Spiritualité Chrétienne

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08 La Chaire de Saint Pierre

 Fête de la chaire de saint Pierre

"Tu es Pierre et sur cette pierre, Je bâtirais Mon Eglise"

Fête le 22 février

 

En ce jour, l'Eglise célèbre la Chaire du bienheureux Apôtre Pierre. On distinguait en fait, jusqu'à la réforme du Pape Jean XXIII, deux fêtes liturgiques : le 18 janvier, la chaire de saint Pierre à Rome et le 22 février, la chaire de saint Pierre à Antioche. La première a été supprimée, ou plutôt adjointe à la seconde, retrouvant en cela la pratique ancienne de la seule fête du 22 février. Nous savons en effet, qu'au Moyen-Age à Rome les deux fêtes n'étaient pas distinctes. Certains auteurs soutiennent même qu'en réalité elles regardaient toute deux la Ville Eternelle : celle du 18 janvier se rapportant à la chaire du cimetière d'Ostie, où saint Pierre eut ses premiers néophytes ; celle du 22 février concernant la chaire vaticane. Il est en tout cas certain que la coutume de célébrer la chaire du Prince des Apôtres à Rome est de la plus haute antiquité. Les plus anciens sacramentaires, le gélasien et le grégorien pour citer les plus fameux, attestent en ce jour de l'existence d'une fête appelée "Natale Petri de cathedra", fête qui s'est maintenue à Rome, à l'exclusion de celle du 18 janvier, jusqu'au XVIè siècle.

La fête du 18 janvier semble être d'origine gallicane. Les Eglises de Gaule avaient bien reçu de Rome le Natale Petri de cathedra, mais elles voyaient un inconvénient d'en faire la célébration durant le carême. Aussi en avancèrent-elles la date au 18 janvier. La fête de février fut bien conservée en Gaule, mais on lui attribua la chaire d'Antioche, ce qui explique l'origine commune des deux fêtes. Il est d'ailleurs à noter que dans le missel ces deux fêtes ont la même messe.

Rome adopta plus tardivement l'usage gallican. En 1557, le Pape Paul V mit en effet la Ville en possession de la Chaire de saint Pierre à Rome, précisément au jour du 18 janvier. Chaque année ensuite, à cette même date, la chaire était portée en procession par des prélats, ce jusqu'à Alexandre VII qui la fit mettre dans une splendide chasse sise au fond de l'abside de la basilique vaticane.

"Fêter cette chaire, nous dit Dom Lefebvre, c'est vénérer, en la personne du Vicaire du Christ sur la terre, la lignée continue des successeurs du Pasteur suprême auquel le Maître a confié ses brebis et ses agneaux, du chef auquel Il a demandé d'affermir ses frères, les autres apôtres ; c'est proclamer solennellement la primauté romaine." Si le siège de l'évêque fut toujours – et devrait toujours être – objet de la vénération des fidèles, il est juste et louable que celui du premier des évêques, premier en dignité comme en hiérarchie, le soit alors d'une façon plus éminente. Honorer la chaire de Pierre, c'est honorer celui-là même qui a le privilège et la charge de pouvoir s'y asseoir. C'est donc honorer, au delà du ministre, Celui que ce dernier représente. La vénération de ce qui ne semble être qu'une pièce d'un mobilier liturgique nous renvoie donc en vérité au culte suprême de latrie, dans l'humble adoration de Notre-Seigneur Jésus-Christ, véritable et unique Pasteur. "Saint Cyprien, le saint évêque de Carthage, nous rapporte Dom Guéranger, parle avec emphase de la chaire de l'évêque, siège inaliénable établi dans chaque église, au centre de l'abside et sur laquelle l'élu du Saint Esprit pouvait seul s'asseoir. On a trouvé de ces chaires au fond même des catacombes ; on y a gardé, jusqu'à nos jours, celle sur laquelle fut massacré le Pape saint Etienne, et qui portait encore les traces de son sang. La Basilique de Saint Pierre conserve encore aujourd'hui la chaire du Prince des Apôtres."

Qu'en est-il, maintenant, de la chaire de saint Pierre à Antioche ? Que l'Apôtre soit passé et ait demeuré quelques temps dans la capitale de la Syrie, cela ne fait aucun doute. Cela a toujours été admis dans l'Eglise, et nous avons en outre le témoignage de saint Paul. Il est en revanche plus délicat, en ce qui concerne les faits qui sont à l'origine de l'institution de cette fête, de discerner la réalité de la légende. Jacques de Voragine affirme lui même, dans La Légende dorée, que certains actes attribués à saint Pierre lors de son passage à Antioche paraissent peu vraisemblables. Nous pouvons essayer de distinguer quatre faits, qui seraient fondateurs de la fête de la chaire d'Antioche.

L'Apôtre Pierre prêchant la Foi au Christ aurait été mis en prison par le préfet Théophile. Saint Paul arrivant ensuite dans la ville se fait intercesseur de Pierre auprès du préfet qui lui rend alors sa liberté. Théophile et le peuple d'Antioche finissent par se convertir au Seigneur et construisent un lieu de culte au milieu duquel ils construisent une chaire pour Pierre. "Il y siégea pendant sept ans, dit Jacques de Voragine, avant de se rendre à Rome, où il siégea ensuite dans la chaire romaine pendant vingt-cinq ans".

Le second récit semble être une variante du précédent. Alors que saint Pierre s'approche d'Antioche, les habitants viennent à lui en pénitents, car ils avaient donné foi à la doctrine de Simon le magicien. Heureux de cette conversion, l'Apôtre opère alors plusieurs guérisons et délivrances, au nom du Seigneur. Il s'ensuit de nombreuses conversions. Le préfet propose alors son palais comme église et y fait placer une chaire d'où saint Pierre peut être vu et entendu de tous.

La troisième raison est un " baptême " d'une coutume païenne, devenue fête chrétienne. "C'était l'usage chez les païens, au mois de février, d'aller porter un repas sur la tombe des morts. Les païens croyaient que ces repas étaient mangés par les âmes de leurs parents défunts. Comme les premiers convertis au christianisme avaient peine à se départir de cette coutume, on résolut de substituer au banquet des morts, un banquet célébrée en l'honneur de saint Pierre."

Enfin, la fête aurait pour objet également, de célébrer l'institution de la tonsure des prêtres. C'est à Antioche que l'on aurait rasé la tête de saint Pierre en signe d'infamie. "Et ce signe d'infamie fut ensuite adopté par tout le clergé en signe d'honneur."

Quoi qu'il en soit des faits allégués, la fête de la chaire de saint Pierre se doit d'être pour nous une occasion de joie et d'action de grâce. Car cette chaire se veut être, de par la volonté divine, la chaire de vérité, un phare qui aujourd'hui encore éclaire le monde perdu dans les ténèbres de l'erreur et du mensonge. Pensons, au jour de la fête, à venir humblement nous prosterner en pensée devant cette chaire. Car celui qui écoute le disciple, écoute en vérité le Maître. C'est bien la doctrine du salut qui nous est offerte depuis cette cathèdre magistrale : sachons la recueillir!


Texte Abbé Laurent Demets, Prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre


Prière


Nous T'en prions, Dieu Tout-Puissant; fais que rien ne parvienne à nous ébranler, puisque la pierre sur laquelle Tu nous as fondés, c'est la Foi de l'Apôtre Saint Pierre. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

 



08/06/2008
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