Le serviteur de Dieu Jacques Fesch
Jacques Fesch
Le bon larron du XXe siècle
Ce 25 février 1954, un homme « a cran », Jacques Fesch braque la boutique d'un changeur de la rue Vivienne à Paris, s'enfuit en blessant deux personnes et en tirant sur un policier qui s'écroule, mort.
Cette sombre affaire fait connaître Jacques Fesch au grand public. On s'interroge : qu'est-ce qui a pu motiver son geste ? Par les journaux, on apprend, avec consternation, qu'il voulait s'acheter un bateau, pour partir en croisière en Polynésie… Ce vieux rêve de toujours l'a pris a son piège.
Jacques Fesch est le fils d'un directeur de banque, orgueilleux et cynique ; son enfance s'est déroulé dans un climat de mésentente entre ses parents, « sans respect et sans amour ». Entre l'autoritarisme de son père et la faiblesse d'une mère incapable d'exprimer son amour, il n'acquiert aucune conscience du bien et du mal. Ses parents ayant finalement divorcé, Jacques est livré à lui-même.
Son mariage aurait pu le stabiliser : il n'es est rien. Jacques a toujours vécu pour lui-même : il abandonne sa femme et sa petite fille Véronique. A vrai dire, rien ne marche : avant de commetre l'irréparable, Jacques mène une vie déchue. Certes, empruntant de l'argent à sa mère, il a essayé de fonder une affaire. Mais au lieu d'investir, Jacques a préféré gaspiller… Tout comme il avait passé sa vie à gaspiller toutes ses chances.
Le crime s'inscrit dans une démarche suicidaire, alors que depuis deux mois, plus rien n'a de sens… Sinon son rêve de fuite en bateau !
En prison, une nouvelle liberté
En prison, Jacques n'est plus rien. Il attend son procès dont on augure la fin : ce sera la peine de mort. Une mort qu'il vit déjà depuis des années. Mais Jacques n'y croit pas : il est jeune, il ne peut que retrouver, un jour, la liberté. Un aumônier vient le voir mais se fait mettre à la porte : Jacques n'a pas la foi, même si enfant, il a reçu une éducation chrétienne.
Les mois s'écoulent en prison. Dans le silence et la solitude, en détresse totale, Jacques réfléchit. L'aumônier revient : il l'accueille et se laisse prêter des livres. Jacques discute avec son avocat, chrétien lui aussi. Par lui, Jacques apprend ce qu'est la « communion des saints ».
Pendant huit mois, Jacques discute, lit, rencontre un camarade de collège devenu religieux. Au terme de cette période de maturation, une nuit, il entend une voix intérieure qui le presse de se convertir : « J'essayais de croire par la raison, sans prier ou si peu ! Et puis, au bout d'un an de détention, il m'est arrivé une douleur affective très forte qui m'a fait beaucoup souffrir et, brutalement, en quelques heures, j'ai possédé la foi, une certitude absolue. J'ai cru et le ne comprenais plus comment je faisais pour ne pas croire. La grâce m'a visité, une grande joie s'est emparée de moi et surtout une grande pix. Tout est devenu clair en quelques instants. C'était une joie sensible très forte que j'ai peut-être trop tendance à rechercher maintenant car l'essentiel n'est pas l'émotion, mais la foi. »
Jacques à rencontré le Seigneur. Il ne sera plus jamais le même : désormais la foi l'habite et en fait un homme nouveau. « J'ai vraiment la certitude de commencer à vivrepour la première fois », écrit-il du fond de sa prison. « J'ai la paix et un sens à ma vie, alors que je n'étais qu'un mort vivant… Oui, c'est Lui qui m'a aimé le premier alors que je n'avais rien fait pour mériter Son Amour. Il m'a comblé de grâces… J'étais incapable d'aimer. Père, mère, femme, enfant m'étaient indifférents… Je devenais une machine à sensations égloistes jusqu'à l'absolu, qui prenait son plaisr sans s'occuper des autres et comme elle le pouvait… »
Jacques vit aussi avec la certitude que Dieu lui a pardonné : cela lui évite, dit-il de devenir une bête féroce ou un déchet, deux choses que l'on devient facilement en prison. Dieu agit dans sa vie : « L'action de Dieu n'est pas comme celle des hommes, elle est insaisissable et elle est efficace ; elle me contraint et je suis libre, elle transforme mon être et je n'ai pourtant pas cessé de devenir ce que je suis. » Jacques le dit lui-même : il est libre dans sa prison.
Mourir d'amour
A 27 ans, sans professeur, il comprend les choses essentielles de la foi, et est travaillé par l'Esprit, progressant jour après jour : « Moi qui, il y a quelques mois, étais persuadé qu'on ne pouvait pas lire l'Evangile sans se convertir, je m'aperçois aujourd'hui, que les vérités ardentes qu'il renferme ne le sont que si on les lit avec les yeux de la grâce ». le 3 avril 1957 s'ouvre le procès. Il durera 4 jours. La partie civile demande la peine de mort. Jacques commente : « La seule façon de me sauver, c'est peut-être précisément de n'être pas sauvé au sens humain du mot… Je sais maintenant que tout est grâce et que ce n'est pas vers la mort que je vais mais vers la vie. » Jacques est habité par une joie inexprimable. La veille de sa mort, il écrit : « Je ne peux l'adorer en silence, désirant mourir d'amour. » Jacques reste en prière toute la nuit, se confesse, communie, et est exécuté le matin du 1er octobre 1957, en la fête de Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus , à 5 h 30.
Bibliographie :
« Jacques Fesch : du non sens à la tendresse », André Manaranche S.J., aux Ed. le Sarment/Fayard
« Dans 5 heures, je verrai Jésus », Journal de prison de Jacques Fesch, Ed. le Sarment/Fayard
« AssaSaint », Gilbert Collard, aux Ed. Presses de la Renaissance
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