Notre Dame de Knock
Les Apparitions de Notre Dame de Knock
Irlande en 1879
En 1879, l'Irlande était ravagée par une famine terrible, peut-être la pire de son histoire. En face de la détresse des Irlandais, les Anglais leur tournèrent le dos et ne consentirent à les aider que si, reniant la foi catholique, ils devenaient anglicans. Fièrement, les Irlandais refusèrent et beaucoup moururent de faim!
Le 21 août 1879, le beau temps de la matinée et du début de l'après-midi avait fait place à la pluie habituelle, d'abord fine, puis très abondante: vers 19 heures, il tombait des cordes, le ciel était gris et la nuit descendait. Une femme du village, passant près de l'église, vit une lueur au-dessus du clocher mais n'y prêta aucune attention. Un peu plus tard, à l'occasion d'une visite de voisinage, Mary McLoughlin vit sur le pignon de l'église des sortes d'images et pensa que le curé, absent ce jour-là, les avait fait venir de Dublin pour orner le sanctuaire. Elle alla, sans plus y penser, chez son amie Madame Beirne, qui précisément avait constaté la présence d'une lumière sur l'église! Et les deux femmes, ayant oublié tout cela, n'en parlèrent même pas entre elles!
Mary McLoughlin s'en retourna chez elle, avec la fille de Madame Beirne, Mary: celle-ci, passant sur le parvis de l'église, vit les figures et en parla à son amie, qui se rappela le fait et répondit qu'elle n'avait jamais entendu dire que des statues devaient être placées là. S'approchant du pignon, Mary Beirne s'exclama:
"Ce ne sont pas des statues, elles bougent! C'est la Vierge Marie!" S'étant concertées, les deux femmes coururent à leurs maisons respectives pour annoncer le fait: il y eut bientôt un petit groupe de personnes devant le sanctuaire.
Quatorze personnes virent l'apparition: toutes purent ensuite parfaitement la décrire. C'était dans une lumière argentée très vive qui semblait provenir de diamants enchâssés dans le mur de l'église et qui ne faisait pas mal aux yeux. Au centre se tenait une Dame vêtue d'une ample robe blanche attachée au cou, portant sur la tête une couronne brillante, avec une rose au-dessus du front: la Vierge Marie, qui avait les mains levées jusqu'aux épaules, dans un geste de prière et d'intercession.
A sa droite, un peu plus bas, se tenait debout, mais incliné respectueusement, un homme que tous identifièrent comme étant saint Joseph; il tenait en silence les mains jointes sur sa poitrine et cotemplait la Vierge, qui avait les yeux levés très haut, vers le ciel, comme si elle était en prière. Et à la gauche de la Vierge Marie, un personnage grave, vêtu comme un évêque, avec une mitre étrange: il tenait, dans sa main gauche, un livre ouvert, et, de l'autre main, faisait un geste de bénédiction: près de lui, à sa gauche, un autel sur lequel gisait un agneau en avant d'une croix. Les témoins identifièrent ce personnage comme étant saint Jean l'Evangéliste. Autour de l'agneau, un halo d'étoiles dorées étincelait, et des anges voltigeaient légèrement.
Les personnages de l'appartion étaient grands, très beaux et silencieux, debout dans la lumière. Un jeune homme s'approcha, les personnages semblèrent à ce moment reculer. Une vieille dame de 75 ans voulut baiser les pieds de la vierge, elle ne sentit que le mur du pignon sous ses lèvres et constata qu'il restait parfaitement sec malgré la pluie abondante, qui ne cessa de tomber durant toute l'apparition.
Il y eut bientôt une vingtaine de personnes sur les lieux. toutes ressentirent une grande joie, des délices suaves - pour reprendre l'expression de l'un des témoins - et un appel intérieur à la prière: et tous prièrent, non pas en groupe à haute voix, mais, spontanément, en silence. Plusieurs pleuraient.
Se trouvant dans son champ à quelques milles de l'église, un homme de 65 ans, Patrick Walsh, aperçut un globe de feu tout doré au-dessus du clocher et il se demanda pourquoi on avait fait un feu là! Devant l'apparition, une vingtaine de personnes, âgées de 6 à 75 ans, priaient en silence en regardant la Vierge et ses compagnons, qui demeuraient silencieux, comme pour les inviter à prier, à imiter leur silence.
Au bout d'une demi-heure, Mary McLoughlin rentra chez elle, c'est-à-dire au presbytère, car elle prenait soint du curé, dont elle était la gouvernante et lointaine parente. Comme elle revenait fort agitée - et très tard! - le curé, Bartholomew A. Cavanagh, la questionna, et elle lui relata le fait, lui parla de l'apparition et lui suggéra d'aller voir. Il refusa, pensant que ses paroissiens s'extasiaient devant une sorte de reflet des vitraux de l'église sur le mur!
Le curé était pourtant un très saint homme, qui avait une profonde dévotion mariale et même recevait d'elle d'éminentes faveurs: locutions, apparitions, grâces diverses qu'il relatait dans son journal sans penser que ce précieux document serait retrouvé dans sa chambre après sa mort! Plusieurs de ses proches, en certaines fêtes, furent témoins de manifestations lumineuses autour de lui. Peut-être est-ce la cause, bien compréhensible, de son refus d'aller à l'église pour contempler l'apparition? On eût pu confondre à cette occasion les faits de sa vie intérieure et les faits de cette soirée du 21 août...
La pluie continuait de tomber, morne et triste, mais l'apparition restait plus belle et plus nette à chaque instant sur le pignon de l'église. Les villageois étaient trempés, quelques uns partirent enfin, au bout d'une bonne heure, mais quelques autres, qui désiraient voir encore, restèrent plus longtemps. Au bout d'une heure et demie, une femme, Judith ou Judy Campbell, se résigna à rentrer, car elle avait laissé sa vieille mère malade seule à la maison. Au bout d'une demi-heure, elle revint tout affolée, car elle avait trouvé sa mère morte sur le seuil du cottage! Tous se précipitèrent chez la vieille dame, mais ils la retrouvèrent bien vivante: ayant voulu se rendre sur le lieu de l'apparition, elle était tombée juste sur le seuil et s'était évanouie! Chacun fut soulagé, et l'on retourna devant l'église: mais alore la merveilleuse apparition avait disparu! La pluie qui tombait encore plus abondamment ruisselait à présent sur le pignon, comme si rien ne s'était passé...
L'apparition avait duré deux heures environ, et une vingtaine de personnes en avaient été témoins au minimum pendant une demi-heure. Le lendemain, le bon curé Cavanagh interrogea ses paroissiens et recueillit leurs témoignages. Tous regrettaient qu'il ne se fût point déplacé pour voir l'apparition, car ils ne doutaient pas que cette grâce eût été obtenue à leur village à cause de la sainteté de leur curé.
Le prêtre informa aussitôt Monseigneur MacHale, archevêque de Tuam, qui institua en octobre 1879 une Commission canonique chargée de faire l'enquête: le curé Cavanagh était l'un des membres de cette simple commission canonique composée de trois membres: lui et deux chanoines du Chapitre, éminents théologiens. Ils interrogèrent une quinzaine de témoins, dressant procès-verbal de leurs dépositions. Les conclusions, très rapides, furent favorables: l'archevêque écrivit un rapport final, mais ne se prononça jamais.
L'événement provoqua un enthousiasme inoui dans toute la région, puis dans l'Irlande entière et même dans des pays où il y avait des Irlandais émigrés ou exilés; les foules se pressèrent à Knock, on parla à mots couverts de la guérison instantanée d'un homme, sourd depuis de nombreuses années, le 2 septembre, à peine douze jours après l'apparition. Le ciment même du pignon sur lequel étaient apparues la Vierge très Sainte et ses compagnons célestes avait une sorte de pouvoir thaumaturgique, les pèlerins le raclaient et en emportaient des parcelles, si bien qu'il fallut à grand renfort de planches le protéger. Les guérisons se multiplièrent de façon spectaculaire, on enregistra plus de cent cas en une seule année: cancéreux, tuberculeux, estropiés, sourds, aveugles, muets, qui retrouvaient une parfaite santé aux pieds de la Rose Mystique de Knock. Car on l'appela ainsi, la Vierge, à cause la la rose qu'elle portait sur sa couronne: Rose Mystique, toute enfouie en Dieu et livrée à Lui dans l'adoration et la prière silencieuses, qu'elle vint enseigner là-bas, en Irlande.
Il y eut pourtant de nombreux opposants à Knock même et dans les environs, puis dans le pays entier. Le clergé lui-même se montra très réservé, et divers faits arrivés en 1880 jetèrent une ombre sur la très belle apparition du 21 août 1879: des manifestation de faux surnaturel semèrent la confusion et le doute dans les esprits, mais quelques authentiques grâces, dont plusieurs personnes furent témoins, remirent un peu d'ordre dans tout cela. N'était-il pas normal et prévisible que Satan déchaînerait une offensive à la suite de l'intervention de la Reine du Ciel?
Le 6 janvier 1880, des globes de feu nombreux à l'aspect mystérieux apparurent au-dessus de l'église et firent place à une pluie d'étoiles dorées. Un peu plus tard, le 10 février, en la vigile de Notre-Dame de Lourdes, de magnifiques nuages argentés d'où tombaient des langues de feu se montrèrent sur le lieu, constituant un dais splendide à la Vierge Marie, qui apparut une nouvelle fois; et le 12, l'appartion de l'année précédente se renouvela pendant un instant: tous ces faits n'ont pas été étudiés, car ils eurent lieu à un moment où des manifestations plus troubles se produisirent, et on ne put faire la part du vrai, en tout cela.
Les fêtes mariales devinrent jours d'affluence, et le doyen Cavanagh fut l'un des défenseurs et aussi des promoteurs de l'essor de Knock; il n'avait vu aucune apparition, mais était convaincu du caractère divin de la première, qui seule comptait. Il rédigea un journal des pèlerinages et des guérisons, prenant soin de recueillir tous les témoignages et les actes médicaux, quand il y en avait. Il imprima une marque résolument ecclésiale aux pèlerinages, dirigeant les prières, surtout le Rosaire et le Chemin de Croix.
Les vigiles des fêtes de Notre-Dame attiraient, de toute l'Irlande, des milliers de pèlerins, qui se regroupaient par paroisses, surtout à l'Assomption: on chantait, on priait toute la nuit, avant la messe célébrée avec solennité à l'aurore. Au jour anniversaire de l'apparition, la soirée était toute entière consacrée à la prière et aux sacrements: ce 21 août devait, en 1945, devenir la vigile de la célébration du Coeur Immaculé de Marie (à présent, cette fête a été déplacée et est remplacée par celle de la Royauté de Marie).
D'illustres pèlerins vinrent à Knock et contribuèrent à la renommée du pèlerinage: parmi eux, des archevêques comme Mgr Lynch, de Toronto (USA) qui se rendit à Knock en 1882 en pèlerinage et fit don d'un magnifique oriflamme, Mgr Murphy de Tasmania qui fut guéri de sa cécité par le ciment de l'église, et qui offrit une lampe précieuse au sactuaire, Mgr Clune, de Perth (Australie), qui avait obtenu une guérison, en invoquant Notre-Dame de Knock, et qui envoya pour l'église un tableau repésentant l'apparition. Quant au petit peuple fervent, il puisa dans une confiance profonde en Notre-Dame de Knock la force et la grâce d'une inébranlable espérance.
Pourtant, le pèlerinage connut un déclin réel à la fin du siècle dernier. Mais en 1926, le P. Tuffy, nouveau curé de Knock, obtint l'imprimatur pour deux livrets de prières distinés aux sanctuaire, et ce fut l'occasion d'un renouveau de ferveur populaire qu'en août 1929 le pèlerinage du cinquantenaire présidé de façon solennelle par l'archevêque de Tuam vint alors étayer d'une reconnaissance implicite des faits.
En 1935, Knock fut reconnu officiellement comme lieu de pèlerinage, un sanctuaire plus important fut édifié. En 1936, une nouvelle commission fut nommée, chargée d'entendre les témoins survivants, au nombre de trois: les conclusions de l'enquête furent positives, et le procès-verbal fut envoyé à Rome en 1939 avec une requète sollicitant un encouragement et une reconnaissance du pèlerinage. L'église de Knock fut, l'année suivante, affiliée à Sainte-Marie-Majeur et enrichie de nombreuses indulgences.
L'apothéose du sanctuaire de Knock eut lieu le 8 décembre 1954, jour de la clôture de l'année mariale, qui fut aussi celui du couronnement de la statue même de Notre-Dame de Knock exposée dans le sanctuaire. Le couronnement se déroula selon le rituel employé le 1° novembre 1954 pour le couronnement par Pie XII d'une, parmi nombre d'autres, des plus célèbres effigies mariales de Rome: le tableau de Marie: "Salus Populi Romani", en la basilique Saint-Pierre de Rome. Et le Pape avait concédé à Mgr l'archevêque de Tuam l'autorisation de procéder comme au couronnement pontifical de la Madone romaine.
C'est ainsi que Marie, Rose Mystique de Knock et Reine d'Irlande fut solennellement couronnée, au jour même de la clôture de l'Année Mariale. L'apparition a été de ce fait reconnue explicitement, et l'église de Knock, parée du titre basilical, évoque pour le peuple irlandais ce que Lourdes ou La Salette ou Pontmain sont pour la France, ce que Beauraing et Banneux sont por la Belgique, ce que Fatima est pour le Portugal. Les témoins d'interventions providentielles de Marie, Mère de Dieu et Mère de l'Eglise.
Depuis ce 8 décembre 1954, le pèlerinage connaît une splendeur sans cesse croissante, que les fêtes et cérémonies de cette année du centenaire couronneront, une nouvelle fois, d'un éclat prestigieux.
Christian Rouvières, 1979 - Centre Bethania, B-5000 Namur, Archives Centre Immaculata, CH-9050 Appenzell (Suisse)
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