Bienheureuse Maria Gabriella Sagheddu
Bienheureuse Maria Gabriella Sagheddu
La petite Soeur de l'Unité
1914-1939
Fête le 23 avril
« Prier pour l'unité n'est pas réservé à ceux qui vivent dans un milieu où les chrétiens sont divisés. Du dialogue intime et personnel que chacun de nous doit entretenir avec le Seigneur par la prière, la préoccupation de l'unité ne peut être exclue. C'est seulement de cette manière, en effet, qu'elle fera pleinement et réellement partie de notre vie et des devoirs qui nous reviennent dans l'Église. Pour réaffirmer cette nécessité, j'ai voulu proposer aux fidèles de l'Église catholique un modèle qui me paraît exemplaire, celui d'une soeur trappistine, Marie-Gabrielle de l'Unité, que j'ai proclamée bienheureuse le 25 janvier 1983. Soeur Marie-Gabrielle, appelée par sa vocation a être en dehors du monde, a consacré son existence à la méditation et à la prière centrées sur le chapitre 17 de l'Evangile selon saint Jean et elle a offert sa vie pour l'unité des chrétiens. Voilà ce qui est au centre de toute prière: l'offrande totale et sans réserve de la vie au Père, par le Fils, dans l'Esprit Saint. L'exemple de soeur Marie-Gabrielle nous instruit, il nous fait comprendre qu'il n'y a pas de moments, de situations ou de lieux particuliers pour prier pour l'unité. La prière du Christ au Père est un modèle pour tous, toujours et en tout lieu. » (Jean Paul II, Lettre Encyclique 'Ut unum sint' , 1995, n°27).
Maria Sagheddu (1914-1939) naquit à Dorgali, en Sardaigne, dans une famille de bergers. Les témoins de son enfance et de son adolescence nous la présentent avec un caractère obstiné, critique, contestataire, rebelle. Avec cela, dotée d'un sens profond du devoir, de la fidélité, de l'obéissance, une obéissance aux aspects contradictoires : "elle obéissait en ronchonnant, mais elle était docile". "Elle répondait non, mais elle se mettait tout de suite à la besogne", assurent-ils en parlant d'elle.
Autour d'elle, tous furent frappés de la voir se transformer vers l'âge de dix-huit ans. Peu à peu, elle s'adoucit, ses accès de colère disparurent, elle devint méditative, austère, patiente et réservée. On la vit plus adonnée à la prière, plus attentive à la charité. Elle demanda son inscription à l'Action Catholique.
A partir de ce moment, elle se voulut décidément attentive aux inspirations du Seigneur pour accomplir sa volonté. A vingt et un ans, elle décida de se consacrer à Dieu et, suivant les conseils de son Père spirituel, elle entra au monastère de Grottaferrata, une communauté sans grands moyens financiers ni culturels, dirigée alors par Mère M. Pia Gullini.
Sa vie spirituelle fut la mise en oeuvre de quelques données fondamentales : La première et la plus évidente, la reconnaissance pour la miséricorde que Dieu lui témoignait en lui demandant de lui appartenir totalement : elle aimait se comparer au Fils Prodigue et ne savait que répéter "Merci" pour sa vocation monastique, le monastère, les supérieures, les soeurs, pour tout. "Comme il est bon, le Seigneur!", répétait-elle continuellement. Et cette reconnaissance l'accompagnera jusqu'à ses derniers moments, jusqu'à son agonie. La seconde donnée sera son désir de répondre avec toute son énergie à la grâce : que s'achève en elle ce que le Seigneur a commencé, que s'accomplisse la volonté de Dieu. Ce n'est qu'ainsi qu'elle a conscience de pouvoir parvenir à la paix véritable.
Durant son noviciat, elle vécut avec la crainte qu'on ne la renvoie, mais après la profession elle vint à bout de cette crainte et connut un abandon paisible et confiant. A partir de ce moment, elle vécut avec le désir de s'offrir totalement: "Maintenant, c'est à Toi d'agir", disait-elle simplement. Sa courte vie monastique (trois ans et demi) se consomma comme une eucharistie, avec cette simple préoccupation de renoncer totalement à elle-même chaque jour pour suivre le Christ dans son obéissance au Père jusqu'à la mort. La vocation de soeur M. Gabriella était celle tout simple de l'offrande, du don total d'elle-même au Seigneur.
A son sujet, les souvenirs des soeurs sont simples et évocateurs: sa promptitude à se reconnaître coupable, à demander pardon aux autres sans chercher à se justifier; son humilité simple et sincère; sa disponibilité: elle s'acquittait volontiers de n'importe quel travail, elle était volontaire pour les travaux les plus pénibles sans rien dire à personne.En faisant profession, elle prit davantage conscience de sa petitesse: "Ma vie ne vaut rien...Je puis l'offrir en toute tranquillité".
Son abbesse, mère M. Pia Gullini, très sensible au mouvement oecuménique, désirait fortement le voir encore s'amplifier et elle avait su communiquer à la communauté ce qui avait été l'âme de sa vie. Quand mère M. Pia, sur l'invitation du père Couturier, présenta aux soeurs une demande de prière et d'offrande pour la grande cause de l'unité des chrétiens, soeur Maria Gabriella sentit que cet appel la concernait tout particulièrement, qu'il s'agissait d'un appel à offrir sa jeune vie. "Je sens que le Seigneur me le demande, confia-t-elle à son abbesse, je m'y sens appelée même quand je veux ne pas y penser".
Son cheminement fut rapide, sans hésitation. Préoccupée de demeurer toujours dans l'obéissance, consciente de sa propre fragilité, ne connaissant qu'un seul désir: "La volonté de Dieu, sa gloire", Maria Gabriella parvint à cette liberté qui la conduisit jusqu'à la conformité à Jésus, qui "ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout". En face de la déchirure du corps du Christ, elle perçut la nécessité de s'offrir elle-même, une offrande qu'elle sut mener jusqu'à son terme en parfaite cohérence.
La tuberculose s'empara du corps de la jeune soeur, qui avait joui jusqu'à ce moment d'une parfaite santé, dès le soir même de son offrande: elle devait la conduire à la mort après quinze mois de souffrance. Au soir du 23 avril 1939, Maria Gabriella termina sa longue agonie, dans l'abandon total à la volonté de Dieu. Les cloches sonnaient à toute volée, à la fin des vêpres du dimanche du Bon Pasteur, ce dimanche où l’évangile proclamait: "Il n'y aura qu'un seul bercail et un seul pasteur".
Son offrande, encore avant qu'elle ne fut consommée avait été connue chez nos frères anglicans, et depuis elle a trouvé un large écho dans le coeur de croyants appartenant à d'autres confessions. Au cours des années suivantes, les vocations se sont présentées très nombreuses dans son monastère: c'est de cette façon bien concrète qu'elle lui a témoigné sa reconnaissance. Son corps, retrouvé intact lors de la reconnaissance de 1957, repose actuellement dans une chapelle contiguë au monastère de Vitorchiano, où la communauté de Grottaferrata s'est transférée. Soeur Maria Gabriella a été béatifiée par Jean Paul II le 25 janvier 1983, 44 ans après sa mort, dans la basilique de Saint Paul hors les murs, en la fête de la conversion de Saint Paul, jour où se terminait la semaine de prière pour l’unité des chrétiens.
Mère M. Pia Gullini
(1892 – 1959)
Elle fut Abbesse de Grottaferrata de 1931 à 1940 et de 1946 à 1951. Gouvernant la communauté avec intelligence et discernement, elle lui ouvrit des horizons de vie spirituelle centrée sur l'Eucharistie, toujours plus vastes, plus attirants. Vivant elle même, avec une ardeur toute prophétique, la cause de l'unité des chrétiens, elle sut communiquer à la communauté son idéal oecuménique. Elle guida et soutint soeur Marie-Gabriella dans sa marche vers le sacrifice.
Paroles de soeur Maria-Gabriella
"Dans la simplicité de mon coeur, c'est avec joie que je t'offre tout, Seigneur."
"C'est le Seigneur qui m'a engagée sur cette route, il saura bien me protéger dans le combat."
"Je confie à sa miséricorde ma fragilité."
"J'ai vu en face de moi un grand crucifix...J'ai pensé que mon sacrifice n'était rien comparé au sien."
"C'est pleinement que je me suis offerte, et je ne retire rien de la parole que j'ai donnée."
"La volonté de Dieu, quelle qu'elle puisse être, c'est là ma joie, mon bonheur, ma paix."
"Jamais, je ne pourrai remercier suffisamment. Je ne peux rien dire d'autre que ces paroles: "Mon Dieu, ta gloire"."
Bibliographie
G. Zananiri, Dans le mystère de l'Unité, Maria-Gabriella Sagheddu, Nouvelle édition, Éd. Dominique Gueniot, Langres 1983; M. T. Kervingant,Le monachisme lieu oecuménique, La bienheureuse Maria-Gabriella, Éd. O.E.I.L., Paris 1983; B.Martelet, La petite soeur de l'Unité, Bienheureuse Marie Gabriella, Éd.Médiaspaul, Paris 1984
Prière
Seigneur notre Dieu, Pasteur éternel, toi qui as inspiré à la Bienheureuse Maria Gabriella, Vierge, le désir d'offrir sa vie pour la cause de l'unité des chrétiens, par son intercession, daigne hâter le jour où tous les disciples de ton Fils pourront se retrouver autour de la table où tu leur partages ta Parole et ton Pain, pour te louer d'un seul coeur et d'une seule voix. Par le Christ, notre Seigneur...
Au cas où on obtiendrait des grâces par l'intercession de la Bienheureuse, prière d'en rendre compte à:
Vice Postulazione
Monastero delle Trappiste
I - 01030 Vitorchiano (VT)
FAX: 0039-0761-370952
E-Mail trappa@vitorchiano.org
Gallerie de photos de la Bienheureuse Maria-Gabriella Sagheddu,
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