Spiritualité Chrétienne

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Vénérable Matt Talbot

Le Vénérable Matt Talbot

« Ne jamais désespérer de la Miséricorde de Dieu »

1856-1925

Fête le 7 juin


Dans une rue de Dublin, Irlande, le 7 juin 1925, Dimanche de la Trinité, au matin, un homme qui se rend vers une église voisine, s'effondre subitement, mort. Son corps, transporté à l'hôpital, est lavé par une religieuse infirmière; grande est la stupéfaction de celle-ci quand elle découvre, en enlevant les vêtements du défunt, une chaîne d'où pendent des médailles pieuses, enroulées deux fois autour de la taille. D'autres chaînes ou cordes entourent les jambes et les bras. Bien que ces chaînes roulées se soient enfonçées dans la peau, le corps est d'une propreté impeccable. Qui était cet homme? S'agit-il d'un fou ou d'un saint?

 

De la bière au whisky

 

Matt Talbot est né à Dublin en mai 1856, sixième enfant d'une famille très chrétienne qui en comptera 12. Jeune garçon, on le met à l'école chez les Frères de la Doctrine Chrétienne, où il ne brille guère dans ses études. A l'âge de 12 ans, il s'embauche dans une firme de mise en bouteilles de bière. Travaillant dans une atmosphère chargée d'alcool, il suit bientôt le mauvais exemple des autres employés et se met à vider les fonds de bouteilles. Le voyant rentrer tous les soirs anormalement gai, son père intervient et lui trouve un autre travail, sous sa propore surveillance, au comité du port et des docks. Mais la situation de Matt s'aggrave: il prend l'habitude de jurer et emploie d'employer le langage brutal des dockers; pour comble ses compagnons de travail l'initient au whisky! Son père tente la persuasion, en vient au bâton, rien n'y fait. Au désespoir de ses parents, Matt se soustrait à l'autorité paternelle et sombre dans l'ivrognerie. Pourtant le jeune homme a bon coeur. Comprenant le déshonneur qu'il inflige à son père, il quitte les docks et s'engage comme maçon. Il passe alors toutes ses soirées dans les bars et rentre régulièrement ivre; tout son salaire est dépensé en boisson. Il sombre à tel point dans le vice que parfois il recourt au vol pour pouvoir se procurer de l'alcool.

 

Son corps se détruit lentement. Mais, plus grave encore, le péché qui donne la mort à l'âme: l'usage intempérant de la boisson offense le Seigneur. Par l'alcoolisme, de même que par la drogue, l'homme se prive volontairement de l'usage de la raison, le plus noble attribut de la nature et de la condition humaine. Ce désordre, lorqu'il est accompli volontairement et en connaissance de cause, constitue une faute très grave contre Dieu et contre le prochain, que l'on s'expose, dans l'état d'ivresse, à offenser gravement. Comme tout péché grave, un tel abus entraîne la perte de l'état de Grâce, le plus grand malheur qui puisse arriver à l'homme. En effet, l'homme n'a pas de bien plus précieux que l'amitié avec Dieu; or cette amitié se perd par le péché grave.

 

Notre-Seigneur met en garde ses disciples contre un tel malheur: « Si quelqu'un ne demeure pas en Moi, il est jeté dehors comme le sarment et il se dessèche; les sarments secs, on les ramasse et on les jette au feu, et ils brûlent. » (Evangile selon Saint Jean 15: 6). Par ces paroles, Jésus nous révèle le sort réservé à ceux qui rejettentl'amitié divine offerte à tout homme en vertu de l'Incarnation Rédemptrice. Un tel rejet conduit à la mort éternelle, l'Enfer dont il est question dans le Catéchisme de l'Eglise Catholique: « Jésus parle souvent de la Géhenne, du feu qui ne s'éteint pas, réservée à ceux qui jusqu'à la fin de leur vie refusent de croire et de se convertir, et où peuvent êytre à la fois perdus le corps et l'âme. Jésus annonce en terme graves qu'il enverra ses Anges, qui ramasseront tous les fauteurs d'iniquité (...), et les jetteront dans la fournaise ardente, et qu'il prononcera la condamnation: Allez loin de Moi, maudits, dans le feu éternel! L'Enseignement de l'Eglise affirme l'existence de l'Enfer et son éternité. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles souffrent les peines de l'enfer, le feu éternel. La peine principale de l'enfer est la séparation éternelle d'avec Dieu en qui sel, l'homme peut avoir la Vie et le Bonheur pour lequels il a été créé et auxquels il aspire. Les affirmation des Saintes Ecritures et les Enseignements de l'Eglise au sujet de l'enfer sont un appel à la responsabilité avec laquelle l'homme doit user de sa liberté en vue de son destin éternel. Elles constituent en même temps un appel pressant à la conversion: Entrez par la porte étroite. Car large et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui le prennent; mais étoite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent. (Evangile Selon Saint Matthieu 7: 13-14 et Catéchisme de l'Eglise Catholique: 1034-36).

 

Le renoncement au péché et la conversion à Dieu sont nécessaire pour quiconque désire la vie éternelle. A la question du jeune homme qui demande: Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle? Jésus répond Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. (Evangile Selon Saint Matthieu 19: 16-17). Saint Benoît ne tient pas un autre langage au disciple qui se présente pour entrer dans la vie monastique: « Le Seigneur attend de nous que nous répondions chaque jour par nos oeuvres à ses saintes leçons. S'il prolonge comme une trève les jours de notre vie, c'est pour l'amendement de nos péchés, selon cette parole de l'Apôtre: Ignores-tu que la patience de Dieu conduit à la pénitence? Car ce doux Seigneur affirme: Je ne veux pas la mort du pécheurs,mais qu'il se convertisse et vive... Il faut donc préparer nos coeurs et nos corps aux combats de la sainte obéissance à ses commandements. Quant à ce qui manque en nous aux forces de la nature, prions le Seigneur d'ordonner à sa grâce et de nous prêter son aide. Et, si désireux d'éviter les peines de l'Enfer, nous voulons parvenir à la vie éternelle, tandis qu'il en est temps encore et que nous sommes en ce corps et que nous pouvons accomplir tout cela à la lumière de cette vie, courons et faisons, dès ce moment, ce qui nous profitera pour toute l'éternité ». (Prologue de la Règle de Saint Benoît) Ainsi, il ne faut pas remettre au lendemain la conversion, comme le remarquait Saint Jean Chrysostome: « Songeons à notre salut, ne tardez pas à vous convertir au Seigneur, et ne différez pas de jour en jour (Si 5, 7); car vous ne savez pas ce que produira le jour de demain... Vous vous êtes enivrés, vous vous êtes chargés le ventre, vous avez pratiqué la rapine? Arrêtez-vous maintenant, rebroussez chemin; rendez grâce à Dieu de ne pas vous avoir enlevé au milieu de vos péchés... Considérez que c'est de votre âme que vous discutez l'intérêt. » (Homélie sur la 2e Epître aux Corinthiens).

 

Un coup de la grâce

 

Malgré son état avilissement, Matt conserve quelque honnêteté. Il n'a pas de liaison coupable; chaque matin, qu'elles aient été les libations de la veille, il est sur pied à 6 heures du matin pour se rendre au travail; enfin, il reste fidèle à la Messe dominicale, même s'il ne reçoit pas les Sacrements. Un samedi de 1884, la Grâce Divine vient frapper à sa porte. Après avoir été au chômage pendant une semaine, Matt, âgé de 28 ans, se trouve sans argent et dans l'impossibilité de s'acheter de la boisson. Et pourtant, l'envie le tenaille. Vers midi, il va se poster avec son jeune frère, Philippe, à un coin de rue où passent les ouvriers après avoir touché leur paye: sûrement l'un où l'autre va-t-il les inviter à prendre un verre. Les ouvriers passent, le saluent, mais pas aucun ne l'invitent. Matt est piqué au vif, être frustré d'alcool lui coûte beaucoup, mais surtout, il est blessé par la dureté de ses compagnons à qui il a fréquemment offert une tournée au cabaret. Brusquemment, il rentre à la maison, sa mère est toute surprise de le voir arriver si tôt et sans avoir bu. Sa mère! Matt est saisi de la pensée qu'il a été si ingrat envers elle. Il n'a presque rien donné à ses parents en guise de pension (tout son argent servait à acheter de la boissson!) et maintenant, il a le coeur déchiré de les avoir laissé peiner seuls, alors que lui allait boire de façon égoïste. A cette époque, en Irlande, il n'est pas rare, pour un homme qui veut se défaire de la boisson, de faire un voeu. Après le repas, resté seul avec sa mère, Matt dit tout à coup: « Je m'en vais faire le voeu de tempérance. - Pour Dieu! Va le faie, mais ne le prononce pas si tu ne peux pas l'observer. - Je le prononcerai au Nom de Dieu! ». Après s'être habillé avec soin, il se rend au Collège Sainte Croix, demande un Prêtre et se confesse; sur le conseil prudent de celui-ci; Matt prononce son voeu pour une durée de trois mois. Le lendemain, il va entendre la Messe de 5 heures à l'église Saint François-Xavier, y communie et en revient renouvelé. Mais pour rester fidèle à ce voeu, la lutte sera terrible; aussi, Matt décide-t-il de puiser dans la Communion quotidienne la force dont il a besoin pour tenir sa résolution. Le moment le plus difficile est le soir, après le travail. Pour éviter la tentation, le nouveau converti se met à faire des promenades en ville. Un jour, toutefois, il entre dans un cabaret en même temps que de nombreux clients. Affairé, le barman semble ignorer Matt, qui offusqué de cette inattention, sort en toute hâte, bien décidé à ne plus jamais remettre les pieds dans un cabaret.

 

« Boirai-je encore? »

 

Lors de ses promenades, Matt a rencontré une autre difficulté: l'alcool a usé sa santé et il se fatigue vite. Alors, entrant dans une église, à genoux devant le Tabernacle, il se met en prière, suppliant Dieu de le fortifier. Il prend ainsi l'habitude de fréquenter la Maison de Dieu. Néanmoins, les trois mois sont longs; les conséquences du sevrage d'alcool: hallucination, dépression, nausées, font ce de temps un véritable calvaire. Par moment, la vieille passion se réveille: il lui faut lutter désespérément et prolonger ses prières. Un jour, rentrant à la maison, il s'affale sur une chaise et dit tristement à sa mère: « Tout cela est inutile, maman, les trois mois terminés, je boirais encore... » Mais celle-ci le réconforte et l'encourage à prier. Suivant ce conseil, Matt prend goût à la prière et y trouve son salut. En effet, la prière fait sortir de situations humainenemt désespérées. Pour Dieu tout est possible (Evangile selon Saint Matthieu 19: 26). Saint Alphonse de Liguori, Docteur de l'Eglise, affirme: La grâce de prier est donnée à tout le monde, en sorte que si quelqu'un vient à se perdre, il est sans excuse.... Priez, priez, priez, et n'abandonnez jamais la prière: celui qui prie, se sauve certainement; celui qui ne prie pas, se damne certainement » (CEC, 2744). Les trois mois achevés, étonné d'avoir « tenu le coup », Matt renouvelle son voeu pour six mois, au termes desquels il s'engagera pour toujours à ne plus jamais boire d'alcool.

 

Matt a commencé une vie nouvelle, une vie d'intimité avec Dieu. Le pilier en est la Messe. Mais en 1892, la Messe de 5 heures à laquelle Matt à l'habitude de communier est supprimée; la première Messe est désormais à six heures et quart. Malgré la véritable maîtrise qu'il a acquise dans son travail, il n'héiste pas à en changer et s'engage comme simple manoeuvre chez un marchand de bois, où le travail ne commence qu'à huit heures. Sa nouvelle besogne consiste à charger les camions. Le soir, dès la fin du travail, il se lave soigneusement, met sa tenue de sortie – car il ne veut pas entrer dans la maison de Dieu avec ses vêtements de travail – et se rend à l'église pour une visite au Saint Sacrement. Un jour, il avoue à son confesseur: « J'ai beaucoup désiré le don de la prière, et j'ai été pleinement exaucé ». Son existence est désormais pleinement orientée vers Dieu, et plus spécialement vers la présence réelle du Seigneur au Tabernacle. « Tant que l'Eucharistie est gardée dans les églises et les oratoires, le Christ est vraiment l'Emmanuel, Dieu avec nous, écrivait le Pape Paul VI. Car, nuit et jour, Il est au milieu de nous et habite avec nous, plein de grâce et de vérité, Il restaure les moeurs, nourrit les vertus, console les affligés, fortifie les faibles et invite constamment à L'imiter tous ceux qui s'approchent de Lui, afin qu'à Son exemple, ils apprennent à devenir doux et humbles de coeur, à chercher non leur propres intérêts, mais ceux de Dieu. Ainsi, quiconque entoure le Vénérable Sacrement d'une dévotion spéciale et tâche d'aimer d'un coeur génreux et disponible le Christ qui nous aime infiniment, éprouve et comprend pleinement, avec beaucoup de joie intérieure et de fruit, le prix de la vie cachée avec le Christ en Dieu; il sait combien il est précieux de s'entretenir avec le Christ, car il n'est rien de plus doux, de plus apte à faire avancer dans les voies de la sainteté.

 

Signification des chaînes

 

Matt Talbott nourrit une tendre dévotion envers la Mère de Jésus. Tous les jours il récite le Rosaire et l'Office de la Vierge.Vers 1912, il fait la lecture du Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge, de Saint Louis Marie Grignion de Montfort. Il y apprend à pratiquer le « saint esclavage » par la consécration de toute sa personne et de tous ses biens au service de Marie. Comme moyen pratique de vivre dans l'esprit de cet attachement filial à Marie, Saint Louis Marie Grignion avait recommandé le port d'une petite chaîne. Telle est la signification des chaînes que l'on trouva sur le corps de Matt après sa mort. D'un naturel emporté, Matt en vient à supporter difficilement le langage grossier et les jurons de ses compagnons. Quand ils blasphèment le Saint Nom de Dieu, il soulève respectueusement son chapeau. Voyant son geste, les camarades redoublent leurs mauvaises paroles. Au début, Matt les reprend durement,mais par la suite, il se borne à leur dire avec douceur: « Jésus-Christ vous entend ». Un jour, il fait de vifs reproche à son contre-maître trop peu généreuxpour une souscription charitable. Son patron le rappelle à la déférence et, le lendemain, Matt se présente a son chef: « Notre Seigneur, déclare-t-il, m'a dit que je devais vous demander pardon, je viens le faire ». Sa vie exemplaire finit par inspirer le respect. Lui, d'ailleurs, se montre un aimable compagnon, toujours lepremier à rire d'une bonne plaisanterie, pourvu qu'elle tienne dans les limites de la décence.

 

« Vous avez de méchants habits »


A l'imitation des anciens moines Irlandais suivant la tradition de Saint Colomban, Matt Talbott s'impose un régime alimentaire ascétique, tant en expiation de ses péchés que pour se mortifier et favoriser en lui la vie de l'esprit. Cependant, losque des amis l'invitent, il mange et comme tout le monde. Entré dans les Tiers Ordre de Saint François, il s'applique à imiter la pauvreté du Christ, réduisant ses besoins au strict minimum, et donnant le reste aux pauvres. Au début de sa conversion, il avait conservé l'habitude de fumer. Un jour, un de ses camarades lui demande du tabac: dans un geste héroïque, il donne l'un et l'autre, et désormais, il ne fumera plus. Il porte ordinairement des vêtements pauvres et usés, et voilà qu'on lui offre un costume neuf, il veut refuser, mais son confesseur intervient: « Talbott, vous avez de bien méchants habits. On vous offre un costume neuf.... - Mon Père, j'ai promis au Bon Dieu de n'en jamais porter de neufs – Et bien! Reprend le Père, c'est précisément le Bon Dieu qui vous envoie celui-là! - Si c'est le Bon Dieu qui l'envoie, je le prendrai... »

 

S'il est un luxe que Matt se permet, ce sont les livres: il aime passer du temps à lire, ses lectures préférées étant les Saintes Ecritures et les écrits des Saints. En feuillentant la Bible, trouvée chez lui après sa mort, on constate qu'il avait une prédilection spéciale pour les Psaumes, particulièrement les Psaumes de la pénitence dans lesquels le pécheur exprime à Dieu le regret de ses péchés, mais aussi sa confiance inébranlable en la Miséricorde Divine: pitié pour moi, Dieu, en Ta Bonté, en Ta grande Tendresse, efface mon péché, lave-moi tout entier de mon mal et de ma faute, purifie-moi... Rends-moi la joie de Ton Salut... (Psaume 50 (51) « Miserere »). Il prend aussi quelques notes qui révèlent une élévation de pensée étonnante chez un homme d'une instruction rudimentaire. On y trouve ces réflexions: « Le temps de la vie n'est qu'une course vers la mort, dans laquelle il n'est permi à aucun homme de s'arrêter... La liberté de l'esprit s'acquiert en se libérant de l'amour-rpopre, ce qui rend l'âme disposée à faire la Volonté de Dieu dans les plus petites choses... L'usage de la volonté consiste à faire le bien, son abus consiste à faire le mal... Dans la méditation, nous cherchons Dieu par le raisonnement et les actes méritoires, mais dans la contemplation, nous l'apercevons sans effort... » Cette vie de prière et de pénitence est confortée par des grâces hors du commun. Un jour, il confie à sa soeur: « Qu'il est malheureux de constater le peu d'amour des hommes pour Dieu!...O Suzanne! Si tu savais la joie profonde que j'ai eu la nuit dernière à m'entretenir avec Dieu et Sa Sainte Mère!! » Puis, s'apercevant qu'il parle de lui-même, il détourne l'entretient. La période de 1911 à 1921 est profondément troublée en Irlande: conflits du travail marqués par le chômage et les grêves, lutte pour l'autonomie politique, première guerre mondiale, enfin guerre entre l'Irlande et l'Angleterre. Au milieu de ces troubles, Matt maintient son âme dans la paix, néanmoins, la cause des ouvriers lui tient à coeur. Il condamne avec franchise l'insuffisance des salaires pour les ouvriers mariés, qu'il aide financièrement, autant qu'il le peut. Mais il ne réclame jamais rien pour lui. Quand les camarades abandonnent le travail, ou se voient congédiés, il se rend solidaire de leur cause.

 

« Remercier le grand guérisseur »

 

A l'âge de 67 ans, Matt est physiquement usé: l'essouflement et des palpitations du coeur le forcent à ralentir son activité. Après deux séjours à l'hôptal en 1923 et 1925, il se remet tant bien que mal et reprent son travail. Lors de ces séjours, dès qu'il le peut, il se rend à la chapelle. A une religieuse qui lui reproche la frayeur qu'il lui a causée en disparaissant de sa chambre, il répond en souriant: « J'ai remercié les religieuses et les médecins, n'était-il pas juste de remercier le Grand Guérisseur? » Le dimanche 7 juin 1925, il s'achemine vers l'église du Saint Sauveur. Epuisé, il s'affaisse sur le trottoir. Une dame lui présente un verre d'eau. Matt ouvre les yeux, sourit et laisse retomber la tête: c'est la grande rencontre si désirée avec le Christ, qui est venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs (Evangile selon Saint Matthieu 9: 13). En 1975, Matt a été reconnu Vénérable. Aujourd'hui, de très nombreuses oeuvres destinées à secourir les victimes de l'alcool et de la drogue se placent sous son patronage.

 

Matt Talbot est un grand modèle pour tous les hommes. Aux victimes de l'alcoolisme ou de la drogue, il a démontré par son exemple qu'avec la Grâce de Dieu il est possible de s'en sortir. « Les dépendances de l'alcool sont parfois si fortes que les proches de la personne alcoolique sont portés à penser que jamais elle ne s'en sortira, et la personne alcoolique à elle-même la tentation de désespérer. Il est bon de se souvenir de la Résurrection de Jésus, celle-ci nous rappelle que l'échec n'est jamais le dernier mot de Dieu ». (Comission sociale des Evêques de France, déclaration du 1er décembre 1998). A ceux qui sont esclave d'autres péchés (idolatrie, blasphème, avortement, euthanasie, adultère, débauche, vol, faux témoignages, diffamation, etc...), il rappelle qu'il ne faut jamais désespérer de la Miséricorde de Dieu, selon la recommandation de la Règle de Saint Benoît, au chapître 4. Notre Seigneur a promi à sainte Marguerite Marie que les pécheurs trouveraient dans Son Coeur la Source et l'Océan infini de la Miséricorde. De même que le propre d'un bateau est de voguer sur l'eau, de même, le propre de Dieu est de pardonner et de faire Miséricorde, comme l 'affirme l'Eglise dans l'une de ses prières. Aussi, Sainte Thérèse de Lisieux, a-t-elle pu écrite à la fin de ses manuscrits: « Quand même j'aurais conscience de tous les péchés qui peuvent se commettre, j'irais, le coeur brisé du repentir, me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien Il cherit l'enfant prodigue qui revient à Lui ». Elle ajoutait de vive voix: « Si j'avais commis tous els crimes possibles, j'aurais toujours la même confiance, je sentirais que cette multitude d'offenses serait comme une goutte d'eau jetée dans un brasier ardent ». La vie de Matt Talbot prouve de façon éloquente, uq'en se tournant loyalement vers le Seigneur pour demander pardon, on peut, à travers le sacrement de Pénitence, voie ordinaire de la réconcilation avec Dieu, commencer une vie nouvelle, sous le regard maternel de Marie. Vénérable Matt Talbot, obtenez-nous la grâce de nous tourner avec confiance vers la Miséricorde Divine et d'aller jusqu'au bout des exigences d'un amour passionné pour Jésus-Christ.

 

Intégralité du texte de la lettre de l'Abbaye de Clairval du 25 mars 2004



01/10/2007
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