Bienheureuse Clémentine Anuarite
Bienheureuse Clémentine Anuarite Nengapeta
Martyre Congolaise
1939-1964
Fête le 1er décembre
Elle était née en 1941 à Wamba, de Amisi Badjulu et Isude Julienne. On l'appela "Nengapeta", ce qui signifie en langue budu La richesse trompe. Mais lorsqu'elle se rendit pour la première fois à l'école, on l'inscrivit sous le nom de sa sœur aînée, qui l'accompagnait, "Anuarite", Il se moque de la guerre.
Au baptême Anuarite choisit le nom d'Alphonsine. À 16 ans, elle décida d'entrer dans la Congrégation diocésaine "Jamaa Takatifu", la Sainte Famille. Elle venait d'obtenir son D3. Admise au noviciat, elle fit sa première Profession le 5 août 1959, avec le nom de Marie-Clémentine. L'année suivante elle obtint le diplôme D4.
"Anuarite était enseignante. Une bonne partie de sa courte vie fut consacrée à l'apprentissage de ce métier. Ce qui frappe, c'est son enthousiasme et sa bonne volonté, même si la santé ne suivait pas toujours. Elle jouissait d'une grande popularité auprès de ses élèves. L'enseignement était pour elle un véritable apostolat. Son zèle la portait toujours vers les élèves en danger, les "mauvaises filles". Elle puisait son idéal dans l'Évangile où l'on voit Jésus fréquenter les pécheurs. Parfois, l'on pouvait constater qu'une de ces filles avait changé de conduite.
En communauté, sœur Marie-Clémentine remplit divers offices dont celui de sacristine et de cuisinière. Sa devise était: "Servir et rendre heureux". Elle était toujours disposée à donner un coup de main, mais souvent, à cause de son tempérament excessif, elle le payait de maux de tête.
Anuarite n'était pas parfaite. Elle avait une intelligence moyenne; les études lui demandèrent toujours beaucoup d'efforts. Elle avait également un tempérament nerveux. Elle s'emportait parfois. Cependant, elle fit des progrès. Tout au long de sa vie, en effet, on la sent désireuse de dépasser ses limites et de dominer son caractère".
Lors des événements qui allaient bouleverser le nord-est du pays, Anuarite était enseignante à Bafwabaka. Le 29 novembre 1964 les Simba firent irruption à Bafwabaka et, sous le prétexte de les "défendre contre les Américains", amenèrent les trente-quatre religieuses africaines, en camion, à Isiro. Le voyage fut extrêmement pénible; plus particulièrement lorsque, à un arrêt, les soldats les obligèrent à se séparer de tous leurs objets de piété, chapelets... qui furent piétinés, au milieu de paroles et de gestes obscènes.
Olombe Openge, colonel simba interviewé 20 ans plus tard, acteur ou tout simplement complice du meurtre de Sr. Anuarite, a raconté: "Avec un camion, je me suis rendu à la mission de Bafwabaka, dans la zone de Wamba, où j'ai embarqué toutes les religieuses. Je les ai emmenées à Isiro où je les ai internées dans une maison qui me servait de résidence, maison qui était située à proximité des bureaux de la Compagnie nationale Air Congo. Je leur ai ensuite servi de la nourriture, à laquelle elles ont refusé de toucher, ce qui me mit dans une grande colère et m'incita à les engueuler vigoureusement. Le soir, le colonel Ngalo me rejoignit. Après avoir jeté un regard inquisiteur sur tous les prisonniers, il pointa du doigt une des religieuses et me lança: "Je veux cette fille".
Quelques instants après le retour du colonel Ngalo au poste de commandement, j'ai transmis son message à la religieuse qui venait de retenir son attention et dont on m'apprit qu'elle s'appelait Anuarite. Mais à ma grande surprise, celle-ci me rétorqua: "Je ne peux pas aller chez votre colonel".
Par la suite, le colonel Ngalo que j'informai du refus de la jeune fille, m'ordonna d'aller prendre Anuarite et de l'amener auprès de lui par tous les moyens possibles et imaginables. Anuarite, que je contactai une nouvelle fois, refusa catégoriquement.
"Si tu ne veux pas partir chez le colonel de ton propre gré, lui dis-je, je vais user de moyens forts qui t'obligeront à le faire même malgré toi. Je pourrai même aller jusqu'à te battre sans tenir compte de quoi que ce soit". Pour l'intimider et pour la persuader, je lui administrai trois coups de crosse et lui ordonnai, ensuite de monter dans la voiture qui l'attendait. Devant son refus obstiné, je lui lançai:
"Pour qui te prends-tu? Tu crois que tu es plus jolie que mon épouse Angélique que j'ai laissée à Wamba? En tout cas, elle est plus belle que toi". "Si tu savais que ta femme est plus jolie que moi, me répondit Anuarite, pourquoi ne l'as-tu pas amenée avec toi ici?" Fou furieux, je me mis à l'abreuver d'injures: "Motu molayi (tête allongée), imbécile, sauvage..."
Je suis rentré informer le colonel Ngalo du nouveau refus d'Anuarite. Le colonel me donna l'ordre d'aller prendre Anuarite de force, tout en me disant que si elle persistait à refuser, j'avais carte blanche pour agir. "Si vous osez ne pas vous exécuter, me signifia-t-il, vous serez liquidé en lieu et place de cette fille écervelée".
Ne voulant pas mourir à la place d'Anuarite, je pris celle-ci de force, la rouant même de coups. Mais en vain. Elle demeura insensible à mes arguments. C'est à ce moment que le colonel Ngalo décida qu'on la tue. Pour moi, ce fut un ordre…"
Cette version doit être complétée par les nombreux témoignages des Sœurs présentes. Nous nous limiterons à celui de Sr. Mélanie: "Alors Olombe commença à crier et à appeler avec force les Simba. Deux jeunes Simba forts arrivèrent. Le Colonel Olombe leur demanda: "Avez-vous un fusil?" Ils dirent: "Non, nous n'en avons pas!" Il leur demanda: "Quelle arme avez-vous?" Ils dirent: "Deux longs couteaux (baïonnettes)". Le colonel leur dit: "Transpercez cette Sœur". "Cette Sœur, c'est laquelle?" "C'est la Sœur Anuarite". Pendant que les Simba transperçaient la Sœur Anuarite dans les côtes, le colonel disait: "Enfoncez le couteau dans son cœur". Au moment où le premier Simba s'apprêtait à la transpercer, le colonel répéta: "Enfoncez le couteau dans le cœur". Et au moment où le deuxième Simba s'apprêtait à la transpercer, le colonel dit: "Enfoncez le couteau dans son cœur". Ils continuèrent à la transpercer ainsi, chacun d'eux quatre ou cinq fois. À chaque coup, la Sœur faisait: "Ouh! Ouh! Ouh!".… Olombe prit enfin son revolver et lui (à Anuarite) tira une balle dans la poitrine"
Le procès de béatification d'Anuarite fut officiellement ouvert le 13 janvier 1978. Jean-Paul II la proclama Bienheureuse le 15 août 1985, à Kinshasa. Sa fête a été fixée au 1er décembre, jour anniversaire de son martyre.
"Elle a préféré mourir martyre pour préserver sa pureté. C'est notre modèle. Elle a ainsi donné la preuve d'un amour suprême de Dieu qu'elle a placé au-dessus de sa propre vie. La béatification d'Anuarite, fille de notre race, constitue une grande grâce pour l'Afrique. Cela nous montre clairement que Dieu appelle tout le monde à devenir saint".
Texte extrait du site www.afriquespoir.com
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