Saint Léonce et Sainte Placidine
Saint Léonce II (dit le Jeune) et Sainte Placidine
+ au 4e siècle
Fête le 10 juillet
Léonce, qu'on a surnommé « le Jeune », pour le différencier d'un autre Léonce, qui l'avait précédé sur le Siège épiscopal de Bordeaux, naquit à Saintes vers l'an 410. Il sortait de l'une des plus brillantes maisons d'Aquitaine. Dans sa jeunesse, il servit dans la guerre contre les Wisigoths en Espagne, et dans la Gaule Narbonnaise. On lui fit épouser Placidine, qui comptait parmi ses aïeux Saint Sidoine et l'empereur Avit. L'intégrité de sa conduite, la pureté de ses moeurs, son amour pour la Justice, sa piété, ses aumônes, le firent juger digne de l'épiscopat. Le peuple et le clergé de Bordeaux l'élurent pour Pasteur, après la mort de Saint Léonce 1er, dit aussi « L'Ancien », survenue vers 541 et qui lui, est honoré le 21 août.
Il ne regarda plus dès lors Placidine que comme sa soeur. C'était une femme d'une rare piété, qui ne connut plus son mari que pour participer aux bonnes oeuvres qu'il entreprenait. Léonce employa ses biens, qui étaient considérables, à construire, à doter un grand nombre d'églises, parmi lesquelles on doit distinguer celles de Saint Martin de Tours et de Saint Vincent d'Agen, dans ses terres, celles de Saint Nazaire, de Saint Denys et de la Sainte Vierge, à Bordeaux, celle de Saint Eutrope de Saintes, dans la ville du même nom.
On trouve la trace d'un Léonce de Bordeaux parmi les évêques qui assistèrent au quatrième Concile d'Orléans. Il est probable que ce soit Saint Léonce l'Ancien. Quoi qu'il en soit, notre Saint n'ayant pu assister au cinquième Concile de la même ville, y envoya le Prêtre Vincent. Il assista en personne au second et au troisième Conciles de Paris. On élut en sa place Héraclius, Prêtre de Bordeaux. Lorsque l'on présenta l'acte de cette élection au Roi Charibert, il entra dans une grande colère, chassa l'envoyé de sa présence, et l'exila. Il voulu qu'Emérius, qui n'avait d'autre titre qu'un décret du roi Clotaire, fût maintenu en possession du Siège épiscopal de Saintes, et les Evêques qui avaient contribué à sa déposition, furent condamnés à une amende. Cette affaire s'arrangea depuis, et Saint Léonce lui-même reconnut Emérius pour Evêque de Saintes. Il mourut vers 565. On l'honore en ce jour à Bordeaux, mais on ne trouve point son nom dans les martyrologes. Quoique Placidine, sa femme, ait mené une vie très sainte, il ne paraît pas que l'on lui ai jamais décerné de culte public dans l'Église.
Extrait de « Vie des Pères, des Martyrs et des autres Saints », tome 17, Louvain, 1832
Textes sur Saint Léonce et Sainte Placidine
Peuples, reconnaissez Léonce, votre évêque. Léonce, l'honneur de Bordeaux; le ciel l'a rendu à votre amour. Un fourbe à la langue artificieuse, et dévoré d'une criminelle envie, a répandu la douloureuse nouvelle de la mort de Léonce. L'auteur de ce bruit funèbre n'a pas tardé à se dénoncer lui-même; bien qu'il ne puisse plus nuire, il a trahi sa folle ambition. Trompé dans ses odieux calculs, il pleure son crime inutile, et voit votre deuil d'un moment changé en joie. Il donna cet exemple barbare et digne d'être à jamais flétri, d'usurper le pouvoir épiscopal, du vivant même de l'évêque. Nous l'avons vu, par un mensonge dont une âme honnête doit avoir horreur, s'emparer, Léonce vivant, d'un héritage auquel il aurait à peine osé prétendre, si Léonce eût été mort. Il déshonore l'Église, le prêtre qui s'empare de l'épiscopat par de tels moyens. Celui qui se règle sur les divers enseignements ferme son cœur à l'ambition. Le plus digne d'occuper ce poste glorieux doit y être porté malgré lui; ce n'est pas l'intrigue c'est la faveur du Christ qui l'y élève. Quelle folie de vouloir se placer soi-même à la tête de l'Eglise! C'est à Dieu qu'il appartient de choisir les dépositaires du pouvoir sacré. Le sage Hilaire n'a pas recherché l'épiscopat; Martin l'a fui; Grégoire n'en a porté le fardeau qu'à regret. Les lois répriment la brigue; partout l'usurpateur est honteusement chassé; quelle horreur doit inspirer à l'Eglise un crime que flétrit la justice des hommes! Ils se disputaient avec fureur ce siège qui ne leur appartenait pas. Ce qu'elle ne voudrait pas qu'on lui fit, la méchanceté ne doit pas le faire aux autres. Mais ce désordre ne dura pas longtemps; tandis qu'on songe prendre sa place, le prélat absent reparaît. Il est rendu à son peuple en prières, au moment où ce peuple croyait l'avoir à jamais perdit. Les joies qui succèdent à la tristesse en sont d'autant plus vives. La ville le salue de ses applaudissements; elle renaît au bonheur et accueille avec une tendre émotion le père qu'elle a pleuré. A peine peut-elle croire qu'elle l'ait reconquis; elle doute de sa félicité : c'est ainsi qu'en présence d'un spectacle inattendu, nous refusons d'en croire nos yeux éblouis. Le pasteur rassemble son troupeau qu'on avait égaré; le troupeau a reconnu son maître et se réjouit de l'avoir retrouvé. Le jour où il avait été élevé à l'épiscopat fut le même que celui de son retour. Qui pourrait méconnaître la main de Dieu dans cette heureuse rencontre? Le bonheur du peuple fut grand jadis, quand Léonce s'assit sur le trône épiscopal; il est plus grand aujourd'hui que Léonce vient y reprendre sa place. Venez, citoyens, applaudissez; adressez au ciel vos plus ferventes prières; suppliez-le de conserver celui que vous avez si miraculeusement recouvré. Puisse le Christ éclairer de sa lumière sereine Léonce par lui restauré! Puisse-t-il lui accorder à la fois la grâce, la vie et ta gloire! Chantez l'hymne à pleine voix, vous tous qui aimez Dieu; louez ce Dieu qui a ressuscité votre évêque d'entre les morts. Pour moi, cédant aux transports d'un cœur fidèle, je ne rougis point de rendre témoignage à la vérité, et j'offre à l'illustre pontife Léonce cet humble hommage.
Ces présents sont bien peu de chose, je vous prie néanmoins de les recevoir avec bonté, vous qui êtes en ce monde un présent d'un éclat supérieur. C'est grâce à la fureur des flots de l'Océan qu'une fie vous en fait hommage; car comme j'étais très désireux et impatient de connaître ces côtes, la mer déchaînée et soulevée par le vent du nord tue repoussa au large. Cependant pour que le bonheur que vous portez aux autres se manifestât dans toute sa plénitude, vous m'offrîtes sur terre ce que j'avais vainement demandé à la mer.
Sur un calice de l'évêque Léonce
Le pontife Léonce offre ce don sacré au temple du Seigneur, conjointement avec Placidine qui s'y était engagée par un vœu solennel. Heureux ceux qui travaillent à enrichir les autels! Il ne leur faut qu'un moment pour y porter des œuvres qui ne périront pas.
Saint Venance Fortunat, poésies, livre 1
Épitaphe de Léonce, second du nom, évêque de Bordeaux
Tout bien en ce monde est éphémère, toute joie fugitive. Le bonheur de l'homme s'envole à tire-d'aile. Celui à qui j'aurais aimé mieux offrir mes vers de son vivant est dans la tombe, et c'est sur cette tombe que, par un renversement de mes désirs, Je suis appelé à pleurer. Ici reposent les restes du vénérable Léonce. Le renom qu'il a laissé comme évêque l'élève jusqu'au ciel. Il était de la plus haute noblesse, de celle dont il y a peut-être encore des représentants dans le sénat de Rome. Mais quoiqu'il eût d'illustres aïeux, il les rendit encore plus illustres par ses mérites personnels. Souverainement aimé des rois et le premier dans sa patrie, il était le bouclier de sa famille, le protecteur de ses amis, l'honneur du peuple et de sa ville. Il réparait les églises, était prodigue sans ostentation envers les pauvres, recevait et nourrissait les étrangers. De si loin qu'il vint chez lui, fût-ce des extrémités du monde, le voyageur l'avait à peine vu qu'il l'appelait son père. Il avait l'esprit vif, le cœur loyal, la figure ouverte et sereine; il était tel enfin que je ne puis parler de lui sans pleurer. La Gaule n'eut pas un personnage d'une illustration égale à la sienne. Maintenant toutes ces qualités, toutes ces grandeurs sont enfouies dans un humble tombeau. Il apaisait la colère des rois, et charmait ses peuples par la sagesse de son gouvernement. Un seul jour hélas ! leur ravit celui qui faisait toute leur joie. Il vécut heureux dix lustres et quatre ans, après quoi il disparut pour jamais à nos yeux. Placidine, épouse encore chère à ta cendre, te rend, ô Léonce, ce devoir funèbre et console ainsi son amour.
Texte de Saint Venance Fortunat extrait du Livre des Poésies, livre 4
Prière
Seigneur, nous T'invoquons par l'intercession du Saint Evêque de Bordeaux Léonce et de son épouse la Sainte diaconesse Placidine qui durant leur vie s'unirent pour faire fuir les démons et les forces malignes de leur diocèse. Que leur intercession nous protège contre toute attaque maléfique, envoûtement ou tout mauvais sort de quelque nature qu'il soit. Nous Te le demandons, au Nom de la Très Sainte et Éternelle Trinité, Père, Fils et Saint Esprit. Amen.
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