Spiritualité Chrétienne

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Le Serviteur de Dieu Baudouin 1er

Le Serviteur de Dieu Baudouin 1er

1930-1993

Fête le 31 juillet

 

«L'annonce du Royaume de Dieu est l'annonce d'un Dieu présent, d'un Dieu qui nous connaît et nous écoute; d'un Dieu qui entre dans l'histoire pour faire justice. Cette prédication est donc aussi l'annonce du jugement, l'annonce de notre responsabilité. L'homme n'a pas le droit, à sa fantaisie, de faire ce qui lui plaît. Il sera jugé. Il doit rendre compte. Cette certitude vaut pour les puissants comme pour les simples. Lorsque celle-ci est respectée, les limites de tout pouvoir en ce monde sont tracées» (Conférence du Cardinal Ratzinger, 10 décembre 2000). Saint Benoît rappelle souvent, dans sa Règle, la réalité future du jugement de Dieu. C'est là une pensée salutaire, propre à éclairer nos coeurs et à guider nos vies. Le Roi des Belges, Baudouin 1er, avait foi en cette vérité fondamentale. Après avoir refusé de signer la loi sur l'avortement votée par le Parlement, il écrivait dans son journal intime: «Je me suis embarqué seul, avec ma conscience et Dieu».

Baudouin est né le 7 septembre 1930, deuxième enfant de Léopold, qui deviendra Roi en 1934, et de son épouse, Astrid de Suède. Le 29 août 1935, la Reine Astrid meurt dans un accident de voiture. Baudouin est profondément marqué par cette disparition: il gardera toujours la photo de sa mère sur sa table de chevet. Léopold III confie l'éducation de ses trois enfants (Joséphine-Charlotte, née en 1927, Baudouin, et Albert, né en 1934) à une jeune fille hollandaise; Baudouin s'attache profondément à elle. Dans sa scolarité, il se révèle un enfant comme les autres.

Gravé dans le coeur

En 1940, au début de la guerre, la famille royale, sauf le Roi Léopold, se réfugie en France, mais, après la capitulation des armées belges, elle rentre en Belgique, où elle est prisonnière des Allemands. En 1944, ceux-ci la déportent en Allemagne, puis en Autriche. Après la fin du conflit mondial, le climat politique ne permet pas à Léopold de reprendre ses fonctions, et en septembre 1945, il gagne la Suisse où il reste avec ses enfants, jusqu'en 1950. À son retour en Belgique, un référendum lui donne une large majorité favorable à la reprise de ses fonctions royales. Toutefois, devant les émeutes sanglantes organisées contre lui, il préfère noblement abdiquer en faveur de son fils plutôt que de voir les Belges s'affronter gravement à propos de sa personne. Cet exemple admirable d'un Roi qui se sacrifie pour son peuple, restera profondément gravé dans le coeur de Baudouin. Afin d'assurer une transition, Léopold III continue à régner pendant un an, et, le 16 juillet 1951, Baudouin devient Roi. Il accepte cette charge par devoir. Timide, sans expérience, il garde un imperturbable sérieux en toutes circonstances et répugne à prendre l'indépendance dont il aurait besoin. Ces défauts du début de son règne ne sont pas dus à un manque de caractère; Baudouin a du tempérament et il n'hésite pas à afficher ses convictions. Mais il lui faut découvrir peu à peu son «métier» de Roi.

Son premier voyage au Congo, alors colonie belge, en mai-juin 1955, est un révélateur. Accueilli par une foule exubérante et débordante d'enthousiasme, il abandonne sa réserve habituelle et n'hésite pas à payer de sa personne. À son retour en Belgique, plus confiant dans ses propres capacités, il arbore un sourire qui conquiert ses compatriotes. Quatre ans plus tard, il se rend aux États-Unis. Sa jeunesse et son charme enchantent les Américains et le succès du voyage est total.

Un jour de février 1960, Baudouin se promène dans le parc du château royal de Laeken, près de Bruxelles, en compagnie de Mgr Suenens, qui deviendra Archevêque de Malines et Cardinal. Leur conversation est familière, à bâtons rompus, sans protocole. Au cours de la promenade, la ville de «Lourdes» est évoquée comme par hasard. Le prélat suggère alors au Roi de s'y rendre, un jour, incognito, et de se mêler à la foule des pèlerins: «Mais, répond le Roi, j'en reviens précisément: j'y ai passé la nuit en prière aux abords de la Grotte, et j'ai confié à Notre-Dame de Lourdes le soin de résoudre le problème de mon mariage». Confidence pour confidence, le Cardinal lui raconte ce qu'est Lourdes pour lui, par suite de la rencontre d'une personnalité hors du commun, Veronica O'Brien. La réaction du Roi est instantanée: «Pourrais-je la rencontrer?» Miss O'Brien, une Irlandaise, dirige la Légion de Marie. Le Roi lui fait parvenir une invitation protocolaire pour le 18 mars 1960. L'audience dure cinq heures. Veronica O'Brien adresse ensuite au Roi une lettre en anglais: «23 mars 1960. Dear King... Puis-je vous offrir, en cette belle Fête de l'Annonciation, ces précieux petits livres dont nous avons parlé? (Le Secret de Marie et le Traité de la vraie dévotion, de saint Louis-Marie Grignion de Montfort). Ils vous arrivent tout chargés de grâce, car depuis la fête de saint Joseph, j'ai prié pour vous fidèlement chaque jour... Marie est immensément plus intéressée à votre avenir que vous-même pourriez l'être».

Partager l'essentiel

Au cours d'une deuxième rencontre, le Roi avoue à Veronica qu'il souhaite épouser une femme qui partagerait ses profondes convictions religieuses. Il lui semble qu'une telle épouse pourrait être trouvée en Espagne, où la religion est restée ancrée dans beaucoup de consciences. Pendant la nuit qui suit, Veronica perçoit «une parole intérieure», un appel du Seigneur: «Allez offrir au Roi d'aller en Espagne, en vue de lui défricher le terrain». Le matin, durant son oraison, elle comprend que cet appel vient réellement de Dieu. Surpris et ému, le Roi lui donne pleins pouvoirs, dans le plus grand secret. Bouleversant tous ses projets, Veronica se consacre sans attendre à cette mission tout à fait spéciale. Elle écrit au Roi: «Ce sera vous qui ferez en fait le dur travail en étant saint à cent pour cent, à chaque respiration. Cela veut dire: aimer chacun des enfants de votre grande famille. Et, «aimer» veut dire: aller vers eux, leur parler, se donner en partage».

Mise en rapport avec le Nonce à Madrid qui lui donne une lettre de recommandation, Veronica commence une enquête sur l'apostolat dans l'aristocratie espagnole. Bientôt, on l'adresse à une jeune femme de trente-deux ans, Fabiola de Mora y Aragón, pétillante de vie, d'intelligence, d'entrain, de droiture, de clarté. Gracieuse et généreuse, elle s'occupe des malades et des pauvres. À leur première rencontre, Veronica a l'intuition d'avoir trouvé la personne qu'elle cherche. «Comment se fait-il que vous ayez évité le mariage jusqu'à présent? demande-t-elle – Que voulez-vous, je ne suis jamais tombée amoureuse jusqu'ici. J'ai mis ma vie entre les mains de Dieu, je m'abandonne à Lui, peut-être que Lui me prépare quelque chose». Lorsque Fabiola fait visiter son appartement à Veronica, celle-ci est bouleversée de reconnaître, accroché à un mur, un tableau qu'elle a vu la nuit précédente en rêve.

Avec l'accord du Roi, Veronica révèle à Fabiola la raison de sa présence en Espagne et le souhait du Roi de la rencontrer officieusement. La jeune fille croit alors être l'objet d'une invraisemblable mystification et il faut l'intervention personnelle du Nonce pour la décider à accepter la proposition. Les fiançailles officieuses entre le Roi Baudouin et Fabiola ont lieu à Lourdes, le 8 juillet 1960. «Ce qui me plaît le plus en elle, dira le Roi, c'est son humilité, sa confiance en la Très Sainte Vierge et sa transparence... Je sais qu'elle sera toujours un grand stimulant à aimer Dieu toujours plus». Le mariage est célébré le 15 décembre suivant. Pendant plusieurs années, l'espoir d'avoir des enfants reste très vif dans le coeur des époux royaux. Mais avec le temps, ils comprennent qu'ils n'auront pas d'enfant. «Nous nous sommes interrogés sur le sens de cette souffrance, avoue un jour le Roi; peu à peu, nous avons compris que notre coeur était plus libre pour aimer tous les enfants, absolument tous les enfants».

Lors du vingt-cinquième anniversaire de son accession au trône, en 1976, le Roi crée la «Fondation Roi-Baudouin» dont le but est de prendre «toutes initiatives tendant à l'amélioration des conditions de vie de la population, tout en tenant compte des facteurs économiques, sociaux, scientifiques et culturels qui influenceront l'évolution du pays dans les années à venir». Il demandera à cette fondation d'aborder des sujets tels que la traite des femmes, les problèmes carcéraux, l'accès à la justice, la maltraitance sexuelle des enfants, etc.

Ébahis

En 1979, les Souverains reçoivent sept cents enfants à Laeken. Dans un coin, il y a un groupe d'enfants handicapés dont plusieurs trisomiques. «J'apporte une assiette pleine de caramels à une petite fille qui savait à peine contrôler sa main, raconte le Roi. Avec d'immenses difficultés, elle arrive à prendre un caramel, mais, à ma stupéfaction, elle le donne à un autre enfant. Pendant un bon moment, sans jamais en garder pour elle-même, elle a distribué ces bonbons à tous les enfants bien portants qui la regardaient ébahis... Quel mystère d'amour dans ces êtres déformés physiquement...»

Pour terminer la réception, le Souverain fait une petite allocution à ses jeunes auditeurs: «Le monde a besoin d'amour et de joie. Vous êtes capables de les donner. C'est vite dit, mais c'est très difficile. Il faut s'y exercer et recommencer tous les jours. En le faisant, vous verrez changer les choses autour de vous, par exemple en aidant vos parents, en leur exprimant votre tendresse, vous les rendrez plus heureux, vous leur donnerez envie de faire de même entre eux et vis-à-vis d'autres personnes. Et ainsi, petit à petit, les relations entre les gens deviendront meilleures. Essayez, persévérez dans cet effort d'aimer avec les actes. Ne vous découragez jamais. Si vous le faites, je vous le répète, vous verrez changer jusqu'à la figure des gens autour de vous et, tous les soirs, vous sentirez une très grande joie dans votre coeur. Devenez des bâtisseurs d'amour».

La prière tient la première place dans l'emploi du temps du Roi. Il s'y adonne habituellement au début du jour. La sécheresse spirituelle ne l'épargne pas: «C'était presque toujours difficile, écrira-t-il, de rester immobile à contempler Dieu dans le silence et l'aridité de la foi». La Messe quotidienne est le moment privilégié de sa journée. Dans tous les lieux du monde où sa charge le conduit, il demande que se trouve un prêtre pour la célébrer. Il vit au rythme de la liturgie, notant dans son agenda une pensée tirée des textes de la Messe. Il s'approche régulièrement du sacrement de Pénitence et part souvent avec la Reine en week-end de retraite.

J'existe pour Toi

L'audience avec le Seigneur que constitue sa prière, l'aide à être attentif aux personnes qu'il rencontre. Il écrit: «Aujourd'hui, j'essaierai d'être particulièrement attentif à tous ceux que le Seigneur mettra sur mon chemin... Dieu ne nous demande pas d'être expert technique dans les domaines les plus divers, de la musique à la politique, mais, guidé par son Esprit, d'aimer les hommes avec son Amour, les regarder avec ses yeux, les écouter avec ses oreilles, leur parler avec ses paroles. Seigneur, nous désirons cela, Fabiola et moi, de toute notre âme». C'est ainsi qu'il envisage son métier de Roi. Pour connaître la volonté de Dieu dans son activité quotidienne, il invoque l'Esprit-Saint: «Comment dois-je m'y prendre? Esprit-Saint, ne me quitte pas d'une semelle, je T'en prie. Sois ma force, ma sagesse, ma prudence, mon humour, mon courage, ma dialectique. Je me sens si démuni par le langage! D'un autre côté, je sais que Tu as besoin de ma faiblesse pour manifester ta gloire... Je pense trop souvent à la mission que Tu m'as confiée et pour laquelle je suis né. J'oublie trop souvent que j'existe avant toute autre chose pour Toi, pour T'adorer, pour Te contempler, pour aimer tous ceux que Tu mets sur mon chemin».

La vie spirituelle du Roi le soutient et le stimule dans ses fonctions gouvernementales, et il suit de très près les affaires du pays. Conscient des limites que la Constitution met à son pouvoir, il exerce une influence sur la vie politique plus par ses conseils et ses mises en garde que par des décisions. Pour cela, il s'informe avec précision sur tous les sujets, en interrogeant directement des personnes compétentes qu'il reçoit en audience. Il note avec méthode sur un cahier l'essentiel de ces entretiens. Les avis qu'il donne ensuite à ses collaborateurs sont appréciés: «Il est en possession de plus d'informations que nous, avoue l'un d'eux. Alors c'est évident que nous l'écoutons et que, souvent, nous suivons ses conseils». Le Roi complète son information par de nombreuses visites dans le pays, où il rencontre l'éventail le plus large possible de personnes: hommes et femmes de toute tendance politique et idéologique. Chacun de ses voyages, en Belgique ou à l'étranger, chaque discours, fait l'objet d'une préparation soignée. Il lit les ouvrages que ses collaborateurs lui conseillent et étudie minutieusement les dossiers qu'ils lui présentent, ne laissant rien au hasard. Tout en ayant le don de distinguer l'essentiel de l'accessoire, il ne néglige pas pour autant les détails.

Au matin du 4 avril 1990, une nouvelle inouïe est transmise par la radio: la Belgique n'a plus de Roi! Baudouin ayant refusé de signer la loi autorisant l'avortement, le gouvernement a déclaré qu'il se trouve dans l'impossibilité de régner. Le 29 mars, le Parlement avait voté une loi libéralisant l'avortement, acceptée par le Sénat le 6 novembre précédent. Or, selon la Constitution belge, aucune loi ainsi votée par les Chambres ne peut être promulguée sans avoir reçu la signature du Roi.

Des choix parfois douloureux

Dans nos sociétés, il semble que le vote d'une majorité ne se discute pas, et qu'il suffise pour rendre une loi légitime. Mais, dans son encyclique Evangelium vitæ, publiée le 25 mars 1995, le Pape Jean-Paul II rappellera que le vote démocratique n'est pas un absolu: «Dans la culture démocratique de notre temps, l'opinion s'est largement répandue que l'ordre juridique d'une société devrait se limiter à enregistrer et à recevoir les convictions de la majorité... En réalité, la démocratie ne peut être élevée au rang d'un mythe... Son caractère «moral» n'est pas automatique, mais dépend de la conformité à la loi morale, à laquelle la démocratie doit être soumise comme tout comportement humain» (nn. 69-70). Le Roi Baudouin se trouve dans la situation que Jean-Paul II décrira dans la même encyclique: «L'introduction de législations injustes place souvent les hommes moralement droits en face de difficiles problèmes de conscience en ce qui concerne les collaborations, en raison du devoir d'affirmer leur droit à n'être pas contraints de participer à des actions moralement mauvaises. Les choix qui s'imposent sont parfois douloureux et peuvent demander de sacrifier des positions professionnelles confirmées» (n. 74). Baudouin sait qu'en refusant de signer, il s'expose à être incompris par nombre de ses concitoyens au sens moral affaibli, et risque même de devoir abdiquer.

Or, la loi sur l'avortement votée au Parlement belge est en contradiction avec le bien, exprimé par la loi de Dieu. «Parmi tous les crimes que l'homme peut accomplir contre la vie, l'avortement provoqué présente des caractéristiques qui le rendent particulièrement grave et condamnable. Le deuxième Concile du Vatican le définit comme «un crime abominable», en même temps que l'infanticide (Gaudium et spes, 51). Mais aujourd'hui, dans la conscience de nombreuses personnes, la perception de sa gravité s'est progressivement obscurcie. L'acceptation de l'avortement dans les mentalités, dans les moeurs et dans la loi elle-même est un signe éloquent d'une crise très dangereuse du sens moral, qui devient toujours plus incapable de distinguer entre le bien et le mal, même lorsque le droit fondamental à la vie est en jeu... L'avortement direct, c'est-à-dire voulu comme fin ou comme moyen, constitue toujours un désordre moral grave, en tant que meurtre délibéré d'un être humain innocent... Aucune circonstance, aucune finalité, aucune loi au monde ne pourra jamais rendre licite un acte qui est intrinsèquement illicite, parce que contraire à la Loi de Dieu, écrite dans le coeur de tout homme, discernable par la raison elle-même et proclamée par l'Église» (Evangelium vitæ, nn. 58, 62).

Le respect de la vie de l'enfant à naître est un principe sacré et universel: «L'enfant, a déclaré le Roi Baudouin quelques mois plus tôt, en raison de son manque de maturité physique et intellectuelle, a besoin d'une protection spéciale, de soins spéciaux, notamment d'une protection juridique appropriée avant comme après la naissance». Sachant qu'il devra rendre compte à Dieu de ses décisions, Baudouin écrit à son Premier Ministre: «Ce projet de loi soulève en moi un grand problème de conscience... En signant ce projet de loi... j'estime que j'assumerais inévitablement une certaine coresponsabilité. Cela, je ne puis le faire».

Chercher la Vérité

Ce noble refus est le fruit et le couronnement d'une longue ascension, souvent douloureuse, sur le chemin de la sainteté. La fidélité à ses devoirs d'état dans les actions ordinaires a préparé le Roi à cet acte exemplaire qui manifeste une conscience droite, parfaitement docile à la voix de Dieu. «La conscience – écrit saint Bonaventure – est comme le héraut et le messager de Dieu; ce qu'Il dit, elle ne le prescrit pas d'elle-même, mais elle le prescrit comme venant de Dieu, à la manière d'un héraut lorsqu'il proclame l'édit du Roi» (cf. Encyclique Veritatis splendor, 6 août 1993, n. 58). «Il est certain que, pour avoir une bonne conscience (1 Tm 1, 5), l'homme doit chercher la vérité et juger selon cette vérité... L'Église se met toujours et uniquement au service de la conscience, en l'aidant à ne pas être ballottée à tout vent de doctrine au gré de l'imposture des hommes (cf. Ep 4, 14), à ne pas dévier de la vérité sur le bien de l'homme, mais, surtout dans les questions les plus difficiles, à atteindre sûrement la vérité et à demeurer en elle» (Ibid., nn. 62-64).

En réponse à la lettre du Roi, et pour sortir de l'impasse où se trouve le gouvernement, le Premier Ministre fait appel à un article de la Constitution belge qui prévoit que le Roi peut, dans des cas extrêmes, se trouver dans l'impossibilité de régner. Le 3 avril, le Conseil des Ministres constate que, dans la situation présente, cette impossibilité est réelle. Ce même Conseil agit alors comme s'il n'y avait plus de Roi, et promulgue la loi refusée par Baudouin. Mais pour que le Roi soit rétabli dans ses fonctions, un vote du Parlement est nécessaire. Le 5 avril, le vote du Parlement permet à Baudouin de reprendre sa place de Chef de l'État.

Le Roi réintègre donc ses fonctions au service du pays; mais depuis dix ans, sa santé s'est dégradée et il sent la mort approcher. En 1991 et 1992, il subit deux interventions chirurgicales dont une à coeur ouvert. Le 21 juillet 1993, jour de la fête nationale, il s'adresse à ses concitoyens et, peu après, quitte la Belgique pour se rendre en Espagne prendre du repos. Le 31 juillet au soir, il s'installe sur la terrasse de la demeure. Vers 21 heures, la Reine l'appelle pour le dîner. N'obtenant aucune réponse, elle s'approche de lui et le trouve effondré dans son fauteuil, foudroyé par une crise cardiaque. À l'occasion de ses obsèques, une foule considérable vient manifester son attachement à sa personne, et des pauvres parmi les plus pauvres témoignent combien le coeur fraternel du Roi avait été proche des détresses humaines les plus grandes.

Le Roi Baudouin «avait son secret: c'était son Dieu, qu'il aimait à la folie et dont il était si aimé. Sous le feuillage de ses activités publiques et politiques, coulait une source calme et cachée: c'était sa vie en Dieu... Pendant que le Roi servait les hommes, il ne cessait de penser à Dieu. Dans chaque visage humain qui se présentait à lui, il discernait le visage du Christ» (Cardinal Danneels, Homélie pour les obsèques du Roi, le 7 août 1993). Le Pape Jean-Paul II l'a qualifié de «Roi exemplaire» et de «chrétien fervent». Son exemple nous encourage à travailler pour la gloire de Dieu dans nos actions quotidiennes: «O mon Dieu, pour T'aimer sur la terre, je n'ai rien qu'aujourd'hui», disait, dans une expression lumineuse, sainte Thérèse de Lisieux (Poésie 5).

Texte extrait du site www.clairval.com

Bibliographie:

"Le Roi Baudouin, une vie qui nous parle", du Cardinal Suenens, aux Editions Fiat, disponible auprès de la Librairie de l'Emmanuel (site internet: www.librairie-emmanuel.fr)



03/01/2008
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