Spiritualité Chrétienne

Spiritualité Chrétienne

Sainte Photine

 Sainte Photine

La Samaritaine de l'Evangile

+ au 1er siècle

Fête le 26 février


Jésus et la Samaritaine

(Evangile selon Saint Jean, chapitre 4)


« Quand Jésus apprit que les Pharisiens avaient entendu dire qu'il faisait plus de disciples et en baptisait plus que Jean, - à vrai dire, Jésus lui-même ne baptisait pas, mais ses disciples - il quitta la Judée et regagna la Galilée. Or il lui fallait traverser la Samarie. C'est ainsi qu'il parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve la source de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement à même la source. C'était environ la sixième heure. Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit : ''Donne-moi à boire.'' Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger. Mais cette femme, cette Samaritaine, lui dit : ''Comment ? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine !'' Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains. Jésus lui répondit : ''Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : 'Donne-moi à boire', c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive.'' La femme lui dit : ''Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond ; d'où la tiens-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand, toi, que notre père Jacob qui nous a donné le puits et qui, lui-même, y a bu ainsi que ses fils et ses bêtes ?'' Jésus lui répondit : ''Quiconque boit de cette eau-ci aura encore soif ; mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif; au contraire, l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle.'' La femme lui dit : ''Seigneur, donne-moi cette eau pour que je n'aie plus soif et que je n'aie plus à venir puiser ici.'' Jésus lui dit : ''Va, appelle ton mari et reviens ici.'' La femme lui répondit : ''Je n'ai pas de mari.'' Jésus lui dit : ''Tu dis bien : 'Je n'ai pas de mari' ; tu en as eu cinq et l'homme que tu as n'est pas ton mari. En cela tu as dit vrai.'' ''Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es un prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne et vous, vous affirmez qu'à Jérusalem se trouve le lieu où il faut adorer.'' Jésus lui dit : ''Crois-moi, femme, l'heure vient où ce n'est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons ce que nous connaissons, car le salut provient des Juifs. Mais l'heure vient, elle est là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; tels sont, en effet, les adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit et c'est pourquoi ceux qui l'adorent doivent adorer en esprit et en vérité.'' La femme lui dit : ''Je sais qu'un Messie doit venir - celui qu'on appelle Christ. - Lorsqu'il viendra, il nous annoncera toutes choses.'' Jésus lui dit : ''Je le suis, moi qui te parle.'' Sur quoi les disciples arrivèrent. Ils s'étonnaient que Jésus parlât avec une femme ; cependant personne ne lui dit : ''Que cherches-tu ?'' ou ''Pourquoi lui parles-tu ?'' La femme alors, abandonnant sa cruche, s'en fut à la ville et dit aux gens : ''Venez donc voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Ne serait-il pas le Christ ?'' Ils sortirent de la ville et allèrent vers lui. Entre-temps, les disciples le pressaient : ''Rabbi, mange donc''. Mais il leur dit : ''J'ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas''. Sur quoi les disciples se dirent entre eux : ''Quelqu'un lui aurait-il donné à manger ?'' Jésus leur dit : ''Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas vous-mêmes : 'Encore quatre mois et viendra la moisson' ? Mais moi je vous dis : levez les yeux et regardez ; déjà les champs sont blancs pour la moisson ! Déjà le moissonneur reçoit son salaire et amasse du fruit pour la vie éternelle, si bien que celui qui sème et celui qui moissonne se réjouissent ensemble. Car en ceci le proverbe est vrai, qui dit: 'l'un sème, l'autre moissonne'. Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucune peine ; d'autres ont peiné et vous avez pénétré dans ce qui leur a coûté tant de peine.'' Beaucoup de Samaritains de cette ville avaient cru en lui à cause de la parole de la femme qui attestait : ''Il m'a dit tout ce que j'ai fait.'' Aussi lorsqu'ils furent arrivés près de lui, les Samaritains le prièrent de demeurer parmi eux. Et il y demeura deux jours. Bien plus nombreux encore furent ceux qui crurent à cause de sa parole à lui ; et ils disaient à la femme : ''Ce n'est plus seulement à cause de tes dires que nous croyons ; nous l'avons entendu nous-mêmes et nous savons qu'il est vraiment le Sauveur du monde.'' Deux jours plus tard, Jésus quitta ces lieux et regagna la Galilée. » (Jn 4: 1-43).


Le Nouveau Testament rapporte le récit familier de "la femme au puits" (Jn 4,5-42), qui était une Samaritaine. Jusqu'à ce moment-là, elle avait mené une vie pécheresse, ce qui lui avait valu une sorte de réprimande de la part du Christ. Cependant, elle répondit à l'admonition du Christ par une vraie repentance, se vit ainsi pardonner sa vie pécheresse, et se convertit à la Foi Chrétienne – recevant le nom de "Photini" au Baptême, qui signifie littéralement "celle qui a été éclairée / illuminée." Personnage important dans la communauté Johannite, la Samaritaine, comme toutes les autres femmes, contribua à la diffusion du Christianisme. Dès lors, elle occupe une place d'honneur parmi les Apôtres. Dans les sermons grecs du 4ème au 14ème siècle, elle est appelée "apôtre" et "évangéliste." Dans ces sermons, la Samaritaine est souvent comparée aux disciples masculins et aux Apôtres, et souvent estimée comme les surpassant. Par la suite, les hagiographes byzantins ont continué à raconter l'histoire de la Samaritaine, en reprenant là où saint Jean le Théologien et évangéliste s'était arrêté. A la Pentecôte, sainte Photini reçut le Baptême avec ses 5 soeurs, Anatole, Photo, Photis, Paraskeve, Kyriake, et ses 2 fils, Photeinos et Joseph. Elle entama alors sa vie missionnaire, voyageant fort loin, prêchant la Bonne Nouvelle de la venue du Messie, Sa mort et Résurrection. Lorsque Néron, l'empereur de Rome, commença à persécuter les Chrétiens, Photini et son fils Joseph se trouvaient à Carthage, en Afrique, où elle prêchait l'évangile Chrétien. Après que Jésus soit apparut en songe à Photine, elle fit voile pour Rome. Son fils et nombre de Chrétiens d'Afrique l'accompagnaient. L'arrivée et l'activité de Photine suscitèrent la curiosité dans la capitale. "Qui est donc cette femme?", se demandaient-ils. "Elle est venue ici avec une foule de fidèles et elle prêche le Christ avec grande audace."


Les soldats reçurent l'ordre de l'amener à l'empereur, mais Photini les devança. Avant d'avoir eu l'occasion de l'arrêter, Photini, son fils Joseph et ses amis Chrétiens étaient venus auprès de Néron. Lorsque l'empereur les vit, il leur demanda ce qu'ils étaient venus faire. Photini répondit : "nous sommes venus t'apprendre à croire au Christ." Le demi-dingue qui régnait sur l'empire romain ne lui faisait pas peur. Elle voulait le convertir! Néron demanda leurs noms aux saints. Photini répondit à nouveau. Elle se présenta elle, ainsi que ses 5 soeurs et son fils cadet. L'empereur leur demanda alors s'ils étaient tous prêts à mourir pour le Nazaréen. Photini parla en leur nom : "Oui, par amour pour Lui, nous nous réjouissons, et en Son Nom, nous mourrons volontiers." Entendant ces paroles de défis, Néron ordonna de leur frapper les mains avec des barres de fer brûlantes pendant 3 heures. A la fin de chaque heure, un nouveau bourreau prenait le relais. Cependant, les saints ne ressentaient pas la douleur. Leurs mains n'en furent pas blessées. Photini cita dans la joie les paroles d'un Psaume de David : "Le Seigneur est mon secours, peu importe ce qu'on me fait, je ne craindrai rien." Perplexe face à l'endurance et l'assurance des Chrétiens, Néron ordonna de jeter les hommes en prison. Photini et ses 5 soeurs furent amenées à une salle de réception toute dorée, au palais impérial. Là, 6 femmes siégeaient sur des trônes d'or. Face à elles, une grande table dorée, couverte de pièces d'or, de bijoux et de vêtements. Néron espérait tenter les femmes en les confrontant à la richesse et au luxe. Néron ordonna à sa fille Domnina, accompagnée de ses esclaves féminines, d'aller discuter avec les Chrétiennes. Il pensait que des femmes parviendraient à persuader leurs soeurs Chrétiennes à renier leur Dieu.


Domnina salua gracieusement Photini, mentionnant le Nom du Christ. En entendant la salutation de la princesse, la sainte remercia Dieu. Elle enlaça alors et embrassa Domnina. Les femmes parlèrent. Mais le résultat de la discussion des femmes ne fut pas celui qu'espérait Néron. Photini catéchisa Domnina et sa centaine d'esclaves, et les baptisa toutes. Elle donna le nom d'Anthousa à la fille de Néron. A peine baptisée, Anthousa ordonna aussitôt que tout l'or et les bijoux se trouvant sur la table dorée soient distribués aux pauvres de Rome.


Lorsque l'empereur apprit que sa propre fille avait été convertie au Christianisme, il condamna Photini et tous ses compagnons à mourir brûlés vifs. Sept jours durant, la fournaise brûla. Mais en ouvrant le fourneau, on retrouva les saints intacts. Alors l'empereur tenta d'empoisonner les saints, et Photini se proposa de boire la première. "O roi," dit-elle, "je boirai en premier le poison, afin que tu puisse voir la puissance de mon Christ et Dieu." Tous les saints burent ensuite le poison après elle. Aucun n'en souffrit. En vain, Néron fit subir toutes tortures possibles à Photini et ses fils et amis. Les saints survécurent à tout, et leur persécuteur en fut ridiculisé. Trois ans durant, on les garda dans une prison romaine. Sainte Photini la transforma en "maison de Dieu." Nombre de Romains venaient dans la prison, et furent convertis et baptisés. Pour finir, le tyran, enragé, fit décapiter tous les saints sauf Photini. Elle fut jetée dans un profond puits à sec, puis à nouveau emprisonnée. Photini se lamentait de se retrouver seule, n'ayant pas reçu la couronne du martyre avec ses 5 soeurs, Anatole, Photo, Photis, Paraskeve et Kyriake, et ses 2 fils, Photeinos et Joseph. Nuit et jour elle pria pour être libérée de cette vie. Une nuit, Dieu lui apparu, fit le signe de la Croix à trois reprise sur elle. La vision la remplit de joie. Plusieurs jours après, pendant qu'elle était occupée à chanter des hymnes et à bénir Dieu, sainte Photini rendit son âme entre les mains de Dieu. La Samaritaine avait conversé avec le Christ au puits de Jacob, près de la ville de Sichar. Elle avait bu de "l'eau vive" et obtenu la vie éternelle et la gloire. De génération en génération, les Chrétiens Orthodoxes ont adressé cette prière à la femme exaltée par le Messie, lorsqu'Il s'assis près du puits en Samarie et parla avec elle :
Illuminée par le Saint Esprit, toi la toute glorieuse, Auprès du Christ Sauveur tu t'abreuva de l'eau du Salut. A pleines mains, tu en donne à ceux qui sont assoiffés. Grande martyre Photini, égale aux Apôtres, Prie le Christ pour le Salut de nos âmes.


La contribution des femmes dans les récits post-Résurrection tels que rapportés dans l'Évangile selon saint Jean

Une des premières tâches de l'Église aujourd'hui devrait être d'étudier la contribution des femmes au Nouveau Testament, car ceci n'éclairera pas seulement comme les femmes ont aidé à communiquer le message de l'Évangile du Christ dans une société plutôt patriarcale – telle qu'était celle du 1er siècle après Jésus-Christ – mais aussi, porter à l'avant-plan les rôles et fonctions possibles pour les femmes aujourd'hui dans l'Église. Il est intéressant de noter l'important rôle que les femmes tiennent dans les récits post-Résurrection. Dans la tradition Orthodoxe, le second Dimanche après Pâques est dédié aux femmes Myrophores, qui furent les premières à voir Jésus après Sa Résurrection, selon les Évangiles synoptiques, tandis que le 4ème Dimanche après Pâques, nous commémorons la rencontre de Jésus avec la Samaritaine au puits de Jacob, qui mena à l'annonce du message Chrétien dans les villes de Samarie. Cet article ne va cependant pas examiner le Lectionnaire Orthodoxe afin d'examiner le rôle positif attribué aux femmes, mais va examiner l'Évangile selon saint Jean, car il dépeint les femmes d'une manière très positive. En fait, l'Évangile selon saint Jean présente les femmes sous une lumière plus éminente que les traditions synoptiques. En fait, une étude détaillée de la contribution des femmes dans le 4ème Évangile exigerait une étude approfondie des femmes suivantes : 1. la Mère de Jésus (Jn 2,1-12); 2. la Samaritaine (Jn 4,4-42); 3. Marthe et Marie, en particulier la confession de Foi de Marthe lors de la résurrection de Lazare d'entre les morts (Jn 11,1-44) et l'onction à Béthanie avec Marthe servant le repas (Jn 12,1-8); 4. La découverte du tombeau vide par Marie Madeleine (Jn 20,1-2) et la première à voir Jésus après Sa Résurrection (Jn 20,11-18). Le sujet étant si vaste, cet article ne se concentrera que sur la contribution de 2 femmes, à savoir Marie Madeleine et la Samaritaine, puisqu'elles sont reprises dans la période festive d'après la Résurrection dans le calendrier de l'Église.


Marie Madeleine – Jn 20,11-18. Dans l'Évangile selon saint Jean, Marie Madeleine est la première personne à rencontrer le Christ vivant après la Résurrection (Jn 20,15-17). Non seulement reçoit-elle ainsi la première Théophanie post-Pascale, mais en plus, elle reçoit la mission apostolique d'annoncer la gloire du Seigneur ressuscité aux disciples. Saint Jean dit : "Femme, lui dirent-ils, pourquoi pleures-tu?" - "Parce qu'on a enlevé mon Seigneur, leur dit-elle, et je ne sais où on l'a mis." À ces mots, elle se retourna et aperçut Jésus debout, mais sans le reconnaître. "Femme, lui dit Jésus, pourquoi pleures-tu? qui cherches-tu?" S'imaginant que c'était le jardinier, elle lui dit: "Si c'est toi qui l'as enlevé, dis-moi où tu l'as mis, et j'irai le prendre." Jésus lui dit: "Marie!" Elle se retourna et lui dit en hébreu: "Rabbouni!" (C'est-à-dire Maître). Jésus lui dit: "Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père; va plutôt trouver mes frères et dis-leur: Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu." Marie de Magdala courut donc annoncer aux disciples: "J'ai vu le Seigneur, et voici ce qu'il m'a dit..." (Jean 20,13-18). Le rôle significatif que Pierre a dans les traditions synoptiques, où il se voit attribuer le rôle de celui qui le premier a vu le Christ ressuscité, dans le 4ème Évangile, il est donné à une femme du nom de Marie Madeleine. C'est elle qui se voit dire d'aller et raconter aux disciples la Résurrection de Jésus. Au contraire des Synoptiques, où ce sont les Myrophores qui reçoivent le message spécifique de proclamer le Christ ressuscité aux Apôtres, dans l'Évangile selon saint Jean, c'est Marie Madeleine seule.


Dans l'Évangile selon saint Jean, c'est aussi une femme qui répond à Jésus avec une confession de Foi salutaire, parallèle à la confession de Foi de Pierre dans les Synoptiques. La réponse à la question ultime "et toi, que dis-tu que Je suis?" est donnée par une femme, alors que dans les Synoptiques, c'est par Pierre. Dans les Synoptiques, Jésus est présenté comme celui qui accomplit tous les signes que les Écritures de l'Ancien Testament avaient dit que le Messie accomplirait. Au coeur même des Synoptiques se trouve la question fondamentale que Jésus posa à Ses disciples alors qu'ils marchaient vers Césarée de Philippe : "qui les gens disent-ils que Je suis?" (Mc 8,27). Et dans les 3 Évangiles Synoptiques, la réponse à la question de Jésus est donnée par l'Apôtre Pierre, qui dit "Tu es le Christ" (Mc 8,29). Cependant, dans l'Évangile selon saint Jean, c'est une femme qui fait cette déclaration de Foi fondamentale, au sujet de la messianité de Jésus. Marthe dit à Jésus : "Oui, Seigneur, je crois que Tu es le Messie, le Fils de Dieu, Celui qui doit venir dans le monde" (Jn 11,27).


La contribution de Marthe à la communauté Johannique est analogue au rôle de Pierre en tant que représentatif de la Foi apostolique. Si quelqu'un veut considérer ces paroles comme étant l'apogée théologique de l'Évangile de saint Jean, c'est significatif qu'elles sont exprimées par une femme. De même que Marthe proclame chez saint Jean cette confession de Foi, c'est aussi chez lui une femme qui est la première à être témoin de la Résurrection. En fait, il est des plus surprenants que l'Évangile de saint Jean nous présente une femme annonçant la Résurrection, car dans la loi juive, les femmes étaient considérées comme des témoins non-fiables. C'est à Marie Madeleine qu'est confié le rôle d'annoncer aux disciples que Jésus S'est relevé d'entre les morts. Et c'est pour cette raison qu'elle est vénérée tant par les traditions Chrétiennes occidentale qu'orientale comme "égale aux Apôtres" (ijsapovstolo), mais aussi comme "apôtre des Apôtres" (apostola apostolarum) (ajpostovloi" ajpovstolo").


La Samaritaine


Le récit de la rencontre de la Samaritaine avec le Christ au puits de Jacob est un des passages les plus poétiques dans l'Évangile johannique, non seulement présentant le cheminement de la Foi d'une femme, mais aussi sa réponse que les autres auront aussi à faire au Christ. C'est cette Samaritaine qui portera le message de Jésus au delà des étroites limites de la Judée, jusqu'au peuple de Samarie, qui était considéré comme paria, pour le judaïsme du premier siècle. Ce n'est qu'après que la Samaritaine ait personnellement accepté la Foi qu'elle sera à même d'aussi la communiquer à ceux de son peuple. Progressivement, cette femme accomplira son parcours de Foi d'une simple perception de Jésus comme Ioudaios (Juif), Kyrios (seigneur) et prophète jusqu'à établir une déclaration christologique à propos de Sa messianité. Ce n'est pas seulement une Foi personnelle en Jésus qui a commencé à briller en elle, mais elle est devenue une apôtre, "laissant là toutes affaires" (symbolisées par la cruche d'eau), et devenant un témoin de la Personne et Vérité de Jésus auprès de ses compatriotes, hommes et femmes. Saint Jean utilise cette femme pour montrer que la Foi et le culte rendu à Dieu transcende les actes externes de dévotion en un lieu particulier (la montagne de Gerizim ou le Temple à Jérusalem), pour mener à une véritable rencontre avec Dieu le Père. Au mieux, les montagnes saintes sont un moyen pour parvenir à une fin – le but final étant le Christ Lui-même. Selon saint Jean, c'est une Samaritaine qui collabore à la croyance initial de nombre de Samaritains : "Plusieurs Samaritains de cette ville avaient cru en lui sur la déclaration formelle de la femme: 'Il m'a dit tout ce que j'ai fait" (Jn 4,39). C'est par cette femme que nombreux croiront à la messianité de Jésus. C'est important de noter que cette femme agit comme un instrument afin que le peuple reçoive la Parole de Dieu. Après avoir rencontré le Christ Lui-même, les Samaritains disent : "Ils disaient à cette femme: 'Ce n'est plus à cause de ton récit que nous croyons maintenant. Nous L'avons entendu nous-mêmes et nous savons qu'Il est véritablement le Sauveur du monde'." (Jn 4,42) Selon saint Jean, les véritables disciples ne se mettent pas en avant,mais amènent les autres au Christ, après quoi ils s'effacent d'eux-mêmes (cfr en particulier saint Jean le Baptiste, Jn 3,27-30). A nouveau, nous pouvons voir quel rôle actif prennent les femmes dans l'Évangile de saint Jean. C'est une femme qui fonde l'Église Chrétienne en Samarie, avec ses premiers convertis. Comme nombre d'autres femmes, elle aussi est un personnage d'importance dans la communauté Johannite, contribuant à la rapide extension du Christianisme. C'est pour cette raison qu'elle est appelée "apôtre" et "évangéliste" dans les Églises Orthodoxes. De plus, les hagiographes Byzantins ont développé le récit de sa vie, disant que la Samaritaine s'appelait sainte Photini, qu'elle avait 5 soeurs et 2 fils. Elle aurait voyagé à travers l'empire romain, prêchant la Bonne Nouvelle de la venue du Messie, Sa mort et Sa Résurrection. On rapporte même qu'elle aurait converti la fille de Néron, Domnina, à la Foi Chrétienne, ce qui sera la cause de sa mort. Dès lors, dans l'hymne de conclusion, l'Église Orthodoxe adresse cette prière à la femme qui a été exaltée par Jésus alors qu'Il était assis près du puits, en Samarie, et lui avait adressé la parole : "Illuminée par le Saint Esprit, toi la toute glorieuse, auprès du Christ Sauveur tu t'abreuva de l'eau du Salut. A pleines mains, tu en donne à ceux qui sont assoiffés. Grande martyre Photini, égale aux Apôtres, prie le Christ pour le Salut de nos âmes.."


Conclusion


Dans le quatrième Évangile, Marie Madeleine et la Samaritaine ne sont que 2 parmi les exemples de destinataires des actes les plus fondamentaux par lesquels Jésus S'est révélé Lui-même. Marie Madeleine est la première à être témoin de la Résurrection du Christ et à porter ce message aux disciples de Jésus. La Samaritaine, en acceptant Jésus dans sa vie, joue un rôle majeur non seulement en rendant témoignage à l'Évangile à toute une ville de Samarie, mais aussi en la convertissant. Ces péricopes évangéliques, écrites il y a près de 2.000 ans d'ici, nous aident de manière importante à rappeler à une société bien souvent dominée par les hommes qu'une anthropologie Chrétienne authentique reconnaîtra les charismes et vocations distincts des hommes comme des femmes, ce que l'on retrouve si abondamment dans le quatrième Évangile.


Philip Kariatlis, Secrétaire d'Académie et Professeur associé Saint Andrew Greek Orthodox Theological College, Sydney, Australie


Sainte Photine a beaucoup marqué la Grèce Chrétienne. Pas seulement dans des siècles d'homélies la mettant à l'honneur, mais aussi, comme on le remarque ci-dessous, avec ce panaché de dédicaces d'églises, de cavernes monastiques, etc, des débuts de l'Église et jusqu'à la fin du 20ème siècle avec cette récente construction à Mantineia. Caverne Agia Photini, Crète "Près du village d'Avdou, il y a d'impressionnantes cavernes, qui méritent votre visite pendant votre séjour à Avdou, près d'Heraklion, Crète.


La caverne d'Agia Fotini


Elle se situe sur une montagne, à une altitude de 760 mètres, elle mesure 44 mètres de long, de 1,8 à 7,5 mètres de large, et de 5,3 à 20 mètres de haut. A quelques 12 mètres de l'entrée, on a un bassin de retenue, et aussitôt après, un couloir qui amène au fond de la caverne, où se trouver l'église d'Agia Fotini. [..] On pense qu'Agia Fotini a été un monastère au 19ème siècle, bien qu'on n'ait pas trouvé de preuve définitive de ce fait. Il est possible que les moines vivaient dans les proches cavernes. Durant les révolutions crétoises, la caverne fut employées comme cache par les combattants de la liberté. Chaque année, le 4ème Dimanche après Pâques, une fête est célébrée à Agia Fotini."

 



03/08/2008
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