Spiritualité Chrétienne

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Sainte Marie la Douloureuse

Sainte Marie la Douloureuse

Vierge et Martyre

+ au 13e siècle

Fête le 18 juin

 

Les palmes de la virginité et du martyre ne sont pas réservées aux seules chrétiennes des premiers siècles de l'Eglise. Marie, à qui ses contemporains ont donné le surnom de Douloureuse , mérite, par sa vie sainte et sa mort si touchante, d'être aussi comptée au nombre des vierges martyres.

 

Elle naquit au village de Woluve-Saint-Pierre, près de Bruxelles, de parents très pieux dont elle était l'unique consolation. A l'exemple de la reine des vierges, dont elle portait le nom et pour qui elle avait une tendre dévotion, Marie résolut de consacrer à Dieu sa virginité et de se dévouer entièrement à son service. Une vie de pénitence et de retraite lui plaisait, et Dieu, qui avait mis en elle ce désir, lui donna les moyens de l'exécuter. Ayant obtenu la permission de ses parents, qui applaudissaient eux-mêmes à sa généreuse résolution, elle alla vivre à quelque distance, dans une petite habitation contiguë à une église dédiée à la Mère du Sauveur. Là, sous la protection de Dieu, et à la grande satisfaction des habitants du pays, qui savaient, dans ces temps de foi, apprécier ce que c'est que la prière et le sacrifice, elle commença le nouveau genre de vie auquel le Ciel l'avait appelée. Il y avait plusieurs années qu'elle habitait ce lieu dans une application continuelle aux choses de Dieu, vivant des aumônes que lui donnaient à l'envi les personnes pieuses de la contrée, lorsqu'un libertin conçut la pensée de la faire tomber dans le crime. Poussé par l'esprit du mal, il n'eut pas honte de faire à la vertueuse recluse des propositions coupables, qu'elle rejeta avec indignation. « Le démon, dit ici le biographe de la sainte, était jaloux de ses vertus, et en excitant la passion de l'homme pervers, il voulait tout-à-la-fois l'enfoncer encore davantage dans le bourbier du vice et renverser l'édifice de sainteté que construisait la pieuse Marie,mais il ne parvint qu'à donner à l'église de Jésus Christ une martyre de plus, et bientôt après un nouvel exemple de la puissance de l'intercession des saints auprès de Dieu ».

 

En effet, le tentateur, voyant qu'il ne pouvait rien obtenir par ses paroles, eut recours à la ruse. Ayant su que le pieuse fille était chez un respectable père de famille des environs, qui la recevait à cause de sa piété et afin d'attirer les bénédictions du Ciel sur ses enfants, il entra furtivement dans cette maison, et enleva une coupe d'argent qu'il déposa avec adresse dans le petit sac dont se servait Marie. L'innocente jeune fille, après avoir édifié cette religieuse famille, retourna pleine de joie dans sa demeure, emportant avec les provisions que la charité de son hôte lui avait données, la coupe fatale qui allait devenir la cause de sa mort. Bientôt, en effet, on remarqua qu'un vase en [argent avait disparu, et l'on fit de toutes parts, pour le retrouver, des recherches inutiles. Pendant ce temps, l'infâme calomniateur était allé près de la demeure de Marie, l'accusant de ce larcin, et lui déclarant qu'elle ne pourrait échapper aux poursuites de la justice qu'en cédant à sa passion. Stupéfaite en entendant un pareil langage, la pieuse fille se remet promptement de sa première émotion, et déclare de nouveau qu'elle aimerait mieux mourir mille fois plutôt que de consentir à ce qu'il lui propose. Et comme le malheureux la menaçait de la traduire devant les juges: « Ce serait bien mal à vous, répond-elle, de livrer une innocente au danger de mort, lorsque j'ai la conscience que je n'ai point commis ce vol ». Alors cet homme, saisissant le petit sac qui était à portée de sa main, en retire la coupe et la présentant à Marie: « Vous voilà convaincue par un témoin oculaire, s'écrie-t-il; obéissez donc à ce que je demande de vous, je vous soustrairai à la justice et il ne vous sera fait aucun mal ». La jeune fille était comme hors d'elle-même; elle ne pouvait en croire ses yeux ni ses oreilles. Se jetant aussitôt par la pensée dans les bras du Dieu, qui sonde les cœurs et les reins, elle repousse avec force le calomniateur, qui se dirige à l'instant vers la maison du juge de la contrée. Là il formule son accusation contre la sainte et présente, comme pièce de conviction, la coupe qu'il avait trouvée dans le sac. « D'ailleurs, ajoutait-il, cette femme est une magicienne qui ensorcelle les hommes; lui-même a été tellement fasciné par ses artifices et ses séductions, qu'il ne peut plus ni boire, ni manger, ni trouver de repos ». Le juge qui, comme tous les habitants du pays, connaissait la vertu de Marie, ne voulait point ajouter foi à ce qu'il entendait, et paraissait disposé à repousser l'accusateur; mais le malheureux, voyant que sa proie allait lui échapper, présenta de nouveau la coupe qu'il tenait en main et força le magistrat de procéder avec toute la rigueur des lois de cette époque contre les voleurs. Pendant que ces choses se passaient, Marie s'était rendue auprès de ses parents pour les instruire de tout ce qui était arrivé. Ceux-ci la consolèrent en l'exhortant à mettre sa confiance en Dieu et en la Très-Sainte Vierge, sa patronne et la consolatrice des âmes affligées. Tandis qu'ils s'efforçaient de la rassurer, arrive à la porte de la modeste habitation le juge du lieu, que le calomniateur avait contraint à cette démarche. Les parents aussitôt se mettent en devoir de justifier leur fille, et de montrer combien est invraisemblable, absurde même l'accusation portée contre elle; mais le juge déclare que malgré tout, pour satisfaire à la loi, il faut qu'il procède à son jugement. Quelques hommes d'armes s'approchent alors de l'innocente victime, l'attachent avec des liens et se disposent à la conduire à la prison publique. Le père et la mère étaient dans une désolation inexprimable et ne voulaient point laisser s'éloigner leur enfant. Marie, de son côté, témoin de la tristesse de ses parents, ne put s'empêcher de répandre des larmes. Tous ceux qui la voyaient dans cet état éclataient en sanglots, et convaincus de l'innocence de la pieuse fille, il lui donnaient le nom de Douloureuse.

 

Après avoir passé quelque temps dans la prison, où l'on espérait que la crainte lui arracherait des aveux, l'innocente accusée fut amenée devant le juge, qui l'interrogea sur la coupe. « Il est vrai, répond Marie, que cette coupe a été trouvée dans mon sac; mais elle y a été mise par une autre personne sans que j'en eusse connaissance ». En entendant ces paroles, le calomniateur se lève, et interpellant le juge, il lui montre comment sa victime vient d'avouer son crime en cherchant malicieusement à en rejeter sur un autre la responsabilité.

 

A cette époque et surtout dans certaines localités, le vol était très sévèrement puni; il n'était pas rare de voir condamner à la peine capitale ceux qui s'en rendaient coupables. Trop faible pour résister aux instances impérieuses du calomniateur, ou trompé peut-être par ses mensonges habilement déguisés, le juge prononça contre la jeune fille une sentence de mort qui devait être immédiatement exécutée. Marie l'entendit avec calme et résignation, remettant à Dieu le soin de dévoiler son innocence. Le jour approchait de son déclin quand on la conduisit au lieu du supplice. La petite habitation, où pendant quelques années elle avait servi Dieu avec tant de bonheur, se trouvait sur lé chemin. Quand on y fut arrivé, elle demanda qu'avant de mourir, il lui fût permis de dire une dernière prière à la Très Sainte Vierge. Le juge y consentit, et Marie, l'âme navrée de douleur, tomba sur ses genoux. « Elle supplia la douce Reine du ciel, celle qui est le refuge de tous les affligés, de lui venir en aide dans ses angoisses, et d'obtenir de Dieu le pardon de tous ceux qui avaient pu contribuer en quelque chose à sa mort. Elle demanda encore que ceux qui viendraient en ce lieu lui rendre leurs hommages, fussent préservés de douleurs, blessures ou condamnations en considération des peines et anxiétés de son âme. Enfin Marie sollicita pour elle-même la grâce d'être introduite, parla Reine des Vierges, dans le glorieux Paradis, avec la double couronne de la virginité et du martyre.» Sa prière achevée, elle se leva et marcha tranquillement jusqu'au lieu du supplice. Là, le bourreau lui lia les pieds et les mains, puis fit un trou dans la terre. Les spectateurs qui environnaient la victime, répandaient des larmes en abondance. L'exécuteur lui-même, s'adressant à la jeune fille, lui disait: « Marie, intercédez pour moi, je vous prie, auprès de Dieu ». « Je prie Dieu, lui répondit-elle, qu'il vous pardonne ce que vous allez faire ainsi que tous vos péchés. Je pardonne aussi de tout mon cœur à ceux qui ont pu m'offenser par leurs paroles et leurs actions, et je me propose de demander leur grâce auprès de Dieu miséricordieux ».

 

Cependant le calomniateur de Marie la Douloureuse était là au milieu de la foule, considérant d'un œil sec tous les apprêts du supplice. Quand ils furent terminés, le bourreau saisit la jeune fille et la plaça dans le trou qu'il avait pratiqué. L'ayant alors recouverte de terre, il prit un pieu quadrangulaire, en posa le bout, taillé en pointe, sur le corps, puis trois hommes, armés de lourds marteaux, l'enfoncèrent avec violence. Un moment après le supplice de l'innocente vierge était achevé et celui de son accusateur commençait. En effet, ce malheureux, rentré dans sa demeure, chercha vainement le sommeil ; son âme, livrée aux remords, était agitée par les visions les plus épouvantables. Bientôt même il jeta des cris horribles et devint si furieux qu'on fut obligé de lui lier les pieds et les mains pour l'empêcher de s'arracher la vie. Pendant sept ans, ce grand coupable resta dans cet état, qui était pour tous une preuve sensible de la vengeance du Ciel. Ses parents et ses amis avaient déjà fait tout ce qui était en leur pouvoir pour le rappeler à la raison et à la confiance en Dieu, lorsqu'un jour ils conçurent le projet de le conduire à l'église près de laquelle avait habité Marie la Douloureuse. Quand il fallut descendre le malade du chariot sur lequel on l'avait amené, il entra dans une telle fureur, que ses amis, désespérant de le pouvoir faire pénétrer dans l'église, sonnèrent la cloche pour appeler des habitants à leur secours. Ceux-ci les aidèrent à conduire le malheureux devant l'autel de la Sainte Vierge, où tous ensemble adressèrent au Ciel une fervente prière. Aussitôt l'esprit mauvais qui possédait cet homme l'abandonna. Se sentant guéri, il tomba lui-même à genoux et adressa sa prière à la Sainte Mère de Dieu et à Marie la Douloureuse. En même temps il avoua publiquement le crime dont il s'était rendu coupable envers l'innocente recluse, et invita tous ceux qui étaient présents à adorer la justice et la miséricorde de Dieu qui s'étaient manifestées sur lui d'une manière si éclatante.

 

L'auteur presque contemporain, qui rapporte la vie de la vierge de Woluve-Saint-Pierre, signale un grand nombre de guérisons miraculeuses opérées de son temps et dont les détails étaient connus de tout le monde. Ces faits se sont reproduits très souvent depuis cette époque, surtout dans la chapelle près de laquelle elle avait habité. Ce fut pour cette raison que, sur la demande de douze prélats, le pape Urbain V accorda en 1363 des indulgences « en faveur des fidèles qui visiteraient la chapelle de Sainte-Marie, vulgairement appelée la Douloureuse, dans la paroisse de Woluve, au diocèse de Cambrai, à différents jours de l'année ». Cette Bulle fut publiée l'année suivante par Pierre André, évêque de Cambrai; elle le fut de nouveau en 1611 par Mathias Hove , archevêque de Malines, qui comptait parmi les paroisses de son diocèse celle de Woluve-Saint-Pierre. Le corps de la bienheureuse martyre repose dans cette église, sous le maître autel: elle y était surtout honorée le 18 juin, qui est probablement le jour de sa mort. Des auteurs la fixent à l'année 1290, d'autres à 1292, sous Jean II, duc de Brabant.

 

Texte extrait du livre « La vie des Saints et des personnes d'une éminente piété des Diocèses de Cambrai et d'Arras », Abbé C.J. Destombes, Douai, 1868.

 

Prières à Sainte Marie la Douloureuse

 

Invocation

O Dieu, qui ne cessez de nous montrer combien la dévotion envers la très sainte Vierge Marie, Notre Mère, vous est agréable, par les prodiges multipliés que nous obtient son intercession, faites que, par les mérites et les souffrances de la bienheureuse Marie la Douloureuse, nous obtenions les faveurs qu'elle a demandées pour nous à la Reine du ciel. Nous vous en prions par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Ainsi soit-il.

Sainte Marie la Douloureuse, préservez-nous, par vos prières, de toutes douleurs, blessures et condamnations injustes.

Oraison

La nature, ô mon Dieu, est si ingénieuse à défendre ses intérêts; le cœur de l'homme, jaloux de sa liberté et impatient sous le joug, devient si adroit à s'autoriser contre vous et à justifier ses révoltes, que trop longtemps et trop souvent j'ai écouté les prétextes d'un esprit aigri, d'un esprit animé, d'un esprit rebelle, et que j'en ai suivi les mouvements. Mais il faut enfin qu'il plie; et après les exemples que vous nous avez donnés dans votre vie mortelle, il ne lui est plus permis d'avoir d'autre sentiment que celui d'une humble et aveugle soumission: soumission dans les plus fâcheux revers et dans les plus tristes accidents; soumission dans les calamités, dans les besoins, dans les traverses, dans toutes les misères de la vie; soumission malgré les répugnances, malgré les soulèvements de cœur, malgré tout le bruit et tous les retours des passions les plus vives et les plus ardentes; soumission au milieu des plus profondes ténèbres, au milieu des découragements, des désolations, des langueurs, et sans aucune goutte de cette rosée céleste que vous faites couler, Seigneur, à certains moments et sur certaines âmes ; soumission toute pure et toute surnaturelle, où ne se mêle rien d'humain, rien de ce que le monde peut offrir pour soulager ou pour distraire; soumission générale et complète, qui embrasse tous les événements, quels qu'ils soient ou puissent être, et dans chaque événement jusqu'aux plus légères particularités: car telle est, mon Dieu, la soumission que je vous dois et dont je ne puis me départir sans oublier ce que vous êtes et ce que je suis; elle a pour moi bien des difficultés, et j'y trouve dans moi beaucoup d'obstacles; tout ce qu'il y a de charnel dans mon cœur y forme de continuelles oppositions, et cette guerre intestine m'expose à de rudes assauts; mais avec votre grâce, Seigneur, la raison et la religion réprimeront ma chair; ou si elles ne peuvent lui imposer silence, au milieu de ses cris et sans prêter l'oreille à ses murmures, je ne cesserai point de répéter cette parole: « Que votre volonté soit faite, et non la mienne ». Ainsi soit-il.

 



06/08/2011
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