dieu frappe à la porte.
19 lettres derrière les fils barbelés Dans le camp d`Auschwitz, le colonel Fritsch a défini les prêtres comme « des êtres inutiles et des parasites de la société ». Il les a rassemblés dans un bloc spécial, le numéro 17. Il leur réserve les travaux les plus ingrats. Il doivent pousser en courant de lourdes charges de gravier, abattre des arbres, traîner des troncs au long de sentiers accidentés. Un témoin rapporte: « Dans ce climat avilissant, le père Joseph réussit à conserver sa dignité d`homme et s`efforça de faire s`épanouir le Règne de Dieu ». On conserve comme une relique les 19 lettres qu`il a écrites derrière les fils barbelés. Comme ces lettres devaient passer par la censure, elles étaient obligatoirement optimistes. Mais on peut y lire entre les lignes la force d`âme du prêtre. Le 12 février 1942, il écrit: « A chaque pas, je ressens la force de Dieu. Partout où je me trouve, quoi qu`il m`arrive, je suis entre les mains de la Providence, qui veille sur les peuples et sur chaque homme ».
Quelque chose dans la main 2 juin 1942. Un ordre émanant du commandement suprême des camps de concentration vient d`arriver. Soixante prêtres doivent quitter Auschwitz pour rejoindre Dachau. Il y a là un autre camp d`extermination, où sont rassemblés trois mille prêtres. Le père Joseph Kowalski fait partie du groupe sélectionné pour le voyage. Avant le départ, les soixante prêtres ont été entassés dans un bain de désinfection. La scène qui suit a été racontée, sous serment, par le père Corrado Sweda: « Nous étions rassemblés dans la salle de bain, en attendant notre tour d`être désinfectés. A un moment donné, voici qu`entre Palitsch, le bourreau le plus impitoyable d`Auschwitz. Il s`aperçoit que le père Kowalski tient quelque chose dans la main: - Qu`est-ce que tu tiens là? demande-t-il brutalement. Et sans attendre la réponse, il lui frappe la main avec son fouet. Ce qui en tombe, c`est un chapelet. - Ecrase-le! crie le bourreau. Le père Joseph ne bouge pas. Il est immédiatement séparé du groupe et emmené dans la compagnie disciplinaire. Il ne partira jamais à Dachau; il sera torturé et mourra à Auschwitz » La cruauté exercée sur la compagnie disciplinaire est littéralement sauvage. Tout se paie, et à un prix très élevé. Le moindre retard est puni à coups de fouet, de poings et de pieds.
11 juin. Plusieurs prisonniers essaient en vain de s`échapper. La punition des fugitifs ne suffit pas. Pour servir d`exemple, trente prisonniers sont destinés au four crématoire. Parmi eux, il y a le père Kowalski. On lui lie les mains avec du fil de fer barbelé. Mais son heure n`est pas encore venue. Sans aucune raison apparente, avec dix autres prisonniers, il est séparé des condamnés à mort et envoyé aux travaux forcés.
La prière des sans espoir Les forçats sont une compagnie d`hommes sans espoir. Pour eux, il n`y a plus aucune chance et les geôliers les traitent comme des objets. Le professeur Joseph Kret, qui fut témoin de ces jours cruels, raconte: « Epuisés par la faim, le travail et les tortures, les prisonniers mouraient l`un après l`autre. Le lagerfhrer Sipp se mit à ricaner devant le père Kowalski; en lui montrant du doigt ses compagnons d`infortune, il déclara: - Curé, les âmes t`échappent! Sans ton passeport, ils ne pourront pas entrer là-haut. Monte sur ce tonneau - il y avait là un tonneau renversé - et donne à ces brebis la dernière bénédiction en viatique pour le ciel! Le père Joseph le prit au mot. Il sortit du groupe, s`agenouilla et avec un grand signe de croix commença à réciter le Notre Père d`une voix forte et calme. Un de ses compagnons le regarda d`un air égaré et continua la prière avec lui. Ensuite, le père Joseph murmura: « Et maintenant prions pour les agonisants et les persécutés ». Il entonna alors de le Salve Regina. La sirène de midi interrompit la prière. »
4 juillet 1942. Le professeur Sigismond Kolankowski raconte: « Chaque jour, les chefs du camp choisissaient quelques prisonniers de la compagnie disciplinaire. Ils les torturaient et les tuaient dans la cour. Ce jour-là, après l`appel du soir, les prisonniers étaient déjà étendus sur leur paillasse. Le Kapo Mitas appela à l`improviste: « Kowalski, dehors !». En passant près de moi, le père Joseph me donna son morceau de pain en me disant: « Prends-le, Sigismond, maintenant je n`en ai plus besoin ». Puis il s`adressa à tous à haute voix: « Priez pour moi et pour mes bourreaux ». Je ne l`ai plus ja??mais revu vivant; je n`ai même jamais vu son corps. Comme il vivait encore après les tortures, ils l`ont plongé dans un égout où ils le noyèrent » Il avait trente-et-un ans.
Prière
Dieu éternel et tout-puissant, qui as fait aux bienheureux martyrs, le prêtre Joseph Kowalski et cinq jeunes, la grâce de communier à la passion du Christ, viens en aide à notre faiblesse. De même qu'ils n'ont pas hésité à donner leur vie pour toi, donne-nous la force de vivre pour témoigner de ton nom. Par Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen.
Texte extrait du site www.sdb.org
Gallerie de photos du Bienheureux Joseph Kowalski et de ses compagnons,
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http://imagessaintes.canalblog.com/archives/2008/03/15/8333992.html
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