Serviteur de Dieu Nicolas d'Onofrio
Le Serviteur de Dieu Nicolas d'Onofrio
Religieux Camillien
1943-1964
« Comme je désire aimer Notre-Dame ! Elle est ma chère Maman. Chère Maman, je veux t’aimer avec toute l’affection de mon cœur. Tu es la plus belle, la meilleure, de toutes les mamans. Personne ne te dépasse. Quelle chance, quelle joie, de t’avoir pour maman ! »
Ce sont des expressions de Nicolas d'Onofrio, un jeune Abruzzais, surnommé Nicolino, né à Villamagna, un village à quelques kilomètres de Chieti. Il mourut à Rome le 12 juin 1964 à 21 ans. Une vie interrompue brusquement par un mal incurable.
Beaucoup s’en souviennent encore : « C’était un jeune homme plein de sérénité et de douceur. Ses yeux étincelants révélaient son monde intérieur : la lumière de la présence de Dieu, le souci de ses frères, un grand désir de se donner. Son visage inspirait la confiance. Il manifestait un grand cœur et une paix inébranlable. Nicolino était fait pour le ciel plutôt que pour la terre ». Pour cela il avait choisi d’être Camillien et prêtre au service de ses frères souffrants. Son chemin s’est arrêté inopinément à mi-parcours. Les desseins de Dieu sont différents des nôtres. C’est lui qui écrit les étapes de notre vie, tandis que nos projets s’écroulent, pour nous ouvrir à un dessein plus large de sa volonté et de son amour.
Nicolino a vécu en toute hâte. Né le 24 mars 1943, il passe son enfance entre l’école et les travaux de la campagne. Ses parents, Giovanni d'Onofrio et Virginia Ferrari (morte le 12 janvier 1980) étaient agriculteurs. Ce qui le distinguait des autres, c’étaient le respect, la charité, le pardon à l’égard de tous. Son zèle dans les études et sa piété provoquaient chez tous l’admiration.
Après l’école primaire, au milieu des difficultés et des oppositions familiales, il entra dans l’Ordre des Serviteurs des Malades, dont le fondateur, saint Camille de Lellis, était natif de Bucchianico, tout proche de Villamagna. Dans cette nouvelle voie, Nicolino se retrouve lui-même : il redécouvre ses sentiments, ses aspirations, ses idéaux. Il serait trop long de raconter comment il vivait sa vie spirituelle, ce que ses lettres et son journal nous rapportent de ses pensées, de ses projets et de ses rêves d’avenir.
Sa mort fut admirable. Au milieu des douleurs atroces de son mal, qui l’avaient inexorablement épuisé, il priait et il souriait. La venue de sa sœur la Mort ne fut pas pour lui une tragédie. Sa communion avec Dieu était si grande que déjà il le sentait présent dans son calvaire. « Je vois le paradis tout proche ». Le médecin qui le soignait affirme : « C’est lui qui m’instruisait, quand il invoquait Dieu et ses saints, non pas pour guérir, mais pour bien mourir. Jusqu’à la fin, lucide et conscient, il nous demandait que son dernier voyage fût accompagné par nos prières ». « Priez, priez avec force, priez ensemble ! » … « Jésus, je suis prêt, viens me prendre ! Notre-Dame, Vierge Marie, je ne suis pas digne, c’est vrai, mais tu sais combien je t’aime ! Jésus, je t’aime ! » Telles furent ses dernières paroles.
Un signe bien particulier de la vie de Nicolino, c’est sa dévotion à Notre-Dame. « Nous sommes arrivés à la fin du mois de mai. En ce mois, Notre-Dame s’est fait sentir toute proche. Presque continuellement, elle était présente à mes côtés. Quelle joie c’était pour moi ! Oui, chère Marie, merci pour toute l’affection dont est capable mon pauvre cœur. Je suis ton fils, chère Maman, je t’aime et je voudrais toujours t’aimer ! » « Très sainte Marie, chère Maman, donne-moi un grand amour pour toi ; que, comme un feu, je sois brûlé d’amour ! Et fais que je prie beaucoup pour gagner à ton cœur le monde entier. Jésus ! Ma chère Maman ! … Je m’abandonne entre tes bras, afin de devenir vraiment saint ».
En 1959, Nicolino, déjà postulant Camillien, était en vacances à Villamagna, et, par l’intermédiaire des Sœurs de la Charité, il connut la « Milice de l’Immaculée ». Et c’est avec une grande joie qu’il s’y inscrivit. Par la suite, il approfondit et accepta avec édification l’esprit du mouvement jusqu’à sa mort.
Il avait atteint le troisième grade de cette Milice, celui de l’offrande sans limites : se donner totalement à Marie, accueillir avec foi et générosité toute souffrance pour se conformer au mystère de la passion et de la mort du Christ, jusqu’au martyre. Nicolino, usé par la douleur, s’offrait comme victime pour tant de frères qui ont besoin d’espérance et de salut. D’une certaine manière, mais dans des circonstances différentes, son offrande se rapproche de celle du Père Maximilien Kolbe, qui a trouvé dans l’Immaculée la force et l’amour pour se donner tout entier non seulement pour un père de famille, mais aussi pour l’humanité entière. La mort du clerc Camillien et le martyre du Père Kolbe trouvent leur explication et leur message dans la parole éternelle de l’évangile.
Celui qui se rend à Bucchianico au sanctuaire de saint Camille, et qui descend dans la crypte du saint, trouve la tombe de Nicolino d'Onofrio. Depuis le 8 octobre 1979, il repose près du Fondateur de l’Ordre des Camilliens, après avoir séjourné pendant quinze ans au cimetière de Villamagna. Une pierre toute simple rappelle la date de sa naissance et celle de sa mort. Une vie brève, mais toute projetée vers Dieu. Un soldat de l’Immaculée qui a combattu courageusement toute forme d’égoïsme et de crise pour être lumière et signe pour tous ceux qui l’auraient rencontré.
Dans l’humilité de son origine et de son histoire, dans le silence de sa tombe, dans l’attente de la résurrection finale, il a beaucoup à dire et à enseigner aux jeunes d’aujourd’hui. Nicolino, si jeune, mais aussi plein de sagesse, avait très bien compris ce que le Père Kolbe disait dans un de ses écrits : « On ne vit qu’une seule fois, on ne vit pas deux fois. Il faut devenir des saints, non pas à moitié, mais totalement, pour la plus grande gloire de l’Immaculée, et, à travers l’Immaculée, pour la plus grande gloire de Dieu. Notre sainteté louera notre mère très sainte, de même que le tableau d’un artiste honore le peintre qui l’a peint et le maître qui a instruit le peintre. Nous devons absolument devenir saints, parce qu’on ne vit qu’une seule fois ».
Un des modèles qui guideront Nicolino sur le chemin du Seigneur fut sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face. Sa petite voie deviendra le code de conduite de sa vie.
Voici ce qu’il écrivait à sa mère pour la tranquilliser, car elle était angoissée par les pénitences que pouvait imposer la vie religieuse : « Tout se fait pour le Seigneur, pour son amour. Il n’est pas nécessaire de faire des choses extraordinaires, ni de s’imposer des pénitences exceptionnelles … La petite sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, une sœur carmélite française, n’a rien fait de spécial durant sa vie, elle n’a rien fait de particulier, elle a fait seulement ce qu’elle devait faire ; et à 24 ans, elle est morte de tuberculose et elle est devenue sainte ! »
De sainte Thérèse il avait collectionné tout ce qui avait été édité, en demandant directement au monastère de Lisieux les dernières publications. Il avait une excellente connaissance de la langue française, et il s’appliqua à traduire les poésies de la petite Thérèse.
Dans sa dernière lettre à ses parents, il cite sainte Thérèse qu’il veut imiter : « Je suis très content de pouvoir souffrir un petit peu, maintenant que je suis jeune, parce que ce sont les années les plus belles pour offrir quelque chose au Seigneur. La petite sainte Thérèse est la sainte que j’aime le plus, parce qu’elle me ressemble un peu. Elle est tombée malade, quand elle avait un peu plus de vingt ans, mais elle souffrit beaucoup et elle mourut à vingt-quatre ans … Très chers parents, priez vous aussi pour que le Seigneur me redonne des forces ; ainsi je pourrai devenir prêtre et travailler encore pour le salut des âmes. Mais si le Bon Dieu voulait quelque chose de différent de ma part et de votre part, que le Seigneur soit béni, parce que lui sait ce qu’il fait et ce qui est le mieux pour nous. C’est inutile, nous ne pouvons savoir ces choses, Dieu seulement le sait ! »
Le procès de béatification du jeune Nicolas d'Onofrio est en bonne voie, et voici la prière que nous proposent les Camilliens de Rome : « Dieu bon et miséricordieux, toi qui as appelé ton serviteur Nicolas d'Onofrio à la suite de Jésus pour offrir la richesse de sa jeunesse d’esprit et de son cœur ardent au service de ton Fils dans la personne des malades, glorifie ton fidèle serviteur et fais que les jeunes d’aujourd’hui reconnaissent en lui un modèle de vie dans la voie de l’amour et du sacrifice pour conduire les âmes vers toi, toi qui règnes pour les siècles des siècles ».
Bry-sur-Marne, le 20 décembre 2000.
Père André Primault,
Religieux Camillien
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