Spiritualité Chrétienne

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Saint Claude

 Saint Claude le Thaumaturge

Evêque de Besançon et abbé de Saint Oyand

607-699

Fête le 6 juin


Selon une tradition multi séculaire de la région de Salins, saint Claude naquit au château de Bracon près de Salins, d'une famille d'origine romaine du nom de Claudia. Cette famille avait déjà donné à l'Église un saint évêque du nom de Claude au sixième siècle, c'est la raison pour laquelle certains biographes appellent le saint thaumaturge de Besançon saint Claude. En l'année 607, lorsqu'il naît, son père est gouverneur de la ville. Jusque dans sa septième année, on eut soin d'élever le futur hiérarque dans la crainte de Dieu et la piété, tout en lui donnant l'éducation que supposait sa naissance. À l'âge de sept ans, son âme fut confiée à des précepteurs qui le formèrent dans le domaine de la connaissance profane autant que dans celui des Lettres sacrées. Son esprit vif, son intelligence précoce, sa docilité lui firent faire des progrès rapides, " de sorte qu'après avoir donné les heures nécessaires à l'étude, son plus grand divertissement était de lire les livres de piété et particulièrement la vie des saints à laquelle il s'appliquait beaucoup " selon un de ses biographes, Laurent Surius. Les écrits des pères alimentaient aussi cette jeune âme pleine de douceur et avide d'écouter la parole de Dieu. Il allait à l'église tous les jours et y demeurait longtemps les dimanches et jours de fête, assistant avec ferveur à tous les offices divins. Ce fut un enfant grave. Il cultivait la vertu et pour ce faire, fuyait les gens et les lieux qui l'auraient éloigné de son idéal. Il fréquentait surtout les personnes pieuses dont le commerce était susceptible de nourrir son âme. Il fut vite admiré et aimé de tous à cause de la sûreté de son jugement et de sa charité.


Jusqu'à l'âge de vingt ans, saint Claude porta les armes : il était, en tant que patrice, chargé de veiller sur les frontières, celles-ci allant alors jusqu'à l'actuel canton du Valais en Suisse romande. En 627, il quitta l'armée terrestre pour rejoindre la sainte milice du Christ : il demanda à être reçu en l'état ecclésiastique au chapitre de la cathédrale de Besançon. Le saint archevêque Donat le reçut parmi ses chanoines. Ce terme de chanoines - du grec canon - règle - désignait en ce temps-là des prêtres vivant auprès d'un évêque, tout en suivant une règle religieuse. Saint Donat venait d'écrire une règle - que nous possédons encore - pour ses clercs, et ceux-ci vivaient sous son obédience comme des moines auprès de leur supérieur.


Saint Claude, à cause du zèle qui le dévorait, devint rapidement le modèle des autres clercs et il étudia avec tant d'assiduité qu'il fut bientôt lui-même chargé d'enseigner dans l'école ecclésiastique fondée par saint Donat. Ascète remarquable, il ne s'accordait qu'un seul repas par jour qu'il prenait généralement vers le soir. Il jeûnait tous les jours excepté les dimanches et jours de fête et veillait souvent pour l'étude et la prière. Son sacriÞce quotidien était déjà celui d'un moine accompli lorsque voulant servir Dieu d'une manière plus totale, il se tourna vers le monachisme. Après douze années de vie ascétique au chapitre de Besançon, il se retira donc au monastère de Condat qui était, avec Luxeuil, très prospère en ce temps-là. Ce fut en l'an 639 qu'il se rendit en ce lieu alors appelé Saint-Oyand en mémoire de l'illustre moine du Ve siècle. Saint Claude avait alors trente-deux ans...


Dans ce monastère, aussi bien qu'au chapitre de la cathédrale de Besançon, il devint vite le modèle de ses frères moines, non point tant à cause de sa haute naissance, mais par la distinction de son austérité, par son zèle ardent pour la prière et son assiduité à l'étude et à la lecture des ‘uvres saintes. Sobre, il ne se sustentait que de racines, dormait sur un dur grabat et, nous dit son biographe, " la pâleur de son visage et la maigreur de son corps lui servaient d'ornements. " Fondé en 425 par deux frères, saint Romain et saint Lupicin, le monastère de Condat était un lieu de pèlerinage célèbre à cause du tombeau de saint Oyand qu'il abritait. Il devint bientôt connu sous le nom de ce saint avant de devenir Saint-Oyand-Saint-Claude après la mort de saint Claude ; lorsque fut découvert incorrompu après plusieurs siècles le corps de ce dernier, et après les milliers de miracles accomplis par le thaumaturge, ce monastère garda son seul nom.


Le moine Injuriose, alors un vénérable vieillard, était le chef spirituel de la communauté des moines de Condat. Il fut si impressionné par les qualités spirituelles de saint Claude, qu'il lui proposa de prendre sa charge d'abbé. Le saint s'y refusa toujours du vivant d'lnjuriose, mais à la mort de celui-ci, ses frères moines le choisirent pour le remplacer à leur tête. C'était en 644, il avait alors trente-quatre ans !


Clovis II, premier des " rois fainéants ", était en ce temps-là roi de Neustrie et de Bourgogne, il avait pour épouse sainte Bathilde qui exerçait sur lui une bonne inþuence et une attitude droite vis-à-vis de l'Église et de ses institutions monastiques. Saint Claude alla le voir en 650 pour demander une aide matérielle - restitution de biens donnés en jouissance à Condat ? Nouvelle dotation ? - et le monarque le reçut avec bienveillance et lui octroya généreusement l'aide demandée. Le biographe de saint Claude en parle ainsi : " J'en prends Dieu à témoin, j'ai vu de mes yeux et j'ai lu dans les archives de ce monastère - c'est-à-dire de Saint-Oyand - parmi plusieurs manuscrits, l'acte écrit en différents signes et caractères, portant les sommes citées plus haut, et commençant ainsi : Clovis, roi des Français (sic), à tous ceux qui liront cet écrit, salut. Le vénérable Claude est venu nous trouver, etc... "


Ayant obtenu la nourriture de ses frères, cinquante mesures de froment et d'orge et cinquante livres de rente, saint Claude put assurer non seulement la subsistance de son monastère, mais aussi celle des pèlerins et des pauvres de la région. Sous sa houlette, Saint-Oyand prospéra, les églises furent embellies, ornées de vases précieux et de reliquaires nouveaux. Il fit aussi construire de nouveaux bâtiments et réparer ceux qui en avaient besoin, mais parallèlement à ce souci des choses matérielles utiles à l'oeuvre de Dieu, saint Claude eut grand soin de ceux qui lui furent confiés et fut un père spirituel pour lequel les âmes étaient plus précieuses que toutes les possessions du monde. Tant qu'il fut supérieur, régna une grande discipline à Saint-Oyand : il y établit la règle de saint Benoît de Nursie, père des moines d'Occident, et selon certains de ses biographes, on parlait de lui comme d'un nouvel Antoine ou Pacôme le Grand et l'on comparait ses moines à ceux des déserts d'Égypte ancienne.


En un prologue suivi de soixante-treize courts chapitres, saint Benoît a établi un modèle de vie monastique qui définit pratiquement tous les aspects de cette vie et tend à l'organiser afin que les frères qui la suivent puissent accéder à l'unique bien nécessaire, à savoir l'obéissance à la Volonté de Dieu et la marche vers son Amour ardent et inextinguible. Saint Benoît n'a pas la prétention de tout régenter car il termine sa règle en proclamant bien haut que " la pratique de la justice n'est pas toute contenue dans cette règle. " Il ne voit en elle qu'une ébauche qui permet de cheminer vers Dieu ; pour se hâter vers la perfection, il recommande les enseignements des pères, inséparables de l'Écriture sainte, et la règle de " notre père saint Basile le Grand ".


Saint Claude, utilisant cette règle forma une lignée de moines dont son successeur saint Rustique. Il laissa à la postérité un recueil de ses homélies dans lequel il avait résumé ses enseignements. On possédait encore ce livre au XIIe siècle, malheureusement il fut perdu ensuite. Il dirigea ses moines avec douceur et fermeté, étant naturellement enclin à la miséricorde. Sa prière était efficace et montait vers Dieu comme un encens d'agréable odeur : ainsi, il fut l'instrument de miracles sans que son humilité eut à en souffrir.


Saint Gervais, évêque de Besançon, mourut en 685, et quand il fallut lui trouver un successeur, les clercs et le peuple étaient d'un avis contraire quant au choix de celui-ci. Un biographe anonyme mentionne qu'à cette époque " les clercs avaient déjà perdu quelque chose de leur ardeur primitive ; le relâchement commençait à s'introduire dans les Gaules (...), peut-être ces luttes étaient-elles excitées par ceux d'entre les clercs qui, inclinant vers le relâchement, auraient voulu nommer un évêque dont l'indulgence eût autorisé leurs désordres. " Pendant que clercs et peuple priaient Dieu, un signe leur fut donné, une voix du ciel se fit entendre qui leur désignait saint Claude comme digne de succéder à saint Gervais et leur ordonnait de le prendre pour évêque. Le nom de saint Claude fut agréé avec joie. Le saint se trouvait à ce moment-là à Salins, visitant sa famille, quand une délégation vint vers lui pour lui annoncer cette élection divine et le supplier d'accepter cette nouvelle charge. Il en fut consterné et il refusa d'abord, mais sous la pression des envoyés, de ses proches et à cause de cette voix du ciel, il eut crainte d'aller à l'encontre de la Volonté de Dieu et il se résolut à accepter la tâche nouvelle qu'on lui imposait.


Il fut conduit à Besançon où, dans une grande liesse, il fut consacré dans sa fonction épiscopale. Évêque, saint Claude continua à être moine, il se trouva dans la position où était saint Donat, célébrant la divine Liturgie avec ses chanoines, arbitrant les différends de ses ouailles ou de ses clercs avec douceur et fermeté, mais il ne permit jamais à sa fonction administrative d'empiéter sur la prière ou sur l'étude des Livres saints. Il visitait les malades, exerçait la charité, prêchait avec joie pour convertir les coeurs endurcis des pécheurs et remettait de l'ordre dans les paroisses de son diocèse. Cependant il était resté abbé de Saint-Oyand et jamais il ne cessa de diriger son monastère durant tout le temps de son épiscopat. Son coeur demeurait toujours avec ses moines ; aussi, après sept années d'épiscopat, quand il vit avec douleur que les clercs de sa ville se laissaient aller au relâchement et qu'il n'était plus possible de rétablir l'antique discipline qu'il avait lui-même connue sous saint Donat, discipline qu'il jugeait indispensable dans l'Église, il renonça à sa fonction épiscopale et retourna à Saint-Oyand.


Ceci advint en l'an 693, alors que saint Claude était âgé de 86 ans. Il vécut encore six ans dans son monastère et sa mort fut douce et paisible. Quelques jours avant son départ de notre monde, il fut légèrement malade. Trois jours après le début de cette indisposition, il appela tous ses moines auprès de lui et leur enseigna une ultime fois l'amour de Dieu, le mépris des choses du monde et leur demanda de supporter avec résignation son proche trépas. Comme ils pleuraient, il donna à chacun d'entre eux un saint baiser de paix et lorsqu'ils eurent quitté sa cellule, il consacra sa nuit à la prière. Le jour venu de son départ, il se Þt emmener à l'église où il communia avec ferveur aux saints Corps et Sang du Christ. Se retrouvant dans sa cellule, il demanda aux moines présents que son ensevelissement se fît sans pompe ni éclat. C'était le cinquième jour de sa maladie, à trois heures de l'après-midi. Assis sur le siège où il lisait et priait habituellement, il éleva ses mains et son regard vers les cieux et rendit doucement son âme au Seigneur. Saint Claude naquit au ciel à quatre-vingt-trois ans, le 6 juin 699, dans la quatrième année du règne de Childebert III.


On mit sur son corps des parfums précieux et des aromates, mais on ne l'embauma pas, car, ainsi que cela fut vérifié plusieurs siècles plus tard, il n'y avait aucune trace d'incision sur son corps. Sa sépulture fut modeste et longtemps resta oubliée, mais sa mémoire était déjà vénérée. Dans son martyrologe écrit vers l'an 850, Raban Maur, archevêque de Mayence portait : " VII idus junii, depositio beati Claudii, episcopi. " (Le sept des ides de Juin, déposition du bienheureux Claude, évêque). Si l'on vénérait sa mémoire, on ne commença à vénérer le corps de saint Claude qu'à partir de l'instant où, dans la moitié du douzième siècle, on s'aperçut que son corps était incorrompu. Les miracles ne cessèrent plus à partir de cette époque-là. On le surnomma alors le thaumaturge et l'on ajouta ce titre à celui de saint qu'on lui donnait déjà (au neuvième siècle, un document atteste que le corps de saint Claude se trouve à l'abbaye de Saint-Oyand).

 



27/12/2008
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