Spiritualité Chrétienne

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Saint Christophe II

Saint Christophe

Martyr en Lycie

IIIe siècle

Fête le 25 juillet


 

C'est une chose indubitable qu'il y a eu dans l'Église un saint Christophe, qui, selon la signification de son nom, a porté Jésus-Christ dans son cœur par le pur amour qu'il a eu pour lui dans sa bouche par la prédication de son Évangile, et dans ses membres par la participation de ses souffrances. Les églises et les chapelles dédiées sous son nom, les fêtes établies en son honneur, les mémoires qu'en font tous les Bréviaires et les Martyrologes, et ses images exposées publiquement dans un grand nombre de cathédrales, en sont une preuve convaincante mais, pour les circonstances de son histoire, elles ne sont pas tout à fait certaines soit parce que l'antiquité n'a pas eu soin de les écrire exactement, soit parce que la malice des hérétiques, pour en obscurcir la vérité, v a inséré des choses trop extraordinaires et qui sont tout a fait hors de créance. Il est donc à propos, dans cette vie, de faire un sage discernement de la vérité d'avec le mensonge, et de dire tellement ce qui peut faire tort à la gloire de ce glorieux Martyr qu'on n'en dise rien que de bien établi et qui soit appuyé sur de suffisants témoignages. Le cardinal Baronius, qui a examiné ses Actes, n'en trouve point de plus assurés que ceux qui sont compris dans une hymne très ancienne du Bréviaire des Mozarabes, dressé par saint Isidore, auquel il faut ajouter ce que nous en apprenons de la préface de saint Ambroise, pour la Messe de saint Christophe, rapportée par Surius.

 

Suivant ces Mémoires, Christophe était Chananéen d'origine, païen de religion; il suivit la carrière des armes et fit partie de l'expédition contre les Perses, sous les ordres du jeune empereur Gordien. Il se convertit au christianisme, sous l'empereur Philippe. Embrasé de l'amour de Jésus-Christ, il quitta son pays pour annoncer, en divers endroits, et principalement dans la province de Lycie, la doctrine de notre sainte religion. Ses travaux furent si heureux, accompagnés de tant de grâces du ciel et de tant d'oeuvres miraculeuses, qu'il ne convertit pas moins de quarante-huit mille personnes. Il était de haute stature et d'un port majestueux. Il avait le visage beau et agréable, les cheveux éclatants et tant de grâce en tout ce qu'il faisait et disait,- qu'il gagnait aisément l'affection de tous ceux qui le voyaient. Il marchait ordinairement appuyé sur un bâton et, un jour, ayant enfoncé en terre celui qu'il portait, il le fit miraculeusement reverdir et porter des fleurs et des feuilles ce qui fut cause de la conversion de beaucoup d infidèles.

 

La persécution de l'empereur Dece était alors allumée dans le monde, et on se saisissait de tous côtés des chrétiens pour les faire mourir; mais principalement de ceux qui, ne se contentant pas d'être fidèles, travaillaient à augmenter la religion par de nouvelles conquêtes. Comme saint Christophe était de ce nombre, l'empereur, ou quelque président de sa part, envoya des soldats pour le prendre. Il eut la bonté, dans la faim qu'ils souffraient, de multiplier surnaturellement quelque peu d'aliments qu'ils avaient, pour les sustenter. Ce prodige leur ayant ouvert les yeux de l'âme, pour connaître l'erreur où ils vivaient et la vérité d'un seul Dieu, créateur du ciel et de la terre, ils renoncèrent au culte des idoles et entrèrent dans l'Église de Jésus-Christ. Cela n'empêcha pas la prise de Christophe, qui, bien loin de fuir le martyre, le désirait avec ardeur et le cherchait avec empressement. Le tyran, l'ayant fait mettre en prison, y envoya deux femmes débauchées pour corrompre sa foi en corrompant sa pureté elles s'appelaient Nicette et Aquiline mais il leur parla avec tant de zèle et de vigueur, qu'au lieu d'être perverti par leurs artifices, il les convertit elles mêmes et les rendit chastes et fidèles peu de temps après, elles endurèrent généreusement le martyre avec les soldats qu'il avait éclairés de la lumière de la foi, et plusieurs autres personnes nobles et riches, qui le reconnaissaient pour leur père spirituel.

 

Le persécuteur, voyant le courage invincible de saint Christophe, le fit tourmenter par plusieurs supplices très-cruels. On lui couvrit la tête d'un casque embrasé, et on l'étendit sur un banc de fer de la longueur et de la largeur de son corps, sous lequel on mit des charbons ardents, pendant qu'on versait de l'huile bouillante sur ses membres. Ces tourments ne lui firent aucun mal à cette vue beaucoup de païens s'écrièrent qu'il n'y avait point d'autre Dieu que celui que Christophe adorait, ni d'autre religion que celle qu'il professait. Ensuite on l'attacha à un pieu et on tira sur lui, durant tout un jour, un très-grand nombre de flèches; mais pas une ne perça son corps, de sorte qu'il paraissait comme invulnérable. Au contraire, il y en eut une qui frappa l'œil de l'un des bourreaux, et le lui creva ce qui fournit au Saint une belle occasion de faire éclater sa charité héroïque; car, oubliant les mauvais offices de ce misérable, il lui rendit son œil par des gouttes de son sang qu'il lui conseilla d'y appliquer. Ce sang, échappé de quelque plaie dont son histoire ne parle point, fut si efficace, qu'il rendit à ce même bourreau la lumière de l'âme avec celle du corps, et en fit un chrétien disposé à endurer le martyre. Enfin le juge condamna notre Saint à avoir la tête tranchée. Avant de recevoir le coup mortel, le martyr pria Notre-Seigneur avec beaucoup d'instance, de se rendre propice aux pécheurs et aux malades qui imploreraient sa miséricorde par son intercession, et de préserver aussi de grêle, d'incendie, de peste et de famine le lieu où son corps serait enterré. L'hymne des Mozarabes ajoute que dix mille chrétiens, qu'il avait animés au martyre par son exemple, furent exécutés avec lui ce qui lui donna la gloire d'enrichir l'Église triomphante, après avoir augmenté l'Église militante.

 

La mémoire de saint Christophe se célèbre dans toutes les églises latines le 25 juillet, à la réserce de celle de Valence, en Espagne, qui la solennise maintenant le 10 du même mois, parce que ce jour-là une synagogue de Juifs, que saint Vincent Ferrier avait convertis, et qui assurèrent que saint Christophe les avait souvent avertis, en songe, de quitter la superstition du judaïsme et de demander le Baptême, fut dédiée et consacrée, avec les cérémonies ecclésiastiques, en l'honneur de cet invincible Martyr.

 

Pour ce qui est de son portrait, que l'on représenta- d'une si prodigieuse grandeur, portant l'Enfant Jésus sur ses épaules, et passant une rivière avec un arbre verdoyant dans ses mains, Baronius témoigne qu'il n'en sait pas certainement la cause mais il marque assez, par les versets qu'il rapporte de l'hymne des Mozarabes, qu'il y reconnaît quelque chose d'historique et quelque chose de singulier et de symbolique. L'histoire est que saint Christophe était grand, et, qu'allant ordinairement avec un bâton, il le lit reverdir et fleurir pour la conversion des idolâtres mais le symbole est qu'il avait une âme grande, généreuse et invincible, que les travaux ne l'étonnaient point, et qu'il a marché à pas de géant, non seulement dans l'exercice de la vertu, mais aussi dans celui de la prédication de l'Évangile; qu'il a porté Jésus-Christ dans les pays infidèles dont l'abord était très-difficile à cause des tempêtes et des orages que les empereurs et les magistrats y excitaient de tous côtés; qu'il a traversé des fleuves d'afflictions et de souffrances, sans pouvoir y être submergé, à cause de la force de son esprit et de la hauteur de son courage, qui le mettaient au-dessus de toutes les persécutions des hommes enfin que sa constance et sa fermeté, représentées par son bâton, ont toujours été florissantes et n'ont jamais perdu leur vigueur. On le représente aussi en des lieux relevés, pour signifier le pouvoir qu'il a sur les météores de l'air, tels que le tonnerre, la grêle, les vents impétueux et les tempêtes contre lesquels on invoque son nom. Il serait difficile de marquer l'origine de ces représentations mystérieuses. Baronius en parle au 23 avril, à propos de saint Georges. Il y a de l'apparence que celle de saint Christophe est venue d'Orient, et qu'on commença à le représenter de la manière que nous avons décrite, aussitôt que Constantin donna pouvoir de bâtir des églises en l'honneur des .Martyrs.

 

Une grande partie des reliques de saint Christophe sont en Espagne. L'église de Tolède en possède quelques ossements, que Tamayo dit y avoir été apportés dès l'année 238, c'est-à-dire quatre ans après son décès. Celle de Valence en a davantage mais elle les a eus de Tolède, lorsque cette ville fut ruinée en l'année 828. On en montre un bras à Compostelle et une mâchoire à Astorga. Tous ces membres sont d'une grandeur extraordinaire. Nous avons à Paris une paroisse de son nom, qui est fort ancienne et des premières de la cité. Les Bénédictins, qui ont possédé des établissements très-considérables dans l'ancien diocèse de Toul, paraissent y avoir apporté plusieurs reliques de saint Christophe, dont quelques-unes subsistent encore. L'église de Sénone, diocèse de Saint-Dié, possède un fragment considérable d'un os d'un bras de saint Christophe, provenant de l'ancienne abbaye; celle de Moyen-Moutier, dans la même vallée, possède l'extrémité articulaire d'un grand os, probablement l'humérus l'église de Lay-Saint-Christophe, diocèse de Nancy, possède un fragment d'os.

 

 

Légende de Saint Christophe


 

Étymologie de son nom: Christophe, avant son baptême, s'appelait Réprouvé (Revolus) mais, dans la suite, il fut appelé Christophe (Christophorus) c'est-à-dire Porte Christ, parce qu'il porta le Christ de quatre manières sur ses épaules, en le passant; dans son corps, par la macération; dans son âme, par la dévotion; dans sa bouche, par la prédication. Sa vie.

 

Christophe, Cananéen de nation, était d'une taille gigantesque et d'un aspect terrible, et il avait douze coudées de haut. Se trouvant, comme on le lit dans une histoire, auprès d'un roi cananéen, il lui vint à l'esprit de chercher le plus grand prince qui fût au monde et de venir demeurer près de lui. Il se rendit donc chez un roi très-puissant que la renommée donnait partout pour le plus grand prince du monde. Dès qu'il le vit, le roi le reçut volontiers et le fit rester dans son palais. Or, une fois, un certain jongleur chantait une chanson dans laquelle il nommait souvent le diable. Or, comme le roi avait la foi de Jésus-Christ, chaque fois qu'il entendait nommer le diable, il imprimait aussitôt sur son front le signe de la croix. Ce que voyant Christophe, il s'étonna fort pourquoi le roi faisait cela, et ce que ce signe voulait dire. Comme il interrogeait le roi à ce sujet, et que ce dernier ne voulait pas le lui découvrir, Christophe lui dit: « Si vous ne me le dites, je ne resterai pas dorénavant avec vous ». C'est pourquoi le roi, forcé, lui dit: « A Chaque fois que j'entends nommer le diable, je me munis de ce signe, craignant qu'il ne prenne sur moi quelque pouvoir et ne me nuise ». Sur quoi Christophe: « Vous craignez que le diable ne vous nuise ? il est clair qu'il est plus grand et plus puissant que vous, puisque vous avouez que vous le redoutez si fort, et je suis frustré dans mon espérance, moi qui pensais avoir trouvé le plus grand et le plus puissant seigneur du monde. Adieu donc! car je veux aller chercher le diable, afin de le prendre pour mon seigneur et de devenir son serviteur ». Il se sépara du roi, et il se hâtait de chercher le diable.

 

Or, comme il cheminait à travers une solitude, il vit une grande foule de soldats, desquels un soldat farouche et terrible vint à lui et lui demanda où il allait. Christophe répondit: « Je vais chercher le seigneur diable, afin que je le prenne pour seigneur ». A quoi l'autre: « Je suis celui que tu cherches ». Christophe, joyeux, s'attacha à lui pour toujours comme serviteur et le prit pour son seigneur. Comme ils cheminaient tous deux, ils rencontrèrent une croix dressée sur une route. Sitôt que le diable aperçut cette croix, il s'enfuit épouvanté, et, quittant la route, il emmena Christophe à travers une âpre solitude et le ramena ensuite sur la route. Ce que voyant Christophe, étonné, il lui demanda pourquoi il avait, si tremblant, abandonné la grande route, et, faisant un si grand détour, il avait passé par une âpre solitude. Comme le diable ne voulait pas le lui expliquer, Christophe dit: « Si tu ne me l'expliques pas, je m'éloigne de toi à l'instant ». C'est pourquoi le diable, poussé à bout, lui dit: « Un homme, Jésus-Christ, a été attaché à cette croix quand je vois le signe de cette croix, j'ai grande peur et je fuis tout tremblant ». Sur quoi, Christophe: « Il est donc plus grand que toi, ce Christ dont tu redoutes tant le signe j'ai donc travaillé en vain, et je n'ai pas encore trouvé le plus grand prince du monde. Adieu donc car je veux te quitter et chercher le Christ ».

 

Or, lorsqu'il eut cherché quelqu'un qui lui fît connaître le Christ, il vint enfin vers un ermite, qui lui prêcha le Christ, et l'instruisit diligemment dans la foi mais l'ermite dit à Christophe: « Ce roi, que tu désires servir, demande de toi ce service, qu'il te faudra fréquemment jeûner ». « Qu'il demande un autre service, parce que je ne peux aucunement faire cela ». « Il te faudra lui faire beaucoup d'oraisons ». « Je ne sais pas ce que c'est que cela je ne puis donc encore remplir cet office ». « Ne connais tu pas ce fleuve, où la plupart de ceux qui le passent courent de grands dangers et périssent ? » « Je le connais ». « Comme tu es d'une grande taille, robuste, si tu te fixais près de ce fleuve, et si tu passais tout le monde, cela serait fort agréable au roi Christ, que tu désires servir, et j'espère qu'il se manifesterait à toi lui-même ». « Oui, je puis remplir cet office, et je m'abandonne à lui pour ce service ».

 

Il vint donc vers ledit fleuve, il se fabriqua une demeure lui-même et, portant dans sa main une perche en guise de bâton, dont il se soutenait dans l'eau, il passait tout le monde sans relâche. Bien des jours s'étant donc écoulés, comme il était à se reposer dans sa demeure, il entendit la voix d'un enfant qui l'appelait et disait: « Christophe, viens dehors et passe-moi ». Réveillé, il sortit dehors, mais il ne trouva personne, et, revenant dans la cabane dont nous avons parlé, il entendit de nouveau une voix qui l'appelait il courut encore dehors, mais il ne trouva personne. Une troisième fois, appelé comme auparavant par la même personne, il sortit et trouva un enfant sur le bord du fleuve, qui pria instamment Christophe de le passer. Celui-ci, prenant donc l'enfant sur ses épaules, et, se munissant de son bâton, entra dans le fleuve pour le traverser, et voilà que l'eau du fleuve s'enflait peu à peu et l'enfant pesait comme le plomb le plus lourd. Plus il avançait, plus l'eau s'élevait, plus l'enfant écrasait les épaules de Christophe d'un poids intolérable, au point qu'il se trouvait dans un sérieux embarras et craignait de courir les plus grands dangers. Mais quand il fut sorti, et qu'il eut touché le bord, il y déposa l'enfant et lui dit: « Tu m'a mis, mon enfant, dans un grand danger et tu as tellement pesé, que, si j'avais eu le monde entier sur mes épaules, j'eusse à peine senti un plus lourd fardeau ». L'enfant lui répondit: « Ne t'en étonne pas, Christophe, car tu as eu sur toi, non-seulement le monde entier, mais encore Celui qui a créé le monde car je suis le Christ, ton roi, que tu sers dans cet office et, afin que tu aies une preuve que je dis vrai, lorsque tu auras passé, plante ton bâton dans la terre, près de ta maison, tu verras demain qu'il aura fleuri ». Et aussitôt il s'évanouit à ses yeux. Venant donc, Christophe enfonça dans la terre son bâton et, le matin, se levant, il le trouva comme un palmier, couvert de feuilles et chargé de dattes.

 

Or, après cela, il vint à Samos, ville de Lycie, où, ne comprenant pas la langue du pays, il pria Dieu de lui en donner l'intelligence. Or, comme il était en prières, les juges, le croyant fou, le laissèrent. Christophe ayant obtenu ce qu'il demandait, le visage couvert, il vint aux lieux du combat, et il fortifiait dans le Seigneur les chrétiens qui étaient tourmentés. Alors un des juges le frappa au visage. Christophe lui dit, en se couvrant la face d'un disque: « Si je n'étais pas chrétien, j'aurais bientôt vengé cette injure ». Alors il enfonça son bâton dans la terre, et pria Dieu qu'il fleurit pour la conversion du peuple. Ce qui étant aussitôt arrivé, huit mille hommes se convertirent. Or, le roi envoya deux cents soldats pour le lui amener; et ceux-ci, l'ayant trouvé en oraison, craignirent de lui signifier cet ordre Le roi en envoya encore autant et l'ayant aussi trouvé en prières, ils prièrent avec lui. Or, Christophe se levant, leur dit: « Que cherchez-vous, mes chers enfants ? » Voyant son visage, ils lui dirent: « Le roi nous a envoyés, pour que nous t'amenions à lui garrotté ». Christophe leur dit : « Si je ne le voulais pas, vous ne pourriez m'emmener ni libre ni garrotté ». Ils lui dirent: « Si tu ne le veux pas, va-t'en en liberté où bon te semblera, et nous dirons au roi Nous ne l'avons point trouvé ». « Non, dit-il, mais j'irai avec vous ». Or, il les convertit à la foi, et il se fit lier par eux les mains derrière le dos et se fit présenter garrotté au roi. Le roi, le voyant, fut épouvanté et il tomba de dessus son trône; ensuite, relevé par ses serviteurs, il interrogea Christophe sur son nom et sa patrie. Christophe lui répondit: « Avant mon baptême je m'appelais Réprouvé; mais, maintenant, je m'appelle Christophe; avant mon baptême j'étais Cananéen, mais maintenant je suis Chrétien ».

 

Le roi lui dit: « Tu t'es imposé un sot nom, en prenant celui du Christ, qui a été crucifié et qui n'a rien pu ni pour lui ni pour toi méchant Cananéen, pourquoi ne sacrifies-tu pas à nos dieux?Christophe lui dit: « On a raison de t'appeler Dagus car tu es la mort du monde, le compagnon du diable. Quant à tes dieux, c'est l'ouvrage de la main des hommes ». Le roi lui dit: « Tu as été nourri parmi les bêtes sauvages, tu ne sais dire que des paroles sauvages et inconnues des hommes maintenant donc, si tu veux sacrifier, tu obtiendras de moi les plus grands honneurs; sinon, tu mourras dans les plus terribles supplices ». Christophe ne voulant donc pas sacrifier, il ordonna de le mettre en prison et de décapiter les soldats qui avaient été envoyés pour l'arrêter. Ensuite il fit enfermer dans la même prison deux jeunes filles très-belles, dont l'une s'appelait. Nicea et l'autre Aquilina, leur promettant de grandes récompenses si elles entraînaient Christophe à pécher avec elles. Ce que voyant Christophe, il se livra à la prière mais comme les jeunes filles le pressaient de caresses et de cajoleries, il se leva et dit: « Que voulez-vous et pourquoi avez-vous été introduites ici? » Mais elles, effrayées de l'éclat de son visage, dirent: « Ayez pitié de nous, serviteur de Jésus-Christ, afin que nous puissions croire au Dieu que vous prêchez ». Ce que le roi ayant appris, il se les fit amener et leur dit: « Vous avez donc aussi, vous, été séduites Je jure par les dieux, si vous ne sacrifiez, vous mourrez de la mort la plus cruelle ». Elles répondirent: « Si tu veux que nous sacrifiions, ordonne qu'on nettoie les rues et que le peuple se rende au temple ».

 

Lorsque cela fut fait et que le peuple fut dans le temple, elles passèrent leur ceinture sacrée au cou des dieux, et, les entraînant à terre, elle les réduisirent en poussière et elles dirent aux assistants : « Allez, appelez les médecins, afin qu'ils guérissent vos dieux » Alors, par l'ordre du roi, Aquilina est suspendue; on attache à ses pieds une grosse pierre tous ses membres sont déchirés. Lorsqu'elle a rendu son âme au Seigneur, sa sœur Nicea est jetée dans les flammes mais elle en sort sans aucun mal, et aussitôt elle est décapitée. Et après cela Christophe est présenté au roi, qui ordonne de le battre de verges de fer, de mettre sur sa tête un casque de fer rougi. Il ordonne ensuite qu'on fasse un siège de fer, qu'on y lie Christophe, et qu'on jette de la poix dans le feu pour le brûler mais le siège fond comme de la cire et Christophe en sort sans aucun mal. Ensuite le roi ordonne qu'on le lie à un poteau et que quatre cents soldats le percent de leurs flèches. Mais les flèches restèrent toutes suspendues en l'air, et aucune ne put le percer. Or le roi, croyant qu'il était percé, se mit à le railler, et aussitôt une des flèches vint du haut des airs et, se retournant contre le roi, le perça à l'œil et il en devint aveugle. Christophe dit: « Demain je serai consumé. Alors donc, tyran, tu délayeras de la boue avec mon sang, tu en mettras sur ton œil et tu seras guéri ». Alors, par l'ordre du roi, on l'emmena pour le décapiter. Et là, s'étant répandu en oraison, il fut décapité. Or, le roi, prenant un peu de son sang et le mettant sur son œil, dit: « Au nom de Dieu et de saint Christophe, et aussitôt il fut guéri. Alors le roi crut, et il ordonna que ceux qui blasphémeraient le Dieu de Christophe périraient aussitôt par le glaive ».


 

Texte extrait des Petits Bollandistes, volume 9



19/07/2010
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