Spiritualité Chrétienne

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011 La Présentation de Marie au Temple

 La Présentation de Marie au Temple

Fête le 21 novembre


Au jour de la fête de la Présentation de Marie au Temple, la liturgie se réfère à des textes non canoniques. Comme les évangiles ne parlent pas de l'enfance de la Vierge, des auteurs inconnus,  pour contenter de pieuses curiosités,  l'ont racontée en donnant d'aimables détails sur sa venue, enfant, au Temple de Jérusalem. Le principal de ces textes a été traduit au XVI° siècle par l'érudit français Postel qui l'a intitulé le Protévangile de Jacques (premier évangile), C'est, sans doute, le plus ancien évangile de l'enfance, composé au milieu du II° siècle et probablement en Egypte ; le texte nous est parvenu dans des versions en grec, syriaque, arménien, éthiopien, géorgien, vieux-slave. Ce texte qui se présente comme l'œuvre de Jacques le Mineur est déjà évoqué par saint Justin (mort vers 165) dans le Dialogue avec Tryphon et Origène s'y réfère explicitement dans le Commentaire de S. Matthieu. Il s'agit de la vie de Marie racontée en style merveilleux et sans souci de vraisemblance géographique. Quelques pieuses gens y feront tout de même des ajouts à partir du V° siècle. Les mois se succédèrent pour la petit fille. Lorsqu'elle eut deux ans, Joachim dit : Menons-la au Temple du Seigneur, afin que s'accomplisse la promesse que nous avons faite, sinon le Tout-Puissant nous avertirait et l'offrande que nous lui ferions serait rejetée. Mais Anne répondit : Attendons la troisième année pour que l'enfant soit en âge de reconnaître son père et sa mère. Et Joachim répondit : Attendons ! Lorsque la petite fille eut trois ans, Joachim dit : Appelez les filles d'Hébreux de race pure, et qu'elles prennent chacune un flambeau, un flambeau qui ne s'éteindra pas. L'enfant ne devra pas retourner en arrière et son cœur ne se fixera pas hors du Temple du Seigneur. Elles obéirent à cet ordre et elles montèrent ensemble au Temple du Seigneur. Et le prêtre accueillit l'enfant et la prit dans ses bras. Il la bénit, en disant : Il a glorifié ton nom, le Seigneur, dans toutes les générations. C'est en toi qu'aux derniers jours il révélera la Rédemption qu'il accorde aux fils d'Israël ! Et il fit asseoir l'enfant sur le troisième degré de l'autel. Et le Seigneur Dieu fit descendre sa grâce sur elle. Et, debout sur ses pieds, elle se mit à danser. Et elle fut chère à toute la maison d'Israël. Les parents redescendirent du Temple, et ils étaient remplis d'admiration, et ils louaient Dieu  l'enfant ne s'était pas retournée en arrière. Et Marie demeurait dans le Temple du Seigneur, semblable à une colombe, et la main d'un Ange la nourrissait. Le pseudo-Matthieu, écrit en latin vers le IX° siècle, note que Marie gravit en courant les quinze marches du Temple. L'origine de la fête de la Présentation de la Vierge Marie au Temple serait peut-être palestinienne puisque la vie de saint Jean le Silentiaire, écrite au milieu du VI° siècle par Cyrille de Scythopolis, nous apprend qu'en novembre 543, à Jérusalem, eut lieu la dédicace de la basilique Sainte-Marie-la-Neuve. En tous cas, à Constantinople, la fête de la Présentation de Marie est attestée dès le VIII° siècle, et des homélies de saint André de Crête (mort en 740) lui sont consacrées. Dans la crypte de Saint-Maximin (Var), on voit, datant du V° siècle, une image de la Vierge Marie orante gravée sur une pierre tombale avec l'inscription en mauvais latin : Marie la Vierge servant dans le Temple de Jérusalem. Ceci étant, on ne voit pas trace, malgré les tentatives du Pape syrien Serge I° (687 + 701), de fête de la Présentation de la Vierge en Occident en ce temps-là. L'Angleterre la célèbre un peu avant l'occupation normande, un calendrier hongrois la note au début du XIII° siècle, mais le Saint-Siège ne l'admet qu'en 1372 lorsque Grégoire XI se rend aux raisons de Pierre II de Lusignan, roi de Chypre et de Jérusalem. Dès 1373, Charles V l'introduit en la chapelle royale de France et, l'année suivant, convie tout le royaume à l'imiter, ce que fit aussi la Navarre. Comme Grégoire XI rentra à Rome après avoir fait célébrer la Présentation, cette fête devint plus importante et, peu à peu, fut adoptée par les ordres et les pays, quoique sa date variât, et elle figure au missel romain depuis 1505 encore qu'elle fut supprimée par Pie V entre 1568 et 1585. Le Prêtre, essentiellement homme de Dieu, qui doit ici-bas le représenter, poursuivre ses intérêts sans jamais se lasser, en rappelant continuellement aux âmes, importune, opportune, que l'unique nécessaire est de ne pas manquer son Eternité en gâchant sa vie. Or si le séminaire est un milieu favorable à l'ascension de l'âme, le monde où le prêtre exerce son ministère, est tout au contraire anémiant, déprimant et démoralisateur. A la longue, même s'il est saint, surtout s'il est sorti du séminaire avec un bagage surnaturel étriqué, un pasteur d'âmes ne peut pas ne pas subir l'influence de l'ambiance et sentir son idéal perdre de son mordant pour s'estomper dans l'imprécis en voyant s'évanouir les uns après les autres les beaux rêves de sa formation et déchoir peu à peu de sa première ferveur. A moins qu'il ne se redise souvent qu'étant prêtre, il doit se distinguer totalement du commun des hommes pour n'avoir dans l'esprit qu'une pensée et au cœur qu'une unique passion : Jésus, son Maître, son modèle, le type idéal de son sacerdoce, qu'il a juré d'aimer par-dessus tout et de servir à jamais malgré tout. C'est pour engager le Clergé dans cette voie salutaire que M. Olier, en 1650, par une inspiration du Ciel, décidant de donner comme fête principale aux premiers séminaires la Présentation de la Vierge au Temple, institua, pour ce jour l'impressionnante cérémonie de la Rénovation des Promesses cléricales.


La présentation de Marie au Temple dans certains lieux de pèlerinages


Au jour de la Présentation de la Vierge Marie au Temple, certains lieux de pèlerinages célèbrent leur fête principale ; ainsi en est-il, dans l'archidiocèse de Cambrai, de Notre-Dame de Cugnolles, à Avesnes. Lorsque Charles VIII, en 1494, fit le siège d'Avesnes, les soldats français pillaient la ville sans aucune modération. Or, à ce moment, la Sainte Vierge apparut menaçante, une baguette à la main, et força les pillards épouvantés à s'arrêter dans leurs crimes. Tout un peuple fut témoin de ce prodige. Les habitants d'Avesnes en célèbrent chaque année l'anniversaire, le 21 novembre où l'on distribue au Clergé et aux fidèles des petits gâteaux bénits qu'on appelle des cugnolles. A l'Isle, dans l'archidiocèse d'Avignon, on célèbre Notre-Dame de Salut, ainsi appelée en souvenir de la cessation subite de la peste, le 21 novembre 1638, après une procession générale de la ville. A Nantes, on célèbre Notre-Dame de Bon-Secours, qui, dans la basse ville, était le siège d'une confrérie de mariniers, fondée en 1443. En 1486, les Nantais attribuèrent à Notre-Dame de Bon-Secours que le duc de Montpensier qui assiégeait la ville, se retirât sans causer de dommages. Menacée par les eaux pluviales, la chapelle fut détruite en 1776 et, avant sa reconstruction, la statue fut portée à l'église Sainte-Croix où elle resta deux ans. La reine Marie-Antoinette qui avait financé la reconstruction, offrit une statue d'argent et, en 1778, l'évêque de Nantes bénissait la nouvelle chapelle qui, sous la Révolution, fut pillée, profanée, transformée en arsenal puis vendue. L'église Sainte-Croix recueillit ce qui restait du pèlerinage à qui Pie VII accorda l'indulgence plénière (1815). Dans l'archidiocèse de Tours, à Liguiel, chapelle construite en 1613, sous le vocable de Notre-Dame des Anges, et ruinée par les révolutionnaires, on se souvient d'Elie-Marie Besnard du Château, né à Ligueil le 21 novembre 1794, qui, faute de prêtres, l'enfant grandissait sans avoir reçu le baptême. Un jour, cependant, les parents apprirent qu'un prêtre vivait caché dans une maison de Ligueil et, le 12 mai 1795, le petit Elie, en cachette, et au milieu des ruines de Notre-Dame des Anges, fut enfin baptisé. Ce souvenir était resté profondément gravé dans la mémoire de l'enfant qui, dans sa vieillesse, résolut de réparer les ruines. Le 15 août 1871, la chapelle fut bénite par M. l'abbé Baranger, curé de Ligueil. Elle abrite le tombeau de celui qui la restaura. Dans l'église Saint-Etienne de Bar-le-Duc, au diocèse de Verdun, on célèbre la fête de Notre-Dame du Guet. Au XII° siècle, des assiégeants, après avoir ravagé la ville basse, se présentèrent subrepticement devant la Porte-au-Bois au-dessus de laquelle on avait mis une statue de la Vierge à l'Enfant. Lorsqu'un soldat jeta une tuile à la statue, en criant : Prends garde à toi, on vit la Vierge l'attraper et la donner à l'Enfant-Jésus, pendant que le blasphémateur tombait raide mort ; on entendit la Vierge crier : Au guet ! la ville est prise ! réveillant les gens du poste de guet qui repoussèrent les assiégeant jusque dans la campagne. La chapelle de Notre-Dame du Guet, construite au XV° siècle, fut rasée par les révolutionnaires et la statue, brisée en morceaux, fut reconstituée et rendue à la piété des fidèles en 1806.


Prières


Marie s'exerçait au Temple à l'exercice de la prêtrise, offrant les victimes à Dieu et offrant en foi Jésus-Christ, sous autant de figures qu'il y avait d'hosties, voyant en attente le sacrifice de celui qui devait sauver le monde et qui, en même temps serait le prêtre, la victime et le temple de son propre et divin sacrifice. Que volontiers elle offrait ces victimes, avec quel amour faisait-elle ces fonctions, n'ayant rien de plus aimable que la vue de Jésus-Christ, le tenant toujours dans ses mains en esprit pour le sacrifier à Dieu ! O Prêtre saint et admirable, prêtre invisible, prêtre d'esprit, prêtre divin vivant en terre et faisant ses saintes fonctions sans être vue des hommes, mais honorée seulement des esprits bienheureux et chérie de Dieu même. (Jean-Jacques Olier)


O Jésus, vivant en Marie, venez et vivez dans votre serviteur, en votre esprit de sainteté, dans la plénitude de votre puissance, en la perfection de vos voies, en la vérité de vos vertus, en la communion de vos divins mystères, dominez toute puissance adverse, en votre Esprit, à la gloire du Père. (Jean-Jacques Olier.)


O Marie, enfant chérie de Dieu, que ne puis-je vous offrir et vous consacrer les premières années de ma vie, comme vous vous êtes offerte et consacrée au Seigneur dans le Temple ! mais, hélas ! ces premières années sont déjà bien loin de moi ! J'ai employé un temps si précieux à servir le monde et vous ai oubliée en écoutant la voix de mes passions. Toutefois il vaut mieux commencer tard à vous servir que de rester toujours rebelle. Je viens donc aujourd'hui m'offrir tout entier à votre service, et consacrer à mon Créateur, par votre entremise bénie, le peu de jours qu'il me reste encore à passer sur la terre. Je vous donne mon esprit, pour qu'il s'occupe de vous sans cesse, et mon cœur, pour vous aimer à jamais. Accueillez, ô Vierge Sainte, l'offrande d'un pauvre pécheur ; je vous en conjure par le souvenir des ineffables consolations que vous avez ressenties en vous offrant à Dieu dans le Temple. Soutenez ma faiblesse, et par votre intercession puissante obtenez-moi de Jésus la grâce de lui être fidèle. ainsi qu'à vous, jusqu'à la mort, afin qu'après vous avoir servie de tout mon cœur pendant la vie, je participe à la gloire et au bonheur éternel des élus. Amen. (Saint Alphonse-Marie de Ligori.)


Je vous salue Marie, dans votre Présentation ! comme une pure Hostie de l'Abandon. O Vierge et Mère, par ce mystère donnez-moi la dévotion. (Saint Louis-Marie Grignion de Montfort.)


Ouvrez-vous, sanctuaire, portes éternelles ! Voici le temple qu'on présente au temple, le sanctuaire au sanctuaire, l'arche véritable où repose le Seigneur effectivement à l'arche figurative où il ne repose qu'en image. (Bossuet)


O mon Dieu, que j'eusse bien désiré de me pouvoir vivement représenter la consolation et suavité de ce voyage depuis la maison de Joachim jusque au Temple de Jérusalem ! Quel contentement  témoignait cette petite Infante voyant l'heure venue qu'elle avait tant désirée ! Ceux qui allaient au Temple pour y adorer et offrir leurs présents à la divine Majesté chantaient tout au long de leur voyage ; et pour cet effet le royal prophète David avait composé tout exprès un psaume que la Sainte Eglise nous fait dire tous les jours au divin office. Il commence par ces mots : Bienheureux sont ceux, Seigneur qui marchent en ta voie sans macule (Psaume CXVIII), sans tache de péché ; en ta voie, c'est-à-dire en l'observance de tes commandements. Les bienheureux saint Joachim et sainte Anne chantaient donc ce cantique au long du chemin, et notre glorieuse Dame et maîtresse avec eux. O Dieu, quelle mélodie ! ô qu'elle l'entonna mille fois plus gracieusement que ne firent jamais les anges ; de quoi ils furent tellement étonnés que, troupe à troupe, ils venaient pour écouter cette céleste harmonie et, les cieux ouverts, ils se penchaient sur les balustres de la Jérusalem céleste pour regarder et admirer cette très aimable Pouponne. J'ai voulu dire ceci en passant à fin de vous bailler sujet de vous entretenir le reste de cette journée à considérer la suavité de ce voyage ; afin de vous émouvoir à écouter ce divin cantique que notre glorieuse Princesse entonne si mélodieusement, et ce avec les oreilles de votre dévotion, car le très heureux saint Bernard dit que la dévotion est l'oreille de l'âme. (Saint François de Sales)


Il (Dieu) la (Marie) séquestre du monde et la consacre à son Temple, pour marque et figure qu'elle sera bientôt consacrée au service d'un temple plus auguste et plus sacré que celui-ci. Là, en sa solitude, il la garde, il l'environne de sa puissance, il l'anime de son esprit, il l'entretient de sa parole, il l'élève de sa grâce, il l'éclaire de ses lumières, il l'embrase de ses ardeurs, il la visite par ses anges, en attendant que lui-même la visite par ses anges, en attendant que lui-même la visite par sa propre personne ; et il rend sa solitude si occupée, sa contemplation si élevée, sa conversation si céleste, que les anges l'admirent et la révèrent comme une personne plus divine qu'humaine. Aussi, Dieu est, et agit en elle, plus qu'elle-même. Elle n'a aucune pensée que par sa grâce, aucun mouvement que par son Esprit, aucune action que par son amour. Le cours de sa vie est un mouvement perpétuel qui, sans intermission, sans relaxation, tend à celui qui est la vie du Père et qui sera bientôt sa vie, et s'appelle absolument la vie dans les Ecritures (S. Jean XIV 6). Ce terme approche et le Seigneur est avec elle, la remplit de soi-même et l'établit en une grâce si rare, qu'elle ne convient qu'à elle ; car cette Vierge, cachée en un coin de la Judée, inconnue à l'univers, fait un chœur à part dans l'ordre de la grâce, tant elle est singulière. (Le cardinal Pierre de Bérulle)

 



11/11/2008
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