Le Serviteur de Dieu Eugène Prévost
Le Serviteur de Dieu Eugène Prévost
Tout pour Jésus et ses prêtres
1860-1946
Eugène Prévost naît à Saint-Jérôme, le 24 août 1860. De sa mère Edwidge qui communie chaque jour, chose inusitée à cette époque, Eugène apprend l'amour de l'Eucharistie. Il est servant de messe trois ans avant de faire sa première communion, le 6 juillet 1869. De son père Jules, médecin bien engagé dans la vie de sa petite ville, il hérite d'un attachement inébranlable à la volonté de Dieu. Jusqu'à sa conversion, Eugène ne pense qu'à la joie de vivre et de s'amuser. Dans ses Mémoires, il raconte comment tout était fête, musique et bonheur dans sa famille. Pensionnaire à treize ans au collège de Sainte-Thérèse-de-Blainville, il s'ennuie et se mêle volontiers à un groupe d'élèves turbulents. Il n'est pas méchant, nous rassure-t-il, mais dissipé. Après quatre années ainsi vécues, tout bascule dans sa vie.
L'expérience de la miséricorde du Seigneur
Le jour de l'entrée, en septembre 1877, Eugène choisit sa place au dortoir, comme c'est la coutume. Voilà que le surveillant veut lui supprimer ce droit. Au lieu d'aller se plaindre au directeur, il se rend à l'inspiration de l'Esprit. « Pourquoi mal commencer l'année ? », se dit-il. À partir de ce moment, il mène une vie studieuse, disciplinée, sérieuse. « Jésus m'a arrêté... c'est Jésus qui a fait cela », confiera-t-il à 82 ans. D'après son Journal personnel, dès octobre 1877, il regarde sa conversion comme une faveur de l'amour miséricordieux de Jésus. Dans l'accueil de cet amour gratuit, Eugène cherchera, avec toute la fougue de son tempérament, à aimer Jésus et à le lui prouver dans le renoncement à lui-même. C'est dans cet esprit qu'il convient d'interpréter sa décision: « Je veux devenir un saint. » Elle est une libre réponse à l'amour miséricordieux qui l'a ravi. De son expérience spirituelle jaillit le souci apostolique: tout heureux de ce qu'il vit, il invite ceux et celles qu'il croise à s'engager, eux aussi, sur la voie de la sainteté.
De l'eucharistie au sacerdoce
Quelques années plus tard, Eugène se sent appelé à la vie sacerdotale et religieuse, et décide d'entrer dans la Société du Saint-Sacrement, fondée par saint Pierre-Julien Eymard. De 1881 à 1883, il est au noviciat des Pères du Saint-Sacrement, à Bruxelles. Sur les pas du fondateur, Eugène s'applique à mieux connaître et aimer Jésus-Eucharistie. À Rome, il étudie quatre ans à l'Université Grégorienne puis est ordonné prêtre le 4 juin 1887. Ses supérieurs le nomment aussitôt directeur de l'Oeuvre des Prêtres-Adorateurs, à Paris. Il se révèle plein de zèle pastoral pour les prêtres, dévoré du désir de les voir saints, mais surtout de les voir comprendre leur sublime vocation vis-à-vis du Dieu de l'Eucharistie. Ses responsabilités lui permettent de percevoir les besoins urgents des prêtres. Nombreux sont les membres du clergé qui éprouvent des difficultés, et Eugène rêve de fonder une œuvre pour leur venir en aide. Il veut également fonder un Tiers-Ordre féminin, comme c'était le désir du Père Eymard. Ces projets sont vivement contrecarrés et jugés inopportuns par l'autorité majeure de la communauté, de sorte qu'en décembre 1899, le père Prévost est envoyé à Montréal sans ministère précis. En attendant, il séjourne quinze jours à Sarcelles, près de Paris. Là, il vit une expérience spirituelle qui va bouleverser sa vie, donner à sa spiritualité sa couleur spécifique et orienter sa mission d'une façon toute nouvelle. Ébloui par ce que l'Esprit Saint lui donne de saisir, Eugène Prévost écrit: « Il y a deux grands Sacrements qui s'appellent mutuellement, inséparables l'un de l'autre: l'Eucharistie et le Sacerdoce. L'Eucharistie est tout dans l'Église, car elle est Jésus. Or, c'est le Sacerdoce qui nous donne l'Eucharistie [la messe], nous la conserve [présence réelle] et nous en nourrit [communion] et cela par la puissance même du Sacerdoce de Jésus déposé en toute âme sacerdotale. C'est Jésus se produisant lui-même par le ministère du prêtre. » C'est l'expérience clé de sa mission de fondateur. De l'Eucharistie, il ira au sacerdoce, et fera du sacerdoce de Jésus Christ le fondement de sa spiritualité.
Au service de Jésus dans ses prêtres
Sous l'impulsion de cette expérience, Eugène prend la grave décision de sacrifier sa vocation de religieux du Saint-Sacrement pour fonder, en février 1901, deux congrégations religieuses nouvelles: la Fraternité Sacerdotale et les Oblates de Béthanie. Les pères, frères et soeurs s'appliquent à glorifier Jésus dans ses prêtres par l'adoration eucharistique et par la solidarité avec les prêtres de manière à les soutenir dans leurs besoins spirituels et temporels. Commencer une oeuvre nouvelle, c'est souvent s'exposer à l'incompréhension et à la contestation. Le grain mis en terre doit mourir pour laisser jaillir la vie. De 1901 à 1946, Eugène Prévost va connaître, dans l'établissement de ses deux congrégations, de multiples épreuves: trahisons, abandons, mépris, critiques, sourdes persécutions, difficultés de recrutement en France, quatre visites canoniques, deux guerres mondiales. Mais il tient bon, et son œuvre s'implante, de son vivant, en trois pays: France, Italie et Canada. Le Père Prévost fait également oeuvre d'évangélisation par l'écrit; les Oblates le secondent en imprimant et en distribuant livres, brochures, feuillets et images par milliers. Son enseignement est tout orienté vers Jésus-Prêtre, le Verbe incarné. À son école, on apprend qu'il y a Quelqu'un qui vit au Saint Sacrement. Cet enseignement engage à une vie d'union d'amour avec Jésus où l'on aspire à accomplir sa volonté et à lui ressembler par une charité qui soit à la fois une offrande rédemptrice et un engagement apostolique. L'Eucharistie, foyer d'amour, est au centre de la vie spirituelle et apostolique: l'Eucharistie célébrée, adorée, vécue dans le quotidien. Le passage de la lettre de saint Paul aux Philippiens 3, 8-14 éclaire le cheminement du Père Prévost: dans sa foi vive, il a poursuivi sa course et soutenu le bon combat, sans regarder en arrière, « droit de l'avant, tendu de tout son être, pour tâcher de saisir le Christ Jésus comme il avait été saisi par lui ». Le 1er août 1946, Eugène Prévost meurt en livrant l'essentiel de sa spiritualité: « Jésus! Aimez! »
Marielle Chrétien, c.o.b., et Claude Auger
Bibliographie
Les oeuvres du Père Prévost, publiées sous son nom de religieux, Marie-Eugène de la Croix, sont disponibles au centre « Les Amis de Béthanie ».
« Eugène Prévost, passionné de sainteté »,Marielle Chrétien, C.O.B., aux Ed. Bellarmin, 2001.
« Dieu trace le chemin: histoire de la Congrégation des Oblates de Béthanie, 1901-2001, »Michelle Garceau.
« Les Amis de Béthanie », Québec, 2001.
« Eugène Prévost, fondateur des congrégations de la Fraternité Sacerdotale et des Oblates de Béthanie », Jean Hamelin, aux Presses de l'Université Laval, Québec, 1999.
« Le Père Eugène Prévost », Georges Lapointe, C.F.S.,, Librairie du Bon Pasteur, Paris, 1951.
Pour plus d'informations
Centre « Les Amis de Béthanie »
981, avenue Murray
QUÉBEC (Québec) G1S 3B4
Courriel: oblatesbethanie@qc.aira.com
Prière du Père Eugène Prévost
Ô Jésus, que votre nom au-dessus de tout nom soit sanctifié, que votre règne sacerdotal arrive, que votre volonté d'être connu, honoré, aimé et servi dans votre sacerdoce, soit faite sur la terre comme au ciel. Ô mon Jésus, qui dans votre sacerdoce méritez tout l'amour du ciel et de la terre, je vous aime de l'amour que vous porte votre Père. Je vous aime de l'amour qui brûle votre Coeur. Je vous aime de l'amour qui remplit le coeur des bienheureux au ciel et des saints sur la terre. Je vous aime au nom de tous les hommes. Je vous aime par le coeur de tous vos prêtres. Je vous aime comme le Prêtre unique, le Prêtre éternel pour qui seul je veux vivre et mourir.
(Eugène Prévost, Prière à l'occasion de son jubilé d'ordination sacerdotale, 4 juin 1937)
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