Spiritualité Chrétienne

Spiritualité Chrétienne

Saint Jacques le Majeur

Saint Jacques le Majeur

Apôtre du Seigneur, surnommé l'enfant du tonnerre

Fête le 25 juillet


 

Nous avons déjà donné, au premier jour de mai, la vie d'un saint Jacques, apôtre, fils d'Alphée, que saint Paul appelle par honneur Frère du Seigneur, parce qu'il était son proche parent. L'Église nous en présente aujourd'hui un autre, que l'Évangile préfère toujours à ce premier, et que l'on appelle pour cela le Majeur, parce qu'il fut reçu avec lui dans la compagnie du Fils de Dieu et au nombre de ses disciples. Son père se nommait Zébédée, comme tous les Évangélistes l'ont remarqué, appelant fort souvent saint Jacques et saint Jean, son frère, les enfants de Zébédée. Comme l'Écriture dit, en parlant de Zébédée, que « ses enfants le quittèrent pour se mettre à la suite de ce divin Maître », Théophilacte en conclut qu'il ne crut point à l'Évangile. Mais Albert le Grand, et, après lui, le savant Luc de Bruges, sont d'un autre sentiment et ne doutent point qu'il n'ait été ami et même disciple du Fils de Dieu et de fait, il fit paraître beaucoup de vertu en ce qu'il ne s'opposa point à la vocation de ses enfants, mais les laissa aller aussitôt, bien qu'ils fussent les soutiens de sa vieillesse et qu'il en reçût un grand secours pour la conduite de sa barque et l'exercice de sa pêche. Si l'Écriture nous dit que ses enfants le quittèrent pour suivre Notre-Seigneur, ce n'est pas qu'il demeurât lui seul incrédule et opiniâtre mais il se tint dans son bateau et continua le soin de ses affaires domestiques, parce que le Sauveur ne l'appela pas, mais seulement ses enfants. Pour la mère de notre saint Apôtre, saint Marc la nomme Salomé c'était aussi le nom de la mère des sept frères Macchabées. On croit qu'elle était parente de la sainte Vierge mais il est certain qu'elle n'était point sa propre sœur et fille de sainte Anne, car la sainte Vierge a été fille unique. Elle pouvait donc être sa cousine germaine, fille d'un frère ou d'une sœur de saint Joachim ou de la même sainte Anne. Le martyrologe romain en fait mémoire au 22 octobre, où il l'appelle Marie Salomé.

 

Il est probable que saint Jacques et son frère saint Jean se donnèrent pour disciples à Notre-Seigneur dès le commencement de sa prédication, et peu de temps après la première vocation de saint Pierre et de saint André, puisque dès lors l'Évangile nous le représente toujours accompagné de ses disciples. Si saint Matthieu ne marque la vocation de ces deux frères que plus d'un an après et conjointement avec la vocation des deux premiers Apôtres, c'est que jusque-là, tout en s'attachant à Jésus-Christ, saint Jacques et saint Jean n'avaient pas entièrement quitté leur père. Ils ont aussi été appelés deux fois, comme saint Pierre et saint André. Ainsi, il se peut faire qu'ils se soient trouvés aux noces de Cana, en Galilée, où Jésus-Christ changea l'eau en vin à la solennité de Pâques, dans le Temple, quand il chassa les marchands pour la première fois à l'entretien avec Nicodème, un des principaux d'entre les Pharisiens au passage par la ville de Sichar, où la Samaritaine fut convertie et enfin, à la guérison du fils d'un seigneur de la ville de Capharnaüm actions que Jésus-Christ fit, en la compagnie de ses disciples, et qui sont néanmoins marquées avant la célèbre vocation de nos quatre Apôtres. Saint Jean-Baptiste avait déjà été arrêté par Hérode, et Notre-Seigneur avait quitté la Judée pour prêcher plus ordinairement dans la Galilée. Ainsi, passant sur les bords de la mer de Tibériade, après avoir appelé saint Pierre et saint André, avec la promesse de les faire pécheurs d'hommes, il aperçut aussi notre Saint avec Jean, son frère, qui travaillaient avec leur père à raccommoder leurs filets, et il les appela. A l'heure même ils quittèrent leur père, leur bateau et leurs mets et se mirent à sa suite. Depuis ce temps-là, ils ne se séparèrent plus de lui, et ils s'occupèrent quelquefois à la pêche ce ne fut qu'en passant et en des temps où Notre-Seigneur s'était retiré pour faire oraison. Nous trouvons dans l'Évangile qu'un jour le Prince des Apôtres jeta ses filets dans la mer par ordre du Fils de Dieu, à qui il s'était plaint qu'il avait travaillé toute la nuit en son absence sans rien prendre ses filets se trouvèrent si chargés de gros poissons qu'il fut obligé d'appeler saint Jacques et saint Jean, qui étaient dans une autre barque, pour l'aider. C'était une figure de ce qui devait arriver dans la prédication de l'Évangile et la conversation des fidèles, où tous les Apôtres devaient être les ministres de Jésus-Christ et les coopérateurs du zèle et de la sollicitude de saint Pierre.

 

Notre glorieux Apôtre eut ensuite part à toutes les actions de la vie de son maître, et môme à celles qu'il ne voulait faire qu'en présence d'un petit nombre de personnes. Ainsi, lorsqu'il voulut rendre la vie à la fille de Jaïre, un des chefs de la synagogue, il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et laissa dehors les autres disciples et dans le choix qu'il fit de douze d'entre eux pour être ses Apôtres, il mit saint Jacques le troisième et l'appela avec son frère, par un grand privilège, Boanerge, c'est à dire Enfants du Tonnerre, de sorte qu'il est encore un des trois à qui il a donné de nouveaux noms pour marquer leur prééminence et leur mérite particulier. Au reste, il les nomma Enfants du tonnerre, c'est-à-dire, selon la manière de parler des saintes Lettres, de véritables tonnerres, parce que saint Jacques devait être un tonnerre par la force, l'éclat et la promptitude de sa prédication, et saint Jean, par la vigueur et la lumière de son Évangile et de son Apocalypse, qu'il n'a composés qu'au milieu des foudres et des éclairs. De plus, quand le Fils de Dieu voulut opérer le miracle de la transfiguration, il choisit saint Jacques pour un des trois témoins de ce prodige et l'ayant mené, avec saint Pierre et saint Jean, sur la montagne du Thabor, il se transfigura en sa présence. Il vit donc le visage de son Maître éclatant comme le soleil et ses habits blancs comme de la neige, et il entendit la voix du Père éternel, qui disait: « C'est là mon Fils bien-aimé écoutez-le » Il eut encore la consolation de voir Moïse et Élie, ces deux grands Prophètes de la loi ancienne, qui s'entretenaient avec le Sauveur des peines qu'il devait endurer à Jérusalem. Cette merveille arriva à la fin de septembre de l'an 33 du salut.

 

Peu de temps après, notre Saint fit paraître sa foi et son zèle pour la gloire de son Maître, car, voyant que les habitants d'une ville de la province de Samarie lui avaient refusé leurs portes, il lui demanda permission, avec Jean, son frère, d'y faire descendre le feu du ciel et, de fait, ils n'étaient pas moins coupables que ces deux compagnies de soldats dont les capitaines parlèrent insolemment au prophète Elle, et sur lesquels il fit descendre un feu céleste qui les réduisit en cendres. Mais Notre-Seigneur arrêta cette impétuosité et, sans les taxer de cruauté ni d'injustice, il les avertit que cela n'était plus de saison, parce que sa loi n'était pas une loi de rigueur et de sévérité mais une loi de grâce, d'indulgence et de miséricorde. Dans la trente-quatrième année, quelque temps avant sa Passion, comme il allait à Jérusalem pour y consommer, par sa mort, l'œuvre de notre Rédemption, Salomé, mère de nos bienheureux Apôtres, se jeta à ses pieds et le supplia en faveur de ses enfants, par leur instigation, qu'il fît asseoir l'un à sa droite et l'autre à sa gauche dans son royaume. Il y avait sans doute de l'ambition dans cette demande, et les deux frères firent voir qu'ils ne possédaient pas encore le véritable esprit de l'Évangile, qui porte à aimer le mépris et l'abjection et à fuir la gloire, la prééminence et tout ce que le monde a d'éclatant et de magnifique. Mais, en même temps, ils donnèrent un grand témoignage de leur courage et de la disposition dans laquelle ils étaient de souffrir toutes choses pour l'honneur de leur Maître car, comme il leur dit: « Vous ne savez ce que vous demandez pouvez-vous boire le calice qui m'est préparé ? » ils répondirent sans hésiter: « Oui, Seigneur, nous le pouvons », c'est-à-dire, « nous sommes tout prêts à le boire, quand il vous plaira ». Notre-Seigneur ne les reprit pas; mais il leur dit, au contraire, qu'ils le boiraient en effet; cependant, qu'il n'était pas en sa disposition de les faire asseoir l'un à sa droite et l'autre à sa gauche, parce qu'il devait suivre en cola l'ordre éternel de la prédestination de son Père.

 

Saint Jacques fut encore un des quatre Apôtres qui demandèrent à Notre-Seigneur, dans la semaine même de sa Passion, quand ces grandes prédictions de la ruine de la ville de Jérusalem, de son second avènement et de la consommation des siècles s'accompliraient de sorte que c'est à lui en partie que nous devons les lumières importantes que le Sauveur nous a données sur ces terribles jours. Enfin, quand, après la première Cène, Jésus-Christ se retira dans le jardin de Gethsémani pour y faire son oraison et se préparer au sacrifice sanglant qu'il devait offrir sur le Calvaire, il laissa les autres Apôtres dehors et ne prit avec lui que saint Pierre et les deux enfants de Zébédée. Nous ne voulons pas excuser ici les lâchetés qu'ils commirent en cette occasion et dans tout le temps de la Passion de leur divin Maître. Ils s'endormirent lorsqu'il priait le visage contre terre et qu'il suait le sang et l'eau par la violence de son agonie. Ils s'enfuirent lorsqu'on le liait et qu'on l'emmenait prisonnier pour être la victime de l'envie et de la fureur des Juifs. Ils se cachèrent lorsqu'on le traînait aux tribunaux et qu'on prononçait contre lui la sentence de mort. Mais Dieu ne permit cette pusillanimité dans ceux qui devaient être les lumières du monde et les colonnes de son Église, que pour faire paraître avec plus d'éclat la puissance de sa grâce et la force du sang de son Fils, puisque ceux qui ont fui dans ce temps par la crainte d'une troupe de soldats ont ensuite résisté aux magistrats, aux rois et aux empereurs, et ont enduré les supplices et la mort avec une constance invincible. Il serait inutile de dire que saint Jacques assista, après la Résurrection, à toutes les apparitions du Sauveur, à son Ascension glorieuse, à la descente du Saint-Esprit, et qu'il en reçut la plénitude par laquelle son esprit fut éclairé des plus hautes lumières du Christianisme et son cœur embrasé d'un si grand amour de Dieu, qu'il brûlait continuellement du désir de le faire connaître par tout le monde et de répandre son sang pour la gloire de son divin Maître.

 

Ce qu'il faut rechercher maintenant, c'est ce qu'il a fait sur la terre pour s'acquitter des devoirs de son apostolat, jusqu'au temps où il fut décapité par le commandement d'Hérode, surnommé Agrippa, c'est-à-dire dans l'espace de neuf ou dix ans. La tradition des Églises d'Espagne porte qu'après la mort de saint Étienne il prêcha quelque temps la foi dans la Judée, la Samarie, la Syrie et les provinces voisines de même que saint Pierre et les autres Apôtres, quoiqu'en ce temps-là ils ne parlassent encore qu'aux Juifs, et qu'ensuite, par la permission divine, il traversa toute la mer Méditerranée et vint en Espagne, où il annonça la venue du Messie. Dieu permit néanmoins, par une sainte conduite de sa providence, qu'il y fît peu de conversions et que la semence de la foi qu'il jeta dans les cœurs ne portât point alors de fruit, mais seulement après sa mort, par le moyen de ses Disciples. Cette tradition est rapportée et défendue par tant d'auteurs anciens et modernes, non-seulement des royaumes d'Espagne, mais aussi des autres pays, qu'on peut s'y arrêter sûrement, surtout depuis que l'Église romaine l'a insérée dans les leçons que l'on dit à Matines à la fête de notre Apôtre ce qui ne s'est fait sans doute qu'après un examen très-sérieux. Ce n'est pas ici le lieu de répondre aux objections que l'on fait pour la détruire, puisque nous ne faisons pas une critique ni une controverse, mais une histoire sainte nous dirons seulement qu'elle n'a rien de contraire à ce que les Actes des Apôtres témoignent du martyre de saint Jacques à Jérusalem avant la dispersion de ces saints prédicateurs de l'Évangile puisque sept ans s'étaient écoulés depuis le martyre de saint Étienne jusqu'à cette dispersion, saint Jacques a eu le temps dans cet intervalle de venir en Espagne, d'y prêcher l'Évangile et de retourner en Judée et d'ailleurs, si la porte de la foi n'était pas encore ouverte aux Gentils, il a pu, en Espagne même, ne prêcher qu'aux Juifs, puisque cette nation était déjà répandue dans les principales parties de l'empire romain. Au reste, la prédication de saint Jacques dans la Galice n'empêche pas que saint Pierre et saint Paul ne puissent être appelés les fondateurs des Églises d'Espagne, comme parle saint Grégoire VII en son épître LXIVe puisque saint Jacques, n'y ayant converti que peu de personnes, a laissé lieu à saint Paul d'y travailler par lui même, et à saint Pierre d'y envoyer les sept missionnaires dont il est parlé dans le martyrologe du 15 mai d'ailleurs, ce royaume ayant une si grande étendue et étant difficile à parcourir, il se peut bien faire que saint Paul et les missionnaires envoyés par saint Pierre y aient prêché dans des provinces où saint Jacques n'avait pas prêché.

 

Une des choses mémorables qui lui arriva, selon une autre tradition de ce pays, fut l'apparition de la sainte Vierge bien qu'encore vivante sur la terre, elle se fit voir à lui pour le consoler et l'animer à poursuivre le grand ouvrage de la prédication de l'Évangile. L'histoire en est rapportée par presque tous les auteurs, surtout par Diégo Murillo, de l'Ordre de Saint-François, dans un livre spécial sur ce sujet, et par Jean Tamayo Salazar, dans ses Notes sur son martyrologe. Ce grand Apôtre était dans cette partie de l'Espagne que l'on appelait Celtibérie, dans la ville de Saragosse, sur la rivière de l'Ebre. Comme il priait une nuit hors de la ville, sur le bord de l'eau, avec ses disciples, il entendit les anges qui disaient alternativement: « Ave Maria, gratia plena! »; et, en même temps, il aperçut, au milieu de cette troupe d'esprits célestes, leur glorieuse Reine, qu'ils avaient apportée, montée sur un pilier de marbre blanc elle lui parla avec beaucoup d'amour et de bienveillance, et lui ordonna de bâtir en ce lieu un oratoire sous son nom, l'assurant que cette partie de l'Espagne lui serait très-dévote jusqu'à la fin des siècles, et qu'elle-même la favoriserait de sa particulière protection. Saint Jacques obéit à cet ordre et fit faire un temple en l'honneur de la Mère de Dieu, où il s'est fait, dans la suite des siècles, un grand nombre de miracles. C'est cette célèbre église que l'on appelle Notre-Dame del Pilar, ou du Pilier, où l'on montre encore aujourd'hui le pilier sur lequel Notre-Dame apparut, avec une image de cette glorieuse Vierge au dessus, devant laquelle il y a près de cent lampes d'argent qui brûlent continuellement.

 

Lorsque notre Apôtre eut été quelque temps en Espagne, il retourna à Jérusalem pour les affaires communes de l'Église ce fut peut-être pour les difficultés qui s'étaient élevées au sujet de la conversion des Gentils, lorsque les Apôtres s'assemblèrent en concile pour décider que ces nouveaux convertis n'étaient nullement engagés à l'observance de la loi de Moïse, et que c'était assez qu'ils s'abstinssent du sang et des animaux suffoqués, ainsi que des viandes immolées aux idoles. Saint Luc, dans ses Actes, dit seulement qu'Hérode le fit mourir par le glaive, c'est-à-dire décapiter mais l'histoire ecclésiastique a encore remarqué d'autres particularités de son martyre. Ce grand Apôtre travaillait en Judée à l'établissement de la foi et de la religion chrétienne, avec le même zèle qu'il avait fait paraître en Espagne et dans les autres lieux qu'il avait parcourus. Les Juifs, furieux contre lui, sollicitèrent Hermogène et Philète, deux insignes magiciens, de s'opposer à sa doctrine, et, s'ils ne pouvaient pas le confondre par la force de leurs raisonnements, de le faire périr par leurs sortiléges. Philète fut le premier qui osa attaquer le saint Apôtre mais, voyant qu'il délivrait les démoniaques, qu'il éclairait les aveugles, qu'il guérissait les lépreux et même qu'il ressuscitait les morts, et no pouvant d'ailleurs assez admirer la solidité de sa doctrine, confirmée par des passages évidents des saintes Écritures, il se convertit et crut en Jésus-Christ. Étant retourné vers Hermogène, qu'il avait auparavant reconnu pour son maître, il tâcha de lui persuader d'embrasser comme lui la religion chrétienne, hors laquelle, lui dit-il, il ne pouvait espérer de salut mais ce magicien, bien loin de se rendre à ses remontrances, le lia tellement par ses enchantements, qu'il le rendit immobile. Philète en fit avertir saint Jacques, qui lui envoya son mouchoir par vertu duquel il fut mis en liberté. Hermogène, irrité de cette délivrance, invoqua les démons contre le Saint et contre son néophyte, et les envoya vers eux pour les enchaîner tous deux et les lui amener. Mais, par la prière du Saint, qui fut plus puissante que toutes ses imprécations, les démons l'enchaînèrent lui-même et l'amenèrent pieds et mains liés devant l'Apôtre. Ce ne fut que pour lui ouvrir les yeux à la vérité et le convertir. En effet, reconnaissant par là l'impuissance des malins esprits et l'empire que Jésus-Christ et ses serviteurs ont sur eux, principalement lorsqu'il eut été délié par Philète, il se prosterna aux pieds de saint Jacques et lui demanda le baptême, qui lui fut accordé après qu'il eut jeté une partie de ses livres de magie dans le feu et l'autre partie dans la mer, et qu'il eut travaillé à détromper ceux qu'il avait séduits par ses mauvais artifices. Nous savons que saint Paul, dans sa deuxième épître à Timothée, chap. I, se plaint que Phygelle (quelques auteurs disent Philète) et Hermogène lui ont tourné le dos. Mais, comme dit fort bien Baronius en l'année 44 de ses Annales, peut être qu'après avoir été convertis par saint Jacques, ils se sont ensuite pervertis et sont devenus auteurs d'hérésie, de même que Simon le Magicien, qui avait été baptisé par saint Pierre.

 

Cependant, le premier artifice des Juifs contre notre saint Apôtre leur ayant si mal réussi, ils s'entendirent avec Lysias et Théocrite, capitaines de la garnison romaine, moyennant une somme d'argent qu'ils leur donneront pendant que saint Jacques prêcherait le nom de Jésus-Christ, et qu'eux, de leur part, exciteraient une sédition parmi le peuple, les capitaines se devaient saisir de sa personne pour lui faire son procès. En effet, un jour que ce saint Apôtre prouvait efficacement, par les témoignages des saintes Écritures, que Jésus-Christ était le vrai Messie promis par la loi, annoncé par les Prophètes et attendu par leurs pères, un tumulte ayant été excité dans l'assemblée, Josias, un des scribes des Pharisiens, se jeta sur lui et lui mit une corde au cou en même temps les soldats se saisirent de lui et le menèrent à Hérode Agrippa, petit-fils du premier Hérode, qui avait fait mourir les innocents, et neveu du second, qui avait fait mourir saint Jean. Son procès fut bientôt expédié ce mauvais prince, qui voulait s'attirer l'estime des Juifs, aux dépens de la vie des gens de bien, le condamna à avoir la tête tranchée. Comme on le conduisait au supplice, il guérit un paralytique qui se présenta devant lui, et qui implora son secours; cela fit tant d'impression sur l'esprit de Josias, qui l'avait saisi le premier, qu'il se convertit, et, se jetant a ses pieds, le supplia avec instance de lui pardonner sa mort et de le recevoir au nombre des disciples de son Maître. L'Apôtre lui demanda s'il croyait véritablement que Jésus-Christ était le Fils de Dieu vivant « Je le crois, dit Josias, la c'est la ma foi, et je veux mourir dans cette confession a. Sur cette parole, on le saisit lui-même et on le lia, pour recevoir le même châtiment que le saint Apôtre on en obtint l'ordre d'Agrippa. Lorsqu'ils furent au lieu du supplice, i1s demandèrent un verre d'eau, et on le leur apporta saint Jacques baptisa le Pharisien et lui donna le baiser de paix avec sa bénédiction, faisant le signe de la croix sur son front. Ainsi, ils perdirent l'un et l'autre la vie pour la confession du nom du Sauveur, vers la fête de Pâques de l'année 44. Quelques auteurs croient que ce fut le 25 mars; mais le Bréviaire romain dit que ce fut le 1er avril. Il faut que ç'ait été avant Pâques. Une partie de ces circonstances sont tirées de Clément d'Alexandrie, et rapportées par Eusèbe de Césarée dans son Histoire ecclésiastique. Les autres sont tirées de l'Histoire de la Passion des Apôtres, à laquelle nous croyons, après Baronius, que l'on peut déférer en ce point, surtout à cause de la liaison qu'elle a avec ce qui est rapporté par Eusèbe.

 

Selon saint Épiphane, rapporté par Baronius dans ses Notes sur le martyrologe, saint Jacques est un des Apôtres qui ont gardé la virginité; ce qui nous le doit faire regarder avec un respect tout particulier, puisqu'il possède trois excellentes auréoles l'une d'Apôtre et de Docteur de l'Église par éminence l'autre de Martyr et du premier martyr d'entre les Apôtres, et la troisième de Vierge. Les Espagnols aiment à représenter saint Jacques le Majeur monté sur un cheval et chargeant à la tête d'un de leurs escadrons les armées des Maures ils disent qu'en plusieurs rencontres le Saint a été vu rendant ce bon office aux vieux chrétiens. Ils l'ont, à cause de cela, surnommé le tueur de Maures, et ils célèbrent une fête particulière de son apparition. Saint Jacques le Majeur a pour attribut, comme saint Paul, le glaive avec lequel il fut décapité. On le rencontre aussi, dans le cours du moyen âge, en costume de pèlerin, avec le bourdon, la panetière et la pèlerine ornée de coquilles; quelquefois, comme à la cathédrale de Chartres, sans vêtement et couvert de coquilles. Quand il se trouve réuni aux autres Apôtres tenant des banderoles avec les différents articles du Credo, on lit sur la banderole de saint Jacques le Majeur: « Qui conceptus est de Spiritu Sancto ex Maria Virgine ».

 

 

Cultes et reliques


 

Le corps du Bienheureux Apôtre fut enseveli par les chrétiens à jusqu'à ce que les disciples, qu'il avait amenés d'Espagne, ayant reçu ordre des Apôtres détourner pour travailler à ruine de l'idolâtrie, t'emportèrent avec eux; et, étant arrivés en Galice, à une ville appelée Iria Flavia, et, en espagnol, El Padron, ils le déposèrent dans un sépulcre de marbre, où il reçut longtemps les respects des nouveaux fidèles. Depuis, à la suite des persécutions des Barbares, et du débordement des hérésies en Espagne, ce trésor devint tout à fait inconnu; voilà pourquoi Venance Fortnnat, qui vivait dans le VIe siècle, a écrit qu'il était demeuré à Jérusalem. Mais au temps du pape Léon III c'est à dire au commencement du IXe siècle, il fut heureusement trouvé à Iria et transféré à la ville de Compostelle, qui n'en est qu'à deux ou trois lieues. Le pape Léon, à la prière d'Alphonse le Chaste, roi de Galice, changea aussi l'évêché d'Iria et le mit à Compostelle et, depuis ce temps là, les miracles sans nombre que firent ces précieuses dépouilles rendirent le lieu si célèbre, qu'après le pèlerinage de Jérusalem et de Rome, il n'y en a point au monde de si renommé, à quoi les princes chrétiens ont extrêmement contribué, en établissant de tous côtés des hôpitaux pour loger et nourrir les pèlerins de saint Jacques. On ne peut exprimer les grâces que les Espagnols ont reçues de la protection de ce grand Apôtre. Tamayo nous rapporte quinze apparitions différentes dont il a favorisé les rois et les princes d'Espagne, et qui ont toujours été suivies de quelque assistance particulière. De nombreuses reliques du saint Apôtre furent apportées en France la plus grande partie à Toulouse, dans l'église de Saint-Sernin. On y voit 1° un verre dans lequel était renfermé un os du carpe du pied, une dent et quelques fragments d'ossements dans une étoffe de soie jaune; 2° une partie de mâchoire en deux pièces, avec des dents et quelques fragments d'ossements; 3° deux parties de crâne, une grande et une petite. Un os du bras de saint Jacques le Majeur existait dans l'église abbatiale de Saint-Loup, Aube, au diocèse de Troyes Elle était renfermée dans un bras d'argent. Cette précieuse relique avait été rapportée de Constantinople en même temps que le corps de sainte Hélène, vierge, vers l'an 1209. Elle a disparu, ainsi que son riche reliquaire. à la Révolution de 1793. Le reliquaire de la cathédrale de Nevers renferme un os de saint Jacques le Majeur, qui a été soustrait à la profanation des impies en 1793. Un autre os du bras du même cinq centimètres environ, est déposé dans le Christ aux Reliques du bourg de Nolay, au canton de Pougues (Nièvre). Il y a quelques ossements du crâne à Arras, dans l'église cathédrale; à Paris, dans l'église des Grands-Jacobins; une portion de la mâchoire à Amiens; un ossement du bras à Troyes, en Champagne. Enfin, il y a encore en France un si grand nombre d'églises dédiées sons le nom de ce grand Apôtre, et où il est invoqué et servi avec beaucoup de dévotion, qu'il ne faut point douter qu'il ne la regarda d'un œil favorable. On vit s'élever dans la seule ville de Paris quatre églises en son honneur; savoir l'église paroissiale de Saint-Jacques de la Boucherie; celle Saint Jacques du Haut du Pas, laquelle, pour être dédiée sous les noms de Saint-Jacques le Mineur et de Saint-Philippe, ne laissa pas de reconnaître le grand saint Jacques pour patron l'hôpital de Saint-Jacques pour les pèlerins et le grand couvent des religieux de Saint-Dominique, que l'on appela pour cela Jacobins par toute la France. Dans l'église des Arméniens, à Jérusalem, on montre le lieu où Hérode Agrippa 1er fit trancher la tête à saint Jacques le Majeur.


 

Texte extrait des Petits Bollandistes, volume 9



19/07/2010
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