Bienheureux Antoine Chevrier
Bienheureux Antoine Chevrier
Prêtre selon l'Evangile
1826-1879
Fête le 2 Octobre
Antoine-Marie Chevrier naît en 1826 au cœur de la ville de Lyon, près de la place Bellecour. Ordonné prêtre en 1850, le P. Chevrier a vécu tout son ministère sacerdotal au service des pauvres dans la banlieue de Lyon. C'est là qu'il découvre la grande misère du monde ouvrier.
En mai 1856, de terribles inondations ravagent le quartier ouvrier de La Guillotière où il œuvre comme vicaire à la paroisse Saint-André. On reloge les gens sinistrés dans une sorte de quartier d'urgence et le vicaire va à leur rencontre. La même année, l'abbé Chevrier médite devant la crèche et il a l'intuition qu'il doit se convertir à une existence évangélique et vivre le mystère de la pauvreté à la suite de Jésus afin de "travailler plus efficacement au salut des âmes".
Il se consacre à catéchiser les enfants qui sont trop pauvres pour aller au catéchisme avec les autres. Au moment où naît la grande industrie, particulièrement active à Lyon (soieries), l'abbé Chevrier est choqué devant le tableau des injustices sociales.
Dans l'un de ses sermons, il dit : "A mesure que les grands de la terre s'enrichissent, à mesure que les richesses s'enferment dans quelques mains avides qui les recherchent, on dirait que la pauvreté croît, que le travail diminue et que les salaires ne sont pas payés. On voit de pauvres ouvriers travailler depuis l'aube du jour jusqu'à la profonde nuit et gagner à peine leur pain et celui de leurs enfants." Quant aux jeunes qu'il cherche à atteindre, ils sont exploités comme "des machines de travail faites pour enrichir leur maître".
Il sent qu'il faut "des prêtres pauvres pour rejoindre les pauvres" et il s'offre au Seigneur pour cette mission : « Seigneur, dit-il, si vous avez besoin d'un pauvre…d'un fou, me voici…pour faire votre volonté. Je suis à vous. Tuus sum ego. » Il est vrai qu'il a peut-être tout pour rester un homme ordinaire …mais c'est un saint.
Il se rend à Ars où saint Jean-Marie Vianney l'encourage. Encouragé également par son évêque, il acquiert en 1860 'Le Prado', une ancienne salle de bal, mal famée et délabrée. La salle principale mesure soixante mètres de long sur vingt de large et pouvait accueillir près de mille danseurs se contentant d'un sol en terre battue. Deux pièces attenantes servaient de buvette.
Le local est immédiatement transformé en petit pensionnat. Dans des conditions extrêmement précaires, il recueille des enfants et des adolescents, garçons d'un côté, filles de l'autre. Les conditions pour être admis ? « Ne rien avoir, ne rien savoir, ne rien valoir ». Et les demandes commencent à affluer. Il veut les garder six mois en les prenant totalement à charge, le temps de leur enseigner les rudiments de la lecture, de l'écriture et de les préparer à la première communion.
Pas question de les faire travailler un peu, comme dans d'autres associations charitables afin de réduire les frais d'entretien. Le Père Chevrier se confie totalement à la Providence. Il cherche à s'associer des prêtres qui acceptent de vivre pauvrement au milieu des pauvres, pour leur faire connaître l'évangile dans des mots accessibles, des attitudes vraies.
Les difficultés sont nombreuses : certains prêtres n'obtiennent pas l'autorisation de venir, d'autres ne s'adaptent pas. Il demande l'autorisation de former lui-même des jeunes en vue du sacerdoce. Présenté au pape, le bienheureux Pie IX, en 1864, le projet prend forme lentement. Parmi les jeunes dont il s'occupe, il en choisit qui paraissent aptes et, en 1866, il forme une 'école cléricale' destinée aux enfants du peuple qui veulent devenir prêtres.
C'est ainsi que naît la 'Société du Prado' composée de prêtres voués à l'apostolat paroissial et missionnaire en milieu ouvrier. Il associe à ce travail de jeunes ouvrières. Il leur propose une formation selon l'évangile, une vie consacrée au Christ et aux pauvres. L'une d'entre elles, Marie Boisson devient la première Sœur du Prado. Les premiers prêtres du Prado sont ordonnés à Rome en 1877.
Méditant sans cesse l'Évangile, le Père Chevrier écrit des milliers de pages pour aider ses amis et élèves. Il leur propose de devenir de "véritables disciples" du Christ : le Christ sans cesse contemplé et imité grâce à une fréquentation permanente et intime de l'Évangile — en contemplant spécialement le Christ "pauvre dans la crèche, souffrant dans sa Passion, et se laissant manger dans la sainte Eucharistie".
Dans une lettre à ses séminaristes, il écrit : « La connaissance de Jésus-Christ est la clé de tout. Connaître Dieu et son Christ, c'est là tout l'homme, tout le prêtre, tout le saint. » « O Verbe ! ô Christ ! que vous êtes beau ! » s'écrie-t-il en conclusion. Ailleurs, il dit : « Savoir parler de Dieu, que c'est beau ! » Son ouvrage le plus connu, d'ailleurs inachevé, s'intitule : « Le Prêtre selon l'Évangile, ou le véritable disciple de Notre-Seigneur ».
Fervent admirateur du Pauvre d'Assise, le Père Chevrier appartient au tiers ordre franciscain. Notons que ce grand spirituel fut le directeur d'Émilie Tamisier, laquelle fut à l'origine des congrès eucharistiques. (Elle fut encouragée aussi par le célèbre cardinal Mermillod, lequel donna ce nom de 'congrès eucharistiques' souhaitant qu'ils prennent un caractère international).
Prématurément usé par sa vie de travail et de pénitence, le Père Chevrier meurt à l'âge de cinquante-trois ans, en 1879.
Prière
Dieu qui as suscité le Bienheureux Antoine Chevrier pour donner à la jeunesse un maître et un père, inspire-nous de donner le même amour qui nous fera chercher le salut de nos frères en ne servant que Toi seul. Par Jésus le Christ, notre Seigneur. Amen.
Bienheureux Antoine Chevrier, priez pour nous
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