Notre Dame de Montligeon
Notre Dame de Montligeon
« La cathédrale dans les champs »
Vocation: Prêtre diocésain
Pour connaître la mission du Sanctuaire de Montligeon, il est nécessaire de connaître la personnalité de son fondateur, le Père Paul Joseph Buguet. Il est né le 25 mars 1843 à l’orée de la forêt de Bellême (Orne), dans une famille pauvre. Les parents de son ami de classe, les Martins, le prennent en protection; ils lui paient ses études et lui offrent le couvert. Il entend l’appel au sacerdoce en 1855. Après d’excellentes études classiques, il entre en 1862 au grand séminaire de Sées. Dans ses notes, nous lisons: «Il y a surtout trois choses auxquelles je dois tendre: la mortification, l’humilité, et l’esprit intérieur. Avec cela, j’arriverai à être un saint prêtre» et encore: «Il faut que je sois bien saint, bien pur, bien détaché de tout, des joies sensibles et de moi-même.» Il est ordonné prêtre en mai 1865 par l’évêque de Sées. D’abord nommé vicaire à Sainte-Honorine-la-Chardonne, il bataille avec l’administration républicaine et parvient à établir une école chrétienne qui jouira des deniers publics. Il devient le pasteur de la paroisse de Saires-la-Verrerie. Mais du fait de ses initiatives et de ses prises de parole face au protestantisme libéral, il est muté Curé à La Chapelle Montligeon (12 km de Mortagne) dans la partie Est du diocèse (considérée comme anticléricale à la fin du 19e siècle). Cette bourgade, assise au pied de la forêt de Reno-Valdieu, en Normandie, dans le Perche, est constituée d’agriculteurs, de commerçants, de bûcherons et d’ouvriers du bois. Une petite rivière insouciante serpente aux abords des maisons grises avec au centre l’église au petit clocher pointu (15-16e siècles) à l’aspect bien misérable. Le premier août 1878, il arrive dans ce village de 770 habitants. Il a 35 ans. Il s’afflige de la pauvreté essentiellement matérielle de la population, si semblable à celle de ses origines. Pour reprendre l’expression biblique, «Il a vu la misère de son peuple», comme Moïse. Aussi, deux préoccupations l’animent: la recherche constante d’un travail pour ses paroissiens, qu’ils n’aient plus à quitter leur village… et le sort des défunts: prier et faire prier pour eux. En 1880, le nouveau Curé fonde l’Association Saint-François de Sales. Il réunit une vingtaine de jeunes de 16 à 18 ans dans l’association de la Propagation de la foi liée aux cercles catholiques d’Albert de Mun. Pour les femmes, il tente successivement la fabrication du jersey, de la dentelle, de la ganterie, mais l’arrivée des machines ruine ses diverses tentatives.
Les étapes de maturation vers l'oeuvre
Le 1er novembre 1876, Auguste, frère du Père Buguet, meurt accidentellement, écrasé par la chute de la cloche de l’église de Mortagne. Cet événement l’impressionne fortement. Il s’interroge: «Et son âme?» Peu avant il avait confié à un ami prêtre «qu’il se sentait commandé par une voix intérieure de fonder une œuvre pour la délivrance des âmes délaissées du purgatoire». Il avait reçu cette inspiration de façon très nette au sanctuaire de St-Joseph, près du monastère des Sœurs de la Sainte-Famille à Sées. Après l’accident, il confesse: «Voilà bien un avertissement comme je tremblais d’en recevoir un.» Et à sa sacristine qui lui trouve triste mine: «Oui, les âmes du purgatoire m’ont encore tourmenté cette nuit.» En juin et juillet 1897, il perd successivement ses deux nièces, Pauline et Marthe. La destinée des âmes défuntes l’habite sans cesse. Dans ses méditations de 1876-1877, le Père Buguet écrit: «Mon Dieu, faites-moi la grâce de me bien pénétrer de cette pensée: Expiation — Ah! si je comprenais ce qu’il y a de douceur dans ce mot, je n’aurais pas de la mortification la crainte que j’en ai. J’aimerais la pénitence et elle serait pour moi une consolation…» «Eh bien! Pour diminuer le purgatoire, faisons des pénitences. Pour cela, on peut tout offrir; depuis son lever jusqu’à son coucher, toutes ses afflictions, chagrins, inquiétudes… Une conséquence à tirer de ce que je viens de méditer, c’est la nécessité de soulager les âmes du purgatoire, car si tout doit être expié, que penser des grandes souffrances de ceux qui n’ont obtenu leur réconciliation qu’à la mort? Puisque l’absolution n’efface pas la peine, il est facile de comprendre combien triste est leur sort. Il faut que je travaille à délivrer ces âmes…». Il en était là de ses réflexions, quand un signe lui est donné. Il écrit: «Depuis longtemps, j’aimais à célébrer la messe le lundi pour l’âme la plus délaissée du purgatoire, et je m’apercevais que ces âmes m’obtenaient bien des faveurs…
Une mystérieuse visite
En mai 1884, une personne que je ne connaissais pas vint me demander de célébrer une messe à ses intentions. Son visage indiquait qu’elle était d’un âge d’environ 50 ans; elle était alors vêtue très modestement, portant le costume d’une femme du peuple, son air inspirait respect et confiance. Huit jours après, à cette messe que je célébrais suivant sa demande et selon ses intentions à 8 h et au jour indiqué, je fus surpris de la voir au bas de l’église, vêtue d’une robe bleu ciel et la tête couverte d’un long voile blanc descendant jusqu’à la ceinture. Qui était-ce? Je ne l’ai jamais su et personne n’a pu me renseigner à ce sujet. Longtemps, elle pria devant l’autel de la Sainte Vierge. Comment et par quel endroit a-t-elle disparu? Je l’ignore, et quoique sa présence à l’église eût à ce point éveillé l’attention, les personnes venaient pendant cette matinée à l’église pour la voir, personne n’a pu connaître par où elle avait dirigé ses pas.» Il précisera à de proches amis que cette dame inconnue l’avait remercié de «cette charité qu’il avait de dire chaque lundi la messe pour l’âme la plus délaissée», ce qui l’avait ému, car il était, jusqu’alors, le seul à le savoir. Plus tard la sacristine et le petit enfant de chœur témoignèrent: «Cette femme communia les deux fois qu’elle vint à Montligeon. La messe finie, elle demeura là. Les heures passaient et elle ne sortait pas. La curiosité s’éveilla. On vint pour voir… Invitée à venir déjeuner au presbytère par la sacristine de la part du Père Buguet, elle refusa par ces paroles assez singulières: «Madame, je vous rends grâce», et elle se replongea dans ses méditations. Elle sortit enfin. Il était entre deux et trois heures. Elle repartit dans la direction de Saint-Mard-de-Reno, par le sentier des prés. Une dizaine de personnes la suivaient des yeux. Elle disparut sans qu’il fût possible de savoir par où elle avait dirigé ses pas. Elle disparut tout à coup. Elle disparut comme une fumée…» Très impressionné, le Curé écrit: «Depuis cette visite, j’étais très tourmenté et poussé intérieurement à rédiger les statuts fort simples qui devaient être la base de l’Œuvre Expiatoire.» Si bien que le 3 septembre suivant, il demande à son évêque l’autorisation de lancer une Œuvre visant à «faire célébrer des messes pour les défunts, sous le patronage de “Marie Libératrice”» moyennant une cotisation d’un sou par an. Il y joint sa rédaction des statuts. Mgr Trégaro déposera son cachet et sa signature le 4 octobre 1884 en déclarant au Père: «Eh bien! Si vous ne réussissez pas, vous en aurez le mérite; et si Dieu le veut, rien n’arrêtera votre œuvre.» Mgr Trégaro modifie seulement l’article 2 des statuts en mettant la phrase au pluriel: «Deux messes seront dites chaque semaine les lundi et mardi pour les âmes les plus délaissées du purgatoire». Le Père Buguet pouvait entreprendre son apostolat en leur faveur. Les premiers pèlerinages débutent en 1885.
Montligeon, sanctuaire marial
Les cœurs éprouvés par la souffrance et la perte d’êtres chers se tournent naturellement vers leur Mère. L’Abbé Buguet choisit d’établir le siège de l’Œuvre à la chapelle de la Vierge de l’église paroissiale Saint-Pierre, la plus petite des deux nefs inégales. N’y a-t-il pas un vitrail de la Renaissance présentant la Vierge de pitié avec l’inscription latine: «Mère de Dieu Souviens-toi de moi»? Il y fit placer une statue de la Vierge libératrice. Sur son bras gauche, Marie tient son fils et de sa main droite, elle brise les chaînes qui retiennent les âmes au purgatoire. Sur le sol, une inscription: «Œuvre Expiatoire Délivrance des âmes délaissées du purgatoire». Cette petite nef devient la chapelle Notre-Dame de la Délivrance. Dans les années 1900, il commande une statue de Notre-Dame libératrice au sculpteur romain Tadolini. Arrivée à la veille de la guerre, la statue ne sera mise en place qu’en 1919, derrière le maître-autel de la basilique et couronnée le 19 septembre 1935. Le Père Buguet commence par passer de maison en maison, parlant avec son cœur des âmes qu’on oublie, de leur détresse, de leur attente. Et il quête: «Je vous demande un sou! On ne refuse pas un sou, n’est-ce pas?». Il parcourt son diocèse puis les diocèses alentour.
Une expansion fulgurante
Avec l’aide de son sacristain l’Abbé Buguet entreprend un travail d’imprimerie. Par des tracts, des images, il fait connaître son Œuvre. Avec un Curé voisin, il peut assurer la publication d’un petit bulletin de 4 pages… Au bout de trois ans, l’Œuvre est connue de tous les diocèses de France, mais aussi à l’étranger où l’on traduit les feuilles de l’Association. Tant les Semaines religieuses diocésaines que la grande presse se font écho de l’Œuvre. Le nombre des associés explose: 22000 en 1886, 105 000 en mai 1888, 215 000 en 1889, et 3 millions en 1894! Des offrandes et des dons divers arrivent de partout, des ex-voto couvrent bientôt les murs de la petite église. Dans chaque ville, paroisse, communauté, pensionnat ou collège où il passe, comme dans ses voyages à l’étranger, il désigne un responsable, en s’adaptant aux réalités locales. Le cinquième pèlerinage a lieu sur l’emplacement de la future église. La bénédiction divine, la protection de la Vierge Marie et de saint Joseph, alliés au zèle et aux dons d’organisateur de leur prêtre missionnaire, expliquent le développement prodigieux de l’Œuvre. Le Père doit ouvrir un secrétariat; des religieuses, des prêtres viennent accueillir les pèlerins. Le 4 octobre 1893, le pape encourage l’abbé Buguet en érigeant l’Œuvre Expiatoire pour les âmes délaissées du purgatoire en Archiconfrérie. Une chapellenie est officiellement établie à Montligeon. Le 19 juin 1895 Léon XIII déclare l’Œuvre: «Archiconfrérie «prima primaria» (de premier ordre). Elle devient l’Œuvre Mère de toutes les associations dédiées aux âmes du purgatoire. Le cardinal Parocchi est nommé protecteur. De 1895 à 1899, l’abbé Buguet sillonne les routes d’Europe et d’Amérique. En 1898 une Procure est établie à la Piazza del Popolo à Rome. Une chapelle latérale à la Basilique Sainte- Marie-in-Monte-Santo est consacrée à l’Œuvre expiatoire. Chaque jour l’office des défunts y est célébré et un secrétariat est mis en place. Les Romains, mais aussi les pèlerins du monde entier viennent y prier pour les défunts et s’agréger à l’Œuvre.
Une cathédrale dans les champs
En 1890, le Père forme le projet de bâtir l’église des âmes délaissées à Montligeon. Le bulletin l’annonce aux associés. Au début de 1894, les sommes reçues s’élèvent à 50’000 F. Le Père Buguet va demander l’autorisation à son évêque pour entreprendre les travaux: Combien avez-vous en caisse? - 50’000 francs. - Eh bien, mon cher Curé, quand vous aurez 100’000 francs, vous commencerez. C’est alors qu’une bienfaitrice offre une enveloppe pour l’église. A l’intérieur, 50 billets de mille francs! Ah! la Providence! Le lendemain, M. le Curé retourne à l’évêché… et le 22 septembre 1894 les premiers coups de pioche des terrassiers marquent le coup d’envoi de la future Basilique. Vient à passer un amiral qui voyant les plans de la future église (plutôt modeste), avise le fondateur de ne pas bâtir une église sans rapport avec la grandeur de l’Œuvre. Il encourage à la confiance totale pour une telle Œuvre. De fait il arrive que la caisse se trouve à sec. Ceci n’altère pas l’extraordinaire confiance du bon Père Buguet en la Providence, par l’intercession des âmes du purgatoire. Il se met à prier et faire prier, parfois il emprunte pour quelques jours seulement et il rembourse ponctuellement. La première pierre est bénite le 4 juin 1896 par Mgr Trégaro en présence de 200 prêtres et de 6000 personnes. En 1897, pour trouver les finances, le fondateur part quêter aux Etats-Unis et au Canada. L’église sera vaste: 74 mètres de long, 32 mètres de largeur au transept, 26 dans la nef. La large façade de 33 mètres est encadrée de deux flèches qui s’élèvent à 60 mètres. L’intérieur est partagé en trois nefs bordées de 17 chapelles. Elle peut contenir 1200 personnes.
La bénédiction de l'Église
L’Eglise se montre très sensible pour l’extraordinaire travail du Curé de Montligeon. En février 1902, par un bref, Léon XIII «nomme, établit et déclare» Prélat romain le fondateur de l’Œuvre de Montligeon, forte alors de 10 millions d’associés, de tous pays. Avec ses seules ressources, l’Œuvre fait célébrer 210 000 messes en 1901. Le 13 juin 1904, Pie X nomme le Père Buguet Protonotaire apostolique. Le 1er juin 1911, la messe est célébrée à l’intérieur de l’église bénite la veille par Mgr Buguet et le 23 octobre 1916, le siège de l’Œuvre est transféré de l’église paroissiale à la nouvelle église. En 1917 Mgr Buguet souffre d’angine de poitrine à plusieurs reprises. Espérant un climat plus clément, il se rend à Rome pour l’hiver. Il y meurt le 14 juin 1918. Le 16 novembre 1921, jour où dans le diocèse de Sées se fête Notre-Dame libératrice, titulaire du Sanctuaire de Montligeon, le corps de Mgr Buguet est inhumé dans la crypte sous la basilique. Au-dessus de ses cendres, un monument funéraire s’élève dans la première des six chapelles du côté gauche. Le 28 août 1928, 50 ans après l’arrivée de l’abbé Buguet, 15’000 personnes assistent à la consécration de l’église Notre-Dame libératrice. Le lendemain, le Pape Pie XI lui confère le titre de Basilique mineure avec tous les honneurs et privilèges qui appartiennent à ce titre et à cette dignité. Outre ce premier cinquantenaire, Mgr Lemée sollicita celui de la fondation officielle de l’Œuvre Expiatoire. Il sera marqué par le couronnement de Notre-Dame libératrice. A cette occasion, le Cardinal Pacelli envoya une lettre à Mgr Pasquet: «Inspiré par un profond esprit de foi en la justice de Dieu qui exige que les âmes oubliées acquittent leur dette temporelle, cette œuvre supplée à l’indifférence de ceux qui ne vivent que pour les choses de la terre et n’ont aucun souci de l’Eglise souffrante. En provoquant les suffrages de toutes sortes et en particulier la célébration du Saint Sacrifice de la Messe, elle favorise parmi les fidèles l’exercice de la charité évangélique dans sa forme la plus élevée et la plus urgente, et elle ouvre aux vivants eux-mêmes les trésors de la miséricorde divine, si largement promise par Notre-Seigneur à ceux qui auront fait miséricorde.»
Le développement de l'oeuvre
Et une imprimerie
M. le Curé Buguet est triste de voir ses paroissiens devoir quitter le bourg pour les périls de la ville. En faisant prier pour les âmes du purgatoire, il espère d’elles, en retour, «le moyen de faire vivre l’ouvrier». Le développement de l’Œuvre elle-même va le lui permettre. Il y a les petites feuilles de propagande à imprimer, les bulletins... Il embauche un enfant de chœur, achète une petite machine “Abat”, puis une plus grande… Le presbytère étant devenu trop petit, on construit des hangars dans la cour, il achète des maisons… puis en 1892, de retour de voyage en Europe centrale, il lance la maison des chapelains en même temps que la construction destinée à accueillir l’imprimerie qui emménagera en 1894. Il écrit: «En 1894, voulant assurer à la paroisse pour laquelle j’ai travaillé de toutes mes forces un avenir de travail et de salut, ne voulant rien garder en propre, j’ai heureusement trouvé plusieurs personnes dévouées et riches qui m’ont donné la faculté d’établir et de fonder une Société Immobilière. La Société, entièrement commerciale, entreprit d’agrandir l’imprimerie et de développer l’industrie du pays. Voyant que cette société marchait bien, j’en ai abandonné la présidence…». De 31 ouvriers à l’époque, cette imprimerie emploie aujourd’hui 180 personnes. Elle devient Société anonyme de l’Imprimerie de Montligeon, et se détache du tronc commun.
La Maison des chapelains
Encore appelée Direction générale, c’est un long bâtiment de deux et trois étages, situé entre l’imprimerie et l’église. C’est là qu’en 1896 l’abbé Buguet, quittant le presbytère, vient loger avec ses collaborateurs. C’est là qu’est le secrétariat, où arrivent les lettres et offrandes du monde entier. On déchiffre, traduit, classe, tout ce courrier, avant de choisir les extraits qui seront publiés dans les bulletins de l’Œuvre et les bulletins de l’église de Montligeon, en huit langues. De sorte qu’une grande communion s’établit entre tous les membres de cette immense famille qui comptera jusqu’à 15 millions d’associés.
Les âmes du Purgatoire, le tiers-monde invisible
Les défunts intercèdent pour nous
Le Père Buguet voyait bien que les âmes du purgatoire, en attente de notre prière, parce qu’elles ont besoin de ce complément d’amour et de charité comme purification pour entrer au ciel, peuvent aussi intercéder pour nous. On sait qu’on peut prier pour les défunts, mais on dit assez peu souvent que les défunts sont en communion avec nous, dans la charité du Christ, et qu’ils peuvent intercéder pour nous. Le Catéchisme de l’Eglise catholique, au numéro 958, dernière phrase, parlant de notre communion avec les défunts dit: «Notre prière pour les défunts peut non seulement les aider, mais aussi rendre efficace leur intercession en notre faveur.» L’unique Eglise se trouve en trois états: Ceux qui sont déjà dans la plénitude de l’amour, bien que non encore ressuscités dans leur corps; ceux qui sont au purgatoire, en amitié avec Dieu, mais imparfaitement purifiés pour être totalement avec Lui; et nous, sur la terre, qui pouvons vivre déjà dans la charité de Dieu. Nous sommes en communion avec tout ce Corps mystique de l’Eglise. Nous pouvons perdre cette charité, mais aussi la retrouver, par une vraie contrition et les sacrements de l’Eglise. Le Concile Vatican II dans la constitution Lumen Gentium a bien souligné qu’il y a une vraie communion entre tous les membres de l’Eglise.
La grande oeuvre spirituelle née du Père Buguet
Concrètement aujourd’hui, à Montligeon, on peut inscrire ses défunts, on peut s’inscrire soi-même de son vivant (si l’on craint que personne après notre mort ne prie pour nous), et on peut aussi “recommander des défunts”. Ces défunts sont pris en charge par la prière quotidienne de sept messes qui sont dites dans le monde à l’intention de toutes les personnes recommandées à l’Œuvre de Montligeon. C’est une œuvre de charité surnaturelle, une œuvre d’entraide spirituelle pour les défunts. Cette œuvre spirituelle s’appuie sur notre foi en la résurrection de Jésus, la mort n’est pas le point final; elle s’appuie aussi sur la foi en l’efficacité du sacrifice eucharistique: nous ne sommes pas seuls, il n’y a qu’un seul intercesseur, le Christ, qui intercède pour nous. C’est aussi prendre en compte que le Christ ne veut pas nous sauver tout seul, mais qu’il veut nous rendre participants, et de notre salut et du salut de nos frères. Une profonde solidarité surnaturelle se crée autour du Christ, l’unique sauveur, l’unique médiateur de la nouvelle alliance. Voilà la grande œuvre spirituelle née du Père Buguet. Au fil du temps, il y a aussi ce que nous vivons à Montligeon: ceux qui donnent des messes, ceux qui donnent d’eux-mêmes, et donc un peu de leur amour. Pourquoi donne-t-on des messes pour ses défunts, sinon parce qu’on croit qu’ils ont besoin de nous; c’est donc un acte d’amour, de charité à leur égard. Mais le Sanctuaire de Montligeon est aussi un lieu d’accueil et d’écoute des personnes qui ont perdu un être cher. Nous, les vivants, ici-bas, nous avons besoin d’un lieu qui nous reçoive et nous écoute, pour nous permettre de cheminer dans la foi. C’est un aspect que le Père Buguet n’a jamais sous-estimé. Preuve en est le secrétariat qu’il avait ouvert pour répondre au besoin des gens. Ce n’est pas seulement pour récolter des fonds, et pour construire tout ce qu’il a fait, mais c’est aussi pour être un lieu de réconfort, de consolation et d’espérance pour ses contemporains qui vivaient des épreuves.
Le Purgatoire, c'est le Feu de l'Amour qui purifie
C’est le grand trait du Père Buguet, sa catholicité dans la façon de voir cette réalité du purgatoire. Il l’a abordé de façon pratique, parce qu’il vivait la réalité du purgatoire. Ce qui était moins compliqué qu’aujourd’hui où, même au sein de la catholicité, il faut reproposer cette doctrine de foi, bien dire que le purgatoire, c’est le feu de l’amour qui purifie; ce n’est pas Dieu qui se venge, mais c’est Dieu qui sauve. C’est un acte sauveur de Dieu. Donc, l’image que nous devons avoir de la réalité du purgatoire, c’est l’image de la miséricorde qui tient compte de ce que nous faisons. Dieu nous rend responsables du bien que nous faisons; il nous dit aussi qu’il nous rend responsables du mal que nous faisons. La force de la prière pour les défunts n’a jamais été démentie dans l’Eglise catholique, ni chez les orthodoxes, ni chez les anglicans. Saint Thomas d’Aquin nous rappelle que pour prier pour ses défunts, il y a deux aspects: D’abord l’intention qui se porte vers tel ou tel défunt. Montligeon est donc une œuvre contre l’oubli. Et ensuite une communion de charité. L’intention qui se porte vers la personne est subordonnée au deuxième principe, qui est la communion de charité. Prier pour les défunts, prier pour les âmes du purgatoire, c’est s’engager nous-mêmes, les vivants, dans un mouvement de conversion, de spiritualité, de remise en cause de ce que nous faisons. Je ne peux pas prier pour les âmes du purgatoire, si je ne veux pas, pour moi-même, ce que je souhaite pour elles, c’est-à-dire vivre dans la lumière de Dieu. Si moi-même, j’ai du mal à pardonner, à me libérer de vices, d’un certain matérialisme, ma prière est forcément handicapée. Prier pour les âmes défuntes, c’est véritablement entrer dans une école de prière, une école d’évangélisation, une école de vie. Ce que nous essayons de dire à Montligeon, et ce que nous essayons d’être comme témoins. Entrez dans la communion spirituelle invisible.
Entrez dans la communion spirituelle invisible
C’est pour cela qu’autour du Sanctuaire, l’Archiconfrérie qu’a fondée le Père Buguet est devenue une fraternité présente sur les cinq continents. Ils se regroupent en groupes de prière, dont les membres prient pour les défunts, reçoivent au sein de ces groupes une formation doctrinale, et enfin essayent de vivre concrètement la charité vis-à-vis de leur prochain. Par exemple, au Bénin, un groupe va visiter des prisonniers, un groupe au Cameroun soutient des séminaristes, au Vietnam, un groupe soutient les veuves… En France, il existe des groupes de prière Notre-Dame de Montligeon, qui sont très présents dans la pastorale du deuil et des funérailles. Pas simplement pour assurer l’accompagnement des familles en deuil et la célébration des obsèques, mais aussi pour assurer un suivi auprès des personnes en deuil: «Votre défunt, avec vous nous le prenons, nous le portons dans la communauté chrétienne, il ne tombe pas dans l’oubli.» Ce n’est pas seulement une œuvre où l’on lutte contre l’oubli, mais aussi une œuvre où l’on lutte contre l’exclusion. Les âmes du purgatoire sont parfois exclues de notre champ apostolique. Elles font partie de l’Eglise, c’est une partie de l’humanité qui a besoin de nous. A Montligeon, nous sommes conscients de cette mission que l’Eglise nous confie et nous nous efforçons avec foi de la vivre joyeusement. Ici, j’ai constaté que beaucoup de personnes viennent au sanctuaire après un deuil. Elles sont marquées par un deuil qui les rend très déprimées. Les âmes du purgatoire sont sûres d’être sauvées, dans notre foi. Elles sont à même de nous communiquer l’Espérance. Une sœur à Montligeon me disait récemment: «On ne fait pas que prier pour les âmes du purgatoire, mais on entre dans une communion spirituelle invisible mais réelle avec elles.» J’en fais moi aussi l’expérience personnelle. Voilà 9 ans que je suis là, je suis arrivé jeune prêtre et j’ai cru que mes supérieurs, en m’envoyant à Montligeon, m’envoyaient en pénitence! Je ne comprenais pas l’intérêt de m’occuper des morts! J’en ai demandé pardon à Dieu, je m’en suis confessé. Et maintenant, je me rends compte que les âmes du purgatoire sont vraiment une famille spirituelle, faite de personnes qui ont un visage, ce n’est pas une nébuleuse, ni des esprits informes, c’est le tiers-monde de l’invisible, elles ont besoin de nous. Alors je vous invite à la générosité vis-à-vis des âmes du purgatoire.
Ce que l'Église propose
L’Eglise propose d’abord de faire dire des messes, voilà pourquoi on peut inscrire ses défunts à Montligeon. Sachez aussi qu’au moment de l’inscription, l’Eglise honore cette inscription d’une indulgence plénière. Ensuite l’Eglise nous recommande la prière, la prière à Notre-Dame de Montligeon, la litanie à Notre-Dame de Montligeon; il existe aussi d’autres prières formulées par les saints, pour les âmes du purgatoire. Enfin l’Eglise nous rappelle le rôle du jeûne; se priver par amour pour ses frères et sœurs défunts. Souvent, lorsque l’on est au purgatoire, c’est que l’on s’est encombré sur cette terre de choses inutiles. Par le jeûne, volontairement, nous nous désencombrons de choses inutiles, pour suppléer à ces frères et sœurs qui ont besoin de nous. L’Eglise nous recommande encore l’aumône, c’est la charité concrète et aussi la charité fraternelle. L’Eglise met aussi à notre disposition des indulgences1 — le Christ est l’Indulgence de Dieu —, l’Eglise en parle dans son Catéchisme (les numéros 1471 à 1479). J’invite à lire en particulier ce qui concerne les indulgences dans le cadre de la Communion des saints: numéros 1474, 1475, 1476, 1477.
L'oeuvre de Montligeon aujourd'hui
Les possibilités offertes aux pèlerins à Montligeon
Chaque jour, la vie du sanctuaire est rythmée par des temps d’adoration, le chapelet, les offices de la liturgie des heures: l’office des lectures, les laudes, l’office du milieu du jour et les vêpres. Deux messes sont célébrées chaque jour. Une maison d’accueil liée au Sanctuaire, l’Ermitage, offre dans un climat de calme et de paix une hôtellerie de plus de 180 lits et une cuisine familiale (jusqu’à 1500 personnes). En famille, en individuel ou en groupe, toute l’année, on peut y faire des retraites, des sessions, des week-ends spirituels. Ceux qui le désirent peuvent rencontrer un des cinq prêtres ou une des cinq religieuses du sanctuaire pour un échange ou un accompagnement plus personnalisé après un deuil... Environ 30 salariés avec les saisonniers, et une centaine avec les bénévoles travaillent sur les lieux. Un centre de documentation propose des textes sur le purgatoire, ce que dit la conférence des évêques de France sur le thème des funérailles, l’accompagnement des malades en fin de vie, toutes les questions actuelles concernant le respect de la vie; avortement, euthanasie, bioéthique. Le Sanctuaire tient une librairie et une bibliothèque généraliste d’environ 30’000 volumes. Il vient d’éditer un livre pour prier pendant un mois pour son défunt. L’imprimerie appartient au Sanctuaire, mais elle a son PDG… Elle imprime la revue Chemins d’éternité. Montligeon vit de dons et de legs de personnes qui ont reçu une aide sur leur chemin et qui sont très reconnaissantes envers la Vierge Marie. Il ne faut pas oublier que Montligeon est un sanctuaire marial. Instinctivement quand on a un membre d’une famille qui est malade, on va voir la maman. Marie est la porte du Ciel; elle est celle qui nous conduit à Jésus. Thérèse disait: «Ta face est ma seule patrie.» Toute une théologie du visage, importante à Montligeon, puisque nous sommes faits pour le face à face avec Dieu pour l’éternité. Le visage est ce qui révèle la personne; c’est la présence de l’être.
Inscription
Toute personne peut être recommandée à la Fraternité Notre-Dame de Montligeon. Les personnes inscrites à Notre-Dame de Montligeon bénéficient des messes célébrées chaque jour dans plusieurs sanctuaires à travers le monde. Pour chaque inscription, l’Œuvre perçoit une offrande individuelle et définitive. C’est la seule ressource qui lui permet d’assurer indéfiniment la fondation de messes quotidiennes voulues par son fondateur. Inscrire une personne au livre du «memento», c’est accomplir un acte de foi dans l’efficacité de l’Eucharistie et aussi un acte de charité.
Demander une Messe pour un défunt, un acte d'amour
L’Eucharistie contient tous les trésors spirituels de l’Eglise. Elle est source de sa vie et elle fait son unité. De tout temps, les fidèles, guidés par le sens de la foi et de la charité, apportent au sacrifice eucharistique un certain sacrifice personnel afin d’y participer plus étroitement. En offrant leur vie, leurs biens, leur travail, la création…, ils prennent part à l’offrande que le Fils, Jésus, fait à son Père. L’offrande (financière ou en nature) n’achète pas la bienveillance de Dieu définitivement acquise une fois pour toutes par le sacrifice du plus parfait amour de Jésus sur la croix. Cette offrande ne peut payer la messe dont le prix est infini. En joignant une offrande à une demande de messe pour un vivant ou un défunt, le fidèle s’associe plus intimement au mystère de l’Eucharistie: En manifestant un acte de foi dans le sacrifice unique du Christ et en s’associant à la vie matérielle du prêtre qui célèbre la messe. C’est un acte de solidarité et de partage. Dans la communion des saints, la solidarité de l’amour existe entre les vivants et les morts qui sont tous membres du Corps mystique du Christ. Sur la terre comme au Ciel, l’Eglise vit toujours de l’Amour de Dieu. Telle est la raison de la prière pour les défunts.
Texte extraits des magazine Stella Maris n° 408 et 409, de novembre et décembre 2004
Prière à Notre Dame Libératrice de Montligeon
Notre Dame Libératrice, prends en pitié tous nos frères défunts, spécialement ceux qui ont le plus besoin de la Miséricorde du Seigneur. Intercède pour tous ceux qui nous ont quittés afin que s'achève en eux l'œuvre de l'Amour qui purifie. Que notre prière unie à celle de toute l'Eglise leur obtienne la joie qui surpasse tout désir et apporte ici-bas consolation et réconfort à nos frères éprouvés et désemparés. Mère de l'Eglise, aide-nous, pèlerins de la terre, à mieux vivre chaque jour notre passage vers la Résurrection . Guéris-nous de toute blessure du cœur et de l'âme. Fais de nous dese Témoins de l'invisible, déjà tendus vers les biens que l'oeil ne peut voir, des apôtres de l'Espérance semblables aux veilleurs de l'aube. Refuge des pécheurs et Reine de Tous les Saints, rassemble-nous tous un jour, pour la Pâques éternelle, dans la maison du Père. Par Jésus, le Chrsit, notre Seigneur. Amen.
Notre Dame Libératrice, priez pour nous et les âmes et du Purgatoire, spécialement pour celles qui en ont le plus besoin.
Renseignements
Sanctuaire de ND de Montligeon
F-61400 La Chapelle-Montligeon.
Dernière mise à jour de la page, le 28 décembre 2009
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