Spiritualité Chrétienne

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Anne-Toussainte de Volvire

 Anne-Toussainte de Volvire

1653-1694

Fête le 20 février


Anne-Toussainte est née le 1er novembre 1653, il y a un peu plus de 300 ans. Elle a été baptisée à Néant le lendemain ; et, elle a eu, comme parrain et marraine, deux pauvres de la paroisse. Le parrain était sacristain à la chapelle du Boisbily. A son tour, dès qu'elle eut l'âge, Anne-Toussainte commença d'être marraine, non pas de riches, mais de pauvres. On remarque qu'elle a été associée comme marraine à François d'Andigné, le frère des deux demoiselles de Kermagaro, mortes en odeur de sainteté. A 11 ans, elle savait son catéchisme : elle fit sa première communion. Puis elle fut envoyée à Ploërmel, au pensionnat des Ursulines, établies dans la maison occupée aujourd'hui par les Frères de l'Instruction Chrétienne. Elle y resta deux ans et rentra dans sa famille. Elle s'occupa quelque peu de ses sœurs. Puis, ayant grandi, elle songea à se marier. Elle avait en vue un jeune homme qui lui plaisait beaucoup, mais qui ne convenait pas à son père. Son père, pour lui créer une diversion, l'emmena à Angoulême et à Paris. Il lui fit faire son portrait. Anne-Toussainte se plaisait aux choses du monde. Ils rentrèrent au Bois-de-la-Roche.

Pour fêter le retour et peut-être aussi pour attirer devant Anne-Toussainte un soupirant plus à son goût, le père réunit toute la noblesse du pays et il organisa, pour l'occuper, une partie de chasse sensationnelle. Tout le monde était à cheval. Anne-Toussainte également. Or voici qu'au signal du départ, au premier son du cor, le cheval d'Anne-Toussainte s'emballe. Il franchit, le mors aux dents, le grand portail de la cour et il se dirige à toute allure vers un précipice de plus de vingt mètres de profondeur. Il n'en était plus qu'à quelques pas. Anne-Toussainte vit le danger. Elle vide les étriers, lâche les rennes et avise une branche d'arbre qui se trouvait à sa hauteur. Le cheval inconscient se jette dans le vide et il s'écrase sur le sol. Anne-Toussainte, quant à elle, a réussi à s'agripper. Mais elle est bien inquiète. Elle est suspendue au-dessus du vide et elle ne peut se redresser. Qu'elle desserre simplement les mains, elle rejoint son cheval et elle est morte. Elle en a conscience et elle ne veut pas mourir. Elle fait voeu que, si elle s'en tire, elle se consacrera au Bon Dieu. Ses compagnons de chasse arrivent au grand galop et ils se préoccupent de la tirer d'embarras. Or, le sort voulut que ce fut son Préféré qui réussit à la sauver. Alors, oubliant ses préventions, le père décida de consentir au mariage. Mais il était trop tard. Il s'était passé un fait nouveau. Anne-Toussainte avait fait vœu de virginité.

Son père espéra longtemps la voir revenir sur sa décision. Mais ayant vu à l'épreuve que ni promesses ni menaces n'arrivaient à la convaincre, il finit par se résigner. Alors, Anne-Toussainte alla à Ploërmel assister à une retraite organisée pour les jeunes filles du monde. Là elle décide d'aller passer un an à Rennes dans la maison du Colombier, chez les Religieuses de la Visitation. C'est là, à l'école de St-François de Sales, qu'elle se forma à la douceur, qu'elle décida de consacrer sa vie à la visite des pauvres et des malades, et qu'elle choisit, pour s'habiller, ce costume si distingué des Religieuses Visitandines. Sortant du monastère toute pénétrée de religion, mais inapte à s'occuper des malades, elle en fit, en quelques mois, l'apprentissage à l'hôpital de Rennes. Puis elle revint au Bois-de-la-Roche et elle se mit à l'oeuvre. Elle prit en charge les hôpitaux de Guilhiers et du Bois-de-la-Roche ; et, afin de visiter plus facilement les gens à domicile, elle se fit désigner par son père une compagne et elle demanda qu'il leur offrit à toutes deux un âne pour leurs voyages. Ainsi les voyait-on allant à dos d'âne, de village en village, s'arrêtant ici pour panser une plaie, là pour distribuer une aumône et, plus loin, pour offrir un sourire.

Anne-Toussainte continua son métier d'infirmière et de consolatrice pendant plus de vingt ans. Puis elle se trouva malade. Elle sentit que la mort allait venir. Elle fit son testament. Bien entendu, elle n'oublia pas sa compagne. Mais plus préoccupée des malheureux que des autres, elle légua ce qui lui resta d'argent au nouvel hôpital de Ploërmel fondé par elle dans le faubourg Grimaud, précisant bien aux Religieuses qu'elle donnait aux pauvres et ne payait pas les services. Elle mourut le 20 février 1694, à l'âge de 40 ans, exactement 2 ans après son père. Sur sa demande, elle fut enterrée non pas à Ploërmel, comme ce fut le cas pour son père, mais dans l'église de Néant. Et là, au lieu de désigner le chambranle où c'était le droit pour les châtelains du Bois-de-la-Roche, elle voulut être enterrée dans l'endroit le moins confortable, au bas de l'église, au nord et sous les pieds des malheureux, en vérité sous les pieds de ceux qu'elle aimait et au profit de qui elle avait consacré son existence. Les pauvres de Néant n'ont pas été ingrats. Ils se sont souvenus de ses bienfaits et ils s'en souviennent encore. Pour eux, pour tout Néant, pour le Bois-de-la-Roche, pour Guilliers, pour Tréhorenteuc, pour tout l'ancien Comté, Anne-Toussainte de Volvire reste la personne la plus vivante la plus sympathique et la plus aimée du pays. C'est encore, après 300 ans, la grande sainte de la région et une sainte qu'on n'oublie pas.


Extrait de "l'Église de Néant-sur-Yvel" par André Gillard - Recteur de Tréhorenteuc.

 



01/07/2008
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